X«P Mercredi 18 Mars 1896 10 centimes le N°. 31 Année. N* 3130; 0M ~Jh w Aux Cultivateurs. Davidsfonds. ral lifltllb L )n s'abonne rue au Beurre, 3b, a Ypres, et tous ies bureaux de poste du royaume. II résulte d'une discussion récente, soulevée a la Ctiambre des représen- tants par M. Lefebvre, Député da Malines, qu'un grand nombre de cul tivateurs beiges se laissent tromper par des marchands ét.rangers, et raê me par les agents de sociétés beiges, qui leurs vendent des engrais a raison de 22 francs les cent kilogrammes, qui en réaiité ne valent que 6 francs. Cette fraude se pratique dans tout le pays et elle n'est pas facile a at- teindre par les lois pénales, car, le plus souvent, la marchandise renfer- me les élérnents renseignés dans le contrat.de vente. La fraude consist'e done en ce que i'engrais vendu est loin d'avoir la valeur indiquée. Plusieurs Tribunaux ont été et sont encore saisis de la question. 11 est a espérer que les cultivateurs obtien- dront gain de cause. Mais le devoir de la presseest de mettre les cultivateurs au courant des fraudes, afin qu'ils puissent les éviter. Nous avons signalé dans le temps ies manoeuvres pratiquées par certains marchands de lots de ville, qui vien- nent. extorquer a nos bons cultiva teurs leurs économies en leur promet- tant, moyennant des payements rneri- suels, des lots de vilie, qui générale ment ne leur sont pas envoyés. Nous signalens cette fois les manoeu vres des marchands d'engrais inter lopes, qui ne se bornent pas a faire aux négociants honnêtes une concur rence déloyale, mais trompan! les cultivateurs en leur vendant une marchandise qui n'a aucune richesse, aucun pouvoir fertilisant, M. Colaert a présenté, a ce sujet, a la Chambre des représentants, des observations que nous croyons devoir reproduire. Nous ue pouvons assez prévenir les fermiers contre la prati que de certains individus dont, la pro- fession semble consister a tromper ces gens honnêtes, mais simples et naïfs M. Colaert. Messieurs, il résulte de ce débat que nous sommes impuissants pour atteindre la fraude signalée par l'honorable M. Lefebvre. La loi pénale est insuffisanta et ce n'est que dans ie cas de manoeuvres frauduleuses qu'on pourrait atteindre les vendeuis d'engrais, qui abusent de la crédu- lité ou de la bonne foi des cultivateurs. Quant au Code civil, il est douLux qu'il puisse dunner satisfaction aux réclamations que l'on vient d'adresser b l'hónofable mini- stre de l'agriculture. Dans tous les cas, la question est controversée et elle est souraise aux tribunaux civüs, non seulement, comme l'a dit. l'honorable M. Tack, au tribunal de Courtrai, mais b plusieurs autres tribunaux du pays. 11 ne faut pas se le dissimuler, la fraude est pratiquée sur une trés vaste échelle et,de plus, elle est extrêmement ingénieuse. Ce sont des marchands ou des commis franpais qui viennent chez les cultivateurs, leur mon- trent des écharitillons et arrivant, après bien des efforts, leur faire signer un contrat qu'ils ne comprennent pas. Lorsque ce con trat est l édigé en francais, le cultivateur fla- mand ne le comprend pas et il doit s'ea réfé- la bonne toi du vendeur. S'il est rédigé en flamacd, il ne le comprend pas mieux. puis- que, comme l'honorable M. Tack rtous l'a montré tout b l'beure, il est fait usage de termes scientitiques incompréhensibles pour des ersonnes peu instruites. Cela est facheux et il est évident que eet état de choses döit cesser et qu'il nous ap- partieni a'employer les moyens nécessaires pour obvier b ces fraudes, comme il est ur gent d'empêcher les fraudes commises, dans un autre ordre d'idées, par des marchands de lots 'le ville, qui trompent, eux aussi, les cultivateurs. Trés bien a droite.) Je tiens b signaler ces fraudes qui n'at- teiguent pas sans doute les grands cultiva teurs, ceux qui ont repu une instruction moyenne, mals les petits cultivateurs, qui n'o it qu'une instruction inférieure et qui se laissent enlever leurs petites économies. On dit que les gens n'ont qu'b ne passé laisser tromper C'est desirable mais, si personne ne se laissait tromper, il serait presque inutile de faire des lois. M. H. Cartuyvels. C'est clair M Colaert. C'est paree que beaucoup sont ignorants ou simples, ou de trop bonne foi, que des lois doivent être faites pour ve- nir b leur aide. Nous constatons une lacune dans nos lois pénales car ce n'est que dans les cas de fraude par les moyens prévus par l'article496 du Code pénalqu'on peut attein dre les marchands incorrects. II est regret table qu'on ne puisse les atteindre en vertu des articles 498 et 499. Mais ces articles ne prévoient pas la trornperie sur le prix ou la valeur de la chose. Mais. dit on, on pourrait peut être em ployer des moyens b la frontière raême!... VI. H, Cartuyvels. Fermer la frontière! (Rires.) M. Colaert. Mais comment sera serait- il possible Si la marchandise n'est pas cou- verte par la facture, elle l'est par une con vention signée par l'achetenr. Les acheteurs I ont fait leur achat et le contrat est en règle. Ce ne serait que par le rnoyèn dont a parlé l'honorable M Tack que l'on pourrait empê- cher de faire payer une marchandise qui ue va ut rien. Messieurs, je ne suis pas étranger b la question et je connais plusieurs cultivateurs qui ont fait usage d'engrais vendus par des marchands étrangers ou beiges dans les circonstances signalées par l'honorable M. Lefebvre. Savez-vous ce que ces engrais ont produit? Ceux qui en ont acheté ont été forcés de ré- pandre une nouvelle fois de I'engrais. Aux yeux des tribunanx civils, il y a lb une trorn perie sur la valeur de la marchandise. Celle- ci doit être loyale et marchande et elle ne l'esi pas. Je désire que Ia fraude soit rendue impossible b l'avenir. Pour cela, il n'existe actuellement aucun moyen légal. Je conjure M. le ministre de l'agriculture de prendre l'mitiative nou pas de mesures adminislrati- ves,maisde mesures législatives. Les par quet» ne peu vent pasagir.J'en connais qui ont été saisis de la question par des cultivateurs intéressésmais le parquet a répondu fl n'y a rien b faire Adressez vous aux tribu naux civils je ne puis poursuivre paree qu'il s'agit de faits qui ue sont pas prévus par le Code pénal 11 sera inutile que M. le ministre de l'agri culture attende une décision quelconque des p-irquets. S'ils agissenl, les tribunaux seronl forcés d'acquitter les prévenus, puisque les faits ne sont pas putiissables. J'insisle pour que l'honorable ministre dépose iui-même un projet de loi sinon j'engage mes amis qui ont agité la: question devant la Ctiambre, b formuler une proposi tion. C'est leseul moyen d'aboutir. J'espère que la Chambre sera bientöt sai- sie de la question et que nous pourroos en core, dans cette session, examiner le projet et compléter la loi de 1887, afin d'atteindre les fraudeurs et d'empêcber les fraudes. (Trés bten a droite.) Nous avions imprimé l'article qui précède quand nous avons rencontré dans plusieurs journaux la corres- pondance suivante de Gand Cultivateurssoyez sur vos gardes Les marchands d'engrais chimiques agri- coles ou leurs agents ont operé sur une large échelle b Sleidinge. La défiance des cultivateurs qui ont contracté avec eux a été bien viie éveiltée et ils ont invité M. Maenhout, le dévoué représentant, b venir juger leurs cas. M. Maenhout s'est rendu, dimanche der nier, b Sleidinge. D'après les explications fournies par les intéressés, un grand nom bre d'entre eux pourront se tirer assez faci- lement d'afïaire, les marchandises u'ayant pas été li vrees b la date fixée, le l,r mars. Dans ce c is, ce sont les agents eux raêmes qui sont en défaut. Les fameux agents ne se sont pas mon- trés trés difflciles quant b la signature des contrats. Ainsi, ils se sont oontentés de la signature de la femme, d'un enfant mineur, voire d'une servante du cultivateur. II n'y a done que les cultivateurs qui ont signé eux-mêmes et qui ont re$u leur mar chandise avant le 1" mars qui auront b s'exé- cuter. Uue grande quantité de ces marchandises restent en souffrance dans la station de Sleidinge. On ne sail encore quel parti prendront les expéditeurs, mais M. Maenhout a donné aux cultivateurs les conseils que comporle la situation, en attendant que la législature vote une loi qui empêche ces abus criants. D'après la Gazette van Eecloo, les engrais vendus ne sont autre chose que de la kainite, de Stasfiirt (Allemagne,) valant 6 b 7 francs les cent kilos. On les présente comme un engrais américain concentré qui doit avoir des résultats merveilleux. II parait aussi qu'en ce moment des agents parcourent les campagnes pour vendre des aliments soi-disant trés substantiels pour l'engraissage du bétail. Pour un boeuf, la dépense journalière ne serait que de 10cen times pour un pore de 5 centimes seule- ment II est grand temps de réprimer rigoureu- sement cette exploitation scandaleuss de nos carapagnards. C'est une bien charmante soirée qu'a pro- curée, Dimanche dernier, b ses membres la section yproise du Davidsfonds, en même temps qu'b toutes les sociétés catholiques qui y étaient invitées. M. Ch. Beyaert, de Bruges, devait prendre la parole et traiter une question de grande actualité, het Socia lism. M. Iweins d'Eeckhoutle avait mis gra- cieusement b la disposition du Davidsfonds sa splendide salie de Fêtes, ainsi que l'excel- lent corps de Fanfares, dont il est chef- homme-propriétaire. Nous n'avons plus b faire l'éldge de ce corps de musiciens d'élite. On coneoit que son concours a puissamment contribué h l ehausser le programme de la Fête. Mais rien n'égale la vogue dont joint pré- sentement la jeune sociélé des Mandoliniers. Aussi rien de suave, d'harmonieux comme les accords que cette poétique phalange sait tirer de son mélodieux instrument. Les succès que déjb onl recueillis nos mandoli niers b peine b leurs débuts, sont riches de promesses pour l'avenir. Deux morceaux composaient leur part au programme. C'était trop peu, commeon verra, mss&-pi 'Si), :s •u?1 sS Lo JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régulariseot fin Decembre. Les articles et communications doivent être adrosses franc de oort i t'adrusse ci-dessus. Les annonces content 15 centimes ia ligne. 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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 1