La question flamande et nos journaux libéraux. Troubles a An vers a propos de la question flamande. Que fera la Chambre m aénateur, ni député. Prenons garde qu'iis ne deviennent les coryphées des masses illusionnées par des apparences de justice et de raison N'accélérons pas le mouvement, préoccupons-nous de le régler et de le contenir. Messieurs, qu'en pays flamand, grands et petits fonctionnaires soient tenus de connaitre la langue flamande, je l'ai toujours considéré comme absolument indispensable. M. le baron W. de Selys-Longchamps. Nous sommes du même avis. M. Struye. Mais pourquoi, sans néces- sité, p usser h l'extrême nos revendications flatnandes, h un point oü, sans nous valoir grand et légitime profit, elles compromettenl les intéréts légitimes de nos frères wallons Pourquoi créer une situation qui les expose se trouverun jour,tautede parler lefl-imand, exclus, même en Wallonië, des fonctions publiques Trés bien Je dis que la nécessité ne s'en fait point sentir. El, en effet, quels sont les droits civils ou politiques des flamands Quels sont leuis intéréts matériels ou moraux qui, sous l'empire du seul texte officiel fraripais, soient moins bien sauvegardés que les droits et les intétêts des Wallons Quels sont nos droits, quels sont nos intéréts, h nous, Flamands, qui, sous l'empire des deux textes, seront mieux garantis que par le passé?... Je lai demandé en vain au plus chauds partisans de la loi nouvelle. Nous n'avons h y gagner que la satisfac tion plalonique, purement abstraite, do l'égalité absolue de nos deux langues. On nous dit Les Suisses ont leurs deux langues officielles et législatives, pourquoi ne pouvons-nous pas les avoir sans plus d'ineonvénients qu'eux? En Suisse, la géné- ralité des gens quelque peu instruits, la généralité de leurs députés auconseil fédéral, connait et parle ces deux langues et la langue allemande, comme la langue franpaise, a sa terminologie juridique bien c'éfinie et nettement arrêtée. Rien de semblable n'existe en Belgiqueet voil& pourquoi nous ne pouvons utilement et raisormablementreven- diquer, sur l'heure, cette égalité absolue. Ah si la réalisalion de cette égalité idéale qui mest chère ne devait, en égard aux conditions oü se trouvent, en Belgique, nos deux races et nos deux langues, ne devait, dis-je, donner lieu aux plus graves incon- vénients et faire craindre d'intolérables injustices, moi aussi j'aurais l'enthousiasme de la revendication de tous les droits de ma langue maternelle j'aurais l'enthousiasme de sa toute-puissance législalive, l'enthou siasme de sa royaulé, Mais, après de longues et consciencieus s réflrxions, m'étant convaincu qu'h l'heure présente la proclamation de l'autorité légis- lative absolue de la langue flamande pouvait et devait avoir pour conséquence probable et presque inévitable d'exclure tous ceux qui ne connaissent pas notre langue de toutes les fonctions, je ne veux point commettre envers euxcette injustice; et j'estime que nous nc pouvons pas (et cela sans avoir d'autre motif que la glorification de notre langue), j'estime que nous ne pouvons pas ainsi, du coup, les mettre en position d'infé- riorité dans le pays, dans ce pays qui est le leur comme le nótre. Je ne puis admettre que le principe de l'égalité des langues prime le principe de l'égalité des races, de l'égalité de tous les Beiges. N'allons pas dire h nos frères wallons Pour avoir accès aux fonctions judiciaires, nous, Flamands, nous avons h spprendre le francais vous Wallons, vous n'avez qu'h apprendre le flaraand pour avoir accès aux mêmes fonctions les conditions sont égales de part et d'autre Qui réflécbit et qui observe doit voir clai- rement que les conditions ne sont pas égales. Nous, Flamands, nous avons vingt rai- sons, prises ailleurs que dans les lonclions publiques, pour apprendre le francais nos relations habituelles, la connaissance de tout ce qui nous est tousles jours utile ou nécessaire nos intéréts, nos affaires, jus- qu'h nos plaisirs nous imposent letude de la langue franpaise. Les Wallons, au contraire, en trés grand nombre au moins, n'ont ac- tuellement encore guère d'autre intérêt h apprendre la langue flamande que l'avanlage évenluel d'avoir ainsi plus facilement accès aux fonctions publiques dans le pays tout entier. Enfin, messieurs, - avant de leur créer urie situation nouvelle qui leur imposse cette obligation, rendons-nous-en, je vous prie, bien compte. Aux Wallons il est bien plus difficile d'apprendre le flamand qu'il ne nous est difficile h nous d'apprendre le francais. Le milieu dans lequel on vit en Wallonië les place en dehors de toute relation babi- tuelle avec ceux qui, dans la via ordinaire, se servent de la langue flamande, et cela y est aussi vrai pour la classe instruite que pour la classe illettrée. II en va tout autre- ment en pays flamand la classe instruite est sans cesse, presque partout, en contact avec des gens qui habituellement parient le francais. Pour les Wallons, le flamand est une langue qui, par sa nature comme par l'absence de tout usage ordinaire lui est absolument étrangère pour le plus grand nombre des Wallons, la connaissance du flamand est aussi difficile h acquérir que la connaissance de l'angiais et de l'allemand. Bref, recorinaissons que, pour la plupart des Wallons, il est aussi difficile d'apprendre le flamand qu'il le serail h nous d'apprendre la langue russe. Messieurs, n'allez pas conclure de ces observations que je ne désire pas du fond de mon coeur voir arriver la généralité des Beiges h comprendre et parler nos deux langues nationales. C'est le but final auquel tous les vrais patriotes doivent tendre c'est l'idéal duquel nous devons tous vouloir nous rapprocher. L'unité nationale en serait plus compléte et notre nationalité en serait plus fort, et tous nos grands intéréts com- muns seraient mieux garantis. Mais tous les moyens ne sont pas bons pour arriver h cette tin. Nous avons fait, ces dernières années, beaucoup de chemin dans la bonne voie il nous en reste beaucoup h faire. Mais, soyons-en bien convaincus, ce n'est pas en alarmant leurs intéréts légiti mes, cn rendanl sans raison suffisante plus difficile qu'è nous l'exercice et la jouissance de leurs droits de citoyens, que nous amène- rons nos frères wallons s'assimiler le fla mand comme nous nous assimilons le fran cais. Cette assimilation doit se faire par la persuasion, non par voie de coaction ou de contrainte; c'est par l'expérience des avan- tages sans cesse grandissants qui sont atta chés h la connaissance des deux langues, et cela tout particulièrement sur le terrain commercial comme sur le terrain du travail, c'est par le désir commun de s'entendre, de se comprendre et de, vivre d'un bout de la Belgique h l'autre, sur le pied le plus fra ternel, que nous devons y arriver. Laissons faire au temps son oeuvre nous ne savons pas précipiter sa marche lente et sure le temps est le grand agent dans la voie des progrès pour qui sail le mettre k profit. j Quand le temps aura mis ii point les diffé rents éléments qui doivent concourir h l'épanouissement complet et harmonique des facultés et des aptitudes de nos deux races, alors ce qui risquerait fort detre funeste aujourd'hui h notre union nécessaire pourra être reconou désirable par tous. Mais j'estime qu'aujourd'bui cette heure n'est pas encore venue, et c'est la seconde raison pour laquelle je nc puis donner un vote approbatif h ce projet de loi. Enfin, je ne crois pas qu'il convient de voter cette loi b cette heure, paree que, actu- ellement au Sénat, pas plus qu'b la Chambre, il n'y a pas la moitié des membres qui con naissent assez le flamand pour juger de ia conformité des deux textes. Sans la compétence nécessaire, votera-t- on le texte officiel flamand Ne se réfugie- ra t on pas en masse dans l'abstention U11 trop grand nombre n'ira-t il pas jusquitln sécession Et si les Chambres ne sont pas en nombre par suite de sécessions ou si simplement le texte officiel flamand ne recueille pas un nombre assez imposant de suffrages, b la- venant du texte francais, que de colères, que de récriminations M. Begerem, ministre de justice. C'est une erreur M. Struye. Prenons garde de mettre le feu aux poudres de nos dissensions intesti nes! En volant la loi, je craindrais que, loin d'avoir consolidé l'union, ce serait plutöt sa dissolution que nous aurions préparé. (Trés bien Un dernier mot, avant de me rasseoir. Si l'amendement proposé par notre hono rable vice-président M. Dupont, était voté, si en cas de contestation sur la portée con- cordante du texte flamand et du texte fran cais, il était décidé par la loi que c'est le texte francais, le seul voté en pleine connais sance par tous les membres des deux Cham bres, que c'est ce texte-lb qui seul fera foi, je pourrais voter la loi ainsi amendée. Toutes les graves objections qu'elle soulève dispa- raïiraient du coup, et je pourrais la voter avec l'espoir qu'ainsi amendée elle pourra concourir efficacement a nous rapprocher de l'heureux moment oü ia généralité des Beiges se trouvera en possesion de la connaissance de nos deux langues nationales. J'ai dit. (Tres bien trés bien Le Weekblad »et La Lutte s'en vont en guerre contre M. Surmont de Volsberghe, h propos de son attitude dans la discussion du projet Coremans-Devriendt. La Lutte, laisant sjénnes les injures de Laffaard et Verrader s'efforce de justifier ces épitbètcs lancées par des esprits positivement malades nous voulons être charitables, b l'adresse d'un homme qui a toujours le courage de ses opinions et qui est incapable de trahir une cause quelconque qn'il croit juste. Tousles Yprois savent, dit La Lutte, que M. Surmont foule aux pieds toutes ses pro messes, tous ses engagements il reuie ses convictions et ses idéés d'autrefois Ainsi, dans la question des eaux Qui s'attendait b voir les eaux dans cette affaire Et oü M. Surmont a-t-il trahi Ainsi dans la question du suffrage uni- versel Et tout le monde sait que M Surmont a voté le suffrage universel, tempéré par le vote plural, comme les amis de La Lutte, les Féron et les Janson, l'ont voté Ainsi, dans la question du libre-échange M. Surmont a voté les lois économiques proposées par le Gouvernement. II s'en est expliqué. Et l'évènement lui a donné cent fois raison, notamment pour les droits dentrée sur les beurres étrangers, droits qui, d après La Lutte, devaient ruiner le marché d'Ypres Ainsi, enfin et suitout, dans la question de la R. P Comment Mais M Surmont est toujours partisan de cette réforme. Nous ne parta- geons pas ses opinions sous ce rapport; mais, oü a-l on vu qu'il a trahi cette cause Oh, mais 11 a voté au Sénat la R. p. mutilée et quorumnisée Ah pa, il est bien des partisans de la réforme des cbaleureux même qui ont voté la R. P. réduite 11 en est qui ne veulent qu'uri quorum élevé et trés élevé. Sont ils pour cela des laches et des traitres Oui, mais c'est que, voyez-vous, lors du meeting organise en la Salle de spectacle en faveur de la R.P., M. le Baron Surmont de Volsberghe n'a pas osé se placer au bureau Risum teneatis, cives M. Surmont avait trois excellents motifs pour ne pas aller siéget' au bureau D'abord il n'élait pas membredu bureau.Ensuite il était Sénateur, done législateur, et comme tel, il pouvait se borner a écouter, au fond de la salie, les beaux discours de M. Vermeulen qu'il (M. Surmont) connaissait par coeur. Enfin, il y avait un troisième motif. Nos lecteurs le devineront,... Et voilb, comme quoi M. le Baron Sur mont de Volsberghe n'a pas loul-a fait volé les épithètes de Laffaard et traitre Men zegge het voort Nous devrions parler eDcore du Week blad Mais qui s'occupe encore de ce journal depuis que, dans un procés, il a placé M. Surmont en face de M. Creus Le Progrès n'est pas loin d'approuver complètement l'atlitude de M. le Baron Surmont de Volsberghe au Sénat. II ne fait qu'une réserve la conclusion du discours de notre Sénateur était un vote hostile au projet de loi. C'est possible. Mais ce que personne n'admeltra, ce contre quoi protestent tous les antécédents aussi bien que le caracterede notre honorable Sénateur, c'est que, it cause de son abstention, M. Surmont mériie l'uijure de comédien que le Progrès lui octroie si gratuitement, après avoir protesté, il y a un mois b peine contre le mot d'imbécile que nous avions lancé con tre un rédacteur, plus ou moins ingénieur, de La Lulte. Le Laatste nieuws raconte que des scenes regrettables se sont passées it Anvers, devant la maison du consul de France. Des Flamingants, désapprouvés par l'organe do id Julius floste, sont allés crier abasia France Hou. Hou Peu s en est fallu, dit le Laatste nieuws que le drapeau francais ne fiit trainé dans la boue Cestque, dit encore le journal flamingant, quand le sang flamand se met en ebullition, le flamand perd tout son calme Pas d excuses, s'il vous plait. L'ucte posé par les flamingants d'Anvers est inqualifiable et tout b-fait inexcusable. Que deviendrait la Belgique, si le sang wallon allait bouillir b son tour La cause flamande non pas flamingante est assez bonne pourqu'elle n'ait pas besoin de descendre dans la boue. On se demande si la Chambre, saisie b nouveau du projet de loi, se déjugera? Nous ne le croyons pas, et, francbement, nous ne l'espérons pas. Sans doute l'application du projet j-MM» III' "I gg«WP—I

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 2