Mercredi 17 Aoüt 1898.
10 centimes le N°.
33e Année. N° 8366,
eS
0 R. Gt A N £-
La paix. Le blocus levé.
FRANCE
Uii programme maconnique
Autriche-Hongrie
La manifestation
néo-démocratique
a Bruges
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La signature du protocole peut être
considérée comme impliquant ia con
clusion de la paix.
L'amiral Dewey a reeu l'ordre de
lever le blocus de Manille. L'amiral
Sampson fait notifier aux navires
américains que le blocus de Cuba est
levé. Le general Shaffer annonce qu'il
va faire connaitre la nouvelle de
Couverture des négociations de paix
a Holguin, Manzanillo, Cienfuegos et
la Havane.
II est impossible de communiquer
actuellement avec le general Milles.
Les navires marchands de toutes
les nations pen vent de mêine entrer
et sortir librement des ports de Cuba
et Porto-Rico. Le département d'Etat
considère la déclaration et les ordres
recus comme suf'fisants et il ne sera
pas fait de proclamation de la levée
du blocus.
On ne craint pas a Washington de
difficultés avec les Cubains au sujet de
la cessation des hostilités. Tous les
chefs cubains ont été olficiellement
informés de la fin des hostilités. Gomez
sera reconnu comme commandant en
chef et on aura des communications
avec lui en cette qualité.
Legénéral Merrit a accusé réception
de l'ordre de suspeadre les hostilités.
Le général Lee a été appelé a Was
hington. On croit qu'il fera partie de
ia commission militaire qui se réunira
a la Havane pour régler la date de
Tévacuation de Cuba.
Sous ce titre, on lit dans le Journal
des Débats, organe libre-penseur.
Les loges magonniques sont en émoi et
les Ligues de la iibre pensée ne cachent pas
leur épouvante. Sur tous les points du terri-
toire, ligueurs et Irancs-muQons, fraternelle-
ment unis, délibèrent sur les rnoyens de
repousser le flot montant du cléricalisme
qui menace de submerger jusqu'è la dernière
les conquêtes de 89.
C'est la Ligue de la libre pensée de Gre
noble qui a jeté une des premières le cri
d'alarme et formulé le programme de la
future guerre civile. Ce programme a au
moins un mérite celui de la franchise.
Les ligueurs dauphinois n'y vont pas par
quatre chemins. Qu'on en juge par le pas
sage suivant
Propageons autour de nous, s'écrient
les auteurs de ce Manifeste, l'inutilité et
surtout la malfaisance du dogme de toutes
les religions. Et, si voulant précipiter les
évènements probables, les cléricaux tentent
de passer des menaces aux actes, ne re-
commenpons pas les fautes du passé. Non
comme nos ainés les sans culottes de la
grande Révolution, nous ne laisserons pas
debout comme monuments d'art et d'utilisa-
tion quelconque les cathédralcs, les églises,
les convents,{etc.
Sans croire commettre aucun sacrilège,
nous y porterons le fer et le feu. Nous écra-
serons ces nids de vermine, ces réceptacles
d'obscurantisme. Nous ne trouverons jamais
de potences assez hautes pour y prendre,
selon le mot de Ranc, les suppóts de toute
la racaille cléricatarde
Seul, le drapeau de la libre pensée
est assez large pour abriter sous ses plis
les amis de la liberté k quelques nuances
qu'ils appartiennent, tous les ehercheurs de
la vérité, k quelque école philosophique
qu'ils relèvent.
Nous affirmons que le groupement de
la libre-pensée est le seul oil, pour y en
trer, on n'abdique rien de sa personnalité
ou de sou indéperidance.
A bas les religions Vive la pensée
libre
Est ce tout? Pas encore. Cette belle be
sogne accomplie, il restera a donner h la
jeunesse franchise une éducation intégrale
et netlement laïque. Ce dernier trait est ad
mirable.
Tout cela au nom de la liberté de
penser.
Les socialistes et les juifs
On écritde Vienne, 7 aoüt, au Patriote
II existe en Autriche nombre de
personnes qui n out jamais pu croire
que les deux sous de la cotisatiou
ouvrière suffisent pour remplir les
caisses socialistes et qui supposent uue
autre provenance aux centaines de
mille florins dépensés eu temps d elec
tions.
D'autres se demandent aussi d'oü
vient l'ardente sympathie des socia
listes pour les Juifs qu'ils couvrent de
leur corps avec un incomprehensible
dévouement. O'autres enfin, consta-
tent que ces mêmes socialistes mar-
chent comme un seul homme avec les
Allemands dans tous les pays oü ceux-
ci sont en tutte avec une autre na-
tionalité.
Or, le journal ouvrier V Pred,
organe des tchèques non socialistes de
Prague, publie en ce moment une
liste des noms des banqniers, gros
fabricauts, gros négociants qui ont
aidé le parti socialiste au moyen de
souscriptions.
Les chiffres varient de 20 a 50, 100
et jusqu'a 1,000 florins.
La liste comprend plus de 300
noms, parmi lesquels oil relève les
suivants Stein, Franck, Pollak, Tele-
welés, Mauthner, Berger, Fischer,
Goppelmann, Popper, Altschul, Stern,
Winternits, Tausig, Rosenfeld, For-
gés, Reimann, Wiener, Thorsch, Mor
genstern, etc.
De tons ces noms, les deux ou trois
qui nesont pas absolument juifs com
me Stein, Berger, Fischer, sont Alle
mands. Ges révélations aident a com-
prendre
1° Pourquoi les socialistes sont tou-
jours si bien nantis.
2* Pourquoi ils servent si coura-
geusement la cause des juifs
3° Pourquoi on les voit toujours
unis aux Allemands.
A Gratz, ils ont joué partie liée avec
le parti prussophile. A Vienne, ils
ont engagéune luttedésespérée contre
M. Lueger, d'accord avec le parti de
la gauche allemande oü parti juif. A
Prague, enfin, les socialistes ont cu-
mulé les voix des juifs et des Alle
mands, essayant sans succès de battre
le candidat national tchèque.
En décembre dernier, ils firent
mieux encore Dans nombre de villes
comme Gratz, Saaz oü les slaves sont
en minorité, les Allemands unis aux
juifs pillèrentet brulèrent nombre de
maisous slaves, excès qui amenèreut
des représailles a Prague, oü les Tchè
ques infligèrent aux juifs et Allemands
solidarisés une magistrale correction
qui dura 48 heures.
Les socialises mobilisèrent immé-
diatement leurs forces répartis en
groupes de cent,deux cents, cinq cents
hommes, ils occupèrent des rues et
des quartiers, prêtant main-forte a la
police, veillant au maintien de l'ordre,
montant la garde devant les portes
des propriétaires ot des patrons alle
mands ou juifs. Ces étrangetés sout
düment expliquées par la publication
de la liste des actionnaires du parti
socialiste
Ces indications donnent la clé de
bien des énigmes.
La patrie évalue, d'après des bases
certaines, a 760 le nombre de mani-
festants.
L'abbé Daens n' a pas parti, malgré
Tannonce de son arrivée. II fait tou
jours défaut au dernier moment.
Voici ce que ÏEtoile beige écrit au
sujet du Congrès inême.
Le Congrès des démocrateschrétiens s'est
réuni, ce matin, dans la salie du Makelaars
heester, rue Sainte Claire. Un millier de
personnes environ y assistaientla plu
part des chefs du parti s'étaient rendus
Bruges, Pierre Daens (Alost), de Backer
(DenderhautheraHector Plancltaert(Somer-
ghem), Van Lint (Louvain); Lebon (Anvers)
Ducattillon et Reini de Beer (Bruxelles.)
Bruxelles, Gand, Courtrai, Anvers, Alost,
Menin, Roulers, Ninove, etc., avaient envoyé
des délégations. L'abbé Daens, dont ont
espérait la presence, s'était abstenu. On pré-
tend cependant que !e bruit d'après lequel
cette abstention lui aurait été imposée par
i'évêque de Gand est inexact.
M. Pierre Daens présidait. II a ouvert le
Congrès en protestant contre la vexation
dont son frère l'abbé est l'objet de la part de
I'évêque de Gand, bien que les démocrates
soient aussi bons chrétiens que les catbo-
liques conservateurs.
M. Pierre Daens a terminé par un signe
de croix cette allocution, au cours de laquelle
le nom de l'abbé a été frénétiquement
applaudi.
M. De Backer, rédacteur en chef du Klokke
Roeland, a ensuite entretenu l'assemblée de
la situation éconoraique du parti. Puis M.
Dueatillon a combattu la reprise du Congo et
la politique coloniala, notamment, k cause
des charges militaires qui en résulteraient.
Ila réclamé, aux applaudissement de i'assera-
biée un référendum sur la question de la
reprise tout au moins, il demande que la
reprise définitive soit précédée d'une reprise
temporaire destinée servir d'expérience.
II a abordé alors l'examen de la création
d'une caisse de retraite pour les ouvriers
qui serait organisée en grande pat tie par
les ressources de l'Etat. Tous les ouvriers
industriels seraient pensionnés h 35 ans,
tcus les ouvriers agricoles 60.
Après une longue discussion co sujet,
tout le monde étant d'accord sur le principe,
la question a été renvoyée h un prochain
congrès, lequel se réunira h bret délai et
s'occupera également d'unifier l'organisation
du parii.
A ce Congrès ont été envoyées aussi les
questions du service militaire et de la repré-
<k