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Mercredi 11 Mai 1898.
10 centimes ie N°.
33a Année. N° 3339.
■3 M.
11
CONSEIL COMMUNAL
La Révolution en Italië.
La guerre
Hispano-Arnéricaine.
Les élections législatives
en France.
Le prix du blé.
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Dimanclie 15 Mai
A MIDI,
sur le kiosque de la Grand'PIace,
[.'HARMONIE COMMUNALE.
Programme:
4. Les Arbalétriers, allegro
militaire. Wittebroodt.
2. I masnadieri, fantaisie. Verdi
3. Démons el Fées, danse ca-
ractéristique. Heymans
4. Gasporonne, pot-pourri. Millücker
t>. New Life, valse. Komseel
SÉA.NTCE PVBLIQVE Ol
du 14 Mai '1898, a 5 heuies du soit'.
Ordre du jour
1. Communications.
2. Ecole moyenne: Compte 1897.
3. Dénominatiori de l'ancien cbemin d'ex-
ploitation de la route de Bruges au
Kalfvaart.
Ce nest plus une émeute, c'est une
veritable révolution, qui a delate en
Italië, et qui, Samedi et Dimanche, a
dé vasté Milan.
La famine, l'incapacité gouverne-
mentale, la propagande socialiste et
anarchiste ont soudainement abouti a
une explosion de fureur populaire,que
n'a pu- contenir letat de siège, et qu'il
a fallu mater par le canon.
Les nou velles de la journée de Di
manche, publiées au fur et a me
sure des dépêches, sont naturelle-
ment fort incomplètes a cause de la
censure lélégraphique trés rigoureuse,
mais elles sont néanmoins d'une gra-
vité exceptionnelle.
Les victimes sont nombreuses. Le
plus grand nombre des victimes a été
fait dans la rue Torino, oü il a été né
cessaire d'abattre les barricades for-
mées par des meubles trés pesants,
recueillis dans les maisons voisines et
les magasins, qui furent livrés au pil
lage.
Sur une barricade,les émeutiers ont
hissé le drapeau rouge, et sont montés
ensuite sur les toits des maisons voi
sines, d'oü ils jetèrent une quantité
énorme de tui les sur la cavalerie, qui
était dans l'impossibilité d'avancer,
par suite d'obstacles de tous genres,
que les émeutiers y avaient amon-
celés.
Les cavaliers durent descendre de
cheval et, après un feu bien nourri,
se rendirent maitres de la situation.
Plusieurs journaux, tels que le Se-
colo et 1'Italia drt Popoio, sont sus-
pendus. Le directeur du Secoio, M.
Romussi, et plusieurs rédacteurs ont
été arrêtés.
Le plan espagnol
II résulte d'une lettre adressée par
M. de Bernabe, ancien ambassadeur
d'Espagne, a un de ses amis de Was
hington,que Tescadre espagnoleaurait
recu l'ordre d'abandonner a leur sort
la Havane et Porto-Rico et de lacher
d'arriver a bombarder New-York.
Le paquebot Cellic King dit avoir
apercu plusieurs vaisseaux de guerre
a 80 milles au nord du cap Race on
suppose que ce sont des navires espa-
gnols.
Des mesures ont été prises a New-
York pour prévenir toute surprise de
l'ennemi.
Le gouverneur Black a mis a la dis
position des autorités rravales de
Washington six remorqueurs pour
mouter la garde a l'entrée de Sandy-
Hook et de Willets points. Dés le si
gnalement des bateaux, qui essayeront
de forcer l'entrée, les forts tireront
immédiatement sur eux.
Une escarmouche navale.
Deux navires américains ont pour-
suivi une goélette de pêche ils se
sont approchés a cinq milles de la
cöte. Les batteries de la Havane ont
commencé le feu contre les navires
américains et ont tiré six coups. Un
obus a emporté la cheminée et un
mat du croiseur, qui était en avant
un autre obus est tombé sur le pont
du second croiseur, qui a été atteint
dans ses machines. II a été remorqué
jusqu a Key-West.
Lundi, 11 heures soir.
Dans la lr« circonscriptioD d'Oran M. Saint
Germain est en ballotage avec le commandant
Peffau, antisémiste.
L'élection de ce dernier parait certaine.
M. Morinaud, antisémite, est élu dans la
1" circonscription de Constantine avec une
majorité de 12 voix.
Dans la première circonscription d'Alger,
M. Drumont a obtenu exactement 14,537
voix, contre 2,328 h M. Samary, député
sortant radical socialiste, et 734 a M. Ber-
trand, républicain.
II y a eu en général moins d'abstentions
qu'h la précédente élection.
A Paris, en 1893, il y avait eu 324,000
suffrages expriraés.
11 y en a eu hier 409,000.
85,000 volants de plus qu'en 1893 se sont
done présentés Dimanche aux urnes électo-
rales.
M. Joseph Reinach retire sa candidature,
li invite ses électeurs voter pour M. Roux
contre M. Andrieux.
On annonce que M. Jaurès aurait I'inten-
tion de n'accepter aucuue candidature.
Une appréciation.
En somme, et en admettant que les ballot-
tages soient un écho du 8 Mai, la situation
des conservateurs francais, et en particulier
celle des catboliques est plutöt améliorée.
Numériquement, ils gagnent des sièges.
Moralement, ils gagnent de i'influence. Ils
feront partie intégrante el nécessaire des
majorités ministérielles. II n'y aura même
de stables que les majorités dont ils seront,
et vouloir se passer deux serait se condam-
ner h l'instabilité ministérielle dont la Répu-
blique a si longtemps souffert.
Les modérés restent les arbitres de la si
tuation Nous ne demandions pas autre chose,
et nous avons ce que nous demandions.
Le parti conservateur est frappé par Ia
perte d'hommes tels que le due de la Roche
foucauld, Jules Delafosse, Gamard, le prince
d'Arenberg.
Alger fête sa délivrance.
Alger, 9 Mai. La ville présentait Lundi
un air de fête quelle ne connaissait pas
depuis longtemps. Dès le matin, la foule se
répandit dans les rues avec des drapeaux et
des banriières.
Un grand nombre d'ateliers et la plupart
des magasins étaient lermésbeaucoup
étaient pavoisées.
Ce qui distingue cette manifestation de
celles qui ont eu lieu presque chaque jour
depuis Janvier est quelle est composée non
seulement d'enfants, mais de pères.de mères
et de jeunes femmes revêtus d'babits defê-
tes, qui défhent en chantant avec le plus
giand calrne.
Les éi us du 8 Vlai.
Les 395 élus se décomposent ainsi
républicains 178; radicaux ou radicaux-
socialistes 115; ralliés 30; droite 39;
socialistes 14nationalistes 13. Enfin 6
députés ne peuvent être jusqu'ici étiquetés
même d'une fagon approximative.
A propos de la hausse des blés, uu
importateur anversois nous donne ces
curieux renseignements
Les pays européens sont une fois de plus
victimes de la rapacité des Américains. Nous
sommes tributaires des yankees, pour les
blés, paree que nos stoks indigènes son in-
suffisants et paree que les Ëtats-Unis sont le
seul pays du monde qui fournisse un bon blé
d'exportation.
Or les commergants yankees sont autre-
ment audacieux et entreprenants que nous.
La plupart d'entre nous hésitent ou n'ont pas
de créditaux États-Unis, c'est le contraire.
L'américain se lance tout jeune dans la
carrière, il va de l'avant, il n'a pas de scru
pules, nous sommes sa merci. Un exemple
va montrer ceci clairement: L'an dernier un
jeune américain natif de Chicago se
nommant Leiter a visité l'Europe. En se
réembarquant h Liverpool, il avait une con
viction faite quant aux besoins de l'Europe;
il avait vu h quel point nous sommes tribu
taires de son pays.
Rentré h Chicago en Octobre 1897 il
achète immédiatement six millions de bushels
(un busbei représente 27 kilogrammes de
blé), livrables en Décembre.
Son capital est insuffisant; il a recours 'd
son père, vieux commergant retiré des affai
res et ricbe de quelques centaines de millions.
Le père, lieureux de voir son fiis suivre une
belle piste et manifester de si bonne heure
(le jeune homme n'avait que 23 ans) l'esprit
entreprenant das Yankees,lui avance l'argent
nécessaire.
En Janvier, Février, Mars et Avril, Leiter
emmagasine des quantitéseffrayactesée blé,
de maïs, d'avoine et de seigle. Au fur et
mesure que les livraisoris lui parvieunent, il
en expédie une partie en Europe,payable
comptantde fagon h faire face aux pre
mières écbéances.
Mais d'énormes quantités de céréales
restent cbez lui en Amérique, de manière
consiituer insensiblement un stock colossal.
Pendant des semaines et des mois, il paie
30,000 francs par jour pour frais de maga-
sinage, d'assuranee el de warrants
Le mois passé, les acheteurs ne parve-
naient déja plus s'approvisionner l'aise.
Mai est lè plus de blé! Dans une seule
bourse, la hausse est de 8 francs par 100
kilos. Dapiès des informations qui me
vienneni d'Amériqu jl se pounait fort bien
qu'en Juin et Juillei prochain, les vendeurs
liés Leiter par contrat fussent obligés de
payer 100 francs (par 100 kilog.) de diffé-
staief'ï
PAR
H