Mercredi o 1 Aoül 1898. 10 centimes le N°. 33* Annek. N° 3370
Une circulaire du Tsar
L'effectif desarméesd'Europe,
en temps de paix
L'étude des langues anciennes
au collége moderne.
Ors s'ahonne rue au. Beur re. 36, a Ypres, et
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Le messager ofBciel de Si Péters-
bourg a püblié, le 28 aoüt dernier, la
circulaire suivante que le Comte
Mouravieff a remise a tons les repré
sentarits éfrangers accrédités auprès
de la cour de Eussie:
Le mainiien de la paix générale et une
réduction possible des armeinents exassifs
qui pèsenl sur toutes h s nations se présente
dans la situation actueile du monde entier
com roe l'idéal auquel devraient tend re les
eftorts de tous les gouvernements.
Les vues humanitaires et magnanirnes de
Sa Msjesté l'Empereur, mort auguste maitre,
y sont entièreoient acquises. Dans la convic
lion que ce bul élevé répond :>ux intéréts les
les plus essentiels et aux vceux légitimes de
toutes ks puissances, le gouvernement im-
f érial croit que le moment présent serail trés
favorable b la recherche, dans les voies de
la discussion internationale, des raoyens les
plus efficaces b assurer b tous les peuples les
bienfails d'une paix réelle el durable et de
mettreavant tout un terme au developpement
progressit des armemenis actuels.
Au couts de 20 dernières années, les
aspirations It un apaisement généra! se sont
particulièrement affirmées dans la conscience
des nations civilisées.
La conservation de la paix a posée
comrne le but de. la politique internationale.
C'est en son nom que les grands Etats ont
conclu eritre eux de puissantes alliances,
c'est pour mieux garantir la paix qu'ils ont
développé, dans des proportions inconnues
jusqu'ici, leurs forces militaires et qu'ils
continu nt encore b les accroitre sans reculer
devant aucun sacrifice. Tous ces efforts,
pourtarit. n'ont pu aboutir encore aux résul-
tats bierfais mts de la pacification souhaiiée.
Les charges fmancières suivent une
marclie ase- ndante, atteignant la prospérité
publique dans sa source.
Les forces intellqctuelles et physiques des
peuples, Ie travail et le capital sunt en ma
jeure parlie détournés de leur application
naturelle et coosumés improductivemerit.
Des centaines de millions sont employés
b acquérir des engins de destruction effroy-
ables qui, corisidérés aujourd'hui com me
le dernier mot de la science, sont deslinés
demairt it perdre toute valour it la suite de
quelquenouveile découverte dansce domaine.
La culture nationale, ie progrès éeorio-
rnique et la production des richesses sont
entravés, paralysés ou faussés dans leur dé-
veloppement A mesure qu'ils s'accroisseut,
les armemenis de chaque puissance répoo-
dent de moins en atoins au but que les gou-
vernements s'étaient proposés.
Lss crises écono - iqne dues en grande
partie au régime des armeuients b outrance
et au danger cominuel qui git dans eet amort-
cellement du matériel de guerre transfor-
ment la paix armée. de nos jour-s, en fardeau
écrasant que ks peuples ont de plus ert plus
de peine porter.
li parait évident, dés lors que, ci entte
situation se prolongeait, elle conduirait fata-
letnent ce cataclysme cnême qu'on lend li
écarier et dotti les horreurs font frérnir 5
l'avance toute pensée bumaine.
Mettre un terme b ces armemetits inces-
sants et recbercher le moyen de prévenir
les calamités qui menacent le monde entier,
iel est le devoir suprème qui s'impose au-
jourd'hui ii tous les Eiats.
Pénétrée de ce sentiment, Sa Majesté a
daigné rn'ordonner de proposer b tous les
gouvernements dont les représeniantssont
accrédités prés de la cour impétiale, la
réunion d'une conférence qui aurait b s'oc-
cuper de ce grave problème. Gette confé
rence serait, Dieu aidant, d'un heureux pré
sage pour le siècle qui va s'ouvrir.
Elle rassemblerait dans un puissant fais-
ceau les eftorts de tous les Etats qui cher-
ehent sincèrement b faire triompher la grande
concession de la paix universelle sur les éle-
ments de trouble et de discorde elle cimen-
terait en rnême temps leurs accords par une
consécration solidaire des principes d equité
et de droit sur lesquels reposenl, la sécurité
des Etats et le bien être des peuples.
Gette circulaire défraie la polémique
de tous les jouruaux.Le monde semble
accueillir. avec faveur, la conception
du Tzar de réunir un congrès des
puissauces, en vue d'assurer défiuiti-
ve.aent la paix par un désarmement
general.
Le congrès se réunira, nous en
sommes convaincus, peut-être même
a Bruxelles sous la présidence de
Leopold II.
Que sortira-t-il de ce congrès?
Nous n'osorts opérer que toutes les
puissances reünies auront la puissance
d'abolir pour toujours la guerre qui
est, comrne la peste et la famine, un
fléau dont Dien, le tout-puissant, se
sert, quand it Lui plait, pour chatier
les peuples.
Le Message de Nicolas II pour la
paix n'en est pas moins un événement
considérable, une idéé généreuse que
le monde civilisé doit accepter dans
les mêmes vues que sou auguste auteur
et encourager par tous les rnoyens qui
sont a sa disposition.
Déja Léoti Xill a envoyé des félici-
tations au jeune Empereur de toutes
les Kussies. Représentant sur la terre
de celui qui a voulu apporter lapaix
aux hommes, le Pape ne peut-être que
favorable aux idéés humanitaires et
magnanimes de Nicolas II
Des chefs d'Efat out adhéré immé-
diatemént a la proposition du Tzar
qui, eutre au tres résultats, aura sans
doute celui d'ameuer une prompte et
équitable entente entre tes deux puis
sauces, l'Espagne et les Ëtats-Uuis,
qui viennent de trancher leurs diffé
rents par les armes.
Puisse, Dieu aidant, la conférence
de la paix être d un heureux présage
pour le siècle qui va s'ouvrir! Ainsi
s'exprime Nicolas II qui semble ne pas
oüblier que tout événement procédé
de la volonté de Dieu.Ge serait en effet
batir sur le sable de vouloir se passer
dé l'aide et de la protection divines.
Acceptons done le Message russe
avac respect et reconnaissance. Quatid
les efforts du Tzar n'auraient d'au-
tres résultats qu'une diminution con
sidérable des ormemeuts excessifs et
la soumission des différents iuterna-
tionaux a un arbitrage, encore de-
vrions nous les accueillir, nous beiges
,-urtout, avec empressement et bon-
heur.
II nous semble évident en effet que
les petites nations profiteront avant
toutes les autres de ces avantages
iramenses qui seront probablement
les couséqueuces les plus immédiates
et les plus certaiues du congrès de la
paix.
Le message de Nicolas it serait-il inspiré
par les statistiques suivantes que nous t-rn-
pruntons b VAlmanack de Gotha
Allemagne 480.000 h. Autriche-Hongrie
360.000 h. Belgique 51.000 h. Bulgarie
46.000 h. Danemark 11.000 h. Espagne
130.0)0 h. - France570,000 h. - Grande-
Bretagne 727,000 h. Gréce 25.000 h. -
Italië 255.500 h. Pays-Bas 29.000 h.
Portugal 33.000 h. - Roumanie: 6^.000 h.
Russie 894.000 li. Serbie 22.500 h.
Suède et Norvège 39.000 h. Suisse
496.000 h. - Turquie 350.000 hommes,
Soit, pour l'Europe, un total de 4 millions
779 mille cinq cents hommes.
En ce qui concerne la marine, l'Allemagne
possède9i batiments comprenant un personnel
de48.071 hommes; rAutriche-Hongrie, 124 ba-
timent et 8.649 hommes, le Danemark, 62 bati
ments et 1.622 h. l'Espagne, 153 batiments
et 1.410 officiers la France, 504 batiments et
43.945 h. la Grande-Bretagne, 881 batiments
et 100.405 h.la Grèce, 69 bbtiments et 3.159
h. l'Italie, 328 bat. et 25.175 h. les Pays-Bas,
131 batiments et 6.918 h. le Portugal, 25 bati
ments et 5.297 h. la Roumanie, 30 bat. et
1.720 h.la Russie, 369 batiments et 39.363 h.
la Suède et la Norvège, 83 batiments et 3.430
h. la Turquie; 69 bailments et 12.640 hom
mes.
Soit un total de 2.910 batiments dont les
frais de construction sont colossaux, et 279.156
officiers, soldats, employés et matelots.
Voici enfin les chiffres atteints dans ces
divers pays par les budgets de la guerre et
marine
Allemagne, 877.759.843 francs. Autriche-
Hongrie, 364,94-2.705 fr. Belgique, 48.406.375
fr. Danemarck, 17.246.477 fr. Espagne,
163.659.322 francs. France, 880-718.670 fr.
Grande-Bretagne, un milliard 11 millions.
Grèce, 16.345.312 fr. Italië. 337.742.929
Pays-Bas, 78.624.786 francs. Portugal,
444.674.295 fr. Roumanie, 44.470.335 francs.
Russie, 1.377.128.676 francs. Serbie,
14.115.393 fr. Suède etNorwège, 45.353.700
fr. Suisse, 23.200.840 fr. et Turquie,
115.823.838 francs.
Soit la somme globale de plus de 6 milliards
700 millions, rien que pour l'Europe.... eten
temps de paix.
La proclamation des récompenses au col
lége moderne a„ été accompagnée d'un
discours de M. le protesseur Blyau, sur
ou plutöt contre l'étude des langues latine et
grecque.
M. Blyau fait ressortir la supériorité des
aliemands qui rsous sont, dit-il, préférés
dans le commerce parcequ'ils sont nos mal-
tres dans ia connaissance des langues rno-
dernes.
II appelle des survivantes du moyen age
les prerogatives que les langues anciennes
ont conservées dans nos établissements de
struction.
L'honorable protesseur conclut b ce qu'on
adopte dans notre pays, comme en France,
pour ['instruction moyenne, l'inscription au
programme, de la lecture, en traduction, des
chefs d''oeuvre de Vantiquité.
C'est pourqu >i, dit-il, bien que fervent
partisan des études humanistes, bien que
siocère adrairateur des littératures de ces
langues déturites, je voudrais voir adopter
cette mesure pour notre pays, car je con-
sidèrela connaissance de ces langues com-
me un bagage superflu et encombrant pour
tous ceux qui ne se destinent pas aux étu-
des supérieures.
Qui done a jamais prétendu que ceux qui
ne se destinent pas aux études supérieures
doivent apprendre le latin et le grec?
-t—-,»MQQiiuU- i