Le Progrès d'Ypres et le minimum de salaire. Un scandale a Warnêton. du Vooruit. Anseele est membre de la Chambre des Représentants, et, sans autorisation de la Chambre, il ne pouvait être poursuivi pendant la ses sion qui s'ouvre le 10 de ce mois. II aurait done fallu demander cette auto risation et fournir peut-être l'occasion dun débat qui aurait pu prendre quinze séances La Lutte aurait-elle voulu cela A La Lutte, dans un autre article, nous répond au sujet de nos articles relatifs aux scandales de Gand. Dans son numéro du lOOctobre, elle nous avait répondu, en se voilant la face, que, dut la rédaction du Jour nal d'Ypres en perdre le sommeil, elle ne répondrait rien actuellement.iVoïis nous réservons, disait-elle encore, de donner notre avis quand nous pour- rons le motiver sur autre chose que les piailleries des journaux cléricaux et réactionnaires. Yous avez autre chose aujourd'hui, bonne consceur. Vous avez un juge- ment qui ne piaille pas. Vous avez les témoignages accablants del'iDspecteur du travail et des ouvrières même de Vooruit et e'est vous qui piaillez. Vous piaillez contre les Cartouche et Cie bourgeois et patrons. Vous piaillez contre la Justice. Vous piaillez contre le Bien Public, le Patrio te, la Patrie, Het Volk et le Journal d'Ypres. Vous piaillez contre Pol Dewitte, parcequ'il n'a pas été cité comme témoin. Vous piaillez contre Het Licht, par- ceque vous ne supportez pas la lu- mière et contre Recht voor Allen, que vous accusez d'etre un journal anarchiste et même d'etre l'ami du Journal d'Ypres. Vous piaillez enfin parceque nous avons rappelé le mot d'ordre de Selec tion législative Anseele komt si bien,qu après avoir longtemps piaillé, vous finisseZj comme une poule mouil- lée ou un gamin qui est brouillé avec sa culotte, par vous déclarer journal progressiste ce que tout le monde ne savait pas, vous estimant beaucoup plus homard que bleu gendarme. L. Piaillè. L'imbécile, diplomé et patenté, qui tient, dans le Progrès, le record de la bêtise, celui dont les administrations communales collectionnent les cor respondances comme des modèles de style lapidaire pardon, épistolaire demande notre avis sur I'accord clèrico-socialiste conclu au 'conseil communal de Bruxelles, en vuede l'admission du minimum de salaire dans les cahiers des charges pour les travaux publics. Au risque de nous voir taxer de socialisme par l'auteur de l'article du Progrès qui croit avoir décou- ver t la pierre philosophaU nous lui répondons carrément que si nous avionseu l'honneur d'être au conseil communal de Bruxelles, nouseussions voté la proposition érnanée du banc socialiste Hein Mais oui.... Voyons en quoi consistait cette proposition Le Conseil décide qu'è l'avenir, Ie cahier général des charges comportera entreautres clauses 1° L'obligation pour l'entrepreneur de payer <t tous ses ouvriers un minimum de salaire 2" La limitation de la journéede travail; 3° L'obligation du repos hebdomadaire, de préférence le Dimanche 4° L'assurance des ouvriers contre les accidents Les conditions d'bygiène et de salubrité que doivent réunir les ateliers 6° Les mesures de sécurité pour les travailleurs des différentes professions. Le Conseil communal arrêtera annuelle- ment le minimum de salaire afférent a cha- que catégorie des travailleurs. Pour la fixation de ce minimum et la li mitation des heures de travail, la ville con sultera les chambres syndicales ouvrières et patronales. En cas de non-entente, de refus de concours ou de l'inexistence de l'une ou de l'autre de ces cbambres, l'avis du Conseil de l'industrie serademandé. Le Progrès constate que le collége échevinal de Bruxelles faisait a cette proposition une opposition très-vive et que tous les libéraux ont voté contre. Qu'importe d'oü émane une propo sition qu'importe que les libéraux votent contre la proposition, si celle-ci est juste Etait-elle juste? Nous le croyons. Elle présentait, dans tous les cas, cette garantie que pour la fixation du mi nimum et la limitation des heures de travail, la ville de Bruxelles devait consulter les chambres syndicales ouvrières et patronales, et, au besom, demander l'avis du conseil de l'indus trie et du travail. Après cela, attendons nous a nous voir traiter de révolutionnaires par Ie Progrès, puisque celui-ci écritVous actons soigneusement ces faits ceux du conseil communal de Bruxelles pour montrer une fois de plus le tou- chant accord qui existe d l'occasion entre cléricaux et révolutionnaires. Est-ce que notre Province n'impose pas des conditions analogues pour les travaux publics? Est-ce que l'adminis- tration communalecatholique d'Ypres n'oblige pas, elle aussi, les entrepre neurs de travaux publics, a se sou- mettre a des clauses semblables Est-ce quelegouvernement lui-même ne fait pas des essais de ce genre Tous révolutionnaires, sans doute, pour le Progrès et ses amis libéraux de Bruxelles C'est fairepiège, dit le Progrès, a ces affreux libéraux. Soit; nous avons toujours dit et écrit que nous sommes partisans des progrès que l'on peut réalisersans secousses;et le minimum de salaire en est un. Nous ne sommes pas partisans de la limitation absolue delajournée de travail. Mais, dans les travaux publics, quel mal y a-t-il a stipuler que les entrepreneurs deces travaux nepour- ront pas exiger un travail excessif? Autre chose est, Monsieur, régler les conditions du travail et se liguer avec les socialistes en vued'obtenir des succès électoraux. Ceci, nous ne l'avons jamais approuvé et nous ne le ferons jamais. Vous avez a peu prés raisonquand, dans votre style tortueux, vous écri- vez «Quand nous, libéraux, aux dernières élec- tions communales, nous parlions d'alliance avec les anti-cléricaux, le Journal d'Ypres, par la plume de la Girouette de Poperinghe, ainsi que les autres journaux épiscopaux, nous représentaient comme de dangereux énergumènes, menapant la société dans ses plus respectables assises le spectre rouge la main, il criait haro sur nous, il terrorisait les électeurs, et il essayait de leur faire croire que,seuls,les conservateurs étaient capables de combattre le collectivisme et d'empêcher la ruine des institutions qui ga- rantissent l'ordre et la sécuritédans le pays.» Parfaitement, nous vous avons re- proché votre alliance avec les anti-clé ricaux, que vous avouez vous-même aujourd'hui. Nous vous dirons même que si, a l'avenir, vous ne faites plus cette alliance, ce sera parcequ'aux dernières elections législatives, les so cialistes d'Ypres ont déclaré qu'ils ne voulaient plus devouset qu'ils iraient seuls au combatce qu'ils ont fait, d'aiileurs. II n'y a done chez nous aucune volte-face. Mais e'est vous qui faites la volte, quand, après avoir admis, dans votre program me électoral deNovem- bre 1895, le minimum de salaire, et avoir reprochéa nos amis de ne s'être pas alliés assez vite a ce principe, vous venez aujourd'hui, par je ne sais quelle inconséquence, reprocher auxconseillerscatholiques de Bruxel les d'avoir voté la résolutionci dessus. Vous avez beau dire que e'est la un point des plus importants du program me socialiste. Vous avez admis et pro- clamé ce principe; et e'est parce- qu'aujourd'hui vos amis, les libéraux de Bruxelles,ont voté contre la chose, que vous nous traitez de girouettes Avant d'écrire, apprenez, a l'ave nir, a penser et surtout a vous rappe- ler vos antécédents; et vous n'écrirez plus de bétises... peut-être. Qu'en pense l'autre, La Lutte Est-ce que le Progrès était moins girouette quand, après avoir attaqué avec véhémence nos députés et séna- teurs.a propos de leurs votes au sujet des droits d'entrée, il patronnait ouvertement la candidature de M. Lefêvre, qui disait que nos mandataï- res n'étaient pas allés assez loin dans la voie de la protection Est-ce que ce candidat agricoie n'aurait pas voté les droits sur le beurre étranger, qui devaient, d'après le Progrès, ruiner notre marché au beurre Nous proposons d'éiéver un monu ment a l'auteur de l'article du Progrès, et que la pierre soit surmontée d'une... girouette. Et La Lutte souscrira peut-être, comme nous. 'T is ikke wel Le Progrès et la Lutte écrivent d'a près un correspondant de Warnêton: II nest bruit en notre petite ville que dun gros scandale qui vient d'être découvert et qui a nécessité une deseente du parquet. Les gros bonnets du parti catholique sont afïolés et toute la gent cléricale de l'endroit a été mise sur pied pour tacher d'étouffer l'affaire. Nous n'en dirons pas davantage au jourd'hui, nous réservant de revenir plustard sur cette triste affaire. De quoi s'agit-il? Nous ne le savons pas encore. S'il y a eu deseente du parquet, eest que la justice est saisie de l'affaire. Nous la laisserons agir, Eilesaura Ie faire d'une fagon impar- tiale; et nous espérons que, s'il s'agit comme il s'agit a chaque instant, d'o- dieuses diffamations, dame Thémis saura llétrir les diffamateurs. Le Progrès et la Lutte se réservent de revenir plustard sur l'affaire, disent- ils. Le Progrès nous a habitués a en tendre des accusations graves, mais vagues. Qu'on se rappelle ies affaires de la rue de Menin, de l'Académie etc! Jamais le journal doctrinaire n'est revenu sur l'affaire pour faire savoir a ses lecteurs qu'il avait été induit en erreur.ni pour proclamer 1'ionocence des prévenus. Et la Lutte Elle semble vouloir suivre la même voie. Et cependant, quand il s'est agi des scandales de Gand, mis au jour par des socialistes même et dont tous les journaux se sont occupés, la Lutte s'est tue, et il fallu que nous la som- rnionsa différentesreprisespourqu'elle dise enfin quelques mots. Et, quand, ne pouvant plus garder le silence, elleaparlé dans son nu- méro du 10 Octobre, c'était pour dire que c'était une question dont la justice était saisie, Nos lecteurs écrivait-elle habi tués aux maiurs de La savent que nous n'agirions point de cette manière vis-d-vis de personne adversaire ou allié... OhIes beaux principes La Lutte se joint au Progrès pour lancer des accusations graves aux- quelles on ne saurait répondre. Elle n'a pas le courage de dire de qui il s'agit! D'un adversaire sans doute Si non, La Lutte se tairait. Et Ia mégère rouge ne se borne pas a parler vaguemerit d'un gros scan dale. Elle croit devoir ajouter, avec le Progrès, que les chefs du parti ca tholique. de Warnêton sont sur pied pour tacher d'étouffer ia/faire! C'est une autre accusation, pure- ment gratuite. Nous sommons la lulled le Progrès de dire de qui il s'agit Quelle est la pei sonne visée Quels sont les gros bonnets qu'elle met en cause S ils ne répondent pas, nous dirons que la Lutte et le Progrès ont commis une double lacheté, et noes laisserons aux gros bonnets en question le soin d'agir comme de conseil.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 2