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Samedi 28 Aoüt 1897.
10 centimes Ie N°.
32e Année. N° 3274.
L'entrevenue franco-russe
et Ia presse anglaise.
Etats de TEglise.
L'affaire du bazar
de la charité.
L'inauguration du
monument David
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Tous les journaux anglais publient des
articles sur la visite de M. Félix Faure en
Russie.
La rencontre de l'autocrate de l'Europe
oriëntale et du premier citoyen de l'Europe
occidentale, dit le Daily Graphic, est un
événement historique.
Le Tsar salue M. Félix Faure comme le
représentant d'une grande nation unie k la
Russie par les liens traditionnels d'amitié.
Le Daily thelegraphe dit de son cóté
Dans un gouvernement autocratique il est
facile de commander des démontrations,
mais il est aisé de faire une distinction entre
la réception fate k l'Empereur d'Allemagne
et la manifestation spontanée de la joie
populaire qui a aecueilli M. Félix Faure.Ge
n'est pas un empire et une république qui
fraternisent, c'est plutót la France et la
Russie. En tant que cette alliance est la sau-
vegarde de la paix de l'Europe elle mérite
notre approbation.
Le Morning Post semble craindre que l'al-
liance franco-russe ne se tourne k un mo
ment donné contre l'Angleterre et il demande
que Ton renforce la flotte anglaise.
Le correspondant du Standard k Péters-
bourg envoie trois colonnes de dépêches k
son journal. II dit: Une grande galerie du
Palais d'Hiver et une salie de l'ambassade de
France sont déjk remplies de cadeaux.desti-
nés k M. Félix Faure.
Pendant l'entrevue que M. Hanotaux a eue
avec M. Mouravieff, a ajouté le correspon
dant anglais, les deux ministres se sont
occupés des négociations de paix k Constan
tinople.
La fête du Pape.
Dimanche, fête de saint Joachim, le Saint-
Père Leon XIII a tenu Gercle de Cour dans la
Bibliothèque privée.
Etaient présents 16 cardinaux, de nom-
breux prélats, les dignitaires de la Cour et
'fis représentants des Associations catho-
bques.
Le Pape tint conversation pendant une
heure avec une verve admirable.
Entre autres sujets de conversation, Léon
XllI paria des récentes fêtes de saint Louis
dAnjou. célébrées k Rome, et de la dévotiori
ffu'on a pour ce saint dans la familie Pecci.
Eartni les ceuvres religieuses, il dit aimer
Pauiculièrement les OEuvres Eucharistiques
^ai apportent le baume aux amertumes de
s°n coeur.
Léon XIII fit lire ensuite la lettre du car
dinal Sarto, patriarche de Venise, relative au
dernier Congrès Eucharistique tenu récem-
ment dans eette ville.
Le cardinal Parrochi l'ayant prié d'écrire
une Encyclique sur la dévotior, au Saint-
Sacrament, le Saint-Père répondit qu'il
prépare actuellement l'Encyclique sur la fête
du Rosaire et que, plus tard, peut-être, il en
écrira une sur le Saint Sacrement.
Quelqu'un ayant dit qu'un mouvement se
manifestait en France même parmi les évêques
contre la Communion fréquente, le Pape
montra qu'il ne s'en préoccupait pas; car,
dit-il la France s'opposera k ce mouvement.
Interrogeant ensuite le cardinal Steilember
sur les fêtes du bienheureux Canisius k
Fribourg, le Pape fit observer que les con
versions étaient plus fréquentes en Angle-
terre qu'en Allemagne. En effet, quatre
ministres anglicans sont dernièremententrés
dans l'Eglise catholique.
Tout le monde a pu constater que la santé
de Léon XIII est parfaite.
Le tribunal correctionnel de la seine a
rendu son jugement dans l'affaire du Bazar
de la Charité.
Le baron de Mackau est cöndamné k
300 fr. d'amende.
M. Bailac est cöndamné k un an de prison
et 300 francs d'amende.
M. Bagrachow, 2e employé du cinémato-
graphe, k 8 mois de prison et 200 francs
d'amende.
Tous les trois bénéficient de la loi Béren-
ger tant pour les condamnations pécuniaires
que poor les condamnations k la prison.
Le jugement dit que le baron de Mackau
est coupable de négligence et Bailac et
Bagrachow de grave imprudence.
Lierre
Dimanche 22 Aoüt, a eu lieu dans la ville
de Lierre, en présence de S. E. le cardinal-
archevêque de Malines et de MM. les mini
stres Begerem et Schollaert, l'inauguration
du monument élevé au chanoine David.
M. le gouverneur de la province d'Anvers
avec tous les membres de la Députation per
manente,un grand nombre de représentants,
déléguésdel'Université de Louvain.de l'Aca-
démie flamande et de l'Académie Royale de
Belgique, ont assisté k la cérémonie.
La solennité de cette inauguration té-
moigne du respect qui entoure la mémoire
du vénéré chanoine, historiën et littéraleur
des plus distingués
Jean-Baptiste David, né k Lierre la 25
Janvier 1801, avait eu pour maitre un an
cien religieux de l'abbaye d'Afflighem, qui
avait fui k Lierre la tourmente révolution-
naire et était fils du carillonneur de l'église
Saint-Pierre k Louvain, Vanden Gheyn, des
cendant ïdes illustres fondeurs de cloches
malinois.
Entré k 13 ans au petit séminaire de Ma
lines, puis en 1820 au grand séminaire, il
avait été attaché l'année suivante k l'Athénée
d'Anvers comme sous-principal. Un an plus
tard, nous le retrouvons au petit séminaire
de Malines, en qualité de professeur de
cinquième. Le 20 aoüt 1823, le jeune pro
fesseur fut ordonné prêtreil ne quitta toute-
fois le séminaire qu'en 1825, lors de la
suppression de celui-ci par le roi Guillauwe.
Mais la retraite de Jean-Baptiste David fut
laborieuse et singulièrement féconde. L'Asso
ciation pour la publication de bons livres
en langue flamande venait de se fonder k
Malines.David,au téraoignage de Mgr deRam,
son intime ami, prit la plus large part k
cette oeuvre littéraire. Ses premiers écrits
furenl, au surplus, peu importants il tra-
duisit en flamand les Conférences de Frayssi-
nous, divers ouvragesde Fénélon et d'autres
écrivains francais, ainsi quequelques ouvra-
ges latins.
A la réouverture du petit séminaire, le lcr
mai 1830, peu de temps avantla Révolution,
le professeur David reprit ses lemons. Vers
la fin de 1831, l'administration diocésaine
confla la direction du collége k l'abbé David.
Pour récompenser le mérite du principal du
collége, Mgr Sterckx, alors archévêque de
Malines, le nomma, en 1833, chanoine ho
noraire de la métropole, Entre-temps l'Uni-
versité catholique s'était fondée par les soins
de l'abbé de Ram. David fut nommé profes
seur d'histoire de Belgique et de littérature
flamande k la nouvelle université. Ses leQons
d'histoire, réunies, parurent sous le titre de
Manuel de ïhisloire de Belgique, et l'orde en
fut suivi par l'auteur pour son oeuvre princi
pale. 1' Histoire de la Patrie.
On doit encore au chanoine David
YHistoire de saint Albert de Louvain
l'Histoire de la ville et de la seigneurie de
Malines; Charles le Téméraire a Gand en 1467
les Recherches sur le cours primitif de
l'Escaut, qui sont encore les oeuvres d'un
chercheur, et surtout une célèbre Imitation
de Jésus-Christ, qui vivra aussi longtemps
que la langue maternelle même. Si Fonte-
nelle a pu dire que l'homme n'a point produit
un livre supérieur k l'incomparable ouvrage
de Thomas k Kempis, on peut ajouter, disent
les distingués biographes du chanoine David,
qu'aucuae langue n'a produit plus splendide,
plus fidéle, plus irréprochable traduction du
célèbre moine.
II consacra k ce travail entrepris unique -
ment par charité chrétienne et pour le bien-
être spirituel de ses chers compatriotes
douze années de son existence. Et quel
succès de librairie! L'Imitation flamande fut
réimprimée k un nombre fantastique d'exem-
plaires et la Maison Jamar en a publié une
édition encore avidement recherchée au-
jourd'hui par les bibliophiles.
Dans son exquise modestie, le chanoine
David fuyait les honneurs qui s'acharnaient
cependant k sa poursuite. L'Université de
Louvain lui décerna les plus solennels hom
mages; elle le promut, honoris causct, au
grade de docteur en philosophie et lettres
peu de temps après, il fut élevé k l'ordinariat,
en 1844; l'Académie royale de Belgique
l'appela k siéger dans son sein, en 4846, et,
deux ans plus tard, en 1848, lors de la
publication de sa merveilleuse édition du
poème de Bilderdijk, Be Ziekte der geleerden,
le même honneur lui fut conféré par l'Institut
royal néerlandais.
De toutes parts lui arrivaient les plus flat-
teuses distinctions; tousles corps savants
s'honoraient de posséder le chanoine David
parmi leurs membres, il en était k ne plus
compter ses décorations. Et cependant ja
mais un ruban n'orna sa poitrine, jamais
l'humble aumónier des Colletines ne voulut
se parer d'une de ses crorx, pourtant si ru-
dement gagnées.
David, au point de vue littéraire, a subi
l'influence de Willems, dont il fut parfois le
collaborateur. C'est de leur amitié que se
fortifh en David l'amour de la langue fla
mande pour laquelle il combattit toute sa vie
et dont il fut le porte-drapeau. II était de
ceux dont on peul direHij had zijn
Vlaanderen hartelijk lief! et c'est le plus bel
éloge qu'on puisse faire de l'historien.
C'est k l'Université même qu'il fut frappé
pour la première fois, dans sa chaire, en
présence de ses élèves consternés. La mort
ne devait cependant pas venir immédiate-
ment. Mais il était perdu pour le professorat
et ce fut avec un profond regret que NN. SS.
les évêques acceptèrent sa démission.
II se soumit avec une sereine résignation
aux décrets de la Providence. Pendant l'an
née de grace qu'elle lui laissa, racontent MM.
Moroy et Van den Weghe, il consacrait en
core journellement quelques heures k son
Histoire nationale il éleva son ame aux con
templations de l'au-delk et il s'en allait par
fois chercher des forces pour ses membres
paralysés le long des promenades publiques,