CMMM/QMÏ&&ÊIE Enterré comme un chien. AlJ VOLKSHUIS. Le Banquet traditionnel. Encore la suppression de l'Académie. avec respect sesrestes,et ce qui lui aappartenu, ses ceuvres, ses bijoux, ses cheveux. De même nous comprenons la vieille fllle qui pleure son caniche mort, ou son perroquet, et qui les fait empailler. Seulement, c'est la une satisfaction que vous accordez h votre sentiment, h votre admiration, a votre respect. Vous n'expliquez pas que le culte professé par vous pour un sou venir qui vous est cher, soit obligatoire pour tout le monde. Vous ne pouvez vous soustraire aux logiques conclusions de vos prémisses que par des phrases sentimentales. Ce n'est pas de la poésie qu'on vous demande, M. Denis, mais des syllogismes et des diagrammes. Ce qu'il y a de plus clair, c'est que vous cher- chez a vous étourdir en nous injuriant; c'est que la vue des conséquenses auxquelles votre doctrine aboutit répugne h votre orgueil de Fils parvenus. Vous n'avez pas le courage de Baudelaire, qui, arrêté devant une charogne autour de laquelle voletaient les mouches, disait a sa maitresse Et pourtant, vous serez semblable a cette ordure, O mort ange, 6 ma passion!... Et il y a autre chose encore que l'orgueil qui se révolte en vous; c'est le sens commun, c'est cette certitude qui se retrouve jusque dans les peuplades les plus arriérées, et qui, partout, im pose le respect des tombeaux, parceque nous ne sommes pas des brutes après tout, quoiqu'en dise votre science matérialiste, et parce que nous savons bien que tout ne Unit pas quand notre chair se pourrit. Chez certains sauvages descendusau dernier degré de la barbarie, cette croyance peut s'être déformée,mais ce n'estpas en vain qu'en Europe dix-huit siècles de christianisme ont pétri la conscience publique et les moeurs. De même que eertaines régies morales, profondément en- racinées dans notre civilisation, ont survécu au naufrage de la foi, ainsi des vestiges d'habitu- des chrétiennes, des traditions et des aspirations subsistent en dépit de la propagande des maté- rialistes, et subsistent chez ces matérialistes eux-mêmes. Tel le respect pour les morts. Tel aussi l'indestructible espoir en une vie future. Voila pourquoi lant de fils de la béte qui ont insulté TEglise et bravé ses commande- ments durant toute leur vie, s'écrient quand le dernier moment approche Je ne veux pour tant pas mourir comme un chien.» Voila aussi pourquoi une certaine catégorie de fils de la béte tantqu'ils sonten bonne santé, assiégent le domicile du moribond pour en écarter le prêtre, et enlèvent parfois de force, contre le voeu de la familie,en vertu de quelque codicille désavoué,le cadavre de leur camarade réconcilié avec Dieu. Soit, ils ne l'enterrent pas comme un chien; mais ils l'emportent comme une proie et le brandissent comme un trophée... Ces démonstrations agressives n'ont rien de commun avec le respect de la mort. Elles sont inspirées par ledésir de froisser le sentiment religieux. Ce qui le prouve, ce ne sont pas seu lement les discours que vous prononcez devant les lombes ouvertes, c'est la rage avec laquelle vous disputez aux families, pour l'ensevelir e n ter re non bénite la dépouille du libre penseur converti, tandis que, le lendemain, vous invoquez le secoursdes tribunaux pour imposer a TEglise la sépulture en ter re bénite du fils de la béte impénitent. Ce n'est done pas, fils, contre votre respect de la mort que nous protestons c'est contre les outrages a TEglise, dont vos cérémonies funè- bres sont souvent l'occasion, outrages qui vont, parfois, jusqu'a violer le désir supreme du dé- funt, e'est-h-dire jusqu'h profaner un cadavre. Et lorsque, avec de grands gestes et de grands cris.^vous ripostez que nous insultons vos morts, lorsque vous vous abritez derrière ces morts dans l'espérance de pouvoir impuné- ment nous injurier, vous évoquez en nous le souvenir de ces sauvages qui envoienl des flè- ches k l'ennemi, retranchés derrière leurs pri- sonniers. Chrétiens, nous flétrissons un pareil abus du cadavre, tout juste parceque nous respectons les restes humains. Nous les respectons, parce que la dépouille humaine n'est pas seulement, a nos yeux, un résidu qui va disparaitre dans le continuel travail de la nature, mais la mor- telle enveloppe oü l'ame a siégé, lutté et souf- fert, et qui est destinée k la Résurrection. Et notre respect n'est pas limité aux restes de ceux- a seuls qui sont morts dans la foi catholique. II s'étend aux restes de tous les hommes, même de ceux qui sont morts en dehors de la foi. Car tóus les hommes sont destiués a la Résurrec tion, et il ne nous appartient pas a nous, rele vant de la Justice divine, de juger nous-mêmes. Tel est le fondement du respect dü aux tom beaux. Nous n'en connaissons pas d'autre. A propos de l'expression Enterré comme un chien, La Latte apprend h ses lecteurs qu'if existe un canton du pays wallon oü l'ex pression enterré comme un chien de Madame de S.... est appliquée aux enterrements religieux, depuis quune vieille chatelaine dévote, richest maniaquea fait enterrer ses chiens morts dans une chapelle hénie par le clergé... Tous les habitants du canton libre-penseurs comme croyants ont trouvé ridicule et bldmable la profanation de la religion a laquelle la riche chatelaine a su entrainer le curé de son village. Nos lecteurs remarqueront que La Lutte se garde de citer le nom de la chatelaine et celui du curé. Elle n'ose même pas nomroer le village! On devine pourquoi. Elle pousse même la prudence jusqu'k ne pas désigner le canton oil le fait se serait passé. Allons, véridique consoeur, un peu de franchise, II ne faut pas ainsi tromper sciem- ment vos lecteurs. Le nom, s'il vous plait, du village. Nous l'irons dire au curé et k la chhtelaine, et nous verrons alors si vous aurez le courage de répéter votre histoire. Toujours le système de Voltairementez, mentez hardiment; il en restera toujeurs quelque chose. Dimanche soir, h 7 heures précises, a eu lieu, au Volkshuis le Banquet annuel de la Jeune Garde Catholique. Comme les années précédentes, la plupart des membres bonoraires et presque tous les membres efïectifs 800 k 900 convives ont pris part k ces agapes fraternelles. A l'heure des toasts, M. le Chanoine De Brouwer, curé doyen de St-Martin, a bu k la santé et aux longues années de Léon XIII, le grand pontife, l'ami des ouvriers, qui com- mande k tous et qui a droit k tout notre res pect et k toute notre affection. M. Iweins d'Eeckhoutte, Député et prési dent d'honneur de la Garde, a porté la santé du Roi et de la familie royale. Ses accents patriotiques ont provoqué, comme les paroles chrétiennes deM. le Doyeri, les applaudisse- ments entbousiastes de Tassemblée. Le Président, M. Ernest Seys a proposé de boire k ['administration communale et spécialement k M. l'Echevin Colaert, dont il a rappelé, avec beaucoup d'k propos, l'entrée au conseil communal, il y a dix ans. L'ora- teut' a insisté sur les travaux exécutés par l'administration actuelle et rendu hommage k la mémoire de MM. Bieyne-Devos et. Bou quet que la mort vient d'enlever. II a insisté sur le devoir des membres de la Garde d'ame- ner des compagnons, afin d'augmenter en core le nombre déjk si considérable de gar des cathohques. Son langage a été longue- ment applaudi. M. l'Echevin Colaert, remplapant M. le Bourgmestre, retenu chez lui par la mort d'un membre de sa familie, a répondu k M. Seys. Dans une éloquente improvisation, l'orateur populaire a rappelé les luttes pré cédentes qui, depuis 1887, ont été une suite de triomphes éclatants pour la cause catho lique. Rendant kson tour hommage k la mémoire de MM, Bieyne-Devos et Bouquet, il a dit qu'k l'élection prochame, ce dernier candidat du Volkshuis, serait remplacé par un can didat proposé par la maison du peuple (ap probation). Au milieu du silence, commandé par sa voix vibrante et son expression chaleureuse, M. Colaert a démontré, en peu de mots, que l'administration catholique, malgré les énor- mes travaux exéculés depuis six ans, a placé les finances de la ville dans une situation des plus prospères. Parlant de l'enseignement, l'honorable Echevin a engagé les membres du «Volks huis» k donner k ieurs enfants une éduca- tion chrétienne. Elevez vos enfants, dit-il, dans la crainte de Dieu. Donnez leur l'exem- ple de la vertu, au foyer domestique. Ne les scandalisez jamais par des actes blamables ou des paroles dangereuses. Prêchez leur la tempérance. Vous ferez de vos enfants des citoyens utiles k la Patrie et k l'Eglise. Et quand vous en aurez fait de bons citoyens, vous en aurez fait aussi des électeurs catho- liques, comme vous l'êtes vous-mêmes. Eu se rendant k sa place l'orateur regoit une ovation et les chaleureuses félicitations de ses amis. Quel dommage que nous ne puissions pu blier qu'un résumé succinct et bien pale de l'allocution si pleine de verve de notre sym- pathique Echevin,vrai tribun,qui sait remuer si profondément les ames et profiter de toutes les circonstauces pour donner d'utiles con- seils La réunion se termine k 9 heures et demie, et la foule se retire dans l'ordre le plus par fait. Encore une fête qui laissera les meil- leurs souvenirs. Le Progrès et La Lutte après le Weekblad qui ne dit plus rien s'occu- pent de la suppression de l'Académie. L'organe doctrinaire prétend que nous lui avons répondu par Vinjure. Oü le Progrès a-t-il vu la moindre injure dans notre réponse? II voudra bien le dire dans son prochain numéro. Nous avons donné les raisons pour les- quelles l'administration communale a cru devoir supprimer l'Académie.Que l'on discute ces raisons, rien de mieux. Du choc des idéés jaillit la lumière. Mais que l'on traite de saugrenues les considérations que le collége échevinal,après la Commission de l'Académie elle-même, a fait valoir pour justifier cette suppression, cela dépasse la permission et nous avons bien le droit de dire, croyons- rtous, sans devoir passer pour des gens a injures, que le plus saugrenu n'est pas celui que pense le Progrès. Sans dome, notre confrère, pour nous faire plaisir, ne doit pas partager dans foc- currence les idéés de ses amis qui siègent dans la Commission de l'Académie et de l'École Industriellemais nous estimons que leur avis compte pour quelque chose, et nous répétons qu'ils sont suffisamment compétents et indépendants pour ne pas se laisser vaincre par des considérations saugrenues La Lutte discute ?u moins, celle-lk. Elle trouve que M. Colaert, qui a développé la proposition ne s est guère donné la peine de la justifier solidement. La proposition a done été justi/iée, mais pas solidement. Cela n'est déjk pas si saugrenu. Nous voulons bien discuter avec la Lutte et examiner les trois motifs principaux en faveur de la suppression. Nous répondrons en même temps au Progrès qui ne fait qu'in- diquerces trois motifs principaux, sans les i éfutt-r. El d'abord la diminution du nombre des élèves. La Lutte demande poliment s'il n'y aval. pas aoyen d'enrayer cette diminution. Nous nele pensons pas; car la diminution provient de ce que les parents préfèrent envoyer leurs enfants k l'École Iadustrielle oü les cours sont plus pratiques et partant plus utiles. Nous répétons que tous les cours de l'Académie peuvent être donnés et le seront k l'École Industrielle,sauf la classedu modèle vivant, oü il n'y avait que deux ou trois élèves, souvent même un seul, toujours ou presque toujours le même ou les mêmes. Er.suite, di/ficultés a faire exécuter le pro gramme-type. II faudrait dire impossibilité. Le Département des Beaux-Arts exige la eréa- tion dune section préparatoire absolument ideritique k celle qui existe k l'École Indus trielle et qui est exigée aussi par le Départe ment de l'Industrie et du Travail. Franche- ment, une petite ville peut elle être astreinte k ce parellélisme encombrant et coüteux Y a-t il quelque utilité k maintenir un double organisme ayant le même but, rendant les mêmes services, pour le plaisir de dire nous avons une Académie et urie École in dustrielle Et ce n'est pas tout: il faillait donner k l'Académie un cours d'Architecture, faisant double emploi avec celui qui existe k l'École Industrielle. Encore une fois quelle utilité y avait-t-il k établir un cours k cóié de celui qui fonciionne déjk M.le conseiller D'Huvettere.qui paraissait d'aboid hostile k la suppression de l'Académie des Beaux-Arts, s'est laissé convaincre comme MM. Gravel et Poupart, en voyant fonctionner l'École Industrielle. Ce n'est que l'ense\gne qui disparait, disait il fort bien au Conseil Gommunal. En effet, l'Académie est jointe hl École Industrielle et les deux éta- blissements ne foment plus qu'un seul. Tous les cours y sont donnés, sauf la classe du modèle vivant dont l'utilité est fort contesta ble et contestée. Enfin, dépense inutile pour la ville de 4 ct 6000 francs. Une dépense pour l'ensei gnement ne peutêtre inutile, dit La Lutte, que si les cours qui la nécessitent sont inutiles. Mais précisément,consoeur, c'est ce que nous disons: II est inutile de donner k l'Académie les cours qui se donnentk l'École Industrielle. II serait inutile aussi, parexemple, d'ériger une école d adultes, les classes qui s'y donne- raient faisant déjk partie de celles de l'École Industrielle. L'Administration Communale a donné h i'École Industrielle un développement tel que les élèves, sortant des écoles primaires, pourront entretenir les matières de l'ensei gnement primaire, tout en apprenant le maniement des outils et les choses nécessai res k l'apprentissage de leur métier. Si La Lutte désire connaitre le program- me de l'École Industrielle, nous le lui proeu- rerofis. Si de plus elle veut comprendre que les dépenses faites pour l'Académie étaient inutiles, nous engageons sa rédaction k s'adresser au Président de la Gommission qui a invité le public k aller visiter les installa tions de l'École. Nous sommes convaincus qu'api ès une seulc visite notre consoeur ap- prou vera toutes les mesures prises par l'Ad- ministration Communale, même le change ment de nom oud'enseigne donné k l'ancienne dénoraination Académie des Beaux-Arts et École Industrielle. Daignera-t elle répondre k cette invitation? si non, nous-aurons le droit de dire quelle ne veut pas être convaincue. Nous avons déjk répondu h l'objection qui consiste k dire: la ville a un excédent de 115,000 francs, et elle recule devant une dépense de 4 000 francs11 n'est pas permis k la ville, quelque florissant que soit l'état de ses finances, de faire une dépense inutile, ne füt-elle que de 100 francs. La bonne gestion 0

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1897 | | pagina 2