Le collége moderne.
Variétés.
Noces d'or.
Nécrologie.
Et ces autres paroles du même apötre
Si quelqu'un enseigne autrement et n'ac-
quiesce point aux saintes paroles de Notre
Seigneur Jésus-Christet k la doctrine qui est
selon la pitié, c'est un orgueilleux, qui ne
sait rien, mais qui languit sur des questions
et des disputes de mots d'oü naissent les ja
lousies, les contestations, les diffamations,
les mauvais soupgons, les querelles d'hom-
mes corrompus d'esprit et privés de la véri-
té. »(I. Tim. VI, 3-5.)
Plusieurs de nos lecteurs s'étonnent que
nous ne nous occupions guère du collége ci-
devant de l'Union, aujourd'hui le collége mo
derne.
Qu'ils daignent nous entendre
Le collége moderne est une institution
privée, qui ne coüte pas un sou aux contri-
buables. Partisan de la liberté d'enseigne-
ment, le Journal d'Ypres ne peut s'empêcher
de rendre hommage k l'initiative privée d'oü
qu'elle émane et son plus grand désir est de
voir les libéraux, les radicaux et les socia-
listes ériger des établissements d'enseigne-
ment supérieur, moyen et primaire, de leurs
deniers, k l'instar des catholiques, qui ont
fait pour l'instruclion,k tous les dégrés, des
sacrifices considérables.
Si tous les libéraux suivaient l'exemple de
ceux qui ont érigé le collége moderne, en
donnant, bien entendu.une grande extension
leurs efforts,la question scolaire serait bien
vité résolue. Chaque parti aurait ses écoles
et Ton pourrait les subsidier au prorata du
nombre de leurs élèves.
C'est un système soutenable et beaucoup
de nos amis s'y rallieraient.
Nos lecteurs comprennent déjk, croyons
nous, pourquoi nous laissons dans l'ombre
le Collége moderne.
Est-ce k dire que nous voulops, ne fut-
ce que par notre silence, encourager
l'oeuvre radicale entreprise k Ypres Poser
la question, c'est la résoudre.
Le collége moderne n'a pas plus nos sym-
pathiques que celles du public. Son enseig-
nement soi-disant neutre ne vaut pas mieux
que celui des écoles officielies,dites libérales.
L'esprit de l'établissement est antireligieux,
et puisqu'il est soutenu et dirigé k peu prés
dans le même sens que la Zwanze-Université
de Bruxelles, on peut-dire, sans crainte de
se tromper, qu'il est antisocial. Aussi ne
pouvons nous que mettre en garde les parents
qui auraient la mauvaise inspiration de con-
fier leurs enfants k l'établissement en ques
tion.
N'avons-nous pas vu un de ses professeurs
faire, l'an dernier, une propagande électo-
rale en compagnie de la fine fleur du socia
lisme yprois et des candidats de la sociale?
Voilk pour l'esprit du collége moderne.
Quant k son enseignement didactique, nous
n'en avons cure.Qu'il soit bien ou mal donné,
c'est qu'il ne brille pas précisément par ses
succès dans les concours.
Mais nos lecteurs, qui nous reprochent de
ne pas nous occuper du collége moderne,
visent autre chose. lis nous semblent repro-
cher au collége échevinal d'avoir autorisé la
tombola organisée au profit de l'établisse
ment radico-socialiste.
Nous ne sommes point de leur avis.Comme
nous le disions plus haut, le collége moderne
est une émanation de la liberté. II ne faut
pas que les pouvoirs publics, sous quelque
prétexte que ce soit, entravent la liberté d'en-
seignement. Le temps est passé oü les libé
raux faisaient la guerre k l'enseignement
privé et catholique. Nos amis doivent mon-
trer qu'ils sont autrement libéraux que leurs
prédécesseurs, qui n'auraient point autorisé
une tombola en faveur d'une oeuvre libre. S1
jamais ces derniers revenaient au pouvoir,
on pourra leur objecter l'exemple donné par
notre édilité catholique.
Pour refuser son autorisation, le collége
des Bourgmestre et Echevins, eut dii s'ap-
puyer sur les détestables arguments qui
avaient vogués sous le ministère Van Hum-
beeck, de triste et coüteuse mémoire. Nous
félicitons nos amis de n'avoir pas recours k
une coquinerie politique pour entraver une
liberté constitutionnelle.
Du reste, ne donne qui ne veut. Les lots
sont k quatre sous. C'est peu de chose, mais
encore les propagateurs de l'oeuvre ne s'adres-
sent qu'k leurs amis. II parait que les amis se
font attendre. Cela ne nous étonne pas;
mais cela ne nous regarde pas non plus.
Nous verrons si la générosité libérale peut
produire les merveilles de la charité catholi
que. Nous en doutons, s'il est vrai que nos
adversaires sont toujours.... tous pingres.
Et vraiment le Collége Moderne a bien
besoin d'être secouru. C'est le moment pour
les gros bonnets radicaux d'ouvrir leurs
cceurs et leurs bourses.
Car le pauvre collége est dans la dèche.
J1 lui faut, parait-il, vingt mille francs pour
payer les professeurs. Que des lots k 20 cen
times! Allez, les amis, un bon mouvement!
II ne faut pas que l'on puisse dire que votre
unique oeuvre libérale périclite et meurt faute
de ressources. Au nom de la liberté d'ensei-
gnement, soyez généreux, ne fut ce qu'une
fois dans votre vie
Et faites vite, s'il vous plait, car demain ce
sera peut-être trop tard. Votre collége est
non seulement dans la dêche, il est en....
instance.
Un ami de la liberté.
Veilles chroniques et légendes
Yproises. (Suite)
La peste d'Ypres en 1490.
L'année 1490,1a peste asialique se déclara
k Ypres et y fit des milliers de victimes pen
dant 18 longs mois. Ypres, qui, jusquk cette
époque, était une des villes les plus floris
sante» de la Flandre, vit dater sa décadence
de ce tempsc'est pourquoi de nos
jours encore, les souvenirs du peuple nom-
ment cette atroce épidémie, qui dépleupla
notre cité, il y a prés de quatre siècles La
mort d'Ypres.
Les autorités de la ville ne négligèrent
cependant aucune précaution pour enrayer
la maladie, mais k la fin, quanó la mortalité
devint épouvantable, une véritable anarchie
règnait en ville toutes les affaires élaient
suspendues, k part celles qui regardaient
les comestibles, qui se vendaient k huit clos
et le plus souvent pendant la nuitil n'y
avait plus de jours de marché personne ne
sortait de sa maison qu'en cas de néeessité
absolue, ce qui faisait que les rues et places
publiques étaient désertes et plongées dans
un morne silence, troublé seulement, une
fois par jour, par la sonnerie d'une cloche,
attachée k une charrette, destinée k empor-
ter les cadavres des pestiférés. Tous ceux
qui avaient des morts chez eux, de quelle
condition sociale qu'ils fussent, étaient obli-
gés de les jeter sur cette charrette, couverte
d'une bache en toile blanche. La charrette
se dirigeait alors vers la porte de Boesinghe
et les morts élaient enterrés dans de grands
puits, creusés le long du canal k l'endroit
dit Barmc'est-k-dis e du cöté des prai
ries qu'on appelle encore aujourd'hui barm-
landen. Quand un prêtre devait adminis-
trer un pestitéré, on p'-atiquait un trou dans
le mur, puis le St Sacrement était avancé
sur un échalas (paal) enmanché d'un long
baton.
Du moment que la maladie se déclarait
dans une maison, ori la marquait d'une barre
blanche. De même ceux qui étaient guéris,
étaient obligés de porter une baguette blanche
quand ils sortaient et les gens qui les ren-
contraient en rue, se détournaient vivement
afin d'éviter les émanations de leur haleine.
Quand on faisait des. paiements, l'argent
était jeté au préalable dans un seau deau,
pour le laver et le purifier cette eau, dans
toutes les maisons de négoce, était renouve-
lée chaque jour.
Les raalades indigents étaient transportés
hors ville, pour v être soignés dans des
locaux en bois, situés hors de la porte de
Dixmude, dans un endroit élevé k proximité
du Barm et oü est maintenant la commune
de St Jean, qu'on appelle encore, pour ce
motif, parmi le peuple hoogezieken.
Quand la mortalité fut k son apogée, l'af-
folement devint tel que personne ne voulut
plus chercher les morts, ce qui fit qu'après
la fin de l'épidémie, en faisant des fouilles j
dans les maisons abandonnées, on y trouva
des centaines de cadavres en putréfaction.
Dans une maison rue d'Anvers on trouva
ainsi le cadavre d'une vieille veuve, renom-
mée pour ses vertus et sa piété, agenouillée
devant un crucifix et morte en récitant son
chapelet. Le corps n'exhalait aucune odeur
de corruption, malgré qu'il fut mort depuis
deux mois environ, personne n'étant entré
ou sorti de cette demeure depuis cette époque;
elle vivait seule, son mari, sa fille et deux
fils étaient morts de la peste, sept mois aupa-
ravant.
Ses amis la tirententerrer au cimetière de
St Pierre, paroisse dont elle était originaire,
el firent placer une pierre commémorative
sur le mur d'une des maisons du cóté nord
du cimetière.
Dans une maison,rue de l'Etoile,on trouva
les cadavresd'un homme.de safemmeet de son
enfant que cette dernière tenait pressé contre
sa poitrine. Dans la chambre oü ces morts
se trouvaient, les personnes qui les aperpu-
rent, s'enfuirent épouvantés k la vue d'un
serpent long de 13 pieds et gros comme une
cuisse, qui sautait autour de cette pièce. On
dut l'abattre k coups de mousquetet dehache.
Dans une maison,Marché au bois, on trou
va le cadavre d'un jeune noble Anglais,
habillé en femme et de deux enfants. Le
corps de 1'Anglais fut reconnu par un mar-
chand qui raconta que ce jeune homme
ayant tué d'un coup d'arbalète dans son jar-
din, par accident, sa propre mère, avait tui
sapatrie. Quand on voulut brüler ses effets
on trouva cousus dans ses vêtements témi-
nins, des bijoux de grande valeur.
Des crimes atroces, dont le vol était le
mobile, furent également commis k cette
époque néfaste et imputés aux garde-malades
des pestiférés, qu'on nommait reeuwers et
qui étaient généralement des pestiférés guéris.
Rue du Sud rue de Lille k présent
on trouva ainsi le cadavre d'une riche veuve,
le cou tranché et pas un liard ne fut décou
vert dans la maison.
Rue de la Bouche, on découvrit dans une
citerne une fille assassinée dont les père et
mère étaient morts de la peste.
Dans une autre maison,rue du Marais, les
parents étaient morts de la peste et leur jeune
enfant de deux ang mort de faimon le trouva
ayant rongé la chair d'une de ses mains.Dans
le grenier de cette même maison, on trouva
le cadavre d'un vieillard de 103 ans mort
aussi de la peste.
Des fails d une autre nature arrivèrent
également. Plusieurs maisons dont les habi
tants élaient morts furent complètement dé-
valisées.Dans d'autres.des gens s'installèrent
tout bonnementen s'appropriant tout ce qui
s'y trouvait.
A Bixschote le fermier d'une grande mé-
tairie qui avait un arrièré de trois années de
bail, s'empara da la ferme, ses propriétaires
étant morts de la peste.
Un cabaretier, au Marché aux Bêtes, en fit
de même pour son cabarêt et ce ne fut que
53 années après que les descendants du pro-
priélaire légitirne s'aperpurent de la chose.
Dans toute la ville d'Ypres, il y avait k
peine 20 enfants en bas age, échappés k la
contagion.
Quand la ville fut délivrée de l'horrible
maladie, les parents de ces enfants les réu-
nissaient k tour de róle chez eux et leur
offraient un régal.
Dieu préserve le monde de pareilles
horreurs (A continuer.)
Lundi passé les époux Pinle, habitant
rue des Plats, célébraient leurs noces d'or.
A neuf heures du matin, toute la noce en
landaus partit aux sons joyeux du carillon
pour 1'Hotel de Ville oü M. l'Echevin
Berghman adressa aux heureux jubilaires un
i charmant discours de circonstance.- Après
les cérémonies civiles, le cortège se rendit k
l'église de St Pierre, oü il fut solennellement
repu sous le porche par le clergé paroissial.
Une messe d'actions de grace fut chantée su
jubé par les meilleurs chantres de la ville et,
k l'offertoire, M. Gust. Wenes, Maitre de
Chapelle de St Jacques, chanta un Ave Maria
avec accompagnement d'orgue et de violon,
par MM. Baratto et Alb. Van Egroo.
A midi, toute la noce partit pour le Cercle
Catholique oü un grand diner fut servi par
lessoins de M. Charles Woets, limonadier.
Le soir, une sérénade fut donnée par un
groupe de musiciens de la Grande Fanfare,
sous la direction de M. Ern. Wenes. Une
foule énarme circula jusque tard dans la
soirée dans les rues du quartier St Pierre,
brillamment ornées, pavoisées et illuminées.
Nous souhaitons aux heureux jubilaires
de pouvoir célébrer en 1907 leurs noces de
diamant
Le parti catholique Yprois vient de subir
une nouvelle et douloureuse perte en la per
sonne de M. Pierre Bouquet, décédé hier
Mardi, en sa demeure, rue de Lille, presque
subitement, k l'age de 63 ans.
M. Bouquet était conseilier communal
depuis Novembre 1895. II faisait partie de
la série sortant en 1899. Comme conseilier
communal, il s'est distingué par plusieurs
propositions utiles, que nous avons repro
duces en temps et lieu.
I! était membre de toutes nos sociétés
catholiques et membre des plus actif. Pré
sident du comité de l'arrondissement des
mutualités et de la société des habitations
ouvrières, il avait pris part k la fondation de
la plupart des sociétés de l'arrondissement.
Dans notre dernier numéro, nous avons ren
du comple encore de l'érection de la société
de secours mutuels qu'il était allé installer k
Dranoutre.
Toujours affable, bon, généreux, dévoué,
M. Bouquet jouissait en ville d'une grande
influence auprès de la classe ouvrière, qu
représentait spécialement k l'Hótel da Ville.
Sa mort sera vivement ressentie par nos
amis et par les ouvriers et les pauvres de la
ville. Des hommes comme lui ne sont pas
facilement remplacés.
Nous présentons k son honorable fafflil'0
fexpression de notre sineère condoléance.
Les funérailles du défunt auront lieu>
Lundi prochain. Toute la ville tiendra k ren
dre un dernier et public hommage k notre