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7O1I0
Mercredi 19 Janvier 1898.
10 centimes le N°.
33# Année. N° 3310
lis:
FRANCE.
Autriche-Hongrie.
Angleterre,
La liberté en régime
collectivisme.
Grande Fanfare.
Correspondance.
aisu~vi
On s'abonne rue du Bearre, 36, a Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume.
L'affaire Esterhazy.
C'est hier que le conseii de guerre a
commence lexamen del'affaire Wal-
sin-Esterhazy accuse par M. Mathieu
Dreyfus d'être l'auteur du bordereau
qui entraina la condamnation en Dé
cembre 1894 du capitaine Dreyfus,
son frère, a la deportation perpétuelle
et a la degradation pour crime de
haute trahison.
Dès l'ouverture de 1'audience, le
conseii, statuant sur les requisitions
du commissaire du gouvernement qui
réclamait le huis-clos, a decide par 5
voix contre 2 que les débats seront
publics jusqu'au moment oü la publi
cité paraitra devenir dangereuse pour
la defense nationale.
L'interrogatoire n'a rien appris de
nouveau. Esterhazy a declare qu'il a
été mis au courant de la conspiration
Dreyfus par une dame voilée et que,
par respect pour cette bienfaitrice, il
n'a pas voulu chercher a découvrir
qui elle est.
L audition des témoins a commence
ensuite par la deposition de M. Mathieu
Dreyfus, qui a fait une dissertation
graphologique le commandant a,
dit-il, inodifïé son écriture depuis la
condamnation du capitaine Dreyfus,
et ce fait est, a mon sens, dune im
portance capitale.
Sur une interpellation de Me Téze-
nas, qui a demandé d'oü venait 1'ar-
gent qui payait la campagne menée
en faveur du condamné de l'ïlot du
Diable, M. Mathieu Dreyfus répondit
«Cela ue vous regarde pas.» Cette ré-
ponse a provoqué dans la salie uue
vive agitation. Quelqu'un dans le pu
blic crie Misérable
M. Scheurer-Kestner a été ensuite
entendu. II a exposé comment il a
acquis la conviction de l'innocence de
Dreyfus que d'abord il a cru coupable,
commo tout le monde.
Après audition de quelques té
moins, le conseii a prononcé le huis-
clos pour la suite des débats.
Pendant la partiè de l'audience qui
a eu lieu a huis-clos le conseii de
guerre n'a entendu que le colonel
Picquart.
Sa deposition a duré plus d'une
heure. Naturellement nous ne savons
rien de ce qui s'est passé a ce moment-
la, mais le Petit Journal dit que lors-
que le colonel Picquart est sorti un
peu après 7 heures pour rentrer chez
lui, il a ditOuije suis encore
libre ce soir.
En elïet, le public et les journaux
de ce matiu constatent que l'accusé
d'hier ce nest pas le commandant
Esterhazy, c'est le colonel Picquart.
Et il serait arrêté d'ici peu que cela
ne le surprendrait pas lui-même.
Le Gaulois en insistant sur le röle
du colonel Picquart dit Ce n est pas
sans une profonde tristesse que nous
voyons un brillant officier menacé de
prendre sur la sellette la place qu'a-
bandonnera demain le commandant
Esterhazy. Maintenant que tout est
fini ou le sera dans quelques heures,
on peut mesurer l'étendue du mal
causé par ceux qui ont, voulu ressus-
citer l'affaire Dreyfus.
Ouverture de la Diète de Bohème.
Prague, 10 Janvier.
La Diète a été ouverte aujourd hui.
Les grands propriétaires proposent la
nomination d'une commission de 24
membres pour faire des propositions
pour le réglement de l'usage des deux
langues. Les libéraux proposent l'abo-
lition des ordonnances des langues.
Après plusieurs interpellations sans
importance, la séance est close sans
incidents.
Le Club tchèque a decide de pu
blier une proclamation dans laquelle,
faisant allusion a l'ouverture de la
Diète de Bohème, ilexprime la con
viction que le peuple tchèque se mon-
trera le gardien de l'ordre et que les
excès ne pourront servir qu'a ceux qui
cherchent par des provocations a pous-
ser le peuple tchèque a des actes ir-
réfléchis.
Londres, 10 Janvier.
La Gazette officielle de Londres an
nonce 1 annexion de l'Amatongaland
au territoire connu sous le nom de
Zoulouland et celle du Zoulouland a la
colonie de Natal. En consequence, les
trois chefs zoulous exilés a Sainte-
Hélène il y a quelques atinées, out été
autorisés a rentrer dans leur pays.
Sous ce tilre Constitution de la société
future, un écrivain collectivisie suisse, M.
G. Renard, vient de publier dans la Revue
socialiste, de Paris, un article dont la fran
chise fait un singulier contraste avec toutes
les équivoques dans lesquellcs se complaisent
aujourd hui les pachas repus du socialisme
beige.
Dans la livraison de Novembre, M. Renard
décril le régime politique d'une société col-
lectiviste dans celle de Décembre, il fait
connaitre le régime industriel d'une sociéié
collectiviste.
La Meuse trouvequeM. Renard est logi-
que. Ayant proelamé un principe, il n'essaye
pas, comrne nos socialistes, de cacher ni de
nier les conséquences qui en découlent néces-
sairement, il ne fait pas de distinctions sub-
tiles entre la petite et la grande propriélé.
Ainsi, en lête du chapitre touchant l'organi-
sation de la production, il dit carrément j
ceci
La nation, ayant la propriété in-
divise des terres et des moyens de
production, peut être considérée com
rne un propriétaire unique exploitant
son propre domaine...» (Page 658.)
A la page 662. il dit
La société, ayant le devoir de
satisfaire aux besoins primordiaux de
tous les eitoyens, a, par la même, le
droit de requérir la somme de travail
qu exiqe leur satisfaction.
Done, point de doute possible l'Etat col
lectiviste éiarit l'unique propriétaire et le
patron unique, tous les eitoyens seront néces-
sairement dépendants de l'Etat. Gelui-ci assi-
goera it chacua sa fonction et déterminera
aussi le taux des salaires.
On sedemande Sous le régime collecti
viste, les eitoyens ne pourront-ils pas au
moins choisir librement une profession ?M.
Renard répond Non. Gar, dit-il, avec
cette liberté, certairis métiers seraient en
combrés, certains autres seraient désertés
Cela est incontestable.
Quant aux travaux répugnants, M. Renrrd
dit (p. 670 que i'Eiat collectiviste en ferail
un service commandé, qui serait une s'orte
de service militaire, dont personne ne «erait
exempté.
Les littérateurs, peintres, musiciens etc.
seront désignés par l'Etat, la société étant
maltresse, dit M. Renard, de consacrer k la
satisfaction des besoins esthétiques la somme
de ressources qu'il lui plait (p. 671
L'aveu est completaucune place n'est
réservée dans le régime collectiviste, la
liberté et l'initiative individuelles.
II faut louer M. Renard de sa franchise.
(La Patrie.)
Samedi prochain 8 iheures,
Soiree Tabagie a la Salie Iweins,
Nous recevons la lettre suivante
A Monsieur le Rédacteur
du Journal d'Ypres.
Monsieur,
J'ai lu avec attention tout ce qui vient
d'être écrit par MM. le Bourgmestre et A.
Merghelynck au sujet de nos monuments
et paries journaux qui s'occupent de cette
question si intéressante.
M'étant occupé möi-rnême depuis long-
temps de tout ce qui concerne l'art yprois,
en amateur,et sans avoir la prétentiön d'être
un artiste ou un archéologue, il me serait
agréable de pouvoir recourir au Journal d'Y
pres pour dormer la publicité k des iddes
qui me sont cbères et qui me sont unique-
ment inspirées par le désir d'être utile k ma
ville natale.
Si vous voulez bieu m'accorder voire hos-
pitalité, je vous enverrai, pour voire pro
chain numéro, un article oü j'exposerai mes
idéés et mes vues.
Agréez, Monsieur etc.
Réponse.
11 notis est impossible, Morfsieur
nolre abonné, de vous promettré dès
maintenant de vous donner satisfac
tion. Mais euvoyez nous tbujours
votre article. Nous verrons après s'il
nous convient de publier dans hós co
lonnes vos idéés et vos vues.
Si vous exp.osez ces idees et ces vues
d'une facon impartiale, vous pouvez
recourir hardiment a la publicité de
notre journal, sous réserve bieu en
tendu pour nous de vous répond re a
notre tour et de vous laisser la res-
ponsabilité de votre écrit.
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