CHRQMIQUE LOCALE
Samedi 16 Avril 1898
10 centimes le N°.
83- Année. N° 3332.
L
REVUE POLITIQUE.
Les élections du 8 Mai
en France.
Leconflit hispano-américain.
La loi flamande.
lis font tout de même
quelque chose.
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Le Journal officiel a promulgué,
Mercredi matin, le décret, signé sur
la proposition du ministre de l'inté-
rieur, couvoquant les électeurs pour
le 8 Mai a l'efiet de uommer les nou-
veaux deputes.
Un second décret convoque pour le
même jour les électeurs des colonies.
Par le fait de la promulgation de
ces décrets, la période electorale se
trouve légalement ouverte, et il est
désormais permis de faire oilïcielle-
ment acte de candidat dans les termes
de la loi du 17 Juillet 1889.
On sait que, d'après cette loi, qui
interdit les candidatures multiples,
quiconque veut solliciter le mandat de
depute est tenu d'en déposer la de
claration signée ou visée par lui et
düment légalisée a la préfectnre du
département intéressé avant de poser
sa candidature par voie d'affiches et
que la déclaration de candidature doit
être faite au plus tard le cinquième
jour qui précède le scrutin.
La situation est plus sombre que ja
mais. La Chambre de Washington,
après une séance orageuse, qui rap-
pelle les grandes joutes parlementai-
res de Bruxelles, de Vienneet de Paris,
a proclamé rindépendance cubaine, et
la nécessité d'une intervention imrué-
diate des Etats-Unis.
Aussi dans les centres diplomatiques
ne croit-on plus que la guerre puisse
être encore coujurée.
L'excitation du sentiment national
k Madrid, tout appréciable quelle soit,
n'a pas, d'après les dernières dépêches,
atteint le paroxysme qui pouvait faire
redouter des résolutions et des actes
irréparables.
11 est même assez étrange d'avoir a
constater que la fureur belliqueuse,
aux Etats-Unis, revêt un caractère
plus agressif que chez les Espagnols.
Les agents diplomatiques espagnols ne
semblent pas, au dela de l'Atlantique,
protégés aussi efficacement que le sont
les diplomates américains a Madrid et
dans toutes les villes de la Péninsule.
Sans tirer une conclusion forcée de
cette dissemblance des dispositions po
pulates dans les deux pays, on peut
dire que chez l un des deux peuples
l'éventualité de guerre est envisagée
comme une extrémitée douloureuse
que l'on affrontera cependant avec re
solution, tandis que chez l'autre elle
l'est comme une aventure ou comme
une spéculation dont on escompte les
profits.
11 est vrai que l'Espagne est dans
une situation morale excellente a 1 e-
gard de l'Europe. Elle est pour ainsi
dire la créancière de gouvernements
européens qui lui ont demandé un
-sacrifice et, qui lui en doivent la com
pensation, tout au moins sous forme
d'instances olïicieuses nouvelles adres-
sées aux Etats-Unis. II ne sera done
pas impossible que de nouvelles dé
marches diplomatiques fussent tentées
a Washington pour sauvegarder la
paix. On dit 1'empereur d'Aulriche
trés résolu a ne pas abandonner la
régente d'Espagne dans la crise que
t?averse le pays quelle gouverne et
qui pourrait tourner au détriment de
la dynastie.
Quoi qu'il en soit, il est un autre
facteur des solutions attendues que
bien des gens jugent de nature a frap-
per l'esprit de Ceux qui, parmi les
Américains, ont gardé le sens de la
mesure et de la prudence. Nous vou-
lons parler de l'agitation, encore con
fuse mais visible qui s'est emparée des
républiques latines de l'Amérique
depuis que le conflit est entré dans sa
phase aiguë. Le Mexique, particuliè-
rement, a qui les Etats-Unis ont suc-
cessivement arraché par la force le
Texas et la Galifornie, suit avec un
intérêtpassionné, le dévoloppement de
la politique fédérale et les symptómes
les plus significatifs indiquent que
l'agression dont on menace les Espag
nols ne le laisserait pas indifférent.
Une souscription publique toute
spontanée ouverte dans ce pays a
produit la somme de dix millions de
francs destinés a l'achat de vaisseaux
de guerre pour l'Espagne. D'autre
part, il n'est pas douteux que, si des
hostilités éclataient, des partis de gué-
rillas s'organisassent parmi les Mexi-
cains afin d'envahir ou tout au moins
de troubler le territoire de l'Union.
Bien que le Chili et la République
argentine gardent une attitude plus
réservée,l'on ne saurait prétendre que
le triomphe éventuel et irrémissible
de lelément aeglo-saxon dans le nou
veau monde ne les inciterait pas a de
sérieuses reflexions.
La latte que l'on prévoit pourrait
done prendre le caractère d'une que-
relle de races.
Le Sénat a voté, bier soir, le projet
de loi tel qu'il a été adopté par la
Chambre.
L'ensemble du projet a été adopté
par 47 voix contre 39 et trois absten
tions.
Se sont abstenus MM. Lefebvre,
Baron Surmontde Volsberghe et comte
de Borchgrave d'Altena.
Notre confrère du Nieuwsblad enre-
gistre l'aveu d'une feuille libérale locale.
la Lutte-de Strijd qui veut bien recon-
natire que certains travaux en exécution mé-
ritent d'être signalés.
II s'agit du nouveau mur place du palais
de Justice, de l'aménageinent du jardin der
rière leCafé des Boulevards et de l'élargis-
sement de la rue des trèfles.
La Latte approuve ces travaux. Le moyen
aussi de ne pas les approuver II s'agit de
travaux d'araélioration et d'assainissement
qui se ti ouvaient sur le papier depuis quinze j
k vingtans, mais qui ne furent jamais exé-
cu'.és par l'administration libérale.
La Latte eut pu signaler une foule d'autres j
travaux, tels que le jardin prés de !a gare,
le Boulevard Malou, les chemins de ronde
extérieurs, les nouveaux égoüts, les eaux,
etc., etc.
Mais c'est déjh quelque chose que le triple
aveu de la Lutte. C'est k peine si tous les
ans 'e Progvès, écrasé par l'évidence, signa-
Ie l'un ou l'autre travail d'utilité secondaire,
comme l'aménagecoent du marché au bétail
et ['arrangement de la partie restante du
jardin de la gare,k propos duquel le confrère
doctrinaire a fait l'éloge de l'architecte qui,
entre parentbèses, est toujours le même que
celui qui a dressé le plan du jardin tant
critiqué l'an dernier.
Nous prenous done acte de l'aveu de la
Lutte..
Ce qu'il importe de signaler surtout dans
tout cela, c'est que l'administration commu
nale exécute les travaux en question sans
qu'il en coüte un sou de plus aux contribu-
ables.
Les journaux libéraux ont beaucoup parlé
de l'emprunt de 800,000 francs qui a servi
en grande partie k la conversion de la dette
ancienne. Ils ne disent pas que le surplus a
servi et sert encore k payer les travaux des
eaux et la construction de nombreux égoüts.
lis laissent ignorer que dans 60 ans, la dette
de la ville sera éteinte, grkce k l'amortisse-
ment. Us ne font pas mention non plus de
l'état de nos finances, qui s'améliore eon-
siamment, malgré les remplois effectués.
Au fait, ils n'ont pas besoin de faire l'éloge
de l'administration de M. Surmont de Vols
berghe,un magistrat hors ligne, aux mérites
duquel tout Yprois sensé, libéral ou catholi-
que, est obligé de rendre hommage.
Le Progrès critique, si non les travaux,
tout au moins la lenteur avec laquelle ils
s'effectuent. Camme si l'on pouvait tout faire
en un jour! Comme si les ouvriers de la
ville, beaucoup plus nombreux qu'autrefois,
n'étaient pas toujours k la besogne
La Lutte fait l'éloge de la place du palais
de Justice. Cette place est en effet complète-
ment transformée. Elle sera trés coquette
avec ses squares et le mur du fond qui sera
un vrai bijou. Nous en félicitons l'architecte-
ingénieur de la ville.
Nous reconnaissons sans peine que notre
voirie laisse beaucoup k désirer. Mais il faut
avouer qu'elle s'améliore eonstamment. Ce
n est pas peu de chose que de devoir repaver
toute une ville Et,comme le fait remarquer
le Nieuwsblad si nos rues sont dans un
état lamentable, c'est qu'elles ont été négli-
gées pendant de longues années. C'est ce que
nous avons toujours dit.
Bientót la place de la gare, la rue des
Bouchers, la rue au Beurre seront repavées
aux frais de l'Eiat. Ce sera un travail super
be, le pavage devant se faire en pavés
oblongs.
L'éclairage public laisse aussi k désirer.
Mais il faut reconnaltre, encore une fois, que
l'administration actuelie l'a considérablemeut
amélioré. Dans une des dernières séances du
conseil communal, M. le Bourgmestre a dé-
claré que la place de la gare sera bientót
éclairée d'une fapon convenable, par le pla
cement de becs Auer.
Une dernière observation l'été approche.
L'administration communale ne pourrait-elle
doener suite k son projet d'arroser les rues
et surtout la Grand'Place, au moyen des
eaux de la ville, de manière k éviter, le Sa
medi notamment, que le balayage des pavés
soulève ces tourbillons de poussière si désa-
gréables et si nuisibles k la santé?
Notre article était écrit, quand nous resu
mes le numéro de la Lutte de ce jour, qui,
m