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On nous dira que cela arrive rare-
ment. C'estvrai; mais cela arrive, et
nous reproduisons fidèlement ses cri
tiques chaque-fois que nous en avons
l'occasion.
Dans son numéro de Samedi, le
Progrès publie, d'après d'autres jour-
naiix, un long article consacré aux
courses de Taureaux qui ont eu lieu
a Roubaix, le 26 Septembre dernier.
Pareils spectacles sont absolument
contraires a nos moeurs, et nous espé-
rons, avec l'auteur de I'article du
Progrès, qu'on ne les autorisera ja
mais en Belgique.
Mais voici la note de la Redaction
du journal liberal
A Roubaix! La ville sainte du socia
lisme en France! Nest-ce pas que le
socialisme adoucit les mceurs
Très-juste, quoique très-bref. Qu'en
pense l'autre, c'est-a-dire, La Lutte
Voici l article que nous empruntons
au Progrès .-
Les courses de Taureaux,
Roubaix,
du 26 Septembre 1897.
Nos lecteurs liront peut-être avec intérêt
quelques notes au sujet de ces courses orga-
nisées par l'Administration du Vélodrome de
Roubaix.
Celle-ci avait fait venir le personnel com
plet dune grandecuadrilla espagnole. Elle
avait usé de la plus large publicité, et les
affiches annongaient que six taureaux seraient
combattus a I'espagnole, Un train de plaisir
était venu de Paris; des trains spéciaux
avaientété formés k Valenciennes, k Galais
et k Boulogne. Ges efforts furent couronnés
d'un beau succès. Au moins 12000 person-
nes garnissaient les spacieuses tribunes. Le
prix des places variant de 50 francs k 1.50,
la recette peut être évaluée k un minimum
de 60000 francs, dont les deux tiers con-
stituaient pour la société du Vélodrome un
joli bénéfice net.
La piste, couverte en cendrée, était en-
tourée d'une balustrade d'un mètre et demi
de bauteur, et, entre cette cloture et les
premiers gradins des tribunes, était ménagé
un couloir servant de seconde défense pour
le public en même temps que de refuge pour
les toreros poursuivis. En outre, l'intention
de ceux ci, la balustrade était munie des
deux cötés d'un haut marchepied destiné a
en faciliter l'escaiade.
A 8 1/2 heures précises, conformément au
programme, la musique entame des airs de
Carmen de la cuadrilla parait pour faire
lentement, en cortège, le tour des arênes.
Chacun connait le superbe costume des
toréadorcs tout surchargé de grosses appli
ques dor et dargent. Le personnel de toreros
comprenait un matador et son suppléant
(il faut prévoir las accidents!), deux pica-
dores cheval, et siz banderilleros. Dans
toute course de taureaux combattent suc-
cessivement les picadores, puis les bande
rilleros et enfin le matador.
La présentalion faite. la porte du Torril
s'ouvre sur l'arêne et y laisse entrer un ma-
jestueuxtaureau espagnol, nerveux et féroce,
aux longues cornes écartées et droites. La
vue du public le jette dans une rage indici-
ble et sans hésitation il s'élance sur les
toreros.
Tout fuit et sans s'armer d'un courage
inutile, h son approche, chacun des toreros,
ignorant encore le caractère et la fagon de
combattredu nouvelennemi, escalade preste-
ment la cloture, et, le taureau passé, rentre
aussilöt en scène.
Toujours courant, le taureau rencontre les
chevaux des picadores. Ge sont de vieux ani-
maux (les chevaux, pas les picadores!) hors
de service, ne valant que la peau, etne se
soutenant qu'avec peine it force de coups de
baton sur leurs pauvres jambes raidiesdes
loques en cuir leur protègent mal le poitrail
et les jambes; on leur a bandé les yeux en
sorte qu'ils ne peuvent échapper k la mort.
Quant aux picadores, juchés sur ces rossi-
nantes, les jambes bien protégées par de
larges étriers et des guêtres en fonte, ils
sont armés d une longue pique, et ne courent
guère de danger. Gornes baissées.le taureau
s'élance, tandis que le picador, essayant de
le piquer dans le dos, cherche k le repousser
ou du moins k briser son élan. Peine inutile!
Presque toujours, les cornes s'enfoncent tout
entières dans le poitrail du cheval ou; lui
labourent les jambes ou les cuisses. Un pre
mier frisson d'borreur secoue la foule! mais
voici les toreros qui accourent agitant leurs
manteaux rouges devant le taureau pour at-
tirer son attention et dégager le picador. Le
taureau se détourne, fonce sur un torero,
mais, agile, celui-ci a fait un pas de cótéet
les cornes terribles ne percent que le vide.
D'ailleurs pour peu que le taureau charge
trop vivement, le torero court se mettre k
l'abri derrière la balustrade. Tous les torea
dors, briguant les applaudissements de la
foule, luttent d'adresse entre eux pour se
jouer ainsi du taureau ie plus longtemps et le
plus gracieusement possible. Ce jeu est inté
ressant, et on assiste parfois k des péripéties
fort amusantes. Malheureusement, cbaque
fois que le fauve rencontre un des chevaux,
il l'encorne de nouveauspectacle cruel et
d'autant plus injustifiable que le cheval est
aveuglé et que le picador ne doit déployer
aucun talent d'équitation.
Gette première partie ne dure que quel
ques minutes; une sennerie de trompettes
prévient qu'on posera les banderilles: batons
ornés de papiers de couleur et munis de pe-
tites pointes k crochets, Un des toreadors en
prend une paire.il s'agit pour ce banderillero
de se placer bien en face du taureau, d'en
esquiver la corne, et de lui planter une ban-
derille de chaque cótéde l'encolure. Les to
reros, toujours en mouvement avec leurs
capes rouges, doivent attirer vers eux la béte
menapante.Tout k coup, au moment propiee,
il s'élance et prompt comme l'éclair plante
les deux banderilles dans le cou du taureau.
Des chaleureux applaudissements, bien mé
rités, accueillent son succès. Lejeu n'est
d'ailleurs pas barbare.le dard ne perce guère
que la peau seulement il ne s'en détache
plus. Le taureau, ennuyé, se secoue en vain
pour faire tomber ces importuns piquets. Sa
fureur redouble, mais bientöt une seconde,
puis une troisième paire de banderilles
s'ajoutentk la première.
Une nouvelle sonnerie annonce la dernière
partie de la course. Si le cheval est trop rrtu-
lilé pour se soutenir encore jusqu'k la course
suivante.on le laisse crever k un piquet der
rière les tribunes, dans une mare de sang,
sans même lui dorsner le coup de grace. II
arrive souvent que les chevaux succombent
dans l'arêne même, etalors leurs cadavres
doivent y rester jusqu'k la fin de la course.
Mais le matador a sauté dans l'arêne, et
salue le public. De la main gauche, il porte
le muleta, morceau d'étoffe écarlate sa
main droite est armée d'une longue épée,
l'espada. A l'inverse des autres toreros, ja
mais il ne fuit devant le taureau, il reste
évoluer autour de lui, l'excitant de sa mu
leta, et évitant les cornes avec une agilité
inconcevable. Ce n'est qu'une entrée en
matière, hélas! La scène va changerd'aspect,
Ie toreador va tuer le taureau. Profitant de
la seconde oü le taureau, fongant sur lui,
découvre le garot, le toreador y enfonce
jusqu'k la gardesa longue espada. Ra re ment,
la mort est instantanée. La béte, dont le foie,
les poumons, les intestins sont transpercés,
vomitk pleine gueule des flats de sang. Et
cependant la vie est tellement chevillée dans
ce corps puissant, qu'un instant encore il
charge les toreros, la garde de l'épée visible
seule au-dessus de l'épaule. Bientöt ses
mouvements se ralentissent, il s'arrête hé-
bêté, abruti, toujours vomissant du sang,
arcbouté sur ses jambes tremblantes, ré-
sistant k l'agonie qui le prend. Puis il fléchit
le genou et tombe enfin sans vie. Le toreador
reprend son épée, et, vainqueur, la rnontre
toute sanglante aux spectateurs. Des ap
plaudissements, bien maigres pour tant
de mille personnes, s'élèvent des tribunes.
Une demi douzaine d'enthousiastes lui jettent
leurs chapeaux, leurs cannes, des cigarettes.
Rapidement trois chevaux entrainent hors
de l'arêne le cadavre du vaincu.des ouvriers
égalisent la piste et cachent les mares de
sang sous la cendrée. lis n'ont pas encore
fini que les picadors rentrent, un autre tau
reau s'avance, et la course recommence ab
solument semblable k la première. Le spec
tacle devient en définitive trés monotone.
Successivement, on a vu, Dimanche dernier,
éventrer 4 chevaux et tuer 6 taureaux. On
n'a eu k déplorer aucune mort d'homme, ac
cident pourtant fort commun dans ces cour
ses La 6e reprise fut seule marquée d'un
incident digne d'être rapporté. Le matador
glissa au moment de donner l'estocade; roulé
par le taureau, il regut une légère blessure
au bras. II en résulta un certain manque de
süreté dans son coup de main. Le taureau,
mal embroché, persistait k vivre, trois fois
le matador parvint h retirer son arme de
l'épaule de la béte, et deux fois encore l'y
re'plongea jusqu'k la garde. Puis, la viciime
vivant toujours, il lui donna encore cinq
coups de pointe dans le cou avant de réus-
sir k trancher la vertèbre cervicale.
De toutes parts retentissaient les huées et
les coups de siffiels. Prenez un fusil! Fai-
tes venir le boucher oriait-on au matador.
Biel, i'assistanee s'écoula sous la plus péni-
ble impression de dégout.
En somme, la corrida de toros n'est pas
un spectacle recrmmandable, et de l'avis
quasi-uuarime de tous ceux qui assistèrent k
celie de Roubaix, encore qu'il n'y eut aucun
accident, on peut y aller une fois pour juger
d'une impression, comme on vaassisterk
l'exécution d'un condamné k mort; oh n'y
retournera guère. Seuls, des bouchers ou
des marehands de bestiaux, que la nécessité
de leur profession a fini par familiariser avec
ces scènes d'abattoir, pourront y trouver du
plaisir. On ne devrait y conduire ni les fem-
mes ni les personnes trop sensibles ou ner-
veuses. -
Ge spectacle est absolument contraire k
nosmceuis. Espérons qu'on ne l'autorisera
jamais en Belgique.
Déjk on annonce k Roubaix de nouvelles
courses de taureaux pour Ie Dimanche 10
Octobre prochain. Peut-être cette fois ci le
préfet du Nord voudra t-il intervenir pour
faire observer la loi qui interdit en France
ce genre de spectacle!
Dimanche passé, pour rehausser la célé-
bration de l'octave de N. D. du Rosaire,
notre excellente phalange Chorale Wrphêon
a chanté k 1 église paroissiale de St Jacques
un saiut solennel.
L'église était archt-comble et la chorale
yproise a mérité de nouveau les éloges de
tous les amateurs et connaisseurs de musique
sacrée.
Les principaux mottets chantés par nos
vaillants mélomanes étaient le Sanctus de la
messe de Gounod 1 'Ave Maria de Schubert
un Laudate Dominum et le Tantum Ergo dè
Riga.
M. Gust. Wenes, le dévoué maiire de
chapelle a droit k des félicitations spéciales
pour la fugon exquise dont il a chanté les
solos du Sanctus et de 1 'Ave Maria.
Le R. Chanoioe Duclos, le digne nouveau
pasteur de St-Jacques, grand amateur de
bonne musique il chasse de race d'ailleurs,
son frère étant un des maitres de l'art musi
cal de notre pays ne veut pas rester en si
bon chemin. Dimanche prochain, pour clo-
turer brillamment cette octave, une raesse
et un salut solennels avec accompagnement
d'orchestre seront chantés p r plusieurs
amateurs distingués de notre ville.
La messe qu'on exécutera est la grand»
messe solennelle de Mille. Pendant l'offer-
toire, le maitre de chapelle, M. Wenes,
chantera un Ave Maria de M. J. Maurau, qui
sert d'offertoire k la messe que notre con-
citoyen a composée pour le concours de
Composition musicalede Barcelone.
L'Association conservatrice de l'arrondis-
sement de Dixmude s'apprêtek fêter le 17
Octobre prochain le 25° anniversaire de
l'élection de M. De Lantsheere comme mem-
bre de la Chambre des représentants. A cette
occasion, il sera offert un banquet k l'hono-
rable ministre d'Etat.
L'aide magon Francois Uitenhove, agé de
20 ans, demeurantk Wervicq, avait disparu
depuis le Lundi de la dernière semaine. Sa
medi on a retiré son cadavre des eaux de la
Lys. La tête était tout ensanglantée, ce qui
fait présumer qu'Uitenhove a été la vietime
d'une lkche attentat.
Le malheureux jeune horame était d'une
bonne conduite et était le soutien de sa mère
qui est veuve.
Monsieur Alphonse de Bisschop, ancien
élève du Collége épiscopal d'Ypres a subi
avec grande distinction l'épreuve du premier
doctoral en droit k l'université de Louvain.
Monsieur Edmond De Saegher, élève du
Collége épiscopal d'Ypres a subi avec satis
faction 1 épreuve du second doctoral en droit
k l'uni versité de Louvain.
jniblique et populaire
de la ville d'Ypres.
LISTE DES OUTRAGES
entrés du E Juillet au 30 Septembre.
Les ouvrages marqués d'un proviennent
d'achats, les autres de dons.)
Chev. F,dm. Marchal. Académie royale,.,
de Belgique. Notices biograpliiques et
bibliographiquesconcernantles membres..
Brux., Rayez, 1897; in 12°.
Annates de la fédération archéologique et
historique de Belgique. Congrès de Gand.
Tome II. Gand, Sifter, 1897in-8*.
Bertrand (Louis). Le logement del'ouvrier
et du pauvre en Belgique, avecune préface
sur l'bygiène des habitations par le drC.
De Paepe. Brux. 1888. In 12°.
Hymans (P.) et Delcroix (A Histoire
parlementaire de la Belgique. 3e série. 5%
6e et 7° fase. Brux Bruylant, 1897in-8*.
Annuaire de la société liégeoise de littérature
walloinie. 1895. Liége, Desoer, 1896;
in 42°.