Le saison des crimes. Rixe a Boesinghe. Terrible assassinat. Vol avec effraction. L'Ablette. Jean Reibrach. Nous traduisons Le parti socialiste, et ce parti seul, peut supprimer la guerre il le fera et il étublira la paix universelle. Le parti socialiste fera entendre raison k l'Eglise, destiiuera les rois, expropriera le parti de l'argent, désarmera les militaristes, chassera les laches et réfutera les menteurs. Le parti socialiste fera disparaïtre les causes de la guerre, biffera les frontières, supprimera la propriété personnelle, établira la suprématie du peuple ouvrier pacifique et fera atteindre le faite k la civilisation. Qu'en pease M. 't Bewijs II ne nous répond jamais, le petiot de la rue de Dixmude. Veut-il d'autres preuves Nous lui signalons ce chant d'un des groupes du cortège socialiste de Dimanche Les prêtresjl faut les hacher Pour en faire du fumier. Etcette inscription: «Pour que cha- cun puisse manifester ses opinions, ouvrez les portesdetoutes les prisons». La parole est a M. 't Bewijs. Nous lui ouvrons largement nos colonnes, qu'il en use done. Ghaque année nous avons constaterdans notre arrondissement, une série de crimes, vols, assassinats, qui se commettent k l'épo- que de la cueillette du boublon. La lie de la population West-flamande s'abat alors sur nos campagnes et se livre a des délits et des crimes, qui sont beaucoup plus rares k d'autres époques de l'année. Gette annèe, messieurs les criminels sem- blent vouloir avancer l'époque criminelle. Est-ce un effet du mauvais temps qui arrive plustót aussi que d'habitude Quoiqu'il en soit, nous avons k constater de nombrtux vols avec attraction, des rives sanglantes, des assassinats pendant ce pai- sible mois d'Aoüt. Que sera le mois prochain Nous appelons l'attention de nos lecteurs surtout de ceux des campagnes sur les agissements des malfaiteurs. Qu'ils pren- aent garde Dimanche soir, laóömmune de Boesinghe a été le théatre d'une rixe sanglante. Comme d'habitude, les couteaux ont trancbé la diffi- culté. Aussi le nommé Lebel a-t-il regu trois coups dont un dans le cóté, qui lui a fait une blessure assez dangereuse. Dans la nuit de Jeudi k Vendredi, un ouvrier de Langemarck, qui revenait de France oil il avait fait la moisson.a été lkche- ment assassiné sur la route d'Ypres k Lan gemarck.La têteétait quasi enlevée du corps. Le malbeureux on dit que e'est un cer tain Vermeersch portait sur lui une som- me de 300 francs. Le vol est done le mobile du crime. Ii parait que le Parquet est sur les traces du coupable. Des malfaiteurs se sont introduits la nuit dernière dans la demeure de M"" Veuve Vergracht, chaussée de Menin. lis ont essayé de fracturer le coffre-fort, mais n'y ont pas réussi. La pêche est ouverte. Les pêcheurs s'en donnent k cceur joie. C'est le moment de reproduire cette spirituelle fantaisie I. II n'y avait nulle raison apparente k ce que Ribelaine prit plus de poissons que Grattesouche, car ils pêchaient au même endroit de la Seine, depuis le méme temps, avec les mêmes engins. II en était ainsi cependant, et jamais Ribelaine ne revenait sans quelque ablette, tandis que Grattesouche se plaignait que cela n'eüt même pas mordu une seule fois. D'abord, ils n'attachèrent pas grande im portance k cette inégalité du sort, lis étaient de moeurs paisibles, tous deux bureaucrates retraités; et leur douceur quiète augmentait encore, d'être assis des heures, les jambes pendantes, tantöt sur l'émeraude trouble qu'éveille par le fleuve le lever du soleil, tantöt sur le vert impénétrable de jade qui s'épand les soirs, alors que les derniers rayons, par delk les ponts, n'allument plus, aux flancs des arches extrêmes, que des colonnes d'or. Lorsque leurs yeux se lassaient de contem- pler le flottement monotone du bouchon, ils avaient, pour se distraire, le mouvement des quais; la coulée des bateaux, dont le remous venait jusqu'k eux en vagues opaques, aux sommets cerclés de moires changeantesla contemplation de la tour Eiffel. Ils s'accor- daient alors qu'un peuple qui possède une tour aussi conséquente et qui a le culte de la pêche k la ligne n'est pas prés de finir. Des émois les interrompaient brusquement de temps k autre, quelque frémissement du bouchon, une ombre passant sur l'eau, un souffle dont elle se ridait, ou le sillage d'un poisson. lis redevenaient graves alors, comme pour un sacerdocepuis, l'émoi passé, ils reprenaient leur contemplation, placides, échoués sur cette berge, comme ils avaient échoué leur vie sur un rond de cuir, au temps de la jeunesse, ni bons ni méchants, inoffensifs. II. Cependant, la malechance de Grattesouche allait s'accentuantet il ne se passait pas de jour en revanche, que Ribelaine n'enlevat de l'eau ses deux ou trois ablettes, gaillarde- mentde belles ablettes, longues de plusieurs centimètres et qui miroitaient dans le soleil comme du vif argent. Grattesouche n'y com- prenaitrien, Ribelaine non plus. Une question de veine ou de déveine ne pouvait pas expli- quer une telle suite de journées pareilles, de résultats identiques. Ils commencèrent d'en chercher la cause. Ribelaine examinait la fagon dont son cama- rade altachait l'amorce, le regardait du coin de l'ceil tenir sa ligne. Assurément, il ne voyait rien d'anormal ou de repréhensible en la fagon dont Grattesouche se comportait. Pourtant, il fallait bien qu'il y rut quelque chose. Alors, il donnait des conseils, au hasard, lui faisait augmenter ou diminuer le fond, lever ou baissersa perche.ou lui repro- chait sa précipitation ou sa lenteur; tantöt il avait un coup depoignet si vif que le poisson déjk pris en était décroché, tantöt il tardait trop et le poisson s'en allait. Lui-même se donnait comme exemple Tenez, voyez comment je fais Rien ne changea. II résulta, de leurs efforts, la constatation, pour Ribelaine, d'une supériorité inexplicable, mais d'autant plus grande, sur son compagnonet pour Gratte souche, un sentiment d'infériorité qui lui devenait de jour en jour plus importun. Grattesouche, en effet, se trouvait aussi intelligent que Ribelaine, plus intelligent même, Une jalousie s'éveillait. 11 soupgonnait vaguement son compagnon de connaitre quelque secret, d'avoir, dans la preparation de son appat, quelque recette infallible qu'il s'obstinait k celer égoïstement. De l'aigreur se manifesta. II ne demandait plus de conseil, affectait, lorsque l'autre lui en donnait, de se montrer d'un avis opposé et d'agir de la fagon contraire. II cessait de sourire aux captures deson rival; et, plusieurs fois, k l'enlèvement d'une ablette étonnante qui arrachait k Ribelaine un cri de triomphe, il dédaigna de tourner la tête et se contenta d'un grognement vague. Les manières de Ribelaine l'exaspéraient. II le trouvait indécent avec sa joie bruyante, la fagon dont il faisait, k chaque prise, flotter le poisson au bout de sa ligne, comme un drapeau d'argent, dontil le décrochait, avec des gaietés verbeuses, l'envoyait dans sa boite rejoindre les autres. II lui paraissait naturel, d'ailleurs, qu'il agit ainsi. II l'avait toujours connu sans délicatesse. Déjk autre fois, au bureau, il aurait eu beaucoup k dire, sans la bénignité naturelle de son caractère. Et des colères rétrospectives se mêlaient k la jalousie présente, sans cesse avivée par le succès. Ribelaine lui devenait odieux. Jama;s encore il n'avait remarqué comme il était gros et laid. Puis, était-il assez ridi cule k glousser ainsi qu'il le faisait, avec des airs supérieurs, lorsqu'il le voyait rater son poisson Grattesouche n'avait jamais enduré un supplice semblable. II en maigrissait, deve nait jaurie, bilieux. Ghaque ablette qu'enle- vait Ribelaine lui donnait un grand coup au coeur son éang s'arrêtait un moment, puis lui montait k la tête et, devant l'iromo- bilité désespérante de son propre bouchon, il rêvait des vengeances terribles. Des idéés féroces hantaient sa cervelle somnolente de pêcheur. Et il roulait des yeux de plus en plus furieux, lorsque Ribelaine,paisiblement, mettant un nouveau poisson dans sa boite, lui disait Je ne sais pas comment vous faites. Tenez, c'est pourtant pas difficile 1 III. Un matin, Grattesouche prit place avec un air raystérieux, muni d'engins formida- bles. Ribelaine salua gaiement eet attirail de conquête, vaguement railleur au fond, con- vaincu de ne devoir son succès qu'k la supé riorité de son esprit. Après quelques paroles ils se turent, devenus trés sérieux, les yeux rivés k leurs bouchons.La partie s'engageait. Le premier succès fut pour Grattesouche. II tira une ablette et son émotion fut telle qu'il cria ohle souffle coupé, envoya presque le poisson dans les arbres du quai. Mais aussitót Ribelaine en prit une k son tour et, manifestement, cette dernière était le double, comme grosseur. Grattesouche pinga les lèvres. Le silence reprit. Cinq mi nutes s'écoulèrentpuis, coup sur coup, Ribelaine tira de l'eau deux nouvelles ablet tes Oh des petites fit Grattesouche. Ribelaine ne répondit pas, se contentant de siffloter un air joyeux. Au bout d'une heure, Grattesouche était toujours avec son ablette, une maigre ablette étique, anhélante et qui commengaitde cha- virer dans son pot, montrant le blanc. Ri belaine, au contraire, en avait pris une di- zaine; et comme, pour narguer Grattesouche, il avait placé justement le seau oü elles nageaiént entre eux deux, de sorte qu'elles lui tiraient l'ceil, qu'il ne pouvait s'empêcher de les regarder avec colère de belles ablet tes étaocées avec des dos blonds k reffeis fauves et veris; et ces poissons narguaitrit celui de Grattesouche, le tournaient en dé- rision positivement, le réduisaient k des proportions de vairon. Tout k coup Ribelaine, qui suivait son flotteuravec une attention intense depuis un momentje vit s'enforcer. II tira; il y eut une résistance manifeste Ia perche fléchit comme si elle devait rompre; mais le poi son pai ut hors de l'eau; un poisson plus gros que tous les autres et qui parut k Gratte souche énorme, inonstrueux. Un gardoncriait Ribelaine. Ungardon! G'était vrai; on voyait du rouge aux nageoires, Grattesouche suffoqua. Ribelaine justement, dans la joie de cette capture, ne tarissait pas. II évaluait la taille du poisson, son poids II a bien douze centimètres; il pèse un quart! Puis il détaillait ses émotions, presque un effroi lorsqu'il avait senti un poids pareil au bout de sa ligne. L'agacement de Grattesouche, dont l'humi- liation était accrue en proportion de la magnificence de son attirail, atteignit k son comble, lorsque enfin son bouchon, k son tour, commenga de nager. Qa mprdait. II concentra toutes ses facultés. Lui aussi voyait un gardon k son hamegon, un gardon plus gros que l'autre, une carpe peut-être. J1 se cala, pour se prémumr conlre la secousse; puis, triomphant, il tira de toute sa force. Le poisson jaillit de l'eau d'un tel élan qu'il eut été invisible sans son petit scintillement d'argent. 11 retomba, dansant au bout du filet il était si mince et si léger qu'il ne pouvait faire poids et que son fré- tillement l'écartait, le iendait insaisissable comme un vol de papillon. La déception de Grattesouche se cbangeait, devant cette obstination de la béte, en une colère. II aurait voulu la prendre et la faire disparaitre; mais la bestiole s'entêtait k voltiger; elle lui venait sur le nez, dans l'ceil, puis repartait, étalant bien k tous les regards son exiguité ridicule, son infimité dérisoire. Et, pour comble de déveine, en levant la tête, il perdit l'équilibre, se ren- versa sur le dos. Enfin Grattesouche se mit sur ses pieds, finit par saisir l'ablette. Ribelaine dit sournoisement Mktin, il vous a donné du fil k retordre, celui-lk! Puis, comme l'autre ne répondait rien, il ajouta Ohles têtards, c'est malin comme tout. Un têtard! bondit Grattesouche. Un têtard II suffoquait, les yeux hors de la tête. II regarda autour de soi, cherchant une ven geance. 11 vit le dos gouailleur de Ribelaine, la raillerie de sa boite k poissons oü trónait le gardon k nageoires rouges. Et vlanavant qu'il eüt eu le temps de penser, cédant k une colère immaitrisable, il détacha un coup de pied, fianqua les poissons k l'eau. Ribelaine, la face fouettée d'un coup de sang, ouvrit des yeux rondssa bouche pla cide se tordit, montra, dans un angle, des dents jaunes. Et brusquement, s'aidant des mains et des genoux, il se leva, s'élanga sur Grattesouche Tiens, cochon va les chercher Le dos de Grattesouche creva la Seine. L'homme s'enfonga laissant la vision de son visage hagard, de son gilet crème, de ses membres en l'air vite disparue. II n'y avait plus qu'un remous énorme oü fioltaient des ventres blancs de poissons. Revenant k soi, pris d'une terreur folie, Ribelaine cria Au secours Puis, comme il savait nager, il se jeta k l'eau. II rejoignit Grattesouche qui se débat- tait. II put le saisir, l'entraina jusqu'k une rampe. Des débardeurs accourus l'aidèrent. Alors, se secouant comme des chiens mouillés, Grattesouche et Ribelaine, sans un mot, allèrent reprendre leurs engins. Et, s'étant salués, trés dignes, ils se tournèrent le dos, s'éloignèrent chacun de son cóté. L<a tartuferie de nos socialistes beiges est appréciée comme elle le mérite k l'étranger. La République franQaise écrit aujourd'hui k leur sujet, après avoir signalé les bons rapports qu'eut avec les meneurs bruxellois l'assasin de M. Canovas Le socialisme beige, lui aussi, comme Ie nötre, réprouve, au moins eu apparence, la piopagande par le faitcela ne l'empêche pas, comme le nötre égaleraent, de vivre en bonne intelligence avec les anarchistes. La mort de M. Canovas a mis, une fois de plus, en lumière la hideuses tartuferie de ces hommes qui prêchent l'exiermination de la guerre dans leurs discours, dans leurs mani festations, et qui applaudissent aux attentats eontre ceux qui détendent l'ordre, la sociélé et la liberté. Un grand meeting socialiste a lieu aujourd'hui même, k Bruxelles, en faveur de la nation armée.Tous les journaux socialistes affectent de voir dans la nation armée le moyen le plus propre k faire disparaitre la guerre, et dans de pompeux articles ils envi- sagent une humanité délivrée de fléau. A ce moment même, le Vooruit reproduisait un article sauvage d'un journal néerlandais qui finit par ces motsCanovas fut un monstre, il a mérite d'être traité comme un chien enragé.» On devine ce que feraient les socialistes beiges avec les armes que la suppression de l'armée permanente mettrait entre leurs mains. Chocolat Delacre garanti pur. -H»

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 2