EXPOSITION Samedi 24 Avril 1897. 10 centimes le N°. 32e Année. N° 3239. AIV des Ornements, Les événements d'Orient. Un vil imposteur. On s'abonne rue du Beurre, 36, k Ypres, et k tous les bureaux 'ie post© du Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger. ie port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent être adrosses franc de nort k I'adreSsa ci-dessus. royaurae. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Las reclames dans le corps du journal coütent 30 ceniimeB la ligne.— Les insertions judieiairest franc la ligne Lesnuméros supplé- Imentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Handros) s'adresser k 1 'Agence \Ho>-os Bruxelles, rue de la Madeleine n° "2 et k Paris, 8. Piace de la Rourse. ASSOCIATION DES ÉGLISES PAUVRES. les Mardi et Mercredi 27 et 28 Avril, de 10 heures du matin k 5 heures du soir. au couvent de Saint J, seph. Entrée rue Saint Jacques. L'impression est a peu prés unanime en Eu rope. On reconnait aujourd'hui que l'aelion pa- cifique de I'Europe avail élé engagée de telle faqon qu'eile ne pouvait aboutir, et que le con- flit armé qui vienl d'éclater élait la seule solu tion a une situation devenue intolerable pour tout le monde, pour les peuples intéressés aussi bien que pour les nations indifférentes. Peut- être eüt-il été possible d'écarler celte doulou- reuse exlrémilé, si le concert européen, aban- donnant les vieiiles méthodes diplomatiques, avait résolument offert aux adversaires en presence un arbitrage pacifique et impartial. Mais, par ses mesures coercitives k l'égardde la Crete etson langage comminatoire a l'égard de la Grèce, elle a exaspéré le sentiment patriotique des Hellènes et rendu d'autant plus difficile un arrangement satisfaisant. Dans ces conditions, leconflit était fatal, il était prévu, il a ëclató sans étonner personne. Quant k I'Europe, la seule attitude k adopter pour elle entre les belligérants est celle de la neutralité. Le gouvernement britannique a déja fait preparer une proclamation de non interven tion en ce qui le concerne. Le Foreign Office est d'avis que désormais le blocus dc file de Crete ne saurait plus être maintenu, parce qu'il serait incompatible avec la neutralité. 11 est k prévoir que le cabinet de Londres saisira les puissances d'une proposition dans cesens, mais il est en core douteux que cette suggestion soit unani- mement adoptée, car elle équivaudrait a laisser les mains libres au colonel Vassos, e'est-k-dire qu'eile aboutirait a la reconnaissance de ('an nexion la Grèce. 11 est vrai qu'on ne voit pas bien quelle autre solution pourrait intervenir, car ilest plus que jamais évident que I'Europe ne pourrait courber les insurgés sous sa volonté sans entreprendre contre eux une expédilion en règle. On aurait ainsi deux guerres au lieu d'une. Quanta celle qui est malheureusemenl enga gée, letélégraphenousapporled'heure en heure de désolantes nouvelles du Ihéatro de la lutte. Les combats sont acharnés, les morts et les blessés nombreux. Malgré cela, la première journée reste indécise. Les Turcs on( eu un avanlage sérieux ils sont parvenus, après 30 heures de balaille, a s'emparer du col de Melona qui leur ouvre la routte de Larissa, mais les Grecs, d'autre part, se sontemparés deplusieurs postes turcs importants en Macédoine et ils out envahi l'Epire oilaprès avoir bombarde Preve- za et les forts du golfe d'Ambracie, ils marchent maintenant sur Aria et Philippiades. Les trois divisions de l'armée hellénique cherchent a opérer leur jonction au noi d-ouest de Larissa oü elles se trouverout en presence d'Ehdem-pacha qui, a la tête de60,000 homines, s'avance en fhessalie et jie se trpuye plus qu'k quelques lieues de Tirnavo. Un corps grec est entré en Macédoine, vers Damasi, et essaye de tourner les troupes d'Ehdem pacha. C'est done dans les plaities de Larissa que se produira le choc des deuxarmées. L'issue de celte balaille, si elle se produit, ne peut être prévue, car si les Turcs ont pour eux la force numérique, les Grecs sont anirnés d'un rare enlhonsiasme. II faut lenir compte égale- ment de ce fait que l'armée d'Ehdem pacha se trouveen pays ennemi au milieu d'une popula tion hostile qui soutient ouvertement l'armée grecque et qui, dans la montagne, fait lecoup de feu. Un des premiers résullats de la guerre parait devoir être l'évacualion de la Crèle par les Turcs. On semble y préluder. Les soldats lures du cordon d'Akrotiri, mande t on de la Cance, 19, ont été remplacés par des anglais, des francais et des aulrichiens. A l'arrivée des délachemenls des puissances, les insurgés chantaient la Marseillaise et i'hymne grecau depart des soldats turcs, ils ont poussé des huées. Les atniraux ont envoyé a Izzedin 30 soldats de chaque nation occuper la forteresse. Le retrait complet des troupes que laTurquie pourrait utilement employer ailleurs, serait au moinsle commencement de la solution de la question eréloise. En vue de la paix k dicter tót ou tard aux belligérants, cela peut avoir sa grande importance. Dans les circonstances actuelles, quelle serait la solution pratique qui pourrait mettre fin au conflit gréco turc? Dans certains milieux, on préconise l'annexion de la Crete k la Grèce. Celle idéé n'est pas mauvaise. Seülement les grandes puissances ne peuvent s'enlendre pour l'irnpo- ser. Le concert européen qui déja cloche, cesse- rait le jour rnème oü elle lui serait soumise. La Russie surlout la repousserait. Elle veut une Grèce qu'eile protégé et non une Grèce assez fortc pourcesser d'avoir besoin de sa protection. Elle n'entend pas qu'Alhènes devienne la tête d'un Etal qui par son importance prendrait de l'autorité sur les pays oü règne leschisme grec etoü l'on songe k faire une confédération=dont le cenlre serait Constantinople. Pour d'autres raisons, ni l'Angleterre ni l'Autriclie ne veulent une Grèce agrandie. Quant k l'AHemague, son chef tout-puissant, sou maitre, Guillauine il, est pour le moment le défenseur passionné de l'intégrité de ['empire ottoman, De ces tendances, de cette situation, il résulte pour les grandes. puissances l'impossibilité de rósoudre a l'amiable aucune question capitale. 11 n'y a pas de concert europeen. Aussi n'a-t-on puimposerau sultan que l'aulonomie condi- tionnelle de la Crète et le principe de réformes quelconques en Turquie. Puis on l'a laissé en tête a tête avec les Grecs C'est misérableil n'y a pas de solution, et la férocilé musulmane me nace toujours les chrétiens. De mème que la France, en 1870, avait comp- té sur la défeclion des Etals du Sud de laconfé- déralion germanique, la Grèce espère aujour d'hui voir surgir, a la faveur des circonstances, des allies tout prêts k l'attaque. Sera-t-elle décue comme le fut la France De eette question dé- pend en grande parlie l'avenir de la guerre gréco-turque. On sail que le Monténégro, la S.erbie et la Bqlgarie se sout fédérés sous le patronage ocpultg de la Russie. Quelque envie que puissent avoir ces Etals d'étendre leurs frontières aux dépens de la Turquie, ils ne doivent agir qu'avec prudence. L'affaire de Tvrnavo, par exemple, n'est pas faite pour engager les trois souverains balkaniques a prendre part a Ia lulte. La Turquie peut encore mettre sur pied un demi-million d'hommes de troupes exercées sans compter six cent cinquante mille soldats plus ou moins habiles au maniement des amies, llyalkdequoi faire réfléchir de petits Etats encore mal assurés de leur nationalité. Mais cette attaque qu'ilsn'oseraient pastenter de leur propremouvement peutleur être ordon- née par la Russie, leur protectrice toute-puis- sante. Or, depuis quelque temps, la politique russe semble avoir changé d'orientation. Sir Ellis Ashmacd Bartlett, M. P., un des hommes politiques anglais les plus réputés, qui est parti pour la Turquie, s'est laissé interviewer pendant son passage k Vienne. Le parti de la guerre domine a Saint-Pétersbourg depuis novembre dernier a-t-il dit, et je crains que le but de la Russie. ne soit maintenant, comme il l'a tou jours été, de faire disparaitre l'empire ottoman dans le feu et le sang, de sorte qu'eile puisse gagner le grand prix de ses efforts depuis cent cinquante ans Constantinople et les détroits. Des avis privés de Sofia et de Belgrade dé- mentent que la Bulgarie et la Serbie procèdent k des armements. Mais, d'autre part, il est avéré que le représentant du prince Ferdinand k Con- stanlinoplea fait entendre k la Porte des mena ces absolument incompatibles avec l'attitude neutre que la fédération balkanique prétend avoir adoptée. Ces menaces ont causé k Con stantinople des arpréhensions trés légitimes on v a reconnu la voix de lk Russie. Une enirée en scène du Tsar, dont le but final serait la russification de Constantinople, ne serait d'ailleurs pas faite pourplaire aux Grecs, qui ne se sentent pas encore assez malades pour donnerune procuration au gouvernement mos- covite. II faut cependant ajouter cette éventualité a toutes celles qui menacent aujourd'hui l'em pire ottoman. Léo Taxil, le misérable auteur des amours de PieIX. est enfin connu. Ou plutót l'im- monde personnage s'est fait connaitre lui- même, tel qu'il est, tel qu'il a toujours été. Nous n'avons jamais cru ni k l'existence de Diana Vaughan, ni k ses singulières avan- tures avec le démon. Li confession de Taxil prouve que le monde était en présence d'un imposteur qui a cherché k exploiter tour-k- tour la foi des uns, l'impiété des autres. Tout le monde accable aujourd'hui de son mépris le misérable pour qui tous les moyens étaient bons pour faire de l'argent. M. Gaston Mery rend compte comme suit, dans la Libre Parolede l'assemblée Taxil faitl'avuede son imposture Nousavons entendu, hier, l'aveuie plus cyni- que, la confession la plus fantastique qu'il soit possible au cerveau le plus abracudabrant d'in- venter L'immonde Taxil a dèclaréque depuis douze ans il my'stiflait les chrétiens et le Pape. Blague sa conversion, blagues ses professions de foi catholiques, blagues les éerits signés Bataille, blagues les ouvrages signés Diana Vaughan. D'un bout a l'autre it a confirmé ce que nos confrères de YUniversde la Vérilé, Drumont et nous-mêmes crions a nos lecteurs depuis des nnois. II n'a même pas nié l'existence du complot maconnique que nous démasquions dans notre brochure... Mais il faut reprendre les choses par le com mencement. Done, k huit heures, nous nous présentions,: hier soir, a la Soeiétéde Géographie. Les cartes étaient toutes nominatives. Strictement,ne péné-j- trèrent que les invités.' Des commissaires nombreux veillaient etl faisaient déposer les cannes et les parapluies aiü vestiaire. Evidemment on s'attendait a du gra- buge. Dans la salie, un grand nombre de francs-;, macons notoires, des journalistes, des anar: chistes, quelques dames et quelques prètres... A huit heures et demie, Taxil parait ala tril] bune. Comme Diana Vaughan l'a promis, nout! allons, dit-ilprocéder au tirage au sort de lil machine a écrire. On tire au sort. Le gagnant est le correspond dant du journal Le Travailde Constantinople, H Puis Taxil prend la parole. II commence par déclarer qu'il est de Mar seillo, et qu'il est fumiste, fumiste dans l'ame rien que fumiste. Et il nous raconte, avoc une vanité comiqua quelques-unes de ses fumisteries. L'une, c'est l'invention d'une ville lacustre située dansje nesais plus quelle partie del Suisse, a laquelle les journaux du monde entief crurent, et qui motiva les enquêtes de plusieur sociétés savantes ou académies. Mais la plus belle de toutes mes fumiste ries, continue-t-il, c'est celle qui dure depui douze ans, et que j'ai organisée de concert av< deux de mes amis, le docteur Hacks et mis Diana Vaughan, représentante a Paris d'un grande fabrique de machines k écrire des Etats Unis. Alors il fait la genèse de son imposture. Com ment raconter cela Comment décrire surtou l'attitude de l'assistance De toutes parts éclatent les cris de Gredin Canaille Tartufe Fripouille AhL si on n'avait pas laissé les cannes au vestiaire Plusieurs personnes écoeurées quittent la sail Et ce ne sont pas.jedois ledire, des catholiqm seulemont. ce sont des libres penseurs, ee so: des francs-magons, qui ne peuvent plus lou: temps supporter l'étalage d'une pareille infami Taxi], qui a toute bonte bue, laisse passer l'< rage, puis reprend ia lecture du discours qu'il préparé. Nous avons eu la patience de l'entendreju; qu'au bout, non parce qu'il nous intéressait.qu'i le croie bien, mais parce que nous voulions po voir dire a nos lecteurs, jusqu'a quel degré da Timpudence pouvait descendre l'orateur. Mais maintenant que me voici devant mol papier, je ne sais comment résumer ces odie ses histoires que Taxil racontait comme d'aim bles fantaisies. Jeretiens seülement cette constatation q ce ne sont pas seülement des catholiques qui sont laissés prendre k ses mensonges, mais aus des francs-magons,beaucoup de francs macons Mais jereviendrai sur tout cela, quand je serai pas, comme ce soir, pressé par l'heure que j'aurai pu retrou ver dans mi mémoire roil les incidents de cette séance. Je note pourtant, dés aujourd'hui, que lirsqtf Taxil eut fini de parler, toute l'assistance d'u seul cri jota son mépris a l'impostéür. Les mots de gredin, de canaille, da f, ipouilll d'escroc même, se croisèrent dans l'air. L'abbé Garnier,alors, monta sur une bauquc-tl et, dominant le bruit, prononga ces quelqmj mots Messieurs, lorsque Morés, k la suite de so duel avec Mayer, passa en cour d'assises, il |j

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 5