wir!
Nos Monuments.
i
m
Mercredi 26 Janvier 1898
10 centimes le (V°.
33e Année. N° 3314.
1
Au Transvaal.
L'agitation antisémite.
La flotte britannique dans
les eaux Chinoises.
BOUCAN SOCIALEUX.
Q
On s'abonne rue du Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaurre.
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de rabonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sns.
Les abonnements sont d'un an et se réppilarisent fin Décembre.
Les articles et communications doivent être adrossés franc de port a 1'adresse ci-dessus.
Les annonces aoötent 15 centimes Ia ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent
30 centimes la tigne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne Lesnuméros supplé-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser VAgence
Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et Paris, 8. Place de la Bourse.
Au Transvaal viennent de se ter
miner lesélections ponr la preside nee,
par suite de l'expiration du mandat
régulier de M. Krüger. Le règne de
celui ci durait depuis 1882. A cette
époque, il obtiut 3,431 voix contre
1,171 données au general Joubert qui
letalonna constamment. En 1888, M.
Krüger ent 4,483 voix et son concur
rent 834. Aux élections de 1S93, il se
passa un curieux phénomène M.
Krüger compta 7,881 voix et le géné-
ral Joubert 7,007soil plus du double
de la totalité des électeurs inscrits. Ce
civisme multiplicateur parut outré et
un nouveau scrutin dut remettre les
choses au point. M. Krüger sortit
vainqueur de la lutte. Cette fois, le
géuéral Joubert ue se présentait pas
seul en opposition au président sor-
tant. Les ennemis do M. Krüger lui
avaient, en outre, suscité comme ad-
versaire M. Bürgers vivement soutenu
par le parti des immigrés et naturel-
lement aussi par les Auglais.
Nous ue connaissons pas encore le
résultat final de la votation. Suivant
les dépêches de Pretoria, deux candi-
dats se trouveraient a peu prés égale-
ment favorisés. II s'agit évidemment
de M. Krüger et du général Joubert.
La reelection de Krüger ue fait, du
reste, pas l'ombre d'un doute.
Tandis que Cavitation semble de-
meurer plus bruyante que dangereuse
a Paris et dans les départements, elle
a pris le caractère d'une véritable
émeute en Algérie.
Maisons, villas, magasins envahis,
saccagés, ne se comptent plus.A diver-
ses reprises, pendant la journée de
Dimanche et pennant la uuit de Di-
manche a Lundi, il a fallu charger
les manifestants. Les blessés sont nom-
breux.
Les troubles ont continué pendant
la journée de Lundi.
On croit que la flotte britannique
est actuellemeut concentrée a Nan-
gaski et a Chémulpo, a 1'exception de
trois navires qui sont dans les eaux
du sud de la Chine.
Les flittes britannique etjaponaise
agissent apparemment de concert.
(suite)
Le Lombard.
L'ancien Mont-de-piété, sitae rue des
Lombards, a aussi contribué a défrayer la
polémique qui a surgi entre MM. Merghe-
lynck et Surmont.
C'estune jolie construction, dont les an-
cres extérieures forment le millésime
1665, date de la construction.
On l'appelle le Lombard et il a donné
probablement son nom a la rue ou le bati-
ment est situé, uom emprunté lui-même a la
nationalité de ceux les Lombards qui,
les premiers, se livrèreut au triste métier
de prêteurs sur gages.
Le batiment, que M. Merghelynck appelle
un spécimen des plus caractéristiques de
l'architecture domestique locale, appar-
tient a l'administration des Hospices. De
puis la suppression du Mont-de-piété, l'ad
ministration charitable l'a loué successive-
ment a des particuliers qui en ont fait un
magasin ou dépot de marchandises. Le bail
est sur le point d'expirer, s'il ne l'est actu-
ellement déja.
II est a ma connaissance que les Hospices
«ongent a y installer certains services dé-
pendant de leur administration. Si ce pro-
jet se réalise,on aura l'occasion de restaurer
le batiment qui est en très-mauvais état, du
moins a l'intérieur.
La restauration de la facade principale
sera facile. II suffira d'un grattage intelli
gent pour mettre au jour les briques blan
ches qui sont très-bieu conservéés. II n'en
sera pas de même des pignons latéraux qui
devront être ou reconstruits ou repris en
sous-oeuvre.
Certes, une administration charitable,
agissant dans les limites de ses attributions,
n'a pas le pouvoir de procéder a des con
structions ou a des restaurations de luxe
coüteuses,qui, au lieu d'augmenter le patri-
moine des indigents, seraient de nature a le
diminuer sensiblement.
C'est dire que je comprends les hésitations
des Hospices. Que faire du batiment res-
tauré, si l'administration ne peut s'y instal
ler elle-même ou y établir des services
M. Merghelynck estime quï/ est évident
que ceux que la chose concerne, poseraient
un acte de bien meilleure administration en
vendant,même a vil prix, eet immeuble qu'en
le laissant tomber en ruines.
Laisser tomber en ruines ce beau monu
ment serait un acte de mauvaise gestion,
j'en conviens. Mais le vendre serait un fait
Des scènes de violence se sont déroulées,
Mardi, h 1 h. 1/2, au palais de la nation,
avant l'ouverture de la séance de la Chambre.
Dès 1 heure, il y avait affluence aux diffé-
rentes entrées du palais de la Nation. Des
jeunes gens, imberbes, évidemment en rup
ture de classe, des étudiants h casquettes,
blanches ou vertes, étaient surtout nom-
breux. Des groupes socialistes étaient dissé-
minés, principalement rue de laLoi, vis-ü-
vis de l'entrée du palais de la Nation.
A l'intérieur, un déiachement du neuvième
de ligne excsptionnellement commandé
par le lieutenant Vauderlinden était
chargé d'assurer le service d'ordre. Les
huissiers, de leur cöté, avaient retju une
consigne des plus sévères
Maiheureusement, des perturbateurs en-
'raient par petits groupes, l'air trés calme,
d'une placidité parfaite en apparence. Des
étudiants, en casquette, avaient ainsi la lati
tude de pénétrer jusqu'en haut du grand
escalier, et jusque dansle salon de conversa
tion.
Dès une heure un quart, il était certain
j queM. Demblon était Bruxelles.
A une heure et demie, exactement, un
mouvement se produit rue de la loi. L'ex-
I trême gauche, tout entière, ayanten tête M.
j Vandervelde et les frèresdeFuisseaux.s'avan-
ce en groupe serré. M. Demblon est au
centre.
Dans le cortège nous remarquons MM.
I Fagnarl, Fléchet, et d'autres députés qui se
disent encore libéraux.
j.
tout aussi blamable, a mon humble avis.
Passe encore si, a la suite d'une vente pu-
blique ou de gré a gré, le batiment devenait
la propi'iété d'un Merghelynck, esthete et
restaurateur, ou d'un brocanteur dans le
bon sens du mot intelligent et élégant
comme lui. Mais voyez-vous l'immeuble
acquis par un spéculateur qui, ïayant
acquis a vil prixen ferait deux ou trois
maisons particulières, en mutilant ou mas-
sacrant la belle fa§ade
Ce serait un crime de lèse-estbétique, que
l'on reprocherait avec raisonaux Hospices.
Je serais le premier a jeter a leur face les
debris du batiment.
Peut-on, doit-on restaurer? Je n'hésite
pas a dire qu'oui. A mon sens c'est l'admi
nistration hospitalière elle-même qui doit
restaurer et, j'ajoute, le plus promptement
possible.
Voici mes raisons. Je me place a un point
de vue élevé qui, je n'en doute pas, sera
accepté par tout le monde.
D'abord, les administrations charitables
ont, aussi bien quecelle de ia ville, lede.
voir de veiller a ce que nos monuments,
nos édinces, nos places publiques, nos rues,
l'esthétique en un mot attirent a
Ypres le plus grand nombre possible de vi
siteurs. Je dirai plas loin que ce devoir in-
Sur le passage da groupe, quelques per-
sonnes saluent. On pergoit, de droite ou de
gauche, quelque cri de Vive Demblon
ou Vivent les socialistes
Le groupe arrive h la Chambre.
M. Prochus, le concierge, s'avance vers
les arrivants, qui se massent, se tassent,
enserrant au milieu d'eux M. Demblon, afin
d'arriver en bloc jusqu'au grand escalier.
Au même instant, la salie des Pas-Perdus
est envahie par les curieux. Prés de la con-
ciergerie, MM. De Smet de Naeyer, Begerem,
Nyssens, Woeste, Snoy, les questeurs MM.
de Jongbe et Visart de Bocarmé et des dé
putés de droite attendant les événements.
M. Prochus se dirige vers M. Demblon et
lui dit
Monsieur, j'ai pour mission de ne pas
vous laisser entrer h la chambre je vous
prie de vous retirer.
M. Demblon, pale comme un linge, ne ré
pond pas. Mais M. Furnémont, trés rouge,
trés excité, riposte
Monsieur, nous sommes députés Nous
exergons une mission pour raccomplissement
de laquelle le peuple nous a envoyés ici. Nous
passerons Retirez-vous.
Et M. Furnémont empoigne et secoue M.
Prochus.
Aussitót suivi de quelques hommes, inter-
vient le lieutenant Vanderlinden. Une bous-
culade se produit, au milieu d'un brouhaha
intense. Les députés socialistes, appuyés par
leurs partisans, font coin.
Qu'on me moutre M. Demblon s'écrie
le lieutenant.
combe aussi aux particuliers. L'étranger
apporte toujours quelque béniflee ou profit
a nos concitoyens et, par repercussion, a la
classe ouvrière et même aux pauvres.
Tout le monde admire les magniflques
ruines du Colysée, du Forum etc. a Rome,
et, dans notre pays, celles des Abbayes de
Villers et d'Aulne.Mais l'on n eprouve qu'un
sentiment de pitié ou de colère en contem-
plant les maisons délabrées et abandonnées
de certaines villes d'Italie. On ira voir
Pompéi et Herculanum, détruitson
passera avec indifference devant les
éditices secondaires et les maisons déla-
brés ou abandonnés d'Assise. Si toutes nos
constructions anciennes, ayant plus ou
moins de vaieur artistique, étaient restau-
rées, la vilie prendrait un aspect qui éveil-
lerait davantage la curiosité et l'attention
des étrangers.Cela me semble incontestable.
Veiilons done a ce que tout ce que nous
possédons d'ancieu ou d'intéressant soit
conservé et róparé ne urbs ex ruinis con-
staret.
Errsuite, il faut cultivör chez tous, petits
et grands, le sentiment du beau.Ge n'est pas
seulement une question d'esthétique. Le
beau est la splendeur du vrai. II élève 1 ame
il fait naitre des sentimeuts d'admira-
tion pour nos ancètres il stimule l'ardeur