Mercredi 5 öctobre 898
33" Annee.
10 centimes Ie N
La terreur en Chine
La mort de la reine
de Danemarck
Attentat prémédité contre
Ie roi de Roumanie
Une révolte des indigènes
au Transvaal
La révision a la cour de
cassation
On s'abonnè rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous lés bureaus ue pos te du royaume.
Intervention probable
des puissances
Pékin, 29 Septembre. L usurpation
du pouvoir par l'imperatrice-douai-
rière a ouvert une veritable ère de
terreur. Les progressistes, les réfor
mateurs^ tous ceux qui moritrent quel-
que velléité d'aller de l'avant, de résis-
ter aux tentatives réactionnaires de
l'impératriee, sont traqués comme
des betes fauves.
On vient d'emprisonner buit des
compagnons de Kong-Yu-Mei, sous
l'accusation d'avoir conspire contre la
vie de l'impératriee. A Sanghaï, des
arrestations en masse se sont produi-
tes.
On ignore toujours si l'Empereur
est en vie.
Mais on affirme que l'impératriee
s'apprête a modifier ou a retirer les
décrets réformateurs de sou neven.
Elle vient de plus d'avoir l'audace de
rappeler au sein du couseil du '1 sung-
Li-Yamen une de ses créatu res, Hti-
Yung-Hu, qui en avait été expulsé
pour indélicatesse sur la requête de
sir O'Connor.
On affirme que le Japon, les Elats-
Unis et la Grande-Bretagne intervien-
dront pour mettre fin a cette désas-
treuse situation.
Pour ce qui concerne l'Angleterre,
elle a nettement fait connaitre ses sen
timents en protégeant le réformateur
Koug-Yu-Mei, actueliement en süreté
sur le steamer anglais Ballaroct.
Les puissances susnommées récla-
meraient aussi la déportatiou de Li-
Hung-ïchang dont la politique par
trop russophile leur porte ombrage.
Lopiuion publique en Chine est,
(Tailleurs, lellement surexcitée contre
eet homme d'Etat, que sa familie a du
se réfugier dansjes environs de Port-
Arthur, oü elle est protégée par la
force armée contre la fureur des mas
ses.
La santé de VEmpereur de Chine
On télégraphie de Pékin au Times a
la date du 26
Un édit impérial publié aujourd'bui
26, exprime des craintes pour l'état de
santé précaire de l'Empereur et or-
donne aux gouvernements de toutes
les provinces d'envoyer a Pékin les
meilleurs médecins.
La mort de l'Empereur ne modi-
fierait en rien la situation. Son suc-
cesseur est déja trouvé.
Londres, 29 Septembre. Le cor-
respondant du Times a Hong-Kong dit
que maigré les uombreuses executions
qui out lieu, la rebellion de Kouang
Si est loin d etre complètement étouf-
fée.
La reine de Danemarck, décédée
Jeudi matin a 5 b. J/2, était prin-
cessede Hesse Cassel. Elle était née
le 7 Septembre 1 17En 1842, elle
avait épousé Christian IX, de Dane
marck. Ce fut, line union extrême-
ment heureuse et féconde, car la rnai-
son royale de Dauemarck est alliée a
presque toutes les maisons princières
d'Europe. Six erifauts naquirent de ce
mariage le prince Cbristian-Frédé-
ric-Guiliaume-Charles, né a Copen-
bague en 1843, et quia épousé en
1869 la princesse Louise de Suède et
Norvège la princesse Alexandra-
Caroiine-Marie-Charlotte, née a Co-
penhague en 1844, qui a épousé en
1863 ie prince de Galles le roi
Georges deGrèce, né a Copenbague
en 1845 la princesse Marie-Sophie
Dagmar, née a Copenbague en 1847,
impératrice de Bussie par son ma
riage, en 1866, avec Tempereur
Alexandre 11! la princesse Thyra-
Amélie-Caroiine, née.en 1853 et qui a
épousé en 1878 le due de Cumberland;
le prince Valdemar, né en 1858, qui
a épousé en 1885 la princesse Marie
d'Orléans, fille du due de C bar tres.
La reine Louise de Danemark était
uue des princesses les plus populaires
d'Europe. Elle avait une grande répu-
taiion desimplicité et la vie patriarcale
qu elle meuaii au Chateau de Berns
torffshoi était devenue proverbiale.
Ou se rappel le eucore les grandes
fêtes qui eurent lieu en 1892a Copen
bague, a l'occasion des noces dor de
la reine et du roi de Danemark. Ce
furent des fêtes grandioses et aux-
quelles tout ie peuple dauois s'était
associé.
La presse berlinoise dit que ia reine
de Dauemarck fut i ennemie implaca
ble de l'Allemagne.
Le Tageblalt dit que le prince de
Bismarck vit souvent ses projets dé-
joués par la reine Louise.
Les articles nécroiogiques se ressen-
tent de cette hostilité hiep connue de
la reine de Danemarck contre la
Prusse depuis la spoliation de 1864.
VIEN1NE, 29 Septembre. Les
journaux du soir racontent qu'un in
dividu suspect a été arrêté, hier, a
Orsova, au moment ou il arrival! par
le bateau Danube venant de Semlin
eet individu, nommé Milos Demetro-
vifch, était porteur de pistolets, de
poignards, de couteaux et d'un flacon
de poison. La police hongroise pre
tend que Demetrovitch préméditait
un attentat contre le roi de Roumanie
qui arrive demain a Sinain.
PRETORIA, 29Septembre. Pln-
sieurs centaines de Boers ont offert de
partir comme soldats pour le district
de Zoulpansberg, oü un fort sera con-
struit prés de la capitale. Des cafres
Mogats out refuse de payer la taxe des
huttes. Dans quelques jours, 1500
Boers arrnés, provenaut de différents
districts eteommandés par leurs cor-
nettes respectifs, seront sur les lieux
des troubles.
Le Matin, journal révisioniste de
Paris, a vu la Cour de Cassation, du
moins un membre d'icelle, et il a rap-
porlé de son entretien une impression
peu encourageute.
Voici la declaration du couseiller
Vous entendez bien, nous a-t-il dit,
que je ne puis avoir d'avis formel èexprimer,
puisqueje ne connais pas le dossier. J'ai
suivi de mon mieux les journaux qui ont
parlé utilemerit de cette affaire, e est-due
ceux qui out jmpartialemeut reproduit les
documents et les fails d .ns les deux sens.
J'ai bien mon opinion de derrière la tête sur
ies culpabilités et les responsabilitésmuis
ce n'est pas de cela qu'il s'agit Vous
voulez sa voir si, seion moi, mes collègues
de la chambre criroinelle seront portés vrai-
semblablement prononcer la révision Eh
bien, a priori, je vous dirai Non.
Non, je ne crois pas qu'ils décident ain-
si. Je ne crois pas qu'ils trouvent dans la
cause les éléments juridiques nécessaires.
Voulez-vous que je précise Deux faits
sautent aux yeux du public parmi ceux que
la presse a évoqués fait Henry et le fait
du Paty dt. Clam.
On dit
1° Puisque le lieutenant-colonel Henry
a reconnu avoir falsifié une pièce du dossier,
il y a lieu d'abord de ne tenir aucun compte
des autres papiers appartenant la même
liasse, e'est-è-dire de ceux qui ont été re-
cueillis et classés depuis trois ou quatre ans
par eet officier pour confirmer après coup
le bien-jugé du procés de trabison.
En outre, le colonel ayant été un des
principaux téinoins de '1894, toute sa dépo-
sition se trouve sinon annulée, du moins
frappée de suspicion legitime par suite de
son aveu.
2' En ce qui concerne M. du Paty de
Clam, il a été l'instructeur de la première
affaire. On vient de le punir pour je ne sais
quel les compromissions avec Esterhazy,
pour des communications de pièces. qui
auraient dü demeurer secrètes pour des
actes, en un mot, qui caractérisent l'infidé-
lité professionnelle...
Voilé bien ce que l'on dit, n'est-ce pas?
Et le public coriclut de ces justcs remarques,
avec sa fogique simpliste et irrésistible, que
la cour de cassation rt'a plus qu'è effacer
tout et dire que l'on recommence?...
Eb bien, jen suis fbché pour ma part,
rnais la solution n'est pas si claire que cela.
D'abord, les documents suspects la
suite de l'aveu d'Henry sont postérieurs h la
condamnation. Si, parmi ceux qui ont aidé
les juges du couseil de guerre se former
une opinion, il en est d'aussi invraisem-
blables et même d'aussi ridicules, rien ne
l'indique avec certitude, et ti'oubliez pas que
leur jugement a déjé été frappé d'appel et
confirmé.
Quant au témoignage d'Henry, rien de
définitit n'est venu lui infliger judiciairement
la caducité. II subsiste, puisque le colonel
n'a pas été poui suivi et condamné pour
faux témoignage. Les formes de Ia justice,
dont notre assemblée est la vigilante gar-
dienne, ne permettent pas sur cette seule
considéraiion de décider la révision.
En ce qui concerne ['incident du Paty
de Clam, vous voyez tout de suite qu'il en
va de même.
Le lieutenant-colonel du Paty de Clam a
communiqué Eslerhazy des pièces secrètes
pour sa défense quand M. Mathieu Dreyfus
eut dénoricé le commandant comme le véri-
labie auteur du crime reproché son frère.
C'est odieux, c'est coupable, c'est béte, c'est
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