Collége de Poperinghe.
Loi sur l'enssiegnement
primaire
impie et matérialiste, il se trouvat quelque
part encore an coin de terre aussi céleste.
Et corame l'excellence de ce recoin béni
nous apparait mieux, k nous Yprois, qu'elle
ne doit apparaitre k bien d'autres pèlerins
Et quoi nous enfants de la Flandre, nous
venons d'un pays qui constitue i'un des plus
beaux joyaux de l'Univers catholique; nous
chrétiens de l'avant-garde, prêtres et insti-
tuteurs, zélateurs doeuvres pies et travail-
leurs de la bonne cause, nous croyons avoir
quelque foi et quelque piété; et quand nous
arrivons ici nous rougissons de nous raèmes
comme si nous n'étions que des incroyants
et des impies, au spectacle de la foi ardente
et de la ferveur angélique qui se manifestent
ici li chaque pas, k toute heure du jour et
de la nuit, et toute heure aussi lont visible-
merit violence au Ciel. Et nous nous deman-
donsalors si c'est nous quisornmestellemeut
éloignés du Ciel ou bien si c'est le Ciel qui
est si prés Lourdes. Pour ma part, jecrois
qu'il fautchercher un peu de part et d'autre
de quoi combler la différence. Non certes,
nous ne sommes pas tous Ypres les chré
tiens que nous devrions être; mais cepen-
dant, il n'y a pas le contesterMarie a
choisi Lourdes poursori pied-ü-terre On
est manifestement plus prés du Ciel
Lourdes que partout ailleurs.
A! chers lecteurs, si pourvous dépeindre
Lourdes, je pouvais rester terre terre je
dirais aux poètes, aux peintres, aux artistes
venez dans ce délicieux vallori taillé de la
main d'un artiste dans les premiers contre-
foris des majestueuses Pyrénées.
Je diraiaux touristes, cyclistes et autres,
aux villégiaturistes, k tous ceuxqui chercbent
un pays sain et agréable Lourdes, voilé
votre affaire.
Aux jeunes gens catholiques qui chercbent
une femme aussi bien douée au physique
qu'au moral, je dirais avec plus de raison
encore Venez Lourdes, elles y abondent.
Mais lorsqu'il rne faut m'adresser des
chrétiens pour leur décrirele Lourdes reli-
gieux, oh! alors, c'est en vain quej'aecumu-
lerais toutes les ,épitbètes les plus admira-
tives. Aucune expression ne saurait donner
une idéé approchée de ia réalité. Autant me
detnander de vous dépeindre l'enthousiasme
du peuple juif lorsque Jésus en passant
guérissait les aveugles et les paralytiques.
Que dis je Autant presque me faire décrire
les harmonies des célestes concerts. Gar
l'expression que j'ai recueilli sur les lèvtes
du plus grand nombre c'était celle-ci
Lourdes mais c'est l'antichambre du Giel.
Et voulez-vous une preuve bien probante
de ce que Lourdes n'est pas ce que l'on peut
s'imaginer, la voicimalgré les récits les
plus enthousiastes que les vieux pèlerins de
Lourdes avaient faits k ceux qui s'y rendaient
pour la première fois, la plupart des pèlerins
yprois, même les lécidévistes, setaient
proposés de consacrer quelques heures, voire
quelques journées de leur séjour ici k
quelques unes des excursions que l'on fait
d'icietdont la réputation, bien méritée, est
universelle. D'aucuns même avaient em-
porté qui des guides des environs et des
Pyrénées, qui sa bicyclette, son appareil
photographtque, etc. Eh bien Depuis leur
arrivée ici tous ces pèlerins excursionnistes
ont laissé bien serré tout eet attirail d'ex-
cursion.
Aucun n'a eu le courage de s'arracher pour
utiejournée ou deux, puur quelques heures
seulement aux séductions souveraines de la
Grotte et de tout ce qui l'environne. Plus
fort que cela, on était ici depuis quatre jours
déjè qu'on n'avait pas encore trouvé le temps
tout en commenyant sa journée 4 011
5 heures pour la finir 11 h. du soir,
d'aller voir de prés qnelques unes des nom-
breuses curiosités de Lourdes cóté des-
quelleson passsit plusieurs fois par jour
la maison de Bernadette, le Chateau-fort, les
carrières de raarbre, l'admirabie Panorama
peint de 1700 012, le Diorama, etc Voilé
Lourdes
Vous trouverez ma description passable-
ment négative c'est vrai, mais c'est la seule
qui me paraisse donner une idéé quelque
peu adéquate de l'innénarrable et indescrip-
tible réal'té.
Au reste, si je peux satisfaire les lecteurs
du Journal d'Ypres en leur dépeignant le
cadre, en essayant même une ébauche du
tableau qu'il contient, va pour le cadre et
pourl'ébauche
Le cadre Figurez vous une riante vallée
sillonnée par les méandres d'un torrent de
montagne, large et mugissant, aux etyix
limpides, aux cascades et aux rapides ina-
jestueux. Figurez-vous ceito vallée formée
par des montagnes verdoyantes de plusieurs
centaines de mètres de hauteur,avec,comtne
horizon dans la vallée d'amont, les plus
majestueuses cimes des Pyrénées perpétuel-
lement couronnées de glacé et de neige.
Du milieu de la vallée surgit un rocher
gigantesque aux flancs coupés pic et que
conronne un chateau-fort muni d'une en
ceinte fortiflée. Autour de ce rocher s'étale
la villede Lourdes l'ancienne vilie tout au
pied, la nouvelle ville arrondissant eelle-ei
du cóté du noyau primitif et l'allongeant sul
les autres flancs du rocher. Grimpez alors
sur l'une ou l'autre de ces montagnes qui
encadrent la vallée, regardez et écoutez.
Ceque vous verrez des yeux du corps c'est,
le jour, que dis-je, la nuit même, aux clartés
de la lune, des réverbères ou des flambeaux,
une foule grouillante aller et venir en tous
sens sur les bords du Gave et sur les flancs
d'une des montagnes qui l'encaissent. Ge que
vous entendrez c'est uri concert la fois doux
et puissant s'élevant nuit et jour et sans re-
iache du fond de la vallée. Composé le plus
souvent d'une foule de chants différents chan-
tés dans quantité de langues et de dialectes
différents, ce concert entendu des oreilles du
corps, n'offre certes pas toujours une bien
grande eupbonie, quoique toujours imposant
mais en revanche, entendu comme il doit
l'être Lourdes, par i'amo plutöt que par le
corps, il constitue par la multiplicité et la
variété même des langues, des accents et des
paroles que le composent, uti concert d'une
harmonie et d'une solennité inexprimables.
Regardez et écoutez encore. Et par mo
ments, lorque vous verrez le Saint Sacre-
ment s'abaisser sur le front d'une foule de
malades couchés sur leur grabat, lorsque
vous entendrez des hosannahs et des suppli
cations d'une intensité vibrante se mêler la
voix frémissante du Gave, essayez de vous
reporter aux temps oü le Christ faisaitson
entrée triomphale Jérusalem et vous vous
rendrez quelque peu compte de ce qui se pas-
se en bas, au sein de cette foule composée
non plus seulement des habitants de Jérusa
lem mais de pèlerins venus de tous les points
du globe.
Et le soir,lorsque vons verrez des cordons
de lumière se dérouler interminahles et sy-
nétriques ou s'agglomérer en spirales sur un
point de la vallée, songez que ces cordons
de lumière n'ont rien de commun avec les
illuminations les plus briilantes desgrandes
journées de fête de nos grandes villes; car
chacun de ces milliers de lampions est porté
par un homme et représente le voeu ardent
du cceur d'un denos grands du jour, d'un
prince, d'un évêque, d'une noble dame ou
celui des plus humbles des miséreux, les uns
et les autres cotifondus dans une même pen-
sée d'hommage teiidu la Mère de Dieu.
Et lorsque vous apercevrez coup d'oeil
feérique de vastes églises festonnées de
lumière et des cordons de lumière courir le
long des 3,4,5, étages des maisons de toute
une ville, vous vous demanderez quel cente-
naire glorieux ou quelle kermesse extraordi
naire cela annonce; et l'on vous répondra
qu'il n'est point question de kermesse ni de
ceritenaire, qu'il s'agit encore et toujours
d'honorer Marie l'occasion d'une de ses
fêtes.
Et maintenant, ami lecteur, commeticez-
vous vous figurer quelque peu Lourdes?
Vous le cruyez Eh bien laissez moi vous
dire que vous n'avez encore rien vu.
Descendez de la montagne est mêlez-vous
a cette foule cosmopolite, la fois aristccra-
tique et misérable, oü vous entendrez cent
peuples différents se comprendre et s'unir
pour chanter les louanges de Marie oü
vous verrez les représentants des plus nobles
families se faire un honneur d'aller déposer
devant la grotte des malades pauvres
l'aspect repoussant. Mêiez-vous cette foule
bigarrée et voyez de ci delé un paralytique
qui surgit de son grabat, et se met mar
cher, un aveugle qui salue d'une émotion
indicible la lumière du jour, un sourd qui
reeouvre l'ouïe, etc.
Et ces guérisons miraeuleuses auxquelles
vous assistez saisi d'une émotion inexpri-
mable, que sont-elles comme nombre et
comme importance en regard des miracles
d'ornre spirituel que Jésus se plait a opérer
ici sur l'ordre de sa toute-puissante Mère
Et pourtant, la tache me parait autrement
ardue pour Dieu lui-même, d'exercer sa
puissance sur ce Libre arbitre qu'il a donné
en toute propriété l'homme, que de modi-
lier son gré le jeu des forces naturelles,
Lui qui fitrouler avec ordre les mondes
dans l'espace infini.
Est-il étonnant dès lors que nous, croy-
ants, lorsque, au sortir de nos milieux de
tiédeur et de lacheté, nous nous trouvons
ainsi brusquement transplantés dans une
terre de foi et de piété sublimes, récompen-
séspardes faveurs incessantes et manif'es-
tes, est-il étonnant après cela, que notie
plume s'arrête impuissante dans nos mains
et que nous ne recueillions sur nos lèvres
qu'un cri Hosannah au Fils de David
Gloire sa Mère Immaculée
Lourdes, Fête de la nativité de Marie, 1895.
(A suivre
Au concours général en t'tième et version
latins, les élèves suivants du collége de Po
peringhe ont encore obtenu des distinctions:
MM. Louwaege Géröme, b 3° Accessit
avec 76 points sur 100.
Adriaen Camille, le 5e Accessit avec 74
points sur 100.
Moncarey Prosper, la 3" mention hono
rable avec 67 sur 100.
Nous publierons Samedi une relation de
l'excursion faite par la Grande Fanfare a
Ostende.
(Suite)
Un mot seulement sur la question de l'a-
doption des écoles socialistes.
L'nonorable M. La Fontaine a trouvé qu'
elles ne seront pas adoptées ou, du moins,
que Ie gouvernement trouvera le moyen de
ne pas les adopter. Je lui ferai observer qu'il
y a dans la loi deux chosesqu'il semble con-
rondre: l'adoption des écoles et les subsides
aux écoles lorsqu'elles sorit adoptables.
M. La Fontaine. C'est de ces dernièies
que j'ai parlé.
M. le baron Surmont de Volsberglie, rap
porteur. C'est de celles-lü que vous avez
voulu parler. Eh bien, la loi dit que toutes
les écoles qui remplirontcertaines conditions
déterminées bien spécifiés seront subsidiées
par l'Etat. Et vous prétendez, en pésence de
termes aussi formels, queles écoles sociali
stes ne seront pas subsidiées
M. La Fontaine. J'en prends note.
M. le baron Surmont de Volsberglie, rap
porteur. Je rencontre encore une obser
vation qui a été faite toute l'heure.
On a ditLes enfants douvriers ne peu-
vent pas arriver des positions élevées
Mais regardez autour de vous. Voudriez-
vous bien me dire si toutes les carrières
libérales, le barreau, la médecine, les tonc-
tions d'ingénieur, si toutes ces carrières ne
sorit pas encombrées Vous trouvez des
docteurs en droit qui sollicitent des places de
conducteurs du tramway; il y en a, j'en
connais. Vous trouvez des avocats, des mé
decins, des ingénieurs qui sollicitent les posi
tions les plus humbles dans les administra
tions publiques Je ne comprends done pas
la portée de ces observations.
Messieurs, je ne rentrerai pas dans la dis
cussion elle est épuisée et on peut consi-
dérer que les questions soulevées ont été
tranchées; je tiens seulement redresser
certains points qui out été, me semble-t-il,
mal compris par quelques orateurs et it don
ner la loi sur quelques points son véritable
caraotère.
La loi, messieurs, consacre quatre points
principaux.
Le .premier, c'est faction de l'Etat dans
l'organisation de l'enseignement primaire.
Cette action de l'Etat, la loi la renforce, sur-
par l'article 2, en exigeant que la suppres
sion des places d'instüuteurs et les suppres
sions d'écoles sotent approuvées par arrêté
royal et que 1 arrêté molivé soit inséré au
Moniteur.
Je n'ai pas vous dire, messieurs, quelle
est rnon opinion personnels sur ce point.
A mes yeux, faction de l'Etat est une base
funeste dans l'organisation de l'enseigne
ment et je voudrais lui donner une autre
base je voudrais baser l'organisation de
l'enseignement sur la liberté la plus com
pléte, la plus étendue possible, mais je me
trouve devant des circonstances déterminées
et j'ai k compter avec ces circonstances.
Elles m'obligent it reconnaitre la nécessité
d un enseignement organisé par l'Etat.
L'une d'elles, la voici c'est l'impossibi-
lite ou l'impuissance dans laquelle le parti
libéral se trouve de fonder une école quel-
couque. Voilü ce qui impose l'enseignement
de l'Etat. En dehors de cela, rien ne le
justitie mais, paree que vous n'avez pas
d'école, il faut que l'Etat vous en donne.
M. Bara. S'il n'y avait plus d'enseig-
riement de l'Etat, vous u'auriez bien vile plus
d'écoles.
M. le baron Surmont de Volsberglie, rap
porteur. Quelles illusions vous vous faites
M. Bara. L'histoire est li)
Mle baron Surmont de Volsberglie, rap
porteur. Vous aimez ii faire dévier la dis
cussion, je le comprends, mais restons dans
le sujet.
L'Etat a organisé pour vous un einseigne-
ment. L'Etat a fait Ia loi de 1842 et il apayé
votre enseignement.
Qu'h produit la loi de 1842
J'ai ici une observation trés spéciale pré
senter.
Je suis absolument d'accord avec M. La
Fontaine c'est la loi de 1842, c'est la ma-
nière dont elle a été appliquée qui a donné
naissanceaux socialismes, ou mieux, qui a
amené le développement considèrable. que le
socialisme a pris.
Et voici pourquoi, c'est que vous, parti
liberal, vous avez transformé l'enseignement
donné par l'Etat.Cet enseignement, qui aurait
dü être religieux, comme la loi de 1842 le
voulait, vous en avez fait un enseignement
neutre et antireligieux. En donnant cet en
seignement neutre, vous avez rendu l'enfant
indifférent, vous avezsupprimé l'influence de
la religion sur son esprit. Qu'en est-il résul-
té Ghose étrange, c'est un fait qui peut
être constaté par tout le monde, le socia
lisme existe et s'est développé surtout dans
les provinces qui étaient entre les mains des
doctrinaires et des libéraux ce sont les
provinces de Hainaut et de Liège.
M. Braconier. Le socialisme existe dans
toutes les provinces industrielles.
M. Bara.Et h Gand et Saint-Nicolas?
Af. Lammens. A Gand t,ü le libéralisme
règne depuis des années
M. Ie baron Surmont de Volsberghc, rap
porteur Un instant, nous allons y arriver.
Dans les provinces industrielles ou non
oü le libéralisme a régné en maitre, ce sont
les administrations communales doctrinaires
marchant pas k pas sous une influence que
je ne veux pas rechercher maintenant, qui
ont formé des écoles dans lesquelles l'enseig
nement de la religion était considéré comme
une superfétation,une inutilité, une nuisance
même,dans laquelle on leminait sourdement.
G'esl cet enseignement qui a mis dans les
esprits l'indifférence religieuse-et c'est Id que
le socialisme s'est développé d'une manière
si considèrable.
M. Lammens. C'est dans ces écoles que
l'on aérait après le départ du prêtre.
Af. Picard. Le socialisme s'est dévelop
pé chez toutes les nations de race europé-
enne et elles comptent 500 millions d habi
tants. Nous ne sommes en Belgique que 6
millions, et vous prétendez que c'est notre
loi de 1842 qui l'a créé comme s'il n'existait
que chez nous
M. le baron Surmont de Volsberglie, rap
porteur. Nous sommes en Belgique et
nous restons en Belgique. Si vous voulez
laire un voyage a l'étianger, nous vous
suivrons quand le moment sera venu.
(A conlinuer.)