Samedi 13 Mars 1897. 10 centimes le N°. 32" Année. N° 3228. MANDEMENT DECARÊME. L'enseignement en Europe, et Ia loi scolaire anglaise. On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et Le JOURNAI. D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est da 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an ot se régularisent fln Dóeembre. Les articles et communications doivent être adrosses franc de port A l'adresse ci-dessus. k tous les bureaux de paste du royaume. Les annonces coütent 15 centimesla ligne. Lss réclames dans lo corps du journal coütent 30 centimes la ligne. Les insertions judiciairos1 franc la ligno Les numóros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les Flandras) s'adrasser A l'Agence Havas Bruxellos, rue de la Madeleine n° 32 et 4 Paris, 3, Place do la Bourse. (Suite.) II. N. T. C. F., vous qui avez connu la vérité dès votre enfance, qui, sous l'oeil vigilant de vos parents et sous l'égide materuelle de l'Eglise, avez grandi dans la crainte de Dieu et dans la pratique des vertus, ne vous laissez pas prendre aux pièges du démon, ni séduire par les exemples d'un monde pervers et corrompu. Ne vous laissez pas entraïner plus avant dans l'abime du sensualisme el du matérialisme de notre Age; maïs bien plutöt, levez les yeux et regardez le cielrelevez vos Ames par les enseignements de la foiranimez et réchauffez vos coeurs par la piété envers Dieu, par la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Le saint temps du Carème est propice A ce travail de renovation intérieure. L'Eglise nous invite tous A la pénilence et 4 la mortification, alin de réprimer nos passions, de detacher nos coeurs de ce monde, et d'élever nos Ames vers Dieu et les choses divines. Et c'est pourquoi Nous aussi, Nous vous exhortons, en son nom, A vous bien pénétrer de ces grandes vérités, que le bonheur souverain de l'homme ne consiste que dans la possession éternelle de Dieu lui- même, dans le cielet que son bonheur véri- table, quoique imparfait, mème en ce monde, ne peut se trouver que dans le sentiment du devoir accompli, dans la paix d'une conscience tranquille, dans la concorde et le support mu- tuel, dans la douce et compalissante cliarité. L'homme vient de Dieu et retourne A Dieu. Dieu est son principe et sa fin dernière. Toute créature sur la terre est en dessous de l'hom me, estcréée pour l'homme et mise au service de l'homme. Lui-même ne saurait être destiné A l'une de ces choses créées, ni lui être subor- donné comme a la fin de son existence. De plus, toute créature est passagère et de peu de durée: rhomme n'en saurait jouir longtemps et quel- que soit le bonheur qu'il puisse y trouver, l'instant viendra, hélas 1 toujours trop tót, l'instant de la mort, qui doit y metlre un terme. Et toutefois, ce désir de bonheur que Ia main du Créateur lui-même a déposé au fond de la nature humaine, ne saurait être A jamais frus- tré. II faut qu'un jour ce désir soit satisfait il faut que celle soif soit étanchée. Oü le sera-t- elle si cc n'est en Dieu et par Dieu, dans l'éter- nité D'autre part, l'homme n'est pas un êlre pu- rement organique et sensitifil est doué de raison et de volonté. Or, les sens peuvenlbien, A la vérité, trouver leur satisfaction dans un objet déterminé; l'ceil se repose avec plaisir sur les objets qui charment la vue fodorat, le tact et ie goftt se complaisent dans les sensa tions qui affectent agréablement leurs organes respectifs. Mais il n'en est pas de mème de la raison ni de la volonté. La raison n'est pas créée pour connaitre telle ou telle vérité prise isolément; elle est faite pour la Vérité, pour ia Vérité suprème, absolue, subslantiellela raison connait le bien, tout le bien, le bien souverain et absolu et infini, qui n'est autre que Dieu lui-même. C'est ce qui fait dire A St-Augustin Mon coeur est inquiet jusqu'a ce qu'il se repose en toi, o mon Dieu Oui, la saine raison, laissée A ses propres lumières, nous apprend qu'en Dieu seul se trouve notre parfait bonheur mais les données de la foi vont au delA la foi nous enseigne que, par un ciïet de son infinie bonté, Dieu nous a destines A Ie contempler dans sa gloire, éter- nellement, face A face, et A trouver dans cette vision béalifique la plénitude de tous les biens. Telle est la vérité fondamentale qui sert de base A nos espérances la vérité lumineuse qui doit guider nos pas dans les ténèbresde celle valiée de larmes la vérité consolante qui doit soute- nir notre courage dans les luttes de la vie et nous aider A passer A travers les biens du temps sans perdre ceux de l'éternité. Et A ne eonsidérer mème que le bonheur temporel,comment se pourrait-il qu'onle trouve en dehors des voies qui conduisent au bonheur éternel? Non est pax impiis (3). II n'y a pas de paix, pas de bonheur pour l'impie. Oui, aux jours d'une jeunesse inconsidérée, a l'abri des soucis et de la misère, sous l'empire des illusions et des entrainements du monde, il se peut que l'homme vive quelque temps dans l'oubli de son Dieu et de ses immortelles destinécsmais, quand les années sérieuses sont venues, quand l'heure des tribulations et des épreuvcs a sonné, quand les approches de la mort se font sentir, oh! alors, il n'est plus possible que la trancjuillilé sereine, la paix et le bonheur règnent dans un coeur troublé par la perspective effrayante, ou tout au moins.par les cruelles incertitudes de l'avenir. D'autre part eeux qui eu out fait t'expérience pour- ront en témoigner, il n'est pas, au monde, de jouissance comparable A celle qu'on trouve dans le témoignage d'une bonne conscience, dans !e souvenir d'une vie passée dans la pra tique des vertus et l'exeroice des bonnes oeuvres A celle que procure le doux et ferme espoir d'une éternitéde bonheur. N'oublions pas d'ajouter, N. T. C. F., que l'homme n'est pas fait pour vivre isolément, A part de ses semblables. L'homme est, par na ture, destiné a vivre en sociétéet c'est A la société qu'il est redevable de la meilleure part de bonheur et de perfectionnement dont il est susceptible ici-bas. Mais, comment la familie, cette société primordiale, sera-t-elle heureuse, A moins que l'amour, la fidélité et la concorde ne règnent entre l'époux et l'épouse, A moins que l'activilé, la sobriété et 1'économie ne pré sident aux soins du ménage, a moins que les enfants n'aient le respect, l'amour et l'obéis- sance qu'ils doivent a leurs parents? Et la so ciété elle-même, comment sera-t-elle florissante et prospère,comment procurera-t-ellele bonheur de ses membres, A moins que ceux-ci ne res pectent l'ordre établi et ne soient soumis A l'autorité légitime a moins qu'ils ne professent les uns pour les autres des sentiments d'estime et de chariléA moins qu'ils ne soient polis, secourables, respectueux des droit d'autrui en un mot, A moins qu'ils n'aient tous et chacun le sentiment et l'amour du devoir Non, il n'y a pas de bonheur possible, mème en ce monde, sans la religion, sans la vertu, sans la lidélité au devoir, sans l'amour de Dieu et la cliarité envers le prochain. (3) Isal, XLVIII, 22. Acte d'amende honorable et prière pour la conversion des pécheurs. O Dieu tout-puissant, Dieu de bonté, je Vous adore humblement comme mon Créateur et mon Maitre, de qui je tiens lout ce que je pos- sède comme mon souverain bien, que je dois rechercher avant tout et pardessus tout. Désoi- mais, je veux Vous reconnaitre, je veux mettre en Vous toutes mes espérances, je veux Vous servir fidèlement et Vous aimerde tout mon coeur. Pénétré d'une vive douleur a la vue de mes propres iniquités, je me prosterne devant votre infinie Majesté, et Vous fais amende honorable pour tous les péchés de pensée, de parole et d'action, qui se commettent tous les jours, si nombreux et si graves, contre voire honneur et votre gloire; et, tout particulièrement, pour l'injure et l'outrage que font A la sainteté de votre Nom tant d'horribles blasphemesblas phemes de pure malice, qui remplissent les journaux et aulres publications; blasphemes, que, avec moins de deliberation peut-être, vomissent, tous les jours, la colère, l'ivresse ou la plus détestable des habitudes. Au moins en ce qui me concerne, je ne veux plus, mon Dieu, Vous offenser a l'avenir, mais, bien plutót, jecombaltrai et j'empêcherai le mal, et surtout le blasphème, partout oüje Ie pourrai. Mon Seigneur et mon Dieu, je viens encore Vous faire amende honorable pour tous les péchés d'omission dans le service qui Vous est dü, eten particulier, pour les violations si fré- quentes de la grande loi de la sanctification du dimanche. Je comprends toutes les suites funestes qui découlent de cette violation elle est la cause de l'ignorance religieuse, cette grande plaie de notre temps; elle est la cause de l'omission de la prière, sans laquelle il n'y a Doint de salut possible elle est la cause du dévergondage et de l'immoralité. Oui, désormais, je serai fidéle A sanctifier le dimanche et A le faire sanclifïer par mes subordonnés, et sous aucun prétexte de voyage, de plaisir, ou quelque autre, je ne violerai ce devoir sacré, dont I'observation, si fidèlement pratiquée jusqn'ici dans notre Flan- dre catholique, nous a préservés de maux incalculables. O Jésus, notre divin Sauveur, nous Vous en supplions, par le mérite de voire sang précieux versé pour Ia remission de nos péchés, soyez- nous propice, et faites-nous la grace de ressus- citer, avec les PAques, a une vie nouvelle, pour ne plus mourir. Sle Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous. Ainsi soit-ii. II y a, de par le monde, un mouve ment incontestable en faveur de l'en seignement privé et catholique. Nous avoas cité i'Italie oii le Minis- tre de l'Instruction publique, M. Gian- tureo, prépare une loi qui donnera la liberté d'enseignement ia plus large. L'Elal, déclare le Ministre Italien, aura le seal róle de proléger les mai- tres et les élèves l'Eglise aura la mis sion de fixer les limiles au deld des- quelles il n'y a ni vrai ni juste. C'est la vraie doctrine catholique en matièrc d'enseignement. Eu France, les esprits reviennent de l'enseignement ncutre, dont l'im- puissance est constatée par la Frauc- maconnerie elle-même. Les luttes elec torates ne se font plus sur le terrain dynastique. C'est l'enseignement et ies idéés rcligieuses qui sont l'enjeu. La France catholique recueillera biert- töt le fruit d'une politique analogue a celle qui a produit des résultats si heureux en Bclgique. Le Journal d'Ypres se donne pottr principale mission de tenir ses lecteurs au courant des questions qui concer- neut renseignement, convaincu que leducation religieuse, comme le disait naguère un de nos chefs, M. le Baron Surmont de Volsherghe, est la base de l'ordre social. Donncz a 1'enfant, a cöté d'un enseignement pratique, une edu cation chrétienne, et vous préparerez par le fait mème, des generations qui résisteront eiFicacement, aux attaques et aux séductions des meneurs socia- listes. Nous reproduisorts aujourd'hui l'ar- ticle suivant, emprunté a VUnivers au sujet de la politique scolaire an glaise, donnant ainsi a nos lecteurs l'oceasion de former un dossier qui leur viendra a point, le jour oü nous aurioiis a bitter contre un gouverne ment hostile a nos idéés en m itière d'enseignement. Ce jour est. heureuse- ment éloigné mais il est du devoir des catholiques de se tenir toujours pret a recommencer le combat qui leur a donné de si belles victoires. D'autre part, nous voulons prému- nir les parents contre les dangers de l'école neutre, et leur montrer que l'intérêt bien entendu de leurs enfants exige qu'ils leur donuent un erisei- guement a la lois religieux et moral. Voici l'article de VUnivers Le récent débat sur la loi scolaire a révélé uu état d'opinion, dans le public anglais, vis-A-vis des catholiques, que beaucoup soupponnaient suis doute, grace A des symp- tómes recueillis isolément, mais que per- sorine ne s'imaginait devoir se manifester d'une manière si éclatante en plein Parle ment je veux parler du respect, de la sympathie dont est entouré aujourd'hui le nom de catholique romain dans le pays mème oil il fut autrefois le plus universellement méprisé et hal'. Conservateurs comme MM. Balfour et Jebb, représentanls de l'Université de Cam bridge, libéraux de la viellle école comme sir William Harcourt, radicaux avancés comme M Broardhurst, tous sont venus rendre hommage au zijle, au dévouement

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 1