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Samedi 3 Sept* mbre 1898.
10 centimes ie IV0.
33e Année
N° 3371.
LA FRANCE
Un nouveau scandale
Pays-Bas
Le Rape et la paix armée
Le blé en Europe
Réunion des députés
agricoles
bureaux
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L'affaire Dreyfus entre dans une
nouvelle phase.
Le colonel Henry, chef de bureau
des renseignements, un des témoins
accablantspour Dreyfus dans le procés
de 1894, vierit d'etre arrêté sous la
grave prévention d'avoir en 1896,
fabriqué une pièce faussepour établir,
après coupetd'unefacon péremptoire,
la culpabililé du coudamné.
Le colonel Henry a fait des aveux
complets au miuistre de la guerre et,
convaincu de son crimeet du chati-
mentqui devait le suivreil s'est don-
né la mort, ajoutant ainsi une lacheté
a un faux politique.
Notre format ne permet pasd'entrer
dans les détails de Ia découverte du
laux, de l'arrestation et du suicide du
faussaire. Ces détails ont du reste peu
d'importance.
Ce qu'il importe de noter ici tout
d'abord eest que ce nouvel incident
est de nature a humilier profondément
lamour-propre national francais.
L'opinion publique se croyait en pre
sence d'un loyal soldat, incapable,
comme tel, de recourir a des moyens
frauduleus pour établir la culpabililé
d'un autre oldat, et le témoignage
du colonel Henry avaitcontribué pour
beaucoup a donner leurs apaisemenfs
a la conscience des juges et au juge-
ment du peuple frangais.
C'est un soldat qui a fabriqué une
piece Daus quel intérêt On le de-
vine a peine.
L'honneur de l'armée franQaise
n'exigeait point une preuve après coup
de Ia cuipabilité de Dreyfus. A part
les Dreyfusards, tout le monde était
convaincu que, jugé par ses pairs, des
hommes intègres, Dreyfus était cou-
pable.
L acte inqualitiable commis par le
colonel Henry est de nature, sinon a
faire croire a l'iunocence du trailre
Dreyius, tout au moins a mettre en
doute les preuves de sa cuipabilité.
Pour beaucoup d'esprits la révision
du procés Dreyfus s'imposera. Aura-
t elle lieu II nous se:able que, dans
1 intérêt de l'armée même, le gouver
nement francais devrait faire procéder
a cette révision.
Nous croyons que la révision du
procés,fait au grand jour, démontrera
la cuipabilité de Dreyfus et coupera
court, a la campagne de tous les Drey
fusards.
L'honneur de la Frauce yest engagé.
La majorité de Ia reine
Wilhelmine
Cest Mercredi, 31 Aoüt, que la jeune
reine de Hollandea atteintsa 18« année,
c'est h-dire sa majorité. Dès la veille, la
Reine-Régente avait fait connaitre qu'elle
remettait ses pouvoirs entre les mains de la
jeune souveraine.
Aujourd'hui, la reine Wilhelmine annonce
son avénement au peuple hollandais.
Une éditiori extraordinaire du Journal
O/ficiel publie la proclamation de ia reine
Wilhelmine, contresignée par tous les mi-
nistres.
En ce jour si important pour vous et
pour moi, j'éprouve le besoin de vous
adresser quelques paroles et, avant tout, un
mot de gratitude.
Dès ma plus tendre jeunesse, vous
m avez entourée de votre affection. De toutes
1'S parties du royaume, de toutes les classes
de la société.des vieillards et de la jeunesse,
j ai regu toujours des témoignages touchants
de dévouement. Aprés la mort de mon père
bien airné, tout votre attachement h ma
maison s est reporté sur moi. Maintenant,
prête k accepter la tache, belle mais lourde,
laquelle je suis appelée, je sens que votre
fidélité rn'est acquise.
«Recevez l'expression de ma gratitude.
Tout ce que j'ai éprouvé jusqu'h présent m'a
laissé des impressions irieftafables c'est
pour moi une garantie d'avenir. Ma mère
bien aimée m'a donné l'exemple d'un con
ception noble et sublime du devoir qui
m'itieombe.
Le but de ma vie sera de suivre eet
exemple et de régner comme doit régner une
princesse de ia maison d'Orange. Fidéle k la
Constitution, je veux faire respecter la justi
ce dans le pays et dans les colonies et con-
tribuer a votre bien-être iniellectuel et
matériel, J'espère et j'ai ia confiance que
dans 1'accomplissement de ma tache, votre
appui ne me fera jamais défaut. Confiant en
Dieu et implorant son appui, j'accepte les
rênes du gouvernement.
Dans les églises de tous les cultes, des
services solennels out été célébrés en l'hon
neur de la reine.
Dimanche, on a lu, dans toutes les églises
et chapelles catholiques du royaume, une
lettre collective de l'archevêque et des quatre
évêquesdes Pays Bas. Dans cette lettre pasto-
role, 1 Episcopal, exhorte les fidèles h prier
Dieu pour la Régeote qui a donné une éduca-
tion si chrétienne sa fille. et surtout pour
ta Reine qui va se charger de la responsabi-
lité et des soucis dela royauté.C'est pour cela
que l'épiscopat prescrit de chanter une messe
solennelle, suivie dü Te Deum, dans toutes
les églises publiques, le Mercredi.
L'épiscopat janséniste a puhlié un rescrit
analogue.
Le pape a félicité le czar de son acte relatif
andésarmementet encourage sa noble initiative.
L'allocution consistoriale du l lfévrierl889,
sur le périt des nations armées, indiquait sur
quoi il faut fonder la paix générale et le róie de
1' Eglise.
Le Saint-Père, dont la mission a toujours été
t. établir la paix sur la terre, eueouragera et
bénira toujours les efforts pour mettre fin aux
combats fraticides des hommes.
Voici le passage de 1' allocution consistoriale
laquelle nous faisons allusion. II est néces
saire de venir au secours de la société ébranlée,
dit le Saint-Père, en rappelant les troubles qui
viennent d'avoir lieu, en montrant que la con
servation sociale viendra du respect de Ia reli
gion.
Une autre considération, trés opportune,
continue le Pape, c'est que jamais, on n'a tant
désiré la paix et la tranquillité. Princes et gou-
vernants allirment qu'ils veulent conserver les
bienfaits de la paix, ce qui est un but trés hon-
nète, car la guerre serait aujourd'hui plus ter
rible que jamais.
Rien done de si important que d'écarter ie
péril de la guerre; mais il ne suffit pas de
desirer la tranquillité. Les immenses apparats
de guerre peuvent quelquefois éloigner la guer
re, mais non procurer un repos stable etsür.
Bien plus, tous ces armements accompagnés
de menaces inspirent les soupgons plus qu'ils
ne les dissipent, troubient les esprits par la
crainte de l'avenir et imposent aux peuples des
charges souvent plus intolérables que la guerre
mèmê.
II faut done chercher a la paix des fonde-
ments plus stirs, car si la nature permet de
défendre ses droits par les armes, elle ne per
met pas k la force de constituer le droit. La jus
tice et la charité constituent seules les fonde-
ments de la paix.
Dieu a établi son Eglise mère et gardienne
de ces deux verlus. Aussi a-t-elle toujours
cherchéa conserver, h propager et k défendre
les lois de la justice et de la charité aussi
encore, quand c'ótuit nécessaire et possible
l'Eglise a-t-elle toujours interposé son autorité
pour rétablir la concorde, et pacifier les roy-
aumes.
Le pape terminaiten disantque c'est de ce
but qu'il s'inspire dans tous ses actes. Quoi qu
arrivé et quels que soient les jugements passés
et futurs des hommes, tous les actes du Pape
dirigés par cette règle ne dévieront jamais.
S'il ne peut pas pourvoirautremeut au main-
tien de la paix, il continuera de prier Dieu pour
que toute crainte de guerre soit écartée, que
l'ordre juste des choses soit rétabli, et que
l'Europe fasse reposer la paix sur ces bases qui
sont les seules vraiment stables.
Nous voici li l'époque oü chacun suppute la
production probable des récoltes dans le hut
de lire l'avenir. Les cours dépendent logique-
nient de l'abondance ou de la pénurie des récol
tes. Ce besoin de prevision se fait surtout sentir
après une campagne oü le déficit général a
amené une hausse a laquelle on n'était plus
habitué depuis longtemps.
On sait que les Eats-Unis ont une récolte
abondante, plus forte peut-étre encore que celle
de l'an dernier; partout ou presque partout,
sur ie vieux continent, Ia production du blé a
été favorable. En France, on parie de 125 milli
ons d'hectolitres, soit une augmentation de 37
millions sarl'an dernier; l'ltalie, l'Espagne,
l'Angleterre, la Belgique ont également une
production notablement supérieure et recour-
ront, par conséquent, a de plus faibles impor
tations.
Les pays européens exportateurs auront,eux
aussi, des disponibilités plus considérables; la
Rcumanie,la Buigaric, la Serbie ont une récol
te variant de bonne k trés bonne, tandis que
l'année dernière elle était nettement mauvaise
la Turquie est également plus favorisée. En
Russie, maigré les déceptions, la production,
quoique trés variable'Suivant lés régions, a né-
anmoins un ensemble de récoltesde blé supérieur
a celui de la campagne précédente,
D après 1'Evening Corn Trade List la produc
tion en Europe s'élèverait h 522 millions d'hec
tolitres en chiffres ronds, contre 437,610,000
hect. en 1897,551,072,500, en 1896. 11 estime la
consommation en Europe a 600,300,000 hect.,
différence done de 78,300,000 hect.
On voit, d'après ces chiffres, dit le Bulletin
des Hallesque la production en Europe est su
périeure a celle de i'an dernier de 84 millions
d'hect. en chiffres ronds, mais inférieure k cel
le 1896 de 51 millions d'hect. Etant donné que,
cette année, les stocks sont partout considéra-
blement réduitsaussi bien dans les pays im-
portateurs que dans ceux exportateurs, alors
qu au contraire, en 1896, les réserves étaient
siuon abondantes, au moins normales, après
les bonnes récolles générales de 1895 et de 1894,
ces deux campagnes 1896-97 et 1898-99 ne peu
vent se comparer, surtout au début.
Le groupe des députés agricoles, auquel ap-
partiennentles Représentant® de notre arron
dissement, s'est réuni Mercredi malin dans une
salie de sections du palais de la nation.
Plusieurs députés nouveaux s'étaient joint
aux membres anciens.
M. le minislre de l'agriculture était égale
ment présent. Un long échange de vues a eu
lieu k propos des mesures que le gouvernement
a l'intentïon de prendre pour empêcher Ia con
tamination du bétail beige par le bétail
importé.
Le gouvernement a l'intention de n'autoriser
1 importation du bétail grasqu'aprèsqu'il aurait
été abattu k la frontière.Quant au bétail maigre,
il sera soumis, a la frontière également a la tu-
berculinosation. De vasles installations seraient
créées a eet effet aux frontières.
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