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Samedi 25 Janvier 1896
10 centimes le N°.
31 Année.
N° 3116.
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Lettre
de Mgr Waffelaert.
Le patriotisme a Ypres.
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On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypre et a tous les bureaux fie poste du royauuie.
Mgr Wafelaert, évêque de Bruges, est
parti lundi pour Rome, accompagrié de M.
le vicaire-général Houttave et de M. le cha-
noine Soenen. Sa Grandeur se rend en Italie
par la route de France e!le revieudra par
le Saint Gothard et la Suisse.
Dimariche, la lettre pastorale suivantea
été lue danstoules les églises du diocèse
Gustave-Joseph 'Wafïelaert
DOCTEliR EN THÉOLOGIE
Par lamiscricorde de Dien et la
grace du Saivt-Siéqe opostolique. Evê
que de Bruges, au clergé el aux fidèles
de notre diocèse, salut et bénédiction.
Nos Trés Chers Frères
Six mois nous séparent du jour, oü le Vi-
caire de Jésus Christ, sans éga<i pour notre
faiblesse, Nous in-.posa le lourd fardeau de
l'épiscopat. Ges mois, nous les avons passés
dans l'accornplissement des multiples devoirs
de notre charge pastorale, consolé par les
manifestations journalières de voire foi, de
votre docilité, encouragé par les marques de
respect et de sympathie, dont vous entourez
notre personne.
II nous tarde, NTC.F., de remplir un
autre devoir, inhérent h notre ministère et
bien doux h notie cceur, celui d'aller h Rome
Nous agenouiller aux pieds df. S.S Léon
XIII. Nous tenons h saluer en lui le succes-
seur de Pierre; Nous voulons lui offriiThom-
mage de notre vénération profonde, de notre
obéissance filiale, de notre dévouement h
toute épreuve; Nous voulons lui renuuveler
de vive voix les promesses solenelles, faites
au jour de notre sacre, recueiliir de sa bou
che anguste, avec les conseils que réclame
notre tache moins lourde, i ppelet enfin sur
notre épiscopat les bénédictions qui en assu-
reront la fécondité
Mais nous voulons parler au Saint-Père de
vous aussi, N.T.G.F.,de votre altaohement
au Siége apostolique, altaehement héréditai
re chez nos populations flamandes, et dont
récemment encore, a l'occasion du vingt-
cinquième aniversaire do l'invasion sacrilège
de Rome, vous avez. répondant h notre voix,
donné de si beaux témoignages. Nousdirons
au Pasteur suprème les consolations queNous
donnent notre clergé si admiitabb de zèle
et de dévouement, et nos communautés re-
ligieuses si florissantes, et les families, si
cbrétiennes de notre diocèse, jalouses de
marcher sur les traces de cette autre familie
la plus sainte qui tut jamais, donné." naguère
comme protectrice etcomme modèle it tou
tes les families de la eatholicité, par le grand
Pape qui gouverne l'Eglise et possède,
dans un degré iminent d'intelligence
des besoins de son époque. Puisse eet
épanchement de notie örne, si bien fait
pour consoler le coeur d'un Père tel que
Léon XIII, tempérer dans une certaine me
sure, les amertumes qui abreuvent la vieil-
lesse du magnanime Pontife
A la vei 1 le de Nous mettre en route pour
la ville éternelle, Nous avons voulu, N, T.
C. F., vous faire part de notre pieux des-
sein. sachant que tout ce qui concerne un
père, intéresse ses enfants; ensuite et sur-
tout pour réclamer en vue de notre pèleri-
nage, le secours de vos meilleures prières.
Oui, N. T. C. F., priez pour votre
Evêqnc, afin que Dieu le garde dans toutes
ses voies suppliez la Vierge Immaculée,
son chaste époux saint Joseph, l'ange tute
lage et les patrons du Diocèse, de lui ob-
tenir, par leur puissanle intercession, qu'il
revirnne au milieu de vous en paix, santé
et joie ut cum pace, salute et gaudio re -
vertamur ad propria (i).
De notre cóté, N. T. C F., Nous ne vous
oublierons pas. Dans les sanctuaires, qu'il
nous sera donné de visiter sur r.otre route
et dans la capitale du monde chrétien, mais
surtuut au tombeau des saints Apötres Pierre
et Paul, Nous recommartderons h Dieu et
h ses saints notre cher Diocèse, toutes les
institutions et les ceuvres qui en font la
globe et Ie bonheur, nos prêtres, nos sémi-
naires, nos maisons d education, nos éeoles,
nos communautés religieuses, les fidèles
coofiés h nos soins, et parmi eux les ou-
vrieis surtout, les pauvres, tous ceux qui
souffient et occupenl une si large place
dans notre coeur. Les prières que vous
ferez pour Nous, N. T C. F., au cours de
notn voyage, seronl urie affirmation nouvelle
de la communauté si étroite de pensées et de
sentiments, qui vous relie h voire premier
Pasteur, h celui qui veille, comme devant
rendre compte de vos ames (2), et dont
l'unique désir, la seule ambition, est d'assu-
rer par tous les moyerts en son pouvoir,
votre bonheur en ce monde et dans l'autre.
Seront les présentes lues en chaire, h
toutes les Messes, dans les églises et ora-
toires publics du Diocèse, le Dimanche qui
en suivra la réoeption.
Donné h Bruges, en notre palais épiseo-
pal, le 14 Janvier 1896.
t Gi STAVE JOSEPH,
Evêque de Bruges.
Par mandement de Monseigneur 1'Evêque,
A. C. DeSchreyel, Chan. Secret.
Nous avons, daos un récent article,
constaté que le parti libéral d'Ypres
encourage, volontairernent ou invo-
lonlairement, directement ou indi
rect oment, la propagation des idéés
socialistes.
Question, sans doute, de combattre
le parti clérical, l'ennemi commun
de toutes les nuances libérales. Ques
tion, et avant tout, d'unir toutes les
forces doctrinaires-progressistes-socia-
listes, en vue defuturs combats.
Nos adversaires le savent, sans la
coalisation de toutes ces forces, ils
n'auraient aucun moyen, non pas de
vainere. mais de lut.ler avec quelque
chance de succès contre le grand
parti catholique et conservateur.
Nous verrons done, ici comme a
Bruxelles et ailleurs, les progressistes
d'abord, les doctrinaires ensuite, re-
noncer a tous les points de l'ancien
programme libéral, pour se jeter dans
ies bfflTsdes socialistes. II y aura bien
quelquestiraillements.L'un ou l'autre
ancien doctrinaire se retirera sous sa
tente, mais le gros du parti suivra
ies Anseele Yprois, sous peine de se
voir excommunier. lis suivront, le
drapeau rouge ou ils ne seront plus
tien. Et, pour répéter une expres
sion d'un journal de la capitale, ils
courront après.
Telle est la fin inévitable de tout
parti qui n'a aucune idee fixe, aucun
principe stable.
Aujourd'hui, nous voulons parler
des idéés de nos libéraux avancés, en
matière de patriotisme.
Noslecteurs savent que les socialis
tes ont de Ia patrie une conception
absolument différente de la nötre.
Pour eux la patrie n'est pas le terri-
toiresur lequel ils sont nés, qui a vu
naitre leurs parents, dont ils ont ap-
pris a connaitre et a aimer les institu
tions, pour lequel leurs pères ont
versé leur sang. Non, ils déclarent, a
l'étranger, qu'ils n'ont pas de nationa
lity et que ia Belgique doit devenir le
terrain de finternationalisme. G'est,
ainsi que récemment s'exprimait M.
Vandervelde, le leader do parti socia
liste, a Paris, dans une conférence qui
a eu quelque succès chez les socia
listes francais-
A Ypres, en sommes-nous la? Nous
n'osons le prétendre. Mais nous n'hé-
sitons pas a dire que les idéés de M.
Vandervelde neseraient pas répudiées
par les deux tiers de nos adversaires.
Toujours est-il que nos adversaires
sont pour la plupart peu enthousias-
tes de l'idée nationale.
La LutteDe Strijd, l'organe du
radico-socialisme Yprois, en annon-
cant avec la plus grande satisfaction
que M. D. Jacobs, préfet du collége de
l'Union donnera une suite de legons
publiques sur la Révolution beige, s'ex
nrime ainsi
Peu de Beiges connaissent la véritéau
sujet de cette révolution dont sortit notre
indépendance.
Beaucoupde faits qui auraient nui h cer
tains grands hommes de 4830, et qui les
auraient peut-être montrés sous un jour
très-peu favorable, furent longtemps cachés,
mais sont maintenanl acquis h l'bistoire, qui
tót ou tard parvient h découvrir la vérité.
Et dans sa partie flamande, la Lutte
ajoute
Ge que la grande majorité des Beiges
sait au sujet de la révolution, qui eut pour
résultat notre indépendance, est un fatras
d'inexactitudes.de fables, etc, qu'on apprend
aux enfants dans les écoles, afin de leur
cacher pour toujours la triste vérité sur cette
révolution.
Rien en effet ne fut plus préjudiciable la
Belgique que sa séparation avec la Hollande,
opérée par les catholiques (papen) de ce
temps, et les francais si hautement intéres
sés.
Sans doute, il eut mieux valu que
les deux pays fussent rqstés unis, au
point de vue de leurs intéréts maté-
riels. Mais la divergence des idéés et
des moeurs, la persécution religieuse
les mesures fiscales, la partialité du
gouvernement neerlandais, l'exclu-
sion des beiges des emplois, etc. etc.,
ont rendu la séparation nécessaire,
inévitable.
Voila, en effet, ee que nous avons
appris non seulement, a l'école, mais
de la bouche de nos pères même, qui
ont fait la revolution.
Nous ont-ils dit la vérité
II parait qu'au collége de ÏUnion
d'Ypres on apprend a ses élèves que
tout cela n'est que de la fantasmago
rie. Gar c'est le préfet de ce collége
qui enseignera publiquement que la
Révolution a été un immense mal
heur pour la Belgique, et que nos
Héros de 1830 ne peu vent étre
montrés que sous un jour très-peu
favorable.
Les de Mérode, les de Gerlache, les
Rogier, etc. etc., ne sont que de petits
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K8|Ë VfiK I
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(i) Ilinerarium clericorum.
(2) l psi enim pervigilant quasi rationem pro
animabus vestris reddituri. (AclHebr. XIII. 17).