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Mercredi 8 Février 1897.
10 centimes le N°.
32e Année. N° 3218.
La Famine.
La question flamande.
L'hiverde 1896-1897.
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Dans diverses régions de l'Espagne, pi in-
eipalement en Andalousie, il règne en ce
moment une horrible misère parmi les
classes ouvrières de la campagne. La mau-
vaise récolte des céréales, la maladie qui
sévit parmi les o'iviers, lts pluies torren-
lielles qui tombent depuis prés d'un mois
sans discontinuer, er-fin les guerres de Cuba
ei dts Philippines qui ont paralysé et le
commerce et ragrieulture sont autant de
facteurs qui ont contribué créer eet état de
choses.
Une vérilable famine régne dans le Midi
de l'Espagne.
La province de Séviile est la plus éprou-
vée de toutes. La situation des loealiiés de
Casariche, Estepa, Roda, Tocina et Ossuna
est vraiment épouvantable. A Casariche, la
majorité des habitants se trouve littéralement
affamée et implore dans les rues un morceau
de pain. Le cooseil communal, qui dispose
de la somme de 1,500 pesetas provenant du
chapitre des imprévus de son budget, a sol-
licité du gouverneur civil l'autorisation d'em-
ployer eelte somme soulager la misère de
ses adn.inislrés. A Tocina, ia caisse commu
nale est absolument vide et le conseil se j
voit réduit demander des secours au gou
verneur.
A Roda et it Ossuna, les ouvriers affamés
onl pris une attitude menscante, et il a faliu
envoyer une eseousde de gendarmes aux
dites locnlités pour y maintenir l'ordie. A
Estepa, ies affamés, porlant dans les bras
leurs enfants presque nus, se sont d'abord
iimïtés it se rassembler devant la maison
communale en demandant grands cris du
travail. Puis, ils ont perdu patience et fait
mine de prendre d'assaut ia maison.
Les gendarmes ont dü titer en l'air pour
disperser la fou'e ameutée et ont fait pi ison-
niers buit des plus récalcitrants. A Jaën, des
scènes analogues se preduisent contii uelle-
ment. Les ouvriers prennerit d'assaut ies
boutiques ou les voitures des boulangcrs el
les meitent sac. Beaueoup de maisons de
campagne isolées, dans les environs de
Séville, ont égaiement été assaillies.l'n détail
assez intéressant est que les mutins ne s'em-
parent que des vivres qu'iis trouvent sous la
main et laissent intacts l'argent et autres
valeurs.
A Cordoue et dans la province du même
nom, la situation n'est guère meilleure. Les
autorités organisent des cantines économi-
ques des miliiers de misérables trouvent
de quoi apaiser leur faim. La municipalité de
Bilbao et la députation provinciale ont in-
stallé dans cette viile des cantines de ce
genre. Le premier jour de leur fonctionne-
rnent, cis éiablissemenls ont distribué,
Bilbao, 2,550 rations a des hommes c-t des
femmes, et 512 demi rations it des enfants.
En gériéra!le problème social en Espagne
constitue présentement une des plus graves
préoccupations du gouv rnement.
Notre Sénaleur, M. le Baron Sur-
mont de Volsberglie, est violemment
attaqué par plusicurs journaux fla-
mands, a propos du discours qu'il a
prononcé au Sénat sur la question
flamande.
Nous ne mécormaissons pas a la
presst! le droit de critiquer les opini-
uions de notre sénateur. Ou peut
clillcrer [d'avis sur l'importante ques
tion qui se discufe, en ce moment,
au Sénat, et ft onver même inoppor-
funes ceriaincs plaisanlcries dont M.
Ie Baron Surmont a cru pouvoir sc
servir, non pas conlre le flamand,
mais conlre ceriaincs flarninganls
exaltés, peul-ciro inconscients.
Mais ce que nous blamons, ce conlre
quoi nous croyons devoir protester
de ton les nos forces, cc sont les plattes
injures dont certaine presse s'est
servie a l'endroit de notre sénaleur.
Les mois de Uliaertde trailrc, dc
Idche sont vite dits. Mais ce nc sont
que des injures, indignes d'uue bonne
cause, digues tout au plus dc certains
eerveaux brulés, injustesen tout cas,
quand cites s'adressent a un homme
comme M. 1c Baron Surmont, qui a
rendu de sérieux services a la cause
flamande.
Ce n'est du resiepas la première fois
que nous trouvons ces mots dans cer
tains journaux flamands. Nous les
avons même vu figurer naguère sur
des affiches contre l'un de nos depu
tes,qui s'était permis de critiquer avec
modération certain article de la loi
Devigne-Coremans, sur l'emploi de la
langue flamande en malière repressive.
Cetaient les meines injures, et
elles visaicnf, outre ie depute d'Ypres,
MM. Dc Haerne et De Lantsheere.
On ne dira pas que les prélendus
sarcasmes Je M. le Baron Surmont
de Volsbergbe justifient ie langage
des journaux dont nous parions. MM.
De Haerne, Dc Lantsheere et Colaert
n avaient rien dit qui put nuir'e a la
cause flamande ou iroisser ses parli-
sans.
Encore, si les injures élaient des
arguments, mais cela n'est point.
Enfin, Si M. Surmont de Volsbcr-
ghe avait dit tout ce qu'une presse
hoslile et exaltée lui altribue Mais,
cela n'est pas davantage
En attendant que nous puissious
reproduire, in extenso, le discours de
notre honorable Sénateur, nous fai-
sons uölre l'articlc suivant du Uien
Public, qui apprécie plus sainement
la situation que le Flaamsch Polk
et d autres journaux.
Nous reviendrons du reste sur la
question.
Voici l'article du Uien Public
Certains journaux commented avec une
extreme vivacité le discours prononcé dans
ia séance du Sénat, vendredi dernier, par
M. le baron Surmont de Velsberghe.
L'honorable sénateur pour Ypres a annon
cé qu'il s'abstiendrait au vote. 11 s'est efforcé
de justifier cette attitude. II est sans dou'.e
permis de ne pas trouver ses arguments
péremptoires, et de les combatlre mais on
devrait au moins iui tenir compte de sa
franchise.
Elu par un arrondissement flamand, M.
le Baron Surmont de Volsberghe, s'il n'avait
éeouté que son intérêt, se serail empressé
d'accorder au projet une approbation sans
réserve. S'il s'abslient, c'est, apparemment,
qu'il place au dessus de son intérêt, le droit
d'expiimer sa conviciion sans ambages.
A une époque ou l'on se plait considérer
les réprésenlanls et les sënate.uis comme
de simples domestiques, uniquement chargés
de procurer it leurs électeurs des porits, des
pavés, des decorations et des places, il faut
un certain courage aux mandataires de la
nation pour afïirrner leur droit d'avoir une
opinion propre. Encore que cette opinion
puisse paraure erronée, leur courage devrait
leur valoir certains ménagements.
M. Surmont de Volsberghe, Flamand
d'origine et de coeur, a tenu ii répudier les
cxagéralions de certains groupes flamin-
gants. II a protes'.é sussi contre le mandat
impératif, accompagné desommations inso-
lentes, que certains orateurs de meeting
entendenl imposer aux membres du Parle
ment.
Le Vlaamsche Volk, immédialement, a
ouvert lecluse aux vitupéralions. Citons le
début de son article
Traïtre et laefie.
Surmont de Volsberghe,sénateur d'Ypres.
Honte sur le Lciiaert
Non seulemect traitreuse mais lache fut
la conduite de ce Flamand rérégat, qui, eet
après midi, osa élever ia voix contre le bon
droit, contre le plus sacré des droits de son
pcupie....
Traitre, oui, car ce monsieur fut élu sur
le programme des droits des flimands
i'odigé par les flamaeds et adoplé dans la
séance qui cut lieu en l'honneur de M. Core-
mans il fut élu par la population du coeur
de la Fiandre.
Ce que ce noble flamand abalardi se
permit, n'a pas jusqu'è ce jour été égalé par
le plus vil insuiteur des Flamands.
Et ainsi de suite.
C'est par ces fleurs de style que le Vlaam
sche Volk s'efïorce d'étabiir qu'il n'y a pas
d'exagérations flamandes.... Au fait, nous ne
sommes plus dans le domairie de i'ex3gé-
ration.... Nous voudrions bien savoir si le
poutfendcur de M. le baron Surmont con-
serverait sa belle verve, dans le casoüon
le chargerait de traduire, sous sa responsa-
biiité, le code de procédure civile. Nous en
doutons un peu, sur le vu de la traduction
qu'il donnc du discours de M. Surmont.
Voici, en efïet, les paroles qu'il attribue
l'honorable sénateur et qu'il publie entre
guillemels, affirmant ainsi qu'elies sont, non
un résumé, ni une interpolation, mais une
reproduction textuelle
Le mouvement ilamand est semblable
une vieille douairière, qui est violée par un
tas d'exploiteurs, au profit de leurs passions
basses c'est un mouvement de trouble, car
les soi-disant flarninganls ne sont que des
démccralcs chi étiens dévoyés.
La loi présenlée au Sénat n'est pas seu-
lement inutile elle est stupide et dange-
reuse
«Jer.evcux pas souiller ma conscience
en la votant.
Je re vtuxpas isoler les Fiamands de
la France éclairée et civilisée.
Je ne veux pas entasser ie pcupie fia-
mand dans ce misérable petit coin de ter re
qui s'appelie la Fiandre, et cü il étoufferait
bientöt dans sa propre graisse.
Et voilh pourquoi je ne voterai pas cette
loi.
M. le baron Surmont sera étonné sans
doute des audaces de la traduction que
publie ie Vlaamsche Volk. Notez que, dans
son compte-rendu de la séance, le Vlaamsche
Volk ne soufile plus mot du discours de l'ho
norable sénaleur. It se borne it renvoyer la
traduction que nous donnons ci dessus, et
qu'il enchasse dai s son article de fond
De pareils procédés désarmenl i'irdigna-
lion et ne laissent plus dc place que pour la
pitié.
La glacé.
L'uiver hat son plein en ce moment et
donno raison aux pronoslics fails l'automne
dernier, sur sa piëcocité et sa rigueur.
On avait cru un moment que les prévisiors
sur sa précocitë seule, auraient été justifiëes
par l'évènement. Eu iffet, si ia glacé avait
été assez solide pour permettre le patinage
avant le lr Décembre, ce qui est rare chez
nous, cette première période de froid avait
Hffil»-