m
oQUbsJic
s
Samedi 17 Septembre 1898.
10 centimes le N°.
33e Année. N° 3375
L'affaire Dreyfus
Chronique religieuse
Nouvelles diverses
On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et
Le JOURNAL D'YPHES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 60 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se rógularisent fin Décembre.
Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus.
k tous ies bureaux de pokte du rovaume.
Les ïnnonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent
30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les numéros suppló-
menta.res coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgiquo (excepté les 2 Flandres) s'adresser VAgence
iSavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse.
La fermeté du general Zurlinden
Le journal le Soir croit savoir qu'au
cours de son entretien avec le general
Zurlinden, M. Sarrien a fait tous ses
efforts pour faire revenir le ministre
de la guerre sur son intention de
démissionner plntótque de consentir
a la revision dn procés Dreyfus. Mais
le général est resté inébranlable, et,
suivant le Soir, il donnerait sa demis
sion au conseil des ministres de Sa
medi.
Un grand meeting comptant 2,000
personnes et présidé par M. de Pres-
sensé a émis un vote en faveur de la
mise en liberté du colonel Picquart,
de la suppression de la justice mili
taire, et exprimant ses sympathies a
Dreyfus et a sa familie.
Le journal XAurora annonce qu'uu
officier qui a collaboré a la confection
du dossier Dreyfus, dout il ne croit
pas devoir dire le nom actueilement
et qui se trouve en garnison dans la
Meuse,sera arrêté trèsprochainement.
Les conclusions de M. Sarrien
Le Figaro croit savoir que M. Sar
rien, ministre de la justice, a termiué
1 etude du dossier Dreyfus, et que ses
conclusions sont arrêtées depuis bier
soir.
Le garde des sceaux, au conseil des
ministresde demain,fera connaitreson
intention de transmettre le dossier de
l'affaire a la commission compétente.
M. Sarrien développera au conseil
de demain les raisons qui lont amené
a prendre cette decision.
Le Conseil aura alors a se pronon-
cer et tout porte a croire qu'il adop-
tera l'avis de M. Sarrien.
Au ministère de la justice, en tout
cas, on ne semble pas faire de doute
de la decision du Conseil et on se
préoccupe déja des moyens de préve-
nir les membres de la commission de
la revision.
M. Sarrien a fait connaitreau mi
nistre de la guerre les conclusions
auxquclles il était arrivé et qu'il
comptait soumettre au conseil.
Démission prévue du
général Zurlinden
Le général Zurlinden, n'a pas par-
tagé la manière de voir de son collè-
gue de la justice. 11 a déclaré a M.
Sarrien qu'il continuait, a être adver
saire de la révision, et qu'il donnerait
sa démission de ministre de la guerre
s'il se trouvait en désaccord avec la
majorité du conseil des ministres.
Le Figaro et le Rappel disent que le
président du conseil parait résolu a
prendre le portefeuille de la guerre.
C'est actueilement la solution la plus
probable.
M. Valley, dans ce cas, serait nom-
mé ministre de l'intérieur.
Le Temps dément que M. Sarrien
ait pu donner son opinion sur la
révision du procés Dreyfus car il n a
pas encore terminé l'examen du dos
sier. Son opinion sera connue seule-
ment au conseil de demain.
Eglise St Pierre.
Le Dimancbe 18 Septembre, fête de Notre
Dame des Sept Douleurs, tous les fidèles
peuverit gagner, aux conditions ordinaires,
l'indulgence plénière accordée par Sa Sain-
teté Léon XIII, aulant de fois qu'ils visite-
ront, en ce jour l'église St Pierre. A 10
heures grand' messe, k 2 1/2 heures vêpres
et salut.
Bruxelles. Cette aventure étrange
s'est passée, hier après midi, le long du ca
nal de Charleroi. L'agent B..., de la police
de Laeken, se trouvait dans ces environs
lorsque tout k coup il vit k quelques pas de-
vant lui un personnage k charge duquel exi-
stait un mandat de capture.
L'agent aussitöt alia empoigner notre
homrae, lui donnant l'ordre de le suivrejus-
qu'au commissariat voisin. L'autre refusa et
comrae le garde-ville insistait, il se dégagea
brusquement et se jeta au canal.
Le policier, entrainé par un élan irrési-
stible et irréffléchi, sauta k son tour dans
l'eau, mais mal lui en prit, car il savait k
peine nager.
Le pauvre agent allait se noyer lorsque
l'individu recherché qui allait toucher l'autre
bord, vira, fit quelques brassées et empoigna
k son tour l'agent.
11 était temps. Celui-ci fut ramené k la
berge.
Mais tandis que tout étourdi encore le po
licier se frottait les yeux, !e prisonnier
persusdé qu'il avait bien gagné la liberté
prit la fuite k toutes jambes.
La rage. Un habitant de la rue Rogier
k Schaerbeek, M. Kaiser, avait un job petit
chien spitz que tout le monde dans la maison
carressait. SubiU ment, Mardi, la petite bêle
se montra hargneuse et mordit les trois en-
fants de M. Kaiser.
Un locataire de la maison, Mlle Dupont,
qui croyait kun accès de méchanceté de l'a-
nimal, voulut le corriger en le frappant Mal
lui en prit, le spitz le mordit également. Vers
midi, M. Kaiser, rentrant k la maison, fut
de rnême mordu k la jambe. Apprenant l'at-
titude belliqueuse de son chien, celui ci l'ex-
pédia k l'école vétérinaire de Curegbemoü
on le tint en observation. Jeudi après midi
l'animal se roulant dans les dernièrcs con
vulsions de la rage expirait. L'autopsie dé
montra qu'il était atteint de la maladie rabi-
que au suprème degré.
Le directeur de l'école vétérinaire porta
le fait k la connaissance de M.le bourgmestre
de Schaerbeek. Celui-ci, avec tous les ména-
gemcnts que comportait la situation, donna
les ordres nécessaires, et, Vendredi matin,
M"* Dupont, M. Kaiser et ses trois enfants
furent expédiés k Lille, en destination de
l'fnstitut Pasteur.
Croquis parisien. Rencontré hier, mon-
tant allégrement la rue Blanche, un homme
de taille moyenne, assez tort, la figure
ouverte, mine épanouie. L'bomme marchait
d'un pas alerte il tenait k la main un carton
k chapeau.
Hé maïs!... n'avions-nous déjk pas vu
cette figure Ik quelque part? Mon Dieu, oui,
voyons, attendez... Fabérot, c'était le ci-
toyen Fabérot, l'ancien député du onzième,
redevenu ouvrier chapellier, et qui s'en allait
porter du travail en ville.
Eh, bonjour, citoyen Fabérot. Quel
heureux hasard
Vous voyez, de l'ouvrage trés pressé
que je rapporte...
Alors, cava bien, les affaires? Vous
êtes content
Quand on travaille, on est toujours
content
Et la politique,nous y avons renoncé?...
Pas du toutJ'en fais le soir, quand
ma besogne est finie...
Pour vous reposer
Pour me reposer, comme vous dites.
Et le brave homme part d'un bon gros
rire. Nous le regardons s'éloigner, de son
même pas tranquille, son carton k chapeau
sous le bras. Les passants ne se doutaient
guère que c'était lk un ancien député, des
plus terribles, qui, pour un oui ou un non,
se précipitait k la tribune. II représentait le
peuple alors; il ne représente plus aujour-
d'bui qu'une maison de cbapeaux...
Et il nous a fait l'effet de n'en être ni
moins fier, ni surtout moins heureu x.
Une maison assiégée trois nuits conséculi-
ves.On écrit de Verviers Une ferme,
habitée par M. Grosdent, fermier et garde
particulier de M. le comte Vander Straten-
Pontboz, etsituéeau quartier des Prés Javais,
k Verviers, a subi de véritables assauts pen
dant les nuits de Dimanche, Lundi et Mardi.
Cette ferme est située sur leflanc d'une
colline boisée.
Dimanche, vers 8 h. 1/2 du soir, une
gréle de pierres s'aoaltit sur la maison.
M. Grosdent, voyant que cela tournait
mal, rentra chez lui, décrocha sonfusil,
rassura sa femme qui est malade au lit, el
sortit pour faire une battue dans le bois.
Ses recherches lurent vaines il lira plus
de quinze coup de feu dans la nuit, mais il
ne découvrit rien.
II entendit bien des pierres tomber par-ci
par-lk autour de lui, mais ce fut tout.
Rentré chez lui pour un instani, il se fit
accompagner par un chien et ses deux dome-
stiques, etjusque3 heures du matin battitla
forêt en tout sens, toujours sous une grêie
de pierres.
Le jour vint et tout rentra dans le calme.
Dans la nuit de Lundi k Mardi et dans cel-
Ie de Mardi k Mercredi, les mèmes faits se
reproduisirent, mais cette dernière nuit
1 affaire paraissait être plus sérieuse les
pierres se succédaient avec rapidilé. Voyant
le danger, Grosdent sortit de chez lui avec
ses domestiques et se mit k crier au secours.
Des voisins accouiurent et une battue en
régie s'organisa dans les bois voisins, mais
elle n'amena aucun résultat.
La police, qui a été prévenue, a ouvert
une enquête elle s'est rendue sur les lieux
et k différents endroits, aux environs de
la ferme, elle a découvert des tas de pierres
de la grosseur d'un poing qu'on devinait
avoir été posées lk comme réserve.
Voilk certes une affaire de mystère et qui
ne manque pas d'émotionner le populeux
quartier des Prés Javais, oü pendant ces
trois detnières nuits on n'a fait qu'entendre
des fusillades nourries du cóté de la forêt et
de la montagne.
A bon chat, bon rat. Deux agents de
police avaient recu mission de mettre le
grappin sur un colporteur k charge duquel
avait été lancé un mandat de capture. lis se
rendirent impasse Meert, oü Ie délinquant
occupedans les combles une chambrette k
laquelle on n'a accès que par une échelle. De
porte point, mais une trappe.
Les policiers grimpèrent k ce pigeonnier,
mais le colporteur les aperput, laissa retom-
ber la trappe et s'assit dessus, narguant les
agents en cbantant gaiementHalte-lk on
ne passé pas.
Mais cette ruse ne lui réussit qu'k demi...
Les agents qui s'étaient retirés, revinrent k