Epuration. Légende Yproise. Actes Ofliciels. Examen. L'Assassinat de Ia servante du Cure d'Oudezeele. Condamnalion a mort. Chronique Musicale. II ne s'agit plus des eaux mais de cer tains établissements oil il règne des mi crobes et des bacilles nuisibles. Nos édiles viennent d'ordonner la ferme- ture de plusieurs maisons de.... nos lecteurs devinent. Le Zaelhof. II. Le soir du jour dont nous avons raconté les événements, le peuple était assemblé dans l'avenue du chkleau, dans l'attente de voir ai river son seigneur. La nuit était calme, le chateau plongé dans une demie obscurité paraissait immense. Un morne silence régnait parmi ces mil- liers de vassaux, qui comprenaient que le si rviteur ne doit pas rire. quand le raaitre est dans l'affliction. Bien des regards étaient fixéssurla bannière noire qui, en signe de d< uil, flottait sur la porte principale du noble n anoir bien des voix exprimaient un regret sur la perte du jeune seigneur. II j avait déjii longtemps quelesYprois attendaient, lorsque la clocbe du chateau se fit entendre; c'était le signal du retour de Robert. Au même instant Ie pont-levis fut baissé et la comtesse Yolande parut. Elle ér ail vêtue dune longue robe noire, un cêpe funèbre lui servail de voile enne ca- cliait q'k moitié sa pkleur livide; ses beaux traits s'étaient contractés, son regard si fier autrefois était morne. Elle s'avangasoutenue par ses femmes, jusqu'au milieu du pont; lb on plaga un esca- beau pour qu'elle put, comma c'était la cou- tume, donner k son auguste époux, le baiser de salut. Au bout de l'avenue on voyait approcher lentement le malheureux comte de Bétbune, au milieu de ses hommes d'armes. Marcel 'marchait b ses cötés triste et abattu il venait d epprendre b son mattre la ir.oit de son fi'schéri, il venait de lui uommer l'assassin de son enfant pas une larme n'avait hu- mecté la paupière du comleseulement son regard était devenu fixe, et on voyait se pi indre tour b tour sur ses trailsIe déses- p.iir, lacolère, le désirde la vengeance. Les vi ux guerrieis rangés autour de lui, la tête b iissée, essuyaient turtivement une la: me. Partout régnait un silence de rnort. Robert s'avanga seul sur le pont, il était armé de pied en cap arrivé prés de l'esca. beau, il ne descendit pas de cheval, du bras dioil il enlaga la comtesse, corame pour lui donner le baiser d'usage; alors la bouche contre la bouche de celte femme qu'il avait taiit aimée, le regard dans son regard Infbme, lui dit-il bien bas, ne vois-tu pas mon fils se dresser devaut toi, ne vois-tu pas son ombre se lever du cercueil, te mau- dire et te demander vengeance D'un mouvement convulsif il étreignit violemment le corps frêle de la comtesse, son bras bardé de fer, pressait avec fureur cette taille souple contre sa poitrine bardé - de fer. II s'app' ocha de l'oreille de son épouse Empoisonner son enfant, dit il, hor reur! horreur Un sourd gémissement lui répondit. Le comte détendit le bras, Yolande glissa doucement b terre. Elle était morte... il l'avait étouffée.... La vengeance du comte était accomplie. Plus rien aujourd'hui ne rappelle ce drame épouvantable; r.ulle trace n'existedu chateau du Zaelhof,seulement uneénorme pierre qu'on plaga b l'endroit oil Robert immolasa femme, pour venger son enfant, se trouvait encore j sur le pont en 1781depuis, tout a disparuj M. de Negri (baron O.-B. G.-M.-J.-G), juge au Tribunal de première instance séant b Audenarde, est nommé juge au Tribunal de première instance séant b Yprcs, en remplacement de M. Biebuyck, nommé président de ce Tribunal. M. Alphonsc de Bisschop, ancien élève du Collége Episcopal b Ypres, éludiant b l'Uni- versilé Gatbolique de Louvain, vient de passer, avec distinctionl'examen de licencié en sciences morales et bistoriques. Nos lecteurs se rappellent ce crime qui a jeté la consternation dans le paisible village de la Flandre frangaise. L'assassin fut arrèlé b Vlamertinghe. Le nom de ce village et ceux d'Ypres et de Po peringhe sont mêlés aux débats. Nous reproduisons, d'après le Journal de Roubaix, le réquisitoire et la plaidoirie de M'Du Brou. L'un et l'aulre iutéresseront nos lecteurs. M. l'Avocat généralBourdon commenceainsi: Un accusé peut opposer des dénégations absolues pour jeter le doute et l'obscurité. Mais souvent celte tactique audacieuse se retourne contre ceux qui l'emploient. Elledémontre leur impudence. Vanyngelandl y a reeours pour essayer de sauver sa tête. Le ministère public fait le récit du drame. Puis il aborde la preuve. Est-il nécessaire que des témoins aient vu renverser et frapper la victime Si pareille exigence était imposée a l'accusation, elle ne pourrait que rarement demander une peine contre les coupables. Mais vous connaissez les constatations faites sur le lieu du crime. En raison d'elles, n'est-il pas suflisant qu'on ait arrêté l'accusé nu-tête, avec des traces de chaux sur le dos de son vête- ment Ilestporteur d'allumettes semblables k celles relevées au presbytère. II avait une cou pure a la main; et l'assassin devait s'être blessé. La preuve se compléte par les invraisemblan- cesdu récit de l'accusé, par son mutisme, ses réticences, ses refus de s'expliquer sur certains points, ses fables, son roman sur d'aulres. II invoque un alibi; il soutient être allé a Ypres. Mais il ne connail pas cette ville; il ra conté que la gare est vieille etelle est nouvelle- ment batie. II étaitkLille le 13 février, bl'heure oü, selon lui, il gagnait la Belgique. Le 12, il avait quitté la prison de Loos. Les gardiensseservaient de Gen in commemouchard. Ce dernier leur a relevé des fails certains, no- tamment un projet de complot ou d'évasion. Or, il a dit avoir regu de Vanyngelandl la con fidence de ses intensions homicides. L'accusé, cependaut, a écrit k Genin Ma colère est passée. Si, sur le moment, j'avais pu te donner un mauvais coup, je te l'aurais donné; mais maintenant je ne l'en veux plus. Qui done a commis le crime d'Oudezeele N'est-ce pas lui II appartient a une bonne familie de cette commune II connaissait parfaitement Ie pres bytère. Jadis, étant enfant, it y était accueilli. M. l'avocat général développe ici les argu ments qu'il a déjk tirés de l'éraflure constatée a la main de l'accusé et de la chaux apergue au dos du veston. L'assassin s'étail, k l'instant qu; précéda son crime, appuyé contre un mur blanchi. C'est Vanyngelandt, c'est bien lui qu'on a vu fuyant. Aucun doute a eet égard. Les témoins sont innombrables. On a suivi sa trace, pas k pas, d'Oudezeele a Vlamertinghe. Le matin, il n'était done pas k Ypres. Au presbytère, du reste, il a laissé des vestiges de son crimeson chapeau qu'il avait acheté au fournisseur de la prison de Loos, avant d'etre libéré; et le mouchoir qu'il avait volé a Noyel- les dans une propriété de M. Hélot, industriel a Cambrai. La preuve ne peut être fait davanlage. Aussi voyons maintenant l'étendue de la culpabilité. Le mobile était le vol. II y a eu préméditation et guet-apens. Les coups portés ont été nom- breux. Le crane fut réduit en une bouillie sanglante. La peine doit être celie de mort. Elle sera juste. Que le jury songe a ia pauvre victime, a cette servante modèle d'un vénérable écclé- siastique. Vanyngelandt, son lache assassin, a toujours, au contraire, été congédié par ses patronil a déja subi cinq condamnalions pour mendicité, vol et abus de cenfiance. Ici point de pardon Le pardon, que l'ac cusé le cherche ailleurs Aillenrs est Celui qui pardonne au repentir. Mais pour s'éleverjus- qu'k lui, il y a des marches qu'il faul que le coupablegravisse ce sontceiles de l'échafaud.» La plaidoirie de M. Dubron. II y a bientót trente ans que je porte la robe. Jamais je n'ai ressenti une pareille emotion. II est plus facile de faire son devoir que de savoir oü il est. Je suis allé a la prison. J'ai dit k Vanynge landt Vous avez tué. 11 m'a répondu non. Si vous avez tué.—Je n'ai pas tué,et je vous défends de plaider le contraire. Plaider contre ma conscience, c'est impossi ble. Gr, je ne puis soutenir le systöme enfantin de l'accusé. II m'interdisait le mien. Que faire? Rendre le dossfer. Je l'ai voulu, j'y ai songé, du moins. Mais je plaidc d'olïice. C'est un ministère que je remplis, qui m'oblige. Je suis alors retourné a la prison.Vanynge landt, sans renoncer encore a son système, m'a dit alors Plaidez, comme vous croyez devoir le faire. Et me voici Aux grands rnaux, les grands remèdes.Dans les situations dillieiles, vous vient parfois une inspiration. Je me suis demandé s'il n'existait point quelque chose que cel homme voulüt faire au péril de sa vie. Ce quelque chose, qui done pourrait le lui taire dire Qui aurait assez d'influence sur lui Quelle affection humaine pourrait desceller ses hóres 11 avait sa mère. Elle est morte, et je me suis tourné vers sa tombe, impuissante. Son père est agé de 72 ans. II eut de la for tune. II fut maire d'Oudezeele. Le Ciel semblait bénir sa nombreuse familie, quand prés de Cassel, sa femme, un jour, rencontra une sorte de monstre boiteux. Elle mitensuite au monde son douzième enfant, l'accusé. 11 était difï'orme. La mère morte, le père navré pleura. Puis le découragement s'empara de iui. 11 ne s'occu- pa plus de i'éducation du nouveau-né. Celui-ci fut envoyé a Roubaix, en appren- tissage, chez son l'rère boucher. De laboucherie, il passa k la boulangerie. 11 devint aussi cocher de place. De la mauvaise conduite il tomba dans le délit. Le délit conduisit k la prison oü s'acheva sa perversion. i" aites, après cela, cliez lui,vibrerunecorde sensible 11 pouvail, cependant, en survivre une en core son père. Son père, je l'ai cherché dans uu hospice pour lui dire Vous qui n'avez pas assez veillé sur eet enfant, vous qui nc l'avez pas relevé dans ses chutes successives, soyez-Iui au moins secourable pour lui montrer la voie du repentir et de l'aveu. Le père vint k Douai. M. ie président me refusa l'autorisation de lui faire voir son Ills. Je lus done obligé d ctre son interprête auprès de cedernier; et j'ai dit a Vanyngelandt Vous devez k voire père, k vos frères, au souvenir de voire mère, des aveux. Enfin, je viens de les obtenir; el je suis fier de ce que j'ai fait. C'est facile d'obtenir des aveux, quand on a toutes les ressources de l'instruetion et du mi nistère public. s Mais l'avocat n'a pas les mèmes ressources. II a pourtant été compris de ce tètu, en lui disantil faut parler. A notre époque, on sourit parfois des dé- fenseurs de la veuve et de I'orphehn. Mais ils n'ont pas oublié les grandes traditions du bar- reau. lis ont encore du bon, car ils peuveut parfois faire l'oeuvre de la justice qui n'a pas su terminer la sienne. Mon système est basé sur les déclarations que Vanyngelandt a fmi par me confier. C'est bien lui qu'on a vu sur la route d'Oudezeele k Poperinghe. II a parlicipéau drame mais dans quelle mesure L'honorable défenseur démontre, avec unelo- gique irrésislible.que ce n'est pas Vanyngelandt qui a franchi un ruisseau pour pénétrer dans les dépendances du presbytère. Les voleurs étaient deux. La porte fut ouverte k l'accusé parson complice. Le crime n'a pas été commis dans Ia cuisine. Les malfaiteurs ont renoncé a s'introduire dans cette pièce, la nuit, pour voler. Pour commettre leur vol, ils se sont décidés k attendre le matin, c'est a dire le départ du curé et de sa servante k l'église. Ils se sont rendus dans la remise au charbon et s'y sont couchés. Ils n'ont done pas guêté dehors la sortie de Ia domestique en se dissimulant contre le mur. La victime, après s'être levée, est venue chercher du charbon pour allumer son feu. Ils ont été surpris par elle. L'un d'eux alors, saisis- sant le marteau qui se trouvait k sa portée, l'a poursuivie et frappée. Celui-ci n'est pas Vanyngelandt, car l'accusé n'a pas regu de sang sur lui. 11 n'y a pas eu de guet-apens. Encore une fois, si le meurtrier a tué, c'est que Ia servante l'a surpris blotti dans le hangar. Préméditation de vol, c'est possible. Pas de préméditation de meurtre. Les malfaiteurs ne voulaient point commettre un homicide, puis- qu'ils n'ont apporté avec eux aucune arme. Pas davantage de tentative de vol. La tentati ve n'existe pas légalement. II n'y a pas eu, en ce qui concerne ce délit, un commencement suffi- sanl d'exécution. Quant k son complice meurtrier, pourquoi Vanyngelandt ne veut-il pas le faire connaitre Paree que, dans le monde des bandits, on met une sorte de point d'honneur anepas se dénon- cer. Admettons que, faute de dénonciation du meurtrier véritable, l'accusé doive porter la res- ponsabililé de l'homicide. Admettons même qu'il soit grandement puni, pour s'être trouvé surle théatre de ce crime. Faut-il que sa tête tombe Non, car les cir- constances aggravantes n'existent pas et ne pen vent êtremaintenues. Le jury ira-t-il même jusqu'aux travaux forcés k perpétuité Refusera-t-il des circon- stances atténuantes k un dégénéré physique- raent, a un abandonné moralement Qu'il les accorde et qu'il envoie l'accusé, non pas a la guillotine qui mutile, mais au bagne oü, par un long repentir, la conscience peut encore se régénérer. Telle a été, dans ses grandes Iignes, Iamagni- fique plaidoirie; mais un résumé est nécessaire- ment imparfait. II ne saurait en traduire les accents, ni suffisamment la montrer spiriluelle, tantöt émue, tantót vibrante. L'impecckble rai- sonnement ne peut être qu'esquissé. L'Art èt. II est de tradition k Ypres de bien fêter tous les ans le jour patronnal de chaque métier et corporation. II y a deux de ces fêtes qui par le nombre de ceux qui se croient en droit deles célébrer, sont quasi générales pour toute la \i!!e. Geile des musicietis et celle des dentellières II y a it observer cependant que, tandisque le nombre de dentellières diminue d'année en année, celui drs musicitns augmente au con- traire, depuis le gamin qui silïlo un air joyeux en se rendant k l'école jusqu'au vir tuose drs concerts. La frgon do célébrer la Ste Cécile clifl'ère beaucoup. Les uns fêtent leur patronrie en laisant célébrer un service religieux dans hquel ils se font entendre tels la Grande Fanfare et 1 Harmonie communale d'aulres pai des soirérs musicales et dansantes, mais tcus ont un point commuo, c'est que ces festivités commencent ou finisserit par un banquet. Dimanche passé la Grande Fanfare célé- brail la Ste Cécile. A il 1/2 heures elle se rendit en grande Ittiue k la messe célébrée k St Martin k son intention et y exécuta deux oeuvres de la plus Lft Cour conihiniiie Vauynge- landt a LA PEINE I>E MOKT. Elle titicitle que l'exécntion aura lieu sur l'ane ties places piihJi- ques d'Hazebrouck.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1896 | | pagina 2