Les eaux alimentaires.
La Fête Patronale du Roi.
Fête au Volkshuis.
Notre école d'équitation.
Légende Yproise.
Actes Officiels.
jolie sottise. Si nous nous renfermions dans
un système d'inertie et de routine, nous se-
rions des arriérés, des réactionnaires, des
ennemis du Progrès. Passons.
La question du règlement sur les sépultu-
res n'est pas mieux rendue. Lü du reste le
reporter n'entend rien.
Arrêtons-nous. Pour cette fois c'est déjÊi
fort bien.
Les journaux libéraux s'occupent encore
dans leurs derniers numéros, des eaux ali
mentaires, du chêteau d'eau, des bassins,des
machines etc. etc. Gela ne nous étonne guè-
re. Co sont des questions spéciales peu con-
nues du public qui en général n'est pas tech-
nicien ni spécialiste, et la matière prête
toutes les élucubrations, divagations et dé-
clamations possibles. Un journaliste libéral
peut broder Et dessus des phrases creuses,
émaillées de quelques chifïres fantaisistes; il
en a pour un mois et plus. Le papier sup-
porte si facilement les sottises et l'encre
découle si aisément de la plume
Nous, nous préférons ne plus répondre
nos adversaires et attendons patiemment,
certains que cette affaire, étudiée dans ses
moindres détails, aura un bon résultat. Nous
savons en outre que noire Bourgmestre, qui
s'occupe de cette affaire, est un homme qui
neveut rien laisser l'imprévu, et plutót
que de se béter trop, ne livrer de l'eau la
ville que lorsque tous les détails seront bien
et düment réglés. Si notre premier magistrat
répondait aux articles du Progrès et de la
Lutte, c'est qu'il le jugerait nécessaire. S'il
n'en fait rien, c'est que les articles ne sont
guère importants.
C'est un fait connu qu'en ce monde un
mouvement dans un sens en produit le plus
souvent un autre en sens contraire. C'est lé
une résultante de l'esprit de contradiction
qui git au tond du caractère humain.
C'est ainsi que les attaques dirigées contre
nos libre institutions, contre le roi et l'ordre
établi ont eu l'excellent effet de produire une
réaction caractérisée en leur faveur, dans
la grande majorité du public.
Les fêtes nationales qui se bornaient au-
paravant des manifestations purement
officielies, sont devenues vraiment des fêtes
publiques, auxquelles participent toutes les
classes de la société. La jeunesse des écoles
même a pris part cette année la joie com
mune. Comme le Journal d'Ypres le disait
dernièrement, c'est un moyen d'imprimer
de bonne heure dans le coeur de l'enfant
l'amour et le respect des institutions qui ont
procuré notre pays une longue ère de
paix et de prospérité.
Dès le matin du f5 Novembre un grand
nombre de drapeaux arborés aux facades des
monuments publics et aux maisons des auto
rités, ainsi que les sons joyeux du carillon,
annoncaient la fête.
Vers onze heures, les personnages officiels
en grande tenue se rendaient la collegiale
de St Martin, oü un Te Deum solennel
devrait être chanté pour remercier Dieu de
la protection qu'il accorde la Belgique et
son Roi.
L'église était archi-comble. La cérémonie
oftrait cette fois un surcroit d'intérêt, par
cette circonstance que le nouveau maitre de
chapelle de St Martin faisait en quelque
sorte ses débuts eu exécutant un Te Deum
complètement inédit chez nous.
Haons nous de dire que son succès a été
grand. Les chceurs et l'orchestre ont admi-
rablement travaillé. M. Van den Abeele
possède un réel talent. 11 y a de l'aplomb, de
la sureté et du nerf dans sa direction. I
faut dire aussi que l'exécution était confiée
aux meilleures exécutants de la ville.
Quant l'ceuvre elle même, c'est une
composition congue dans le style severe qui
convient seul la musique religieuse. Un
allemand, M. J. Gruber,en estl'auteur et son
Te Deum,un chef d'oeuvre de composition
musicale.se termine par une fugue de grande
allure, dont le sujet et les contre-sujets pos-
sèdent, outre leur pureté de style obligée,
une idéé mélodique, ce qui est assez rare.
L'exposition de la fugue, ses épisodes,
ses diverses modulations, la coupe de la
strette et la richesse des contrepoints qui
se greffent sur le sujet principal et sa
réponse, démontrent la grande science har-
monique du compositeur.
Malgré sa difficulté et le petit nombre de
répétitions, cette oeuvre magnifique a été,
nous le répétons, enlevée avec brio par
M. Van den Abeele et ses exécutants. Ron-
neur eux
L'année dernière cette date, nos rues,
bondées d'une foule enthousiaste,résonnaient
de chants et de cris de joie.
La mémorable bataille électorale du 17
Novembre, la plus vive et la plus ardue
qu'oricues la ville d'Ypres eut vue, venait de
se couronner par un splendide triomphe
Une ère de paix et de bonheur s'ouvrait défi-
nitivement pour notre cité, qui voyait dispa-
raitre en ce jour de délivrance, les derniers
vestiges du libéralisme sectaire, qui l'avait
si longtemps opprimée
Dimanche soir par une excellente coinci
dence,notre vaillante jeune garde, qui a lant
contribué au succès de l'année passée, don-
nait son banquet annuel.
Dans l'immense salie du Volkshuis,clamait
encore une fois, l'air joyeux de lutte et de
victoire de l'an passé: le populaire Surmont
boven aan
Huit cents convives manoeuvraient du
coüteau et de la fourchette, avec le même
ensemble qu'ils avaient mis le 17 Novembre
1895, manoeuvrer des bulletins roses et
blancs.
Une cordialité et un entrain sans pareils,
une fraternité parfaite, n'ont cessé de règner
parroi tous les membres, quelque classe de
la société qu'ils appartiennenl.
A la table d'honneur étaient assis M. le
Président Seys ayant sadroite MM.le Doyen
Boone, Iweins d'Eeckhoutte et Van Merris et
sa gauche MM. Surmont de Volsberghe et
Colaert.
Une foule d'autres notabilités, conseillers
provii.ciaux et communaux, honoraient la
fête de leur présence.
Les divers toast furent portés par M. le
Doyen s. s.Léon XIII le Pape desouvriers;
par M. Iweins d'Eeckhoutte, au Roi, l'ami
des ouvriers, et la familie Royale par
M. Seys aux Bourgmestre et Echevins. M. le
Baron Surmont répondit en d'excellents ter
mes M. Seys en promettant de faire comme
par le passé, tout ce qu'il pouvait pour venir
en aide la classe ouvrière.
En somme, une fête charmante qui a pro
duit une excellente impression sur tous
ceux qui y ont assisté.
Nous apprenons que le département de la
guerre se propose d'établir, pour le prin-
temps prochain, une nouvelle piste d'entrai-
nement, d'une superficie double de celle ac-
tuellement existant l'école d'équitation.
On peut en conclure qu'on a absolument
renoncé en haut lieu a transferer cette école
Terveuren.
Cette nouvelle confirme la communication
faite récemment par M- le Bourgmestre au
Conseil Communal.
Tant mieux pour les Yprois
Le Zaelhof.
1.
Au couchant de notre bonne ville d'Ypres
est situé le Zaelhof. C'est aujourd'hui une
jolie place publique, tirée au cordeau et
laquelle le voisinage des casernes de cavale
rie donne une animation toute particulière.
11 n'en était pas ainsi au treizième sièclelè
s'élevait alors un beau manoir, qu'ort appelait
le chateau du Zaelhof, gage de sympathie de
Philippe d'Alsace, qui avait voulu se cons-
truire une demeure au milieu des Yprois,
qu'il aimait beauconp.
Ce chateau flanqué de deux tours était en-
touréde largesfossés alimentés par i'Yperlée;
un pont de pierre, terminé par un pont-levis,
était le seul endroit accessible de cette forte-
resse, qui, comme toutes les habitations
féodales, avait un aspect triste et sombre.
En 1266, Gui de Dampierre régnait sur
les Flandres. Son flls, Robert de Béthune,
appelé au secours de Charles d'Anjou, roi de
Sicile, partit la tête de ses braves flamands,
remporta la victoire la bataille de Béné-
vent et rafferma Ch irles sur son tróne de
Sicile. Ce prince reconnaissant lui donna la
belle, la noble Blanche, sa fille. De ce ma
riage naquit un filsqui coüta la vie sa mère;
Robert au désespoir de la perte de son épouse
chérie, voulut s'éloigner des lïeux oü il avait
été si heureux; il revint en Flandre avec
son enfant, désormais sa seule consolation.
II choisit pour asile le obêteau du Zaelhof,
que depuis il habita presque constamment,
et oü il mourut en 1322
Robert de Béthune, vers l'année 1269,
épousa en secondes noces Yolande de Bour
gogne, qui lui donna aussi un fils. C'est
quelque temps après ces événemenls histo-
riques, que se passa le drame lugubre du
pont du Zaelhof.
C'était en 1280, par tine froide journée de
Déeembre, une femme était assise au chevet
d'un lit, dans une immense salie du Zaelhof;
un enfant h l'agonie gisait sur cette couche.
La femme était la noble comtcsse Yolande;
l'enfant était le fils ainé, le fils du premier
lit, du très-haut et trés puissant seigneur,
Robert de Béthune.
Le ciel était sombre, le peu de jour que
laissaient pénétrer les vitraux coloriés, ré-
pandait une lumière blafarde dans l'apparte
ment. Un feu énorme pétillait dans la vaste
cheminéeetdonnait un reflet rougeêtre tous
lesobjets; le vent sonfflait avec violence et
mêlait son sifflement au ra'o du moribond.
Yolande était pale, elle avait la main de
l'enfant dans lessiennes. De temps en temps
elle se baissait sur le malade comme pour
recueillir son dernier soupir. Quelques mi
nutes se passèrentalors la comtesse se
leva lentementlout est fuii, dit elle.
En ce moment, la massive porte de la salie
roula sur ses gonds et Marcel parut. Marcel,
le vieux serviteur de Robert, qui idol&trait
l'enfant de la pauvre Blanche.
Que l'on fasse flotler la crêpe funèbre
sur le pont du Zaelhof, dit Yolande, le fils de
Robert n'est plus.
Le fidéle domestique ne répondit pas, plus
pile que la mort, il tomba lourdement h deux
genoux devant ce lit de douleur; sa tête
blanchie paries années reposait sur la cou
che, ses mains étaient crispées sur sa poi-
trine, sa lèvre murmuraitune prière.
La comtesse trembla demotion en voyant
ce vieillard agenouillé et priant devant celui
qui fut son fils adoptif, qui fut l'enfant do
son époux, et pour qui, elle! sa seconde
mère, ne priait pas.
Le silence n'était interrompu que par les
phrases entrecoupées de Marcel.
Mon Dieu, mon Dieu, disait il en sati-
glottant, vous l'avez enievé ii l'amour de soa
père; il y a deux heures h peine qu'il était
gai encore, plein de vie et de santé, et main-
lenant mort Et qua dira mon maitre II
est allé lui, le noble seigneur, combattre les
ennemis du comte son père, et quand il re-
viendra couvert de gloire, de sang et de
poussière, ce sera pnur pleurer sur son
tornbeau.Et vous,madame,dit il en s'adressant
i la comtesse, d'oü vient que vons soyez
caime et tranquille devant ce corps inunimé
D'oü vient que pas une larme ne mouille
voire paupière? Ne voyez-vous pas qu'il y
aura un père au désespoir, un père inconso
lable de la perte de son digne rejeton; ne
voyez-vous pas nos espérances détruitesqui
désormais, madame, règnera après le
Comte
Depuis quand le cadet ne remplaee-t-il
plus l'ainé mort? Crois-tu done, esclave,
qu'une couronne soit trop lourde, au front
du fils de Yolande de Bourgogne Mon fils
règera, ajouta la fiére comtesse.
A ces mots, Marcel se dressa de toute sa
hauteur et jeta un regard de flamme sur
Yolande; elle tressaillit. Uu soupgon horri
ble venait de traverser l'esprit du vieux ser
viteur cette réponse de la comtesse Mon
fils règnera. D'autres circonstances appuyai-
ent ce souppon la haine de Yolande pour
l'enfant du premier lit, sa mort prématurée,
subite, cette femme sans pitié, sans larmes,
pour la fleur moissonnée a son printemps
tout pei suadait Marcel qu'une inspiration di
vine l'avait éclairé.
Votre fils, Madame, votre fils disait-il
en frissonnant et il s'arrêtait comme suffoqué
d'indignation et de colère; ses membres
tremblaient, ses cheveux se dressaient sur
sa tête, son regard flamboyait, ses dents
claquaient; enfin d'une voix st-idente il
apostropha la comtesse atterrée.
Ce matin, dit-il, eet enfant était héritier
d'un tróne, il n'est plus. Ce matin le vótre
n'était rien, et il règnera le fils de la reine
Blanche est mort, le fils de la comtesse
Yolande doit le remplacer. Horreur! ma
dame... Vous palissez, vous chancelez, je
vous torture n'est-ce pas Mais c'est done
vrai que vous avez tué eet enfantil n'est
pas blessé, ahoui... le poison.... l'arme
des laches..., c'est vrai, c'est plus facile.
Dims, madame, vous l'avez empoisonné ce
noble rejeton d'une royale familie; mais ré-
pendez done, n'est-ce pas que c'est vrai
vous avez vonlu ceindre le diadême au front
de voire fils et vous avez tué l'autre.... mais
répondez, belle corntesse, non, vousneré-
pondrez pasvous vous tairez, n'est-ce
P- s, empoisonneuse Vous vous trainerez
mes genoux comme maintenant, h genoux
de-ant votre esclave, vous lui crierez ->raoe
et merci, comme vous le faites, la boute au
front la prière la bouche.... Arrière in-
fa ne de la pitié pour toi, non, mépris, in-
fa in ie, anathème, malédiction sur toi, malé-
diction sur ta racePour moi, vengeance,
noble comtesse que je trainerai dans la boue
et dans la fange, que jecracherai au visage...
Arrière infame ne souille pas mes cheveux
blancs
Une heure après, la comtesse évanouie
gisait encore sur le parquet; Marcel volait
la rencontre de Robert de Béthune, qui par
ordre de son père, était allé soumettre les
révoltés de Bruges, et qui devait rentrer le
même jour au Zaelhof.
(A suivre.)
GARDE CIVIQUE D'YPRES.
MM. Hof, A.- R., lieutenant*
Vanthol, H. J. B., lieutenant quartier-
maitre,
M. Rotiers, J., adjudant.
CROIX CIVIQUE DE 3e CLASSE.
MÉDAILLE CIVIQUE DE 3e CLASSE.