t u O^èr^JÏC Mercredi 27 Avril 1898 10 centimes le N°. 33e Annee. N° 3335. La guerre. La loi flamande. La chasse et la pêche. On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous ies bureaux de poste du royaurae. Le JOURNAL D'YPRBS parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnement8 sont d'un an et se régularisent fln Dócembre. Les articles et communications doivent être adrossós franc de port k 1'adresse oi-dessus. Les annonces coütent t5 centimes la ligno. Les réclames dans le corps du journal coütent 30 centimes la ligne. Les insertions jndieiaires1 franc laligne Lesuuméros suppló- mentaires coütent to francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Fiandres) s'adresser k VAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et 4 Paris, 8, Place de la Bourse. Jusqu'ici, ptu de nouvelles importantes nous sont parvenues du tbéütre de la guerre. De part et d'autre on ne semble pas trop pressé de s'attaquer. Le fait principal est le blocus de La Havane par l'escadre américain. Un lélégramme de Washington, affiché dans les bureaux du Lloyd a Londres,annon ce que les six navires espagnols, captui és avant la déclaraiion de guerre, vont être relacbés immédiatement. Cette mesure est due, croit-on,aux reptéseniations influenles qui ont été faites au gouvernement des Etats-Unis, ia guerre n'ayant pas été offi- ciellement déclarée. Le projet flamand est voté. La sanction royale ne se fera pas attendre, dans quelques jours, la populatton flamande pourra se (lire que sa langue est placée sur le même pied que le francais. C'est la reconnaissance officielle de la langue flamande, parlée par plus de la moitié des habitants du pays. Le vote du projet Devriendt-Coremans a été célébré, comme une victoire décisive du mouvement flamand, dans plusieurs villes et notamment 4 Anvers, 4 Gand et 4 Bruges. Jusqu'ici Ton ne constate pas que la popu lation wallonne s'émeuve de voir reconnaitre les droits de la langue flamande. Et nous sommes bien convaincns qu'elle restera in différente devant un acte de justice, qui ne peut en rien porter préjudice ni aux droits, ni mème aux susceptibilités des wallons. Félicilons nous done du vote que le Sénat vient d'émettre. Comme l'a dit fort justement M. Struye, l'igalité de nos deux langues na- tionales, loyalement acceptée et sagement établie, ne peut que cimenter l'union de tous les Beiges. Nous verrons si, dans la pratique, la loi donnera lieu aux inconvénients qui ont été signalés au Sénat. Nous n'en croyona rien. La loi amendée par la commission spé ciale de la chambre du Représentants, est incontestablement une oeuvre aussi parfaite que peut l'être une oeuvre humaine. Sans doule, il n'était pas facile de formu- ler une loi ayant pour but de mettre sur un pied d'égalité partaite les deux textes d'une loi bilingue L'une des deux langues peut se prêter moins bien que l'autre 4 rendre la pensée du législaieurl'un texte peut ne pas concorder absolument avec l'autre. Deux graves objections autour desquelles les dé- bats devaient nécessairement tourner et qui, en eftet, ont donné lieu des discussions longues, souvent diffuses, quelques fois dif- ficiles li suivre pour ceux qui ne sont pas initiés au langage juridique. Nous traiterons ces deux points avec cer tains développements. Ils forment du reste le fond des discours prononcés par nos hono- rables Sénateurs, MM. Surmont de Volsber- gbe et Struye. M. Struye a trouvé dans l'article 7 de la loi tout ce qu'il faut pour qu'il soil possible deprévcnir l'antinomie éventuellc les deux textes. Le projet primiiif ne lui psraissait pas dunner cetie garantie, C'est surtout pour ce motif qu'il ne pouvail luiaccorder un vote approbatif, l'an dernier. Le texte amendé par la Chambre lui semble poser une regie précise, nettemen' définie, invariablement fixée, pour décider de toutes les contestations basées sur la divergence de deux textes légaux. II se rallie done au projet et lo vote sans hésiter Nous avons reproduit le discours de l'ho- norable Sénateur. Nous croyons, comme lui, que les cas d'antinomie seront rares. Toujours est-il que le juge wallon ne sera pas dans l'obligation, pour se prononcer, de connaitre la langue flamande. Du reste, comme le fit observer M. Co- laert 4 la chambre du Représentants, l'ar ticle 8 dispose que lorsque la loi exige l'in- seriion dans les arrêts ou jugements, des termes de la loi appliquée, le texte francais ou le texte flamand sera seul inséré, sui- vant que l'arrêtou lejugement ést rédigé en francais ou en flamand. Les juges wallons ne devront done con naitre du texte flamand que dans le cas de divergence des deux textes. II suffira dans ce cas, comme l'a dit très-judicieusement M. Struye, que le magistrat wallon soit in- furmé de ce que ton veut faire dire au texte flamand. C'est ce qui se présente aujourd'bui, lorsque, devant un tribunal quelconque, il est fait usage, dans un acte, d'une langue que les juges ne connaissent pas. Ce sera done dans des cas rares qu'il y aura antinomie, et l'article 7 pose les régies d'interprétation. Ces régies sont celles qui sont aujourd'bui appliquées pour l'interprétation des textes, sauf les mots sans prééminence de l'un des texles sur l'autre Ces motssont ils essentials? Ils ne l'étaient pas dans le premier texte du projet, tel que la chambre l'avait voté, paree qu'il était ma nifeste que celle-ci avait voulu consacrer l'égalité compléte, absolue des deux textes. L'amendement primitif de M. de Mont- peilier, repris pas M. Dupont au Sénat, dé- rogeait au texte. La chambre a voié les mots sans préé minence etc. Le Sénat ne les a pas rejetés. II en résuite que, sous aucuu prétexte, les interprêies de la loi ne pourront consacrer la prédomtnance d'un texte sur l'autre. L'interprétatiou généreuse de l'bonorable M. Struye ne nous parait done pas fondée. Sans doute le Sénat pouvait interprêter le texte comme lui, mais il ne l'a pas fait. S'il l'avait fait, le projet aurait dü être renvoyé 4 la chambre pour que celle-ci se pronon^at 4 son tour sur ie sens des mots sans pré éminence d'un texte sur l'autre Plusieurs orateurs ont demandé au Mi- nislre de la Justice de sVxoliquer sur la portée donnée 4 c,Js mots par l'bonorable M. Struye- M le Baron Surmont de Volsb'-rghe, entre autres, a déclaré que si le texte avait le sens que lui attribuait M. Struye, il se rallierait au projet. L'honorable M. Begerem s'est borné 4 dire que ces mots, sans être absolument nécessaires, étaient ou pouvaient être utiles. C'est même cette utilité qui a permis 4 M. !e Baron Surmont de ne pas voter contre le projet de loi et de s'abstenir. Nous constatons que ni le Ministre de la Justice, ni le Sénat ne se sont prononcés sur l'interprétation des termes en question, et que le texte ne peut done pas être interprêté dans le sens de M. Struye. Sans doute les ma- gistrats pourront, en conscience, se guider d'après les principes exposés pasnotre ho norable Sénateur mais ils ne pourront invoquer dans leur jugement le moyen d'in terprétation exposé parM. Struye et con- sistant 4 due qu'4 défaut de tout moyen d'interprétation et en dernière analyse, il faudra donner la prééminence au texte qui a été compris par la généralité des législa- teurs. II résuite des discussions que ni le Sénat ni la Chambre n'a voulu donner aucune pré - férence au texte francais. Nous avons également reproduit le dis cours de M. le Baron Surmont de Volsber- ghe. L'bonorable sénateur ne nous en voudra pas de ne pas partager son avis en tous points. C'est ainsi que nous prétendons qu'il existe une langue flamande absolument juri dique. II ne faut pas chercher cette langue dans certains documents invoqués par M. le Baron Surmont de Volsberghe, mais dans les auteurs modernes.tels que MM. De Hoon, De Hondt, Ledeganck et dans les nombreu- ses et excellentes revues flamandes de Droit. II arrivera sans doule que la traduction des termes francais en termes flamands sera difficileMais nous ferons remarquer comme l'a fait du reste M. Colaert 4 !a Chambre des Représentants, que lorsque le mot même contesté au point de vue de la terminologie, sera dans la loi avec le sens que le législa- teur lui a donné, il acquerra une significa tion juridique incontestable, et sera bien viie consacré par l'usage. Mais, nous lerépétons, la pratique appia- nira bien des difficuliés. II s'agira pour les Députés wallons, comme pour les flamands de faire preuve de bonne volonté. S'ils sont intransigeants il sera impossible de légiférer 4 l'avenir, non seulement en flamand, mais même en francais. Nous attendons mieux du bon sens et du patriotisme de nos législa- teurs. Nous constatons avec plaisir que, con- trairement aux prédictions de certains jour- naux, M le Baron Surmont de Volsberghe n'a pas voté contre le projet de loi. II a cru devoir s'abstenir. C'était son droit. II est de notre devoir de déclarer que notre honorable Sénateur est un partisan convaincu du fla mand. II a pu exprimer certaines craintes au sujet de quelques exagérations flamin- gantes. Ce sont ces exagérations qui l'ont empêché de donner 4 la loi flamande une approbation compléte. Nous-mêmes nous proclamons hautement que nous sommes hostiles 4 certaines exigences, telles que la séparation administrative des deux parties flamande et wallonne, la création d'une uni- versité flamande, le commandement de l'ar- mée en flamand, et autres qui ne sont pas mises en avant par nos populations fla mandes, mais par certains meneurs intéres sés 4 pêeher en eau trouble. Nous reproduisons, d'après les Annales, le discours prononcé par M. Colaeri, dans la discussion du budget de l'agriculture. Nous constatons avec plaisir que notre honorable Député ne perd pas de vue la question de la chasse et de la destruction des lapins, qui intéresse vivement notre arron dissement. Les fermiers lui en seront recon- naissants. M. Colaert. Messieurs, j'ai trop souvent soulevé dans cette enceinte la question que vient de traiter l'honorable M. Van der Heyde, pour ne pas me rallier aux observations qu'il a pré- sentées. Je prie done l'honorable ministre de l'agriculture de tenir compte de ces observa tions dans toute la mesure du possible. II est trés exact que nos cultivaleurs achètent fort cherleur bétaii maigre et qu'ils doivent reven- dre a trop bon compte leur bétail gras. Je signalerai également 4 l'honorable mi nistre la situation qui est faite 4 l'industrie na tionale du beurre depuis quelques jours, le droit d'entrée, en France, s'est élevé considéra- blement. De 6 francs, il a été porté d'un coup 4 20 francs et nous semmes menacés, parait-il, de le voir élever encore sous peu. Cette situation est certainement désastreuse. L'on me répondra peut-être que la France ne fait qu'user de représailles. C'est cequ'on nous a objecté, il y a trois ans, quand nous avons élabli le droit de 20 francs sur le beurre étran- ger. Mais je suis convaincu que si nous n'avions pas élevé les droits d'entrée sur le beurre et la margarine étrangers, la France ultra protec- tionniste, n'aurait pas manqué de saisir la pre mière occasion pour augmenter ces droits d'en trée. A-t-il fallu une provocation de notre part m m

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1898 | | pagina 1