CHRORIQUE LOCALE WÜ>" SSOff^ Samedi 12 Novembre 1898. 10 centimes le !YC 339 Ann.be. N° 3391 0RGA/Vr SUISSE Le procés de 1'assassin Luccheni FRANCE La Russie et Ie Vatican Etats de l'Eglise Les élections américaines Toujours les orgues et La Lutte -u*. On s'abonne rue au Beurre, 36, 4 Ypres, et Genève, 10 Noveinbre. Le procés Lucchem a coonmencé ce matin. L'accusé est trés calme i) répond d'une voix nette et piécise aux premièr es questions du président Un témoin raconte avoir eriten- du Luccheni dire que s'il avaiteu de Far gent, il n'aurait pas tué l'[mpératrice il serait parti pour 1'Italie tuer le Rot mais peu importe, ajouta-t il, un autre le fera avant peu. Un autre témoin dépose que Luccheni dé- clara êlre venu en Suisse pour tuer le due d'Orléans, mais il arriva troptard. Toutefois les jours du due d'Orléans sont comptés. L'interrogat ure du Luccheni a duré une heure et demie. Luccheni se reconnalt coupable et avoue ses préméditations. Je voulais, dit-il, de toutes fagons com- mettre un crime sur iapersonne d'un «Mont- Blanc»,pour dire un personnage de marque. D. Aviez vous de complices R. (se tournanl vers l'auditoire). Voilé mes compli ces. Luccheni explique ensuite que la baionnette triangulaire du mousquet de cavalerie lui donna l'idée d'une arme triangulaire. II raconte son voyage Evian ft la recher che du due d'Orléans. Ce n'est pas lé que l'idée lui est venue de tuer l'Impératrice. II raconte que e'est la misère qui l'a pous- sé. Je suis un malheureux, dit-il avec de grands gestes, depuis ma naissance rna mère m'a renié le jour oil je suis né. Je n'ai pas eté l'école. J'ai appris lire et écrire l'hospice de Parme. D. Vous avez été bon soldat, mais après avoir été réfractaire pendant un an R. Paree que j'étais Budapest et n'avais pas d'argent pour revenir en Italië. D. Comme domestique vous étiezbien vu de vos maitres. Pourquoi êtes vous parti R. Paree que je ne voulais pas être do mestique. D. C'est done la misère qui vous a poussé tuer une Impératrice Pas de réponse. D. Pourquoi observiez-vous l'hötel Beau Rivage depuis deux jours? R. C'était l'hötel de la paix, oil j'attendais le due d'Or léans. D. Après le crime, vous avez essayé de fuir. R. J'allais me constituer prisonnier ■au poste de police (Rires). D. Pourquoi avez-vous choisi l'Impératrice plutót qu'une autre Luccheni ne répond pas. D. Quel résuitat pensiez-vous atteindre R. Venger ma vie. D. Avez vous des complices R. Qu'on ne se trompe pas Je n'ai pas de complices. D. Vous vouliez qu'on parlét de vous dans les j iurnaux. R. (rieanement). Cela m'im pot te peu. D. Avez-vous pensé l'horreur de tuer votre semblable? R. Et eux? ont-ils pensé 1 horreur de nous persécuter depuis dix neuf siècles D. Vous repentez-vous R. Pas du tout. D. Si cétait refaire R. (vivementV Je recommencerais certes. (Vive sensation.) Luccheni se retourne vers l'auditoire 1'air trés satisfait. Le réquisitoire du procureur géuéral a été sans déciamation aucune. II fait ressortir qu i! y a, dans les declarations de Luccheni, une certaine dissimulation et une certaine reticence qui rendent possible la supposition qu tl y a eu un complot, bien qua les preuves n'en soient pas établies. Le procureur géoérat conclut en ces ter mes II y a queiques semaines, sous une som bre voüte, dans le caveau de l'église des Capucins, Vienne, la tombe de la victims a été scellée pour l'éternité. Que la tombe se ferme, ce soir, Genève, sur les pas de l'as- sassin, lorsqu'il aura franchi le seuil de not e prison pénitanliaire. Qu'il soit voué un éteruel oubii Que tel soit son chatiment.» Après la suspension d'audience et les plai- doiries, le verdict est rendu. Luccheni est condamné la réclusion perpétuelle. i tous les bureaux tie poste du royaume. Paris, II Novembre. L affaire Dreyfus continue préoccuper les esprits en France pendant que la Ghambre crimjnelle de la cour de cassation continue son enquête. Parmi les divers bruits qui ont cours, re- cueillons celui du Gaulois qui raconte qu'on vient de fabriquer eri Allemagne, puis d'en- voyer Bruxelles, d'oü eiles sont arrivées en France, 400.000 brocbes, boutons de manchettes, épirigles de cravate, qui seront distribués gratuitement Paris. I! s'agild'un médaillon avec le portrait de Dreyfus en uniforme et la devise: Dreyfus innocent. Le correspondant du Daily Telegraph Saint-Pétersbourg assure que, pour dontter satisfaction au Vatican, le gouverneur de Varsovie, qui a des diflféreods avec ie haut clergé de cette yiJle, vient d'etre relevé de ses fonctions. Jusqu'é présent, dans les hautes sphères ecclésiastiques Rome, on n'a pas connais- sance d'une note russe qui aurait été adres- sée, selon queiques journaux franpais au sujet de la résoiution de la Russie de soute- nir les droits de la France, relativement au protectorat des catholiques en Orient. On écrit de Rome i Univers On parle avec insistance du désir que l'ambassadeur de France prés le Saint-Siège, S. Exc. M. Poubelle, dont le congé se pro- longe encore, aurait manifesté de se retirer de la carrière diplomatique pour entrer au Sénat. On ajoute avec fondement, dans les cercles bien renseignés, qu'il serait rempla- cé ici par M. J. Gamboo, ambassadeur de France Washington etfrère de l'ambissa- deuré Constantinople, M. P. Cambon. Ce choix serait sans doute satisfaisant, vu les bautes qualités dont M. J. Cambon a fait preuve, notamment au cours des prélimi- naires pour les négociations de paix entre 1 Espagne et les Etats-Unis. NEW-YORK, 9 Novembre. On annonce de nouveaux gains des démocrates la Ghambre des représentants. Le président du comité progressiste républicain reconnait que les résuhats généraux sont douteux. II est convaincu que les succès des républi- cains s'étendent dans 174 districts et il espère que sur les 15 douteux les républi- cains eri obtiendront assez pour avoir une uajorité de 119 voix la Ghambre. De son cötéle président du comité démo- crate déclare que ses partisans ont Ia majo- rité. Voici les derniers chiffres des résultats: Républicaios, 172, démocrates populistes républicains argentistes 166, douteux 19 Les résultats des élections d'bier indiquent que la composition du Sénat après le 4 Mars 1899 sera de 53 républicains, 27 démocra tes, 5 populistes, 4 républicains argentistes et deux douteux. Le sénateur Grey membre de la commis sion de la paix sera remplacé par un répu blicain. La jeune consceur, La Lutte qui vient, dit-elle, d'entrer dans sa cinquième année a décidément le cerveau troublé. Est-ce l'effet des orgues qui l'empêchent de dormir Mais les orgues ne jouent plus Qu'est-ce alors Nous avions, dans un récent numéro, dé- moniré, le règlement eu main, que La Lutte ne sait pas même lire, puisqu'elle prétendait qu'il suffisait d'ériger une baraque.d'y vendre de la boisson et d'y jouer de l'orgue, pour éluder le règlement... A cela l'étourdie cousoeurne répond pas, et pour cause: Le règlement defend le jeu d orgues ou d au tres instruments de musique dans les lieux accessibles au public. Ap,ès une gaffe de pareille dimension,tout être doué de raison pisserait condtmnation. Mais La Lutte. ou plutót son sosie De Strijd nest jamais battue Cela recommen ce toujours. Nous avions prié De Strijd de consul- ter«son bureau des consultatioms gratuites# et de nous doneer un projet de règlement. Après queiques hésitations, De Strijd pro pose ce qui suit 1° Pendant la Kerraesse de Brielen,laisser jouer les cabaretiers yprois de la section Brielen buiten. 2° Pendant la Kermesse de St Jean, ceux de St Jacques-extra. 3° Pendant la Kermesse de Dickebusch, ceux de St Nicolas-extra. 4° Pendant la Kermesse de Voormezeele, ceux de St Pierre extra. Toujours avec paiement d'une taxe, dit De Strijd, qui a fini par se rallier au principe de M Golaert et du «Vooruit,» c'est- it-dire b la règlementation du jeu d'orgues. Nous avons dit plusieurs reprises qu'un tel règlement ne serait pas légal et qu'il ne serait pas approuvé. De Strijd nous répond Nous necroyons pas que la députation permanente refuse- rait d'approuver un pareil règlement». Au surplus, qu'en sait le Journal d'Ypres, puisqu on na pas essayé de soumettre un tel projet de règlement a l autorité supérieure Le Journal d'Ypres sait, et «De Strijd» ignore, qu.ua tel règlement serail tllégal et que, même approuvé par la députation permanente, il st rait déctaré illégal par les tribunaux Gar De Strijd «suppose et ad- met une taxe, et une taxe ue peut pas ètre établie par quanier ou section de commune. II faudrait même plus que l'approbation de la députation permanenteii faudrait celle du Roi, et si la prémière autorité avail approuvé le règlement, l'autorité suprème l'aurait sans aucun doute annulé. Est-ce que De Strijd se reconnattra battu, ou tout au moins convaincu Nous ne l'espérons pas. Son rédacteur est autremenl entêté qu un Anseele ou un Dem- blonqui, devant l'évidence, sontcapables de sincliuer, comme ils Font fait cette semaine h la Chambre. Gonvaincus de mensonge et de calomriie, ceux-ci ont fini par dire: soit... Mais M X. du De Strijd n'a jamais re- connu son erreur. Ii est incapable tout la fois de comprendre et de s'avouer vaincu. On l'a vu autrefois dans une assemblée déli- béranle quand on le mettait au pied du mur, il y restait muet, mais son nez, qui se c. par an pour tout Le JOURNAL D'YPRES parait le Mereredi et le Samedi Le prix de l'abonnementpayable par anticination est de 5 fr. 50 le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularisent fin Décembre Les articles et communications doivent étre adrossés franc de port a 1'adresse ei-dessus Las annonces eoütent 15 centimes la ligne. - Les réclames tans ie com du ,ut i d coütènt 30 c entimes Ia ligne. Les insertions judieiaires, i franc la ligne. Les nméros san-ie'- meutaires content 10 francs les cent exempiaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adressèr VAaence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et 4 Paris, 8, Place de la Bourse.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1898 | | pagina 1