a
Mercredi f 6 Novembre 1898.
10 centimes le N°.
83" Annee.
N° 3392
38
Sji/6 C
m m0?
A
Le voyage de Guillaume II
La conférence
contre l'anarchie
Un plébiscite en Suisse
Bebos de la Chambre
A la Chambre des
Représentants
fi
On s'aboime rue an Beurre, 36, Ypres, et A tons lex bureaux
ae
du rovaurae.
Le JOURNAL D'YPRKS parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix ae l'abonnement, payable par anticipation est de 5 tr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnement» sont d'nn an et se régularisent fin Décembre.
Les articles et communications doivent être adrossés franc de por l'adresse ci-dessus. IEavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 3. Place Bourse.
poste
Les annonces coütent 15 centimes ia ligna. Les réclames dan le corps dn journal content
30 centimes la ligne. Les insertions j'udieiairesfranc la 'ign®. - Lesnnraéros suppló-
'mentaires coütent 10 francs les cent exem-plaires.
Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Ft-raires)s'adresser l'Agence
La presse francaise suit attentive-
ment toutes les phases du voyage de
l'Empereu r d AI leni ague
Voici ce qu'en pense Ie Journal
des Débats.
Ce n'était un secret pour personae,
quar>d le souverain allemaud a entreptis son
voyage, que, si l'lnauguration de l'église du
Saint Sauveur en était ['occasion, il avait
aussi, peut être même suribut, en vue d aug
menter et de consolider l'influence allemande
tiConstantinople et dans tout l'empire otto
man. On a pu voir qu'il n'y avait pas man-
qué les correspondances, nous montrent.
en efifet, que Guillaume II tient ti apparailre
aux populations orientates, non settlement
comma souverairt chrétien, mais aussi com
me ami du Sultan et presque cotnme protec-
teur des musulrnans.
C'est la main dans la main de son ami
le Sultan qu'il protégera les intéréts des
sujets allemands en Terre Sainted'autre
part, il a trés clairement offert, dans une
allocution, de mettre son influence au ser
vice de 300 millions de sujets du Sultan
le Sultan, soit dit en passant, ei simplemsrit
k titre de remarque géographique, a-t-il un
si grand nombre de sujets, même en em
brassant tout son empire, des Balkans jus-
qu'aux sources du Nil, des rives de l'Adriati
que jusqu'aux coriflns de ia Perse
Enfin, Guiltaume II, pour se concilier l'at-
fectidn des musulrnans, a prononcé une allo
cution trés caradéristique pour louer la
mémoire du fameux Saladin, Sultan a Egypte
et de Syrië, dont les chrétiens, au temps des
Croisades, ont su apprécier le caractère hu-
main et chevaleresque. Certains blameront
peut être ce discourspour nous, nous
avouor.s qu'il ne nous deplait pas Dans eet
Orient ensanglanté par tant de querelles reli
git uses, il n'est pas mauvais qu'un souverain
chrétien, en louant un prince musuiman qui
mérite de l'être, donne a tous un exemple de
tolérance, et enseigne aux unset aux autres,
sinon k s'aimer, du moins a se respecter.
Quels doivent être, quant aux intéréts de
la France, nos sentiments k l'égard de ces
efforts visibles de Guillaume II en vue d aug-
menter l'influence allemande en Orientt H
serait chirnérique de notre part, étant donné
les facteurs qui composent aüjourd'hui ia
politique général de l'Europe, de prétendre
k être les seuls en Orient. Ce k quoi nous
ïlevons tendre de toute notre énergie, c'est
que notre situation acquise ne soit en rien
diminuée et nous devons y veiller avec
d'autaut plus de sollicitude que d'aatres in
fluences tendent, sinon k supplanter la nótre,
du moins a s'établir k cóté d'elle.
A ce point de vue,si du moins nous avons
été vigilants, nous croyons qu'il n'y a pas
non plus pour nous lieu de concevoir des
inquiétudeS exagérées notre situation en
Orient a été jusqu'ici si forte qu'il faudrait
beaucoup d'incurie de la pan de notre nou
vernement, et beaucoup d'indiiféreiice cou-
pable de la part des particuliers, pour quelle
périclitat sérieusement Velllonsdonc avec
persistance travaillons avec énergie slors
nous pourrons assister sans crainte aux ef
forts que d'autres feront pour marcher de
pair avec nous.
Maintenant que le Hohenzollern, escorlé
du cuirassllerta, vogue sur les euux de la.
Méditerrancée, devons nous désormais nous
désintéresser complétement de l'odyssée de
Guillaume II Non car l'itinéaire primilif a
su bi des modifications dont la raison, quoi
qu'on en dise, n'est p^ut-être pas compléte-
ment élraugère k la politique. Au lieu de re-
venir par Gênes ou Venise, et de Ik par le
chemin de fer, l'empereur fera tout le tour
du continent, en passent par le détroit de Gi
braltar, par la Manche et la mer du Nord.
On dit qu'il fera escale en divers lieux en
Crète, k Malte, en Sardaigne puis, cotnme
la Corse est prés de la Sardaigne, on est allé
jusqu'k dire que l'impérlal touriste se mon-
trerait dansles eaux corses; on a dit, on a
même imprimé plus encore qu'une escadre
franpaise irait le saluer s'il se montrait dans
ces parages. Ce qui est certain, e'esi que
Guillaume 11 touchera des ports'espagnols, et
que le gouvernement de Madrid l'invitera, au
nom de la régente, k visiter la capitals. Cer
tains journaux, anglais et américains, ont
fait grand bruit de cette visite; ils l'ont rap-
prochée de la question hispano-américaine,
et ont voulu y voir quelque chose comma une
manifestation d une sorte de solidarité con
tinentale qui s'ébaucherait.
La Gazette de Cologne est intervenue et ies
arassurés; mais ils font mine dene l'être
qu'k moitié. Bref, comme on le voit, le chan
gement d'itinéraire décidé par l'empereur,
et qui est officiellement expliqué par l'état
de santé de l'impératriee, que la mer fati-
guerait moins que la terre, met beaucoup
de gens sur le qui-vive. C'est dire que nous
devons suiyre la dernière.phase du voyage
impérial avec uutant d'intérêt que les pré-
cédentes.
A ce propos, on assure ({tie le gou
vernement italien anrait ré pond u que
toute proposition de ce genre ue pou-
vait plus étre sonmise qu'a la reunion
des délégués.
II paraït que n'ayant pas trouvé
suffissants ciuq points du programme
Cauevaro pour la conférence antia
narchiste, quelques gouvernements
auraient proposé d'y adjoindre d'au-
tres points, avec demande de les sou-
mettre a lexamen des puissances.
Le peuple suisse a adopté, avec une
majorité moyenne de 150,000 voix, le
projet d'unification du droit civil et
du droit pénal.
M. Streel, député de Wareinme,
a été violemment critique a la
Chambre, par les puritains de la gau
che, pour n'avoir pas donné sa démis-
sion de juge de paix en néme lomps
qu'il acceptait une candidature parle
mentaire. Cette attitude est parfaite-
ment légale et conforme aux prece
dents.
La meilleure preuve que nous en
puissions donner, c'est quo M. Heuse,
député radical de Liége, va, dit-on,
saisir la chambre d'un projet de loi
interdisant aux membres de l'ordre
judiciaire d'accepter des mandats élec-
toraux, sans avoir donné leur demis
sion préalable. Si l'interdiction a
besoin d'être formulée,c'est doncquelle
n'existait pas.
La Métropole rappelle d'aiHours a
ce sujet quelques precedents que les
casuistes de l'opposition out iaissé
passer sans formuler la moindre cri
tique
Un libéral, M. Deprez, fut élu roembre
de la Chambre des représentants pour l'ar-
rondisseroent de Charleroi en 1888 alors
qu'il était juge au tribunal de Charleroi; il
ne se démit de ces derr ières fonctions qu'a-
pr,ès son élection.
Avant lui, vers 1880, M. Lucq, substitut
du procureur au même tribunal, se. porta
comme progressiste sur la liste libérale, aux
éleciions législaiives, et n'abandonna son
siége qu'aprës l'élection.
Un juge de paix du canton de Beaumont,
M. Blariaux, fut candidal catbolique aux
élections législatives de l'arrondissemerit de
Tiiuin vers 1878-1880. II ne fut pas élu et
resta juge,
M. Emmanuel Desoer, avocat général k la
cour d'appe! de Liége, entreprit une vraie
campagne électorale contre M. Frère Orban,
sans délaisser ses fonctions.
M. Helleputte n'eut il pas comme concur
rent k Maeseyck un juge de paix
EtM. Cartuyvels, député de Hasselt, lors"
qu'il fut élu au.mbre de la Chambre, n'était-
il pas juge de paix de Saint-Trond
Voilé quelques exemplesnous citons les
deux derniers sous la forme interrogative;
mais quant aux autres, nous les aflfirmons,
preuves en mains.
Nous peurrions ajouter qu'en 1863,
M. le Juge Sartel était eandidat pour
la Chambre des Kepréseutauls qu'a-
près soa échec il consefva sa place de
juge, et que sa candidature ne l'empê-
cha pas en 1870'de devenir président
du tribunal de première instance
d' Ypres.
Après avoir assisten corps au Te Deum
célébré k St Gudule, la Chambre des Repré-
semants a procédé k la formation de son
bureau.
Gat été élus: Président, M. Beernaert
lr et, 2" Vice présidents, MM. Snoy et De
Sadeieer
Secrétaires; MM. De Borggrseve, Huys-
bauwer, Loslever et Magnette. L i nomina
tion des questeurs aura lieu Mercredi pro-
chain.
D'ici Ik la chambre se réunira on sections
pour l'examen des budgets.
Nous publions, d'après ie compte-rendu
analytique, le discours prononcé par M.
Beernaert après son élection
Messieurs, le parlement est l'image du
pays; il en est la voix il en exprime les senti
ments. Etre appelé k présiderses délibér*: ions
est done un grand honneur je vous reroercie
de me le conférer une quatrième fois et je
n'hésile pas k répondre k votre appel. Mais
vous me perrnettrez d'ajouter que co nes; pas
sans mélancolie.
L'établissement de notre nouveau r rime
électoral, volé d'un accord presque unanime,
semblait devoir rapprocher les partis ei atté-
nuer l'aigreur de nos luttes. II en a été tont
autrementet jamais les Chambres censitaires
n'ont été aussi tumultueuses, aussi passion-
nées que i'est parfois cette assemblee jamais
les discussions n'y ont pris un tour aussi
fkcheusement agressif. Et que peur, un prési
dent qui ne s'appuie que sur un règlement a
chaque instant méconnu et dönt la voix se perd
au milieu du bruit Pour diriger vos débats, il
faudrait souvent des forces que je n'ai plus et
qui bientöt vont décliner encore.
Je ferai tout ce qui est en moi pour sauve-
garder le prestige du parlement, pour y main-
tenir l'ordre, qui est 1'une des conditions de
son autorité, et empêcher ces attaques person-
nelles qui finiraient par rendre impossible la
collaboration a uue oeuvre nécessairement
commune.
Mais il faut, chers collègues, que je fasse
appel au bon vouloir de tous et je devrais d'au
taut plus pouvoir y compter que le naturel de
'j
fjp&iUKIIW—