Samedi 13 Mars 1897. 10 centimes le N°. 32" Année. N° 3228.
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(Suite.)
II.
N. T. C. F., vous qui avez connu la vérité
dès votre enfance, qui, sous l'oeil vigilant de
vos parents et sous l'égide materuelle de
l'Eglise, avez grandi dans la crainte de Dieu et
dans la pratique des vertus, ne vous laissez pas
prendre aux pièges du démon, ni séduire par
les exemples d'un monde pervers et corrompu.
Ne vous laissez pas entraïner plus avant dans
l'abime du sensualisme el du matérialisme de
notre Age; maïs bien plutöt, levez les yeux et
regardez le cielrelevez vos Ames par les
enseignements de la foiranimez et réchauffez
vos coeurs par la piété envers Dieu, par la
pratique de toutes les vertus chrétiennes. Le
saint temps du Carème est propice A ce travail
de renovation intérieure. L'Eglise nous invite
tous A la pénilence et 4 la mortification, alin de
réprimer nos passions, de detacher nos coeurs
de ce monde, et d'élever nos Ames vers Dieu
et les choses divines. Et c'est pourquoi Nous
aussi, Nous vous exhortons, en son nom, A
vous bien pénétrer de ces grandes vérités, que
le bonheur souverain de l'homme ne consiste
que dans la possession éternelle de Dieu lui-
même, dans le cielet que son bonheur véri-
table, quoique imparfait, mème en ce monde,
ne peut se trouver que dans le sentiment du
devoir accompli, dans la paix d'une conscience
tranquille, dans la concorde et le support mu-
tuel, dans la douce et compalissante cliarité.
L'homme vient de Dieu et retourne A Dieu.
Dieu est son principe et sa fin dernière. Toute
créature sur la terre est en dessous de l'hom
me, estcréée pour l'homme et mise au service
de l'homme. Lui-même ne saurait être destiné
A l'une de ces choses créées, ni lui être subor-
donné comme a la fin de son existence. De plus,
toute créature est passagère et de peu de durée:
rhomme n'en saurait jouir longtemps et quel-
que soit le bonheur qu'il puisse y trouver,
l'instant viendra, hélas 1 toujours trop tót,
l'instant de la mort, qui doit y metlre un terme.
Et toutefois, ce désir de bonheur que Ia main
du Créateur lui-même a déposé au fond de la
nature humaine, ne saurait être A jamais frus-
tré. II faut qu'un jour ce désir soit satisfait
il faut que celle soif soit étanchée. Oü le sera-t-
elle si cc n'est en Dieu et par Dieu, dans l'éter-
nité
D'autre part, l'homme n'est pas un êlre pu-
rement organique et sensitifil est doué de
raison et de volonté. Or, les sens peuvenlbien,
A la vérité, trouver leur satisfaction dans un
objet déterminé; l'ceil se repose avec plaisir
sur les objets qui charment la vue fodorat,
le tact et ie goftt se complaisent dans les sensa
tions qui affectent agréablement leurs organes
respectifs. Mais il n'en est pas de mème de la
raison ni de la volonté. La raison n'est pas
créée pour connaitre telle ou telle vérité prise
isolément; elle est faite pour la Vérité, pour
ia Vérité suprème, absolue, subslantiellela
raison connait le bien, tout le bien, le bien
souverain et absolu et infini, qui n'est autre
que Dieu lui-même. C'est ce qui fait dire A
St-Augustin Mon coeur est inquiet jusqu'a
ce qu'il se repose en toi, o mon Dieu
Oui, la saine raison, laissée A ses propres
lumières, nous apprend qu'en Dieu seul se
trouve notre parfait bonheur mais les données
de la foi vont au delA la foi nous enseigne que,
par un ciïet de son infinie bonté, Dieu nous a
destines A Ie contempler dans sa gloire, éter-
nellement, face A face, et A trouver dans cette
vision béalifique la plénitude de tous les biens.
Telle est la vérité fondamentale qui sert de base
A nos espérances la vérité lumineuse qui doit
guider nos pas dans les ténèbresde celle valiée
de larmes la vérité consolante qui doit soute-
nir notre courage dans les luttes de la vie et
nous aider A passer A travers les biens du
temps sans perdre ceux de l'éternité.
Et A ne eonsidérer mème que le bonheur
temporel,comment se pourrait-il qu'onle trouve
en dehors des voies qui conduisent au bonheur
éternel? Non est pax impiis (3). II n'y a
pas de paix, pas de bonheur pour l'impie.
Oui, aux jours d'une jeunesse inconsidérée, a
l'abri des soucis et de la misère, sous l'empire
des illusions et des entrainements du monde,
il se peut que l'homme vive quelque temps
dans l'oubli de son Dieu et de ses immortelles
destinécsmais, quand les années sérieuses
sont venues, quand l'heure des tribulations et
des épreuvcs a sonné, quand les approches de
la mort se font sentir, oh! alors, il n'est plus
possible que la trancjuillilé sereine, la paix et
le bonheur règnent dans un coeur troublé par
la perspective effrayante, ou tout au moins.par
les cruelles incertitudes de l'avenir. D'autre
part eeux qui eu out fait t'expérience pour-
ront en témoigner, il n'est pas, au monde,
de jouissance comparable A celle qu'on trouve
dans le témoignage d'une bonne conscience,
dans !e souvenir d'une vie passée dans la pra
tique des vertus et l'exeroice des bonnes
oeuvres A celle que procure le doux et ferme
espoir d'une éternitéde bonheur.
N'oublions pas d'ajouter, N. T. C. F., que
l'homme n'est pas fait pour vivre isolément, A
part de ses semblables. L'homme est, par na
ture, destiné a vivre en sociétéet c'est A la
société qu'il est redevable de la meilleure part
de bonheur et de perfectionnement dont il est
susceptible ici-bas. Mais, comment la familie,
cette société primordiale, sera-t-elle heureuse,
A moins que l'amour, la fidélité et la concorde
ne règnent entre l'époux et l'épouse, A moins
que l'activilé, la sobriété et 1'économie ne pré
sident aux soins du ménage, a moins que les
enfants n'aient le respect, l'amour et l'obéis-
sance qu'ils doivent a leurs parents? Et la so
ciété elle-même, comment sera-t-elle florissante
et prospère,comment procurera-t-ellele bonheur
de ses membres, A moins que ceux-ci ne res
pectent l'ordre établi et ne soient soumis A
l'autorité légitime a moins qu'ils ne professent
les uns pour les autres des sentiments d'estime
et de chariléA moins qu'ils ne soient polis,
secourables, respectueux des droit d'autrui en
un mot, A moins qu'ils n'aient tous et chacun le
sentiment et l'amour du devoir Non, il n'y a
pas de bonheur possible, mème en ce monde,
sans la religion, sans la vertu, sans la lidélité
au devoir, sans l'amour de Dieu et la cliarité
envers le prochain.
(3) Isal, XLVIII, 22.
Acte d'amende honorable et prière
pour la conversion des pécheurs.
O Dieu tout-puissant, Dieu de bonté, je Vous
adore humblement comme mon Créateur et
mon Maitre, de qui je tiens lout ce que je pos-
sède comme mon souverain bien, que je dois
rechercher avant tout et pardessus tout. Désoi-
mais, je veux Vous reconnaitre, je veux mettre
en Vous toutes mes espérances, je veux Vous
servir fidèlement et Vous aimerde tout mon
coeur.
Pénétré d'une vive douleur a la vue de mes
propres iniquités, je me prosterne devant votre
infinie Majesté, et Vous fais amende honorable
pour tous les péchés de pensée, de parole et
d'action, qui se commettent tous les jours, si
nombreux et si graves, contre voire honneur
et votre gloire; et, tout particulièrement, pour
l'injure et l'outrage que font A la sainteté de
votre Nom tant d'horribles blasphemesblas
phemes de pure malice, qui remplissent les
journaux et aulres publications; blasphemes,
que, avec moins de deliberation peut-être,
vomissent, tous les jours, la colère, l'ivresse ou
la plus détestable des habitudes.
Au moins en ce qui me concerne, je ne veux
plus, mon Dieu, Vous offenser a l'avenir,
mais, bien plutót, jecombaltrai et j'empêcherai
le mal, et surtout le blasphème, partout oüje
Ie pourrai.
Mon Seigneur et mon Dieu, je viens encore
Vous faire amende honorable pour tous les
péchés d'omission dans le service qui Vous est
dü, eten particulier, pour les violations si fré-
quentes de la grande loi de la sanctification du
dimanche.
Je comprends toutes les suites funestes qui
découlent de cette violation elle est la cause de
l'ignorance religieuse, cette grande plaie de
notre temps; elle est la cause de l'omission de
la prière, sans laquelle il n'y a Doint de salut
possible elle est la cause du dévergondage et
de l'immoralité. Oui, désormais, je serai fidéle
A sanctifier le dimanche et A le faire sanclifïer
par mes subordonnés, et sous aucun prétexte
de voyage, de plaisir, ou quelque autre, je ne
violerai ce devoir sacré, dont I'observation, si
fidèlement pratiquée jusqn'ici dans notre Flan-
dre catholique, nous a préservés de maux
incalculables.
O Jésus, notre divin Sauveur, nous Vous en
supplions, par le mérite de voire sang précieux
versé pour Ia remission de nos péchés, soyez-
nous propice, et faites-nous la grace de ressus-
citer, avec les PAques, a une vie nouvelle, pour
ne plus mourir.
Sle Marie, refuge des pécheurs, priez pour
nous. Ainsi soit-ii.
II y a, de par le monde, un mouve
ment incontestable en faveur de l'en
seignement privé et catholique.
Nous avoas cité i'Italie oii le Minis-
tre de l'Instruction publique, M. Gian-
tureo, prépare une loi qui donnera la
liberté d'enseignement ia plus large.
L'Elal, déclare le Ministre Italien,
aura le seal róle de proléger les mai-
tres et les élèves l'Eglise aura la mis
sion de fixer les limiles au deld des-
quelles il n'y a ni vrai ni juste. C'est
la vraie doctrine catholique en matièrc
d'enseignement.
Eu France, les esprits reviennent
de l'enseignement ncutre, dont l'im-
puissance est constatée par la Frauc-
maconnerie elle-même. Les luttes elec
torates ne se font plus sur le terrain
dynastique. C'est l'enseignement et
ies idéés rcligieuses qui sont l'enjeu.
La France catholique recueillera biert-
töt le fruit d'une politique analogue a
celle qui a produit des résultats si
heureux en Bclgique.
Le Journal d'Ypres se donne pottr
principale mission de tenir ses lecteurs
au courant des questions qui concer-
neut renseignement, convaincu que
leducation religieuse, comme le disait
naguère un de nos chefs, M. le Baron
Surmont de Volsherghe, est la base de
l'ordre social. Donncz a 1'enfant, a cöté
d'un enseignement pratique, une edu
cation chrétienne, et vous préparerez
par le fait mème, des generations qui
résisteront eiFicacement, aux attaques
et aux séductions des meneurs socia-
listes.
Nous reproduisorts aujourd'hui l'ar-
ticle suivant, emprunté a VUnivers
au sujet de la politique scolaire an
glaise, donnant ainsi a nos lecteurs
l'oceasion de former un dossier qui
leur viendra a point, le jour oü nous
aurioiis a bitter contre un gouverne
ment hostile a nos idéés en m itière
d'enseignement. Ce jour est. heureuse-
ment éloigné mais il est du devoir
des catholiques de se tenir toujours
pret a recommencer le combat qui
leur a donné de si belles victoires.
D'autre part, nous voulons prému-
nir les parents contre les dangers de
l'école neutre, et leur montrer que
l'intérêt bien entendu de leurs enfants
exige qu'ils leur donuent un erisei-
guement a la lois religieux et moral.
Voici l'article de VUnivers
Le récent débat sur la loi scolaire a révélé
uu état d'opinion, dans le public anglais,
vis-A-vis des catholiques, que beaucoup
soupponnaient suis doute, grace A des symp-
tómes recueillis isolément, mais que per-
sorine ne s'imaginait devoir se manifester
d'une manière si éclatante en plein Parle
ment je veux parler du respect, de la
sympathie dont est entouré aujourd'hui le
nom de catholique romain dans le pays mème
oil il fut autrefois le plus universellement
méprisé et hal'.
Conservateurs comme MM. Balfour et
Jebb, représentanls de l'Université de Cam
bridge, libéraux de la viellle école comme
sir William Harcourt, radicaux avancés
comme M Broardhurst, tous sont venus
rendre hommage au zijle, au dévouement