Mercredi 16 Mars 1898. 10 centimes le t\\ Année. N° 3323. q flCx'A A/£- REVUE DE LA SEMAINE. Zola en cassation. A Cuba. Les armements américains. Les préparatifs américains. En Arique australe. Le flamand a la Chambre. On s'abonne rue «tu Bewrre, 36, a Yp 'es, ei k tous les bureaux de poste du royaume. Le Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. SO c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les aboniiements sont d'un an et se régularisent fin Déeembre. I.es articles et communications doivent être adrossés franc de port h I'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligno. Les réclames dans le corps du .journal coütent 3C centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligno Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique exceptó les 2 Flandres) s'adresser VAgenc Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. PARIS, 14 Mars. M. Mornard, avocal, chargé de souteiiir devant la chambre criminelle de la Cour de Cas sation le pourvoi deZola, a depose au- jourd'hui ses conclusions an parquet de la Cour supreme. Les motifs de cassation invoqués seraieut au nombre de six. La dafede 1'examen du pourvoi n'est pas encore fixée. MADRID, 14 Mars. Une dépêche officielle de la Havane annonce qu'au moment on les chefs rebelles Caijito Alvarez et Vicente Nunez, daütres chefs ainsi que des forces insurgées allaient faire leur soumission, un autre groupe de rebelles les surprit et les empêcha de se soumettre. Un couflit suivit. On a trouvé les cadavres des chefs Alvarez Nunez et Espinosa. Les troupes espaguoles poursuivent les rebelles. WASHINGTON, 9 Mars. Une commission spéciale a été envoyce a New-York pöur ouvrir un bureau oü les armaleurs seront invités a faire des propositions pour céder a la ma- rineles navires pouvant être conver- tis en batiments de guerre. 40 navires de guerre sont déja inscrits. Usseront inspectés si les propriétaires désirent les céder. On cherche surtout a obte- nir le Saint-Paul et le Saint-Louis. La fonderie de Washington active ses. travaux pour livrer 150 canons. On mande de Key-West, que 67 tor- pilles pour mines sous-marines sont arrivées Samedi. NEW-YORK, 14 Mars. Toutes les femmes et enfants de moins de 16 ans ont recu l'ordre de quitter les for tifications de Sandy Hooks. Les Etats-Unis out encore comman ds del'or en Europe, ce qui portera le total a plus de 104,875,000 fr. D un autre cöté, un vapeur partira d'Au- stralie pour San-Francisco a vee 10 millions de francs en or. La Bourse a clöturé ferme. PRETORIA, 13 Mars.La presse hollandaise commente le discours de Rhodes Samedi dernier au Cap et pen- se qu'il aura pour résultat la concen tration de tous les elements Afrikaau- ders dans tout le sud et une opposi tion compacte contre la politique dite progressive des financiers. L'ancien chef de la justice a adressé une allocution a quelques procureurs qui lui offrent leur concours moral. Cette allocution ne eont.ient aucun point nouveau sauf Tinsinuation que le président Krueger suspendrait le chef de la justice actuelle et qu'il pre- naitsur luide modifier les lois fon- damentales. Un groupe de procureurs a interviewé le président Krueger eet, après midi, Celui-ci, en démentant en termes sévères cette allegation, a compare l'ancien chef de la justice a un poisson qui est libre de ses mou- vements sans qu'il reste dans lean, e'est-a dire dans les limites de la loi. L'ancien chef de la justice toutefois est sorti de ces limites et il périra com me uu poisson quand il viendra sur la rive en dehors de sou élément. Le Volksraad a decide d'ajourner a la session de mai la discussion du projet d'emprunt de 6 millions pour leschemins de fer etautres travaux publics. PRETORIA, 14 Mars. Le Volks raad a refuse d'autoriser le gouver nement a emprunter 150 millions de francs sans que les buergers aieut éte' préaiablement coucultés. Le projet d'emprunt est renvoyé a la session de mai. Discours de M. Colaert. M. Colaert. II me faudrait plus que la demi-heure réglementaire que tout ii I'heure on voulait accorder a chaque orateur, pour répon- dre a la monographie de M. Vandervelde. L'honorable membre a traité la question bien plus au point de vue socialiste qu'au point de vue flamand, et ses iongs el éloquents efforts semblent se ressentir decerlaines preoccupations électorales. Je reconnais que, parlant au nom des socia- listes, il avail le droit d'expliquer l'attitude qu'iis avaient prise lors du premier vote. M. Vandervelde. Je n'avais pas a conver- tir vos amis, mon cher collèguevous savez bien qu'a droite tous les députés ilamands sont partisans de la loi. M. Colaert. -- Vous avez parlé de tant de choses que je ne pourrais guère vous suivre et, si vous faisiez encore quelques interruptions, je ne pourrais plus répondre sans excéder le temps que la Chambre veut bien m'octroyer. II n'est pas possible, messieurs, de laisser dire que le mouvement flamand est né avec la revision constitutionnelle. Ce mouvement date de la revolution frangaise, du jour oü les repré- sentants du peuple, méconnaisant des usages plusieurs fois séculaires, ont pris l'arrêtédu 2 frimaire an IX defendant l'emploi de lalangue llamande devant les tribunaux des départements annexés k la république. Sans doute, le mouvement n'avait aucune raison d'être sous le gouvernement hoflandais, et je reconnais facilement que, sous ce régime, le roi Guillaume, oubliant k son tour que nous étions un peuple bilingue, s'arrogea te pouvoir inique de prescrire, par de simples arrêtés, l'emploi du néerlandais pour les affaires publi- ques, froissant ainsi les justes susceptibilités de nosfrères wallons. Nos pères ne voulurent ni de la tyrannie francaise ni des pretentions hollandaises. lis consacrèrent l'égalité dans notre pacte fonda- mental. Mais, dés le lendemain de la constitu tion, l'égalité fut romque au profit du francais. Le mouvement flamand se fit jour et s'accentua. Pendant soixante ans, nous avons lutté pied k pied et conquis la plupart de nos droits, trop longtemps méconaus Etl'on vient prétendre que, si Ie flamingan tisme s'est révéié, e'est parce que la démocratie est entrée et scène Le mouvement flamand ne daterait done que du jour de la revision consti tutionnelle L'houorable M. Vandervelde ignore-t-il que nos Chambres censitaires, le Sénat conservateur aussi bien que la Chambre démocratique, ont proposé et voté une foule de lois qui ont donné satisfaction k la plupart de nos revendications En matière administrative, la loi de 1878, stric- tementet ponctuellement observée en matière d'enseiguement moyen, la loi de 1883, qui a été étendue, sous certains rapports, k l'enseigne- ment supérieur en matière militaire, la loi de 1888, qui sera bientöt complétée;en matière pénale, Ia loi de 1889, qui permet aux justicia- bles flamands d'être jugés en leur langue, sans parler d'une foule d'arrêtés royaux et de circu laires minislérielles relatives k ces matières. Non, messieurs, le mouvement flamand n'a pas fait son apparition a la suite de la revision de notre Constitution. II trouve son origine, sa cause et sa justification dans cette loi malencon- treusede 1831 qui a méconnu l'égalité des Bei ges, en rendant officielle la seuie langue fran- gaise. Ne parlez done pas de démocratie a propos du mouvement flamand 11 est l'oeuvre de nos litterateurs flamands, des Conscience, des David, des Ledeganck, des Van Duyse, des Gezelle et autres, et, dans cette enceinte, de ces vaillants collègues anversois, les Delaet, les Coremans, qui existèrent avant 1894 et k qui nous devons le redressement de la plupart de nos revendi- cations. Et parlant, messieurs, de ce mouvement dont 1 le socialisme se fera demain un litre de gloire, i puis-je passer sous silence la création de l'Aca- démie llamande, due au gouvernement de M. 1 Beernaert et auquel un ministre wallon, I'hono- rable M. de Moreau, a attaché son nom? Voilk, messieurs, cc que le.régime censitaire a donné au peuple flamand. Sans doute, nous ne sommes pas encore sur un-pied d'égalité avec les Wallons, mais il serait injuste de pré tendre qu'il a fallu l'arrivée des socialistes dans cette Chambre pour qu'il füt fait droit a la plu part de nos griefs. Je laisse k d'autres le soin de répondre a M. Vandervelde en ce qui concerne certains points qui n'ont qu'un rapport éloigné avec l'objet de cette discussion. Je constate que l'honorable membre s'est occupé fortpeu du projet de loi lui-même. Je viens de dire, messieurs, que nous avons obtenu de larges satisfactions en matière re pressive, en matière administrative et même en matière d'enseiguement. On nous demande si ce n'est pas assez? Non ce n'est pas assez: nousdemandons, nous exi- geons encore que nousayons un texte flamand de toutes les lois qui seront votées par Ie parle ment. Je le reconnais, e'est une exigence, et, l'honorable M. Vandervelde est de mon avis une exigence légitimee'est un droit que 1'on ne peut nous refuser. Ce droit a été méconnu par le> Sénat, alors que la Chambre des représentants, a la presque unanimité de ses membres, a proclamé l'égalité des deux langues nationales. Ce que nous demandons, messieurs, e'est la consécration officielle de tous les droits de no tre langue malernelle. L'ère de nos revendica tions ne sera close,notre amour propre national ne sera satisfait que Iorsque nous pourrons dire que nous avons l'égalité des deux langues, l'égalité vraie, sincère, l'équilibre sans faux contrepoiuls, l'égalité qui je traduis une idéé flamande ne marche pas sur des bé- quilles. M. Snoy. Alors,e'est une question d'amour propre M. Colaert. C'est un sentiment d'amour propre national, et quand ce ne serait qu'une question d'amour propre personnel,il fan trecon- naitre qu'il serait encore légitime pour tout Flamand de vouloir être, dans son pays, l'égal du Wallon. Messieurs, l'honorable M. Jeanne vient d'exa- miner le projet de loi De Vriendt-Coremans uu point de vue constitutionnel. Je ne m'atteudais pask voir reproduire ici cette doctrine, qui a été soutenue au Sénat et qui consiste a dire que Ie Congrès national a consacré l'unité du texte frangais pour nos lois. L'honorable M. Snov, qui m'interrompait tout a l'heure, et les auteurs de certain amende ment ne suivront pas, j'espère, les orateurs du Sénat et l'honorable M. Jeanne, sur ce terrain, lis sont convaincus de la constitutionnaiité du projet, puisqu'ils ne cherchent pas même k i'amender pour le rendre conforme au texte de ia constitution Sur quoi se base fargumentation de l'hono rable M.Jeanne? Sur l'opinion de M. Raikem rapporteur de l'article 23 de ia Constitution, sur le texte même de eet article.et surtout, comme toujours, sur l'esprit de la Constitution.il suffit, messieurs, de lire l'article de la Constitution pour se con va iu ere que l'honorable M. Jéanne, comme les honorables sénateurs qui ont expri- mé le même avis que lui, verse dans Terreur, lis sont excusables d'ailleurs, puisque la cour d'appel de Liége, en demandant au Sénat le

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1898 | | pagina 1