Encore le Vooruit. Le doigt dans 1'ceil. Au Volkshuis de Poperinghe. Ie salaire de neuf ouvrières dans le courant de Juin et de Juillet 1896 «Attendu que la décision, it la suite de laquelle les retenues ont été appliquées, a été prise par' le conseil d'administration du Vooruit composée de MM. Anseele, Van Beveren, Foucaert Seffers, Van Gyseghera et que Beerblock, comme contre-maltre, a exé- cuté les ordres du conseil d'administration et prêté une assistance principale 4 celui-ci Qu'il est par conséquent co-auteur du délit prévu par la loi du 17 Aoüt 1887 Attendu qu'il a été établi également que l'administration du Vooruit n'a pas payé le salaire ne dépassant pas 5 francs par jour, au moins deux fois par mois aux ouvrières et n'a pas réglé au moins une tois par mois dé- finitifement ou en partie le salaire dü pour le travail it la pièce; Attendu enfin, qu'il est établi que lad- ministration du Vooruit a fait aux ouvrières des conditions qui sont de nature a ne pas leur laisser le libre emploi de leur salaire, ou tout au moins 4 conclure avec elles un ac cord li ee sujet Attendu que les autres faits mis 4 la charge des prévenus ne sont point prouvés; Attendu que les infractions commises par l'administration du Vooruit et tombant sous le coup de la loi pénale, résultent d un même fait, il n'y a lieu d'appliquer qu'une peine la plus forte; Attendu, d'autre part, qu'il y a lieu d'ad- mettre des circonstances même dans les- quelles le fait délictueux s'est produit Attendu que pour ce qui concerne Van Gyseghem, Van Beveren et Seffers, ceux-ci n'ont jamais encouru aucune condamnation pour un crime ou délit et qu'il y a lieu d'espé- rer que les infractions actuelles ne se repro- duiront plus 4 l'avenir Pour ces motifs, faisant droit et par application des articles 1,5,6, 40 et 11 de la loi du 16 Aoüt 1887 et 85 du code pénal, condamne Anseele, Van Beveren, Foucart, Seffers et Van Gyseghem chacun 4 dix fois une amende de 10 francs et Beerblock k dix fois une amende de 5 francs Renvoie Pankoek des fins de la pour- suite sans frais Condamne les prévenus solidairement aux frais du procés Dit qu'en cas de non paiement des amen- des, elles seront remplacées par un empri- sonnement subsidiaire, celles de 10 francs par deux jours et celles de 5 francs par un jour Dit que pour Van Beveren, Seffers et Van Gyseghem la condamnation sera con- ditionnelle pendant une époque de deux ans, partir de la condamnation. Nous apprenons, dit la Flandrc, de son coté, que de nouvelles poursuites vont trés probablementêtre intentées contre le Vooruit pour contravations k des dispositions légales sur laventedu beurre. Unesaisie vientd'être faite dans ses magasins et il a été constaté que le beurre qui s'y tronve en vente conlient une forte quantité de margarine. 11 parait que.lorsque les agents du gouver nement se sont présentés dans d'autres suc- cursales, ils n'ont plus trouvé trace de beurre. On assure que tous les administrateurs du Vooruif seront de nouveau attraits en justice. (Flandrc.) Le Progrès a publié, dans son nu méro de Jeudi dernier Je compt-rendu de la séance du conseil communal d'Ypres, du 24 Octobre. Cette fois, nous 1e reconnaissons, la relation est l'oeuvre de son reporter, et non plus la traduction du compte- rendu du Nieuwsblad. Et nous ajoutons que si le reporter a une mémoire assez bonne pour re produce, sans notes prises a la seance, une discussion fort longue, il rt'a ce- pendant pas encore la première quali- té realise dun reporter, l'exactitude. II s entend, il est vrai, quelque peu aux questions d'enseignement du coté de la pédagogie surtout mais il confond deux choses essentielles l'enseignement payant et l'enseigne- ment gratuit. Ainsi M. Struye a demandé au conseil communal que le minerval a payer par les parents dont les enfants suivent les classes des écoles payantes, soit le même, autant que possible, que celui que l'on paie dans les écoles privées similaires. M. l Echevin Colaert, approuva les idéés exprimées par l'honorable M. Struye mais il demanda que la question fut réservée pour le budget de 1898. Aussitótle reporter, qui nest plus tout-a-fait dans sort róle de reporter, oppose aux idéés exprimées par l'ho norable Echevin, une opinion préten- düement contradictoire, exprimée dans une autre circonstance. Mais il ne s'apercoit pas le reporter qu'au conseil communal il s'agit d'ecoles payantestandis que dans les idéés exprimées par M. Colaert, écri- vant au Salvator il s'agit d'écoles gratuites. C'est inoui, épatant, renversant,con- vulsant, dit le Progrès Ce qui est tout cela, c'est que le reporter, cjui devrait connaitre les questions d enseignement, et même la loi,ait pu se tromper au point de con- fondre les choses les plus simples et les plus élémentaires. M. Colaert a écrit au Salvator qu'en ce qui concerne l'enseignement primaire gratuit, la ville n'exige ni minerval, ni paiement de fournitures classiques, ni frais de chaulFage, bien que la loi le permette et que eet en seignement restera gratuit. Est-ce que M. l'Echevin a dit autre chose au conseil communal Du tout. II s'agissait, a la séance de Samedi, du minerval a payer a l'école payante de filles et a l'école moyenne. Si M. Struye avait proposé de faire payer un minerval par les parents dont les enfants suivent les écoles pri- maires gratuites, nous sommes cou- vaincus que M. Colaert eut persisté dans les idees qu'il a exprimées et qui coucordent avec celles de ses collè- gues. Mais encore une fois, il ne s'agissait pas de cela. Nous avons dit, avant les élections communales, que M. le Bourgmestre avait déclaré tout haut, que l'admi nistration n'exigerait pas de minerval dans ces écoles 14. Or, nos édiles ont été accusés d'avoir changé cette situation. C'est contre ces fausses allégations que M. Colaert a protesté publiquement. A-t-il changé d'opinion Nulle- ment. C'est done le Progrès et son inconscient reporter qui se sont trom- pés, volontairement ou involontaire- ment. Rectifieront-ils Nous renvoyons, pour le surplus, nos lecteurs au compte-rendu du conseil communal, et nous concluons que le Progrès a perdu pour avoir pris un reporter. Nous avons eu tort peut-être de ne plus lui permettre de traduire les comptes-rendus du Nieuwsblad. Alors, du moins, ses relations étaient exactes, a part ses ajoutes sangrenues. 11 peut y retour- ner. Une caisse d'épargne. Nous appreuons avec plaisir quenos amis de Poperinghe ont organisé, au Volkshuis, une caisse d'épargne parmi les ouvriers qui font partie de la société. A cette occasion, nous avons regu une étude écrite en flamand etduea la plume de M. Hallaert, Directeur de l'école communale de Poperinghe. Nous publions cette étude d'après une traduction, faite aussi exactement que possible. Notre chère petite Belgique traverse actuellement une crise terrible 1'agrieulture ne marche pas le commerce et l'industrie se débattent dans nne concurrence de plus en plus grande que leur livrent !ps pays étrangers les carrières libérales sont en- coaibrées de titulaires et de candidats. Des hommes éminenls et instruits, pré occupésde cette situation inquiétante, ont, depuis plusieurs années, fait des efforts lou- ables pour alténuer les effets de cette crise, et des mesures diyerses ont été prises pour relever les trois grandes branches de notre prospérité nationale l'agriculture, le com merce et l'industrie. Mais 4 coté de cette crise il en existe une autre, toute aussi dangereuse que la première, la crise du luxe. La mode, telle qu'on la nomme plus com- munément, a envahi toutes les classes de la société la bourgeoisie imite le riche, et le travailleur, voir même le mendiaut, ne le cède en rien aux deux premiers. Et le mal C'est que cette maudite mode coüte énor- rnément cher, qu'elle dévore dans le ménage la plus grande partie des revenus, qu'elle fait des dissipateurs et qu'ainsi elle conduit ia familie directementè la ruine. Y a-t il des remèdes pour guérir notre population de ce mal toujours grandissant? Evidemment oui car 4 tout mal Dieu a opposéle remède. Je trouve que la religion d'abord, les bonnes habitudes ensuite sont les grandes forces motrices, capables de nous en débarrasser. Je laisse 4 des hommes plus compétents que moi le soin de démontrer la puissance de la religion dans la matière qui nous oc- cupe pour ma part je veux entretenir le lecteur pour quelques moments d'une des louables habitudes qu'on a toujours distin - guéedans notre brave population flamande l'épargne. Et d'abord, qu'est-ce que l'épargne L'épargne, c'est la tendance innée qu'a tout homrae de donner 4 son corps la nour- riture nécessaire pour entretenir et fortifier la viec'est le travail manuel ou intellec tual qui lui procure cette nourriture c'est le repos qu'on prend journellement pour rétablir les forces que le corps a perdues p.-r les occupations c'est encore la distrac tion qu'on se donne après un travail plusou moins prolongé, distraction qui aide le repos 4 réparer les forces affaiblies. L'épargne enfin, c'est la volonté de ne faire que les dépenses utiles ot nécessaires et, si la chose est possible, la conservation d'une partie de ses revenus pour des dépenses ultérieures, que les circonstances de la vie peuvent oc- casionner. 11 y a deux moyens de pratiquer cette der- nière épargne le premier, c'est d'entermer dans l'armoire les sommes destinées4 l'épar gne le second, c'est de les déposer dans la caisse d'épargne. Tandis qu'avec le pre- mi ,r moyen l'argent reste stérile et qu'on risque de voir enlever ses économies par les voleurs, le second moyen les met 4 l'abri de toute tentative de vol el leur fait produire des intéréts par dessus le marché. La caisse d'épargne, telle qu'elle fonc- tionne actuellement dans notre pays, a été insiituée par une loi volée le 16 Mars 1865 et mise sous la garantie de l'Etat. Le bul du légisiateur de ce temps n'a eertairement pas été d'accumuler de grands capitaux, mais bien de donner toute lacilité 4 l'ouvrier et au petit commerpant de faire quelques écono mies c'est pource motif qu'ou accepte des versements 4 comtnencer par un franc. Depuis le 1 Octobre 1881 la caisse géné rale d'épargne a introduit un second système qui permet de réunir des sommes iuférieures 4 un franc c'est le système dit des timbres ou des bulletins L'administration de la caisse d'épargne met gratuifement 4 Indis position des personries, des bulletins sur lesquels on attache des timbres de 2, Sou 10 centimes jusqu'i concurrence d'urr franc, et accepte ces bulletins comme versement chaque fois qu'ils ont cette valeur numéraire. Ce système n'exige aucune comptabilité compliquée lï des connaissauces spéciales Toute personne quelque peu instruite est en étatde diriger une caisse d'épargne d'après ce système. Le 27 Septembre dernier on a fondé au sein du Volkshuis de Poperinghe une caisse d'épargne fonctionnant au moyen de timbres. A cette occasion M. Albert Rosseel d'lseghem a donné une conférence aux membres de la dito société. Dans un dis cours admirablement pensé, il s'est élevé contre les dépenses exagérées d'une jeunesse capricieuse et frivole et de parents insensés, qui oublient trop souvent leurs devoirs de père et de mère. Par une série de faits précis,tous fondés sur i'expérience.il prouva non seulement que l'épargne est possible chez la population poperinghoise, mais qu'elle y produira d'excellents fruits si elle est pratiquée avec persévérance et régula- rité. A cette double condition la petite graine, jetée au milieu d'une population agricole, poussera rapidemenf des rucines elle pro duira un arbre grand et robuste qui étendra ses branches sur tout le territotre de la ville, et qui donnera des fruits mei veilleux que les ouvriers cueilleront en abondance. Mais, me dira-t-on, comment est-il pos sible qu'avec des versements si minimes on puisse produire quelque chose A ceux qui me posent cette question je réponds Allez voir 4 Iseghem, petite ville de 10 4 11 milles habitants, L4 fonctionne depuis 1874 une caisse d'épargne, maintenant suc cursale reconnue par l'Etat el alimentée ex- clusivement par les ouvriers et les petits eommercants. Lesdébuts étaient difficiles et pénibles, ear les préjugés ne manquaient pas mais la persévérance de quelques hommes de bonne volonté, et spécialement du fondateur, M. l'abbé Vanden Driessche, du président M. Vercruysse-Rosseel et du protecteur M.le Baron JeanGilles de Pélichy, au dévouement desquels je rends ici un pu blic hommage,a surmonté tousles obstacles; l'inslitutiou a pris racine, elle a grandi rapi- dement et maintenant (30 Juin 1895) elle possède livrets avec une en- caisse de fr. Allez voir encore 4 Eeghem, petite com mune rurale de 1700 habitants, sans com merce ni industrie spéciales. M. Vanden Driesche y fonda péniblement en 1882 une caisse d'épargne semblable 4 celled'lseghem. En 1884 déj4 olie avait 1GO livrets d'épargne sous la garantie de l'Etat avec un capital de 18,494,59 fr., et elle était en importance, proportionnellement 4 la popu lation de la commune et dunombre de livrets, la seconde du royaume pour le nombre de ver sementsIseghem occupant la première place sur toute la ligne. Depuis lors, la caisse d'épargne d'Eeghem est devenue plus florissante encore,et actuel lement elle est aussi une des rares succursa le s reconnues par l'Etat. Que ces exemples encouragent done tous ceux qui s'occupant de la question si inté ressante de l'épargne qu'on prêche l'écono- mie partout oü l'on trouve los travailleurs réunis,qu'on y établisse descaisses d'épargne et l'on résoudra comme par enchantement le grand problème de nos jours. C. Hallaert, Directeur de l'école communale de Poperinghe.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 2