I
mm
Samedi 21 Janvier 18! 9.
10 centimes le N°.
34" Année,
r 34ii
REVUE POLITIQUE
France
Allemagne
Angleterre
Uninominal et R. P.
MSI
On s'abonne rue au Beurre, 38, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume.
Paris, 20 janvier
A la Chambre. M. Vaillant demande k
interpeller sur la conférence du désarme-
ment et propose de joindre son interpella
tion k la diseussion du budget dss affaires
étrangères.
M. Delcassé dit qu'il a l'intention de four-
nir, k l'occasion de ce budget, des explica
tions sur les motifs qui ont déterminé le
gouvernement k adhérer k la conférence de
désarmement, 11 prie M. Vaillant d'atiendre
ses explications pour statuer sur son inter
pellation. M. Vaillant y consent et retire sa
demande.
M. Paschal Grousset présente la proposi
tion de résolution suivante La Chambre
nommera dans ses bureaux une commission
chargée de faire, avant la discussion du
budget de la marine, une enquête et rapport
sur la question des torpilleurs sous-maritis.»
II réclame l'urgenee.
M. Grousset fait ressortir l'importance de
cette question qui pourraitamener une révo-
lution dans les constructions riavales. 11 dit
qu'il y a un syndicat de manufacturiers en
fer oui 'depuis douze ans s'opposent k la
construction de torpilleurs sous roarins et
cherehe k empêcher les succès des txpé-
riences. II importe que la Chambre soit
éclairée k ce sujet.
M. Lockroy objecte que cette propositi? n
n'a pas d'o'-qet pratique, il ne voit pas ce
qu'une commission de la Chambre pourrai!
faire dans les expériences qui ont été con-
trólées par des hommes du métier.
M, Lockroy constate que les batiments
sous-marins ont montré qu'ils possédaient
toutes les quahtés qu'on attendait, non seule-
mentpourle lancementdes torpilles, mais
pour la navigabilité.
La France est la seulc puissance qui pos-
sède un toi pilleur sous-marin pratique
c'est k l'honneur de-noire marine autant qu'k
l'honneur de ia France.
M. Grousset insiste sur la nécessité d'une
enquête parlementaire déciarant qu'il s'agit
d'une question vitale dans laquelle la Cham
bre. doit prendre sa part de responsabilité
L'urgenee est repoussée par 357 voix
contre 121.
Après un discours de M. Peytral et de
l'amiral Ricurcier et une réplique de M.
Pelletau, la discussion générale du budget
est close.
M. Berry demande que l'on diseute demain
la proposition de M. Gervile Réache tendant
k modifier la revision des procés criminels.
(Vives protestations.)
M Dupuy objecte la nécessité de voter
d'abord le budget.
La Chambre renvoie, par 389 voix contre
133, jusqu'après le vote du budget, la dis
cussion de la proposition de M Berry.
Le Reichstag discute en ce moment, une
proposition de loi, émanant d'un membre
conservateur, M. le comte de Klinckow-
ström, tendante k frapper d'une amende de
1,000 marks et d'un emprisonnement de six
mois l'auleur responsable de la publication
de documents destinés k rester secrets.
Cette proposition vise surlout la presse
socialiste et spécialement le Vorwaerts dont
on se rappelle les publications k sensation.
Le orateurs libéraux et progressistes se
sont prononcés énergiquement contre la
proposition.
Le leader socialiste, M. Liebknecht.décla-
re qu'on veut tobt simplement museier la
presse socialiste N'avez-vous done plus
de confiance dans vos fonctionnaires de-
mande-t-il. Comment voulez vous qu'un ré
dacteur d'un journal saehe si la publication
d'une ordonnance est licite ou non Ces
communications arrivent k la rédaction et,
la plupart du temps, nous ne savons pas
d'oü elles viennent. S'il y a des traces pou-
vant indiquer l'origine, un rédacteur con-
scieiicieux ale devoir deieseffacer pour ren-
are impossible toute investigation. Avez-vous
par hasard biea gardé les secrets d'Etat?
N'avez vous pes volé sa correspondance au
prince de... Qui a publié le traité secret
avec la Russie? Le Vorwaerts, par ses pu
blicaiions, ne poursuit pas d'autre but que
d épurer l'adrninistialion publique et de com
battre les abus de pouvoir de certains fonc
tionnaires haul placés. L'orateur cite alors
toutes les circulaires secrètes révélées par
le Vorwaerts. Si le gouvernement regrelte
ces publications, c'est qu'il avait signé des
mesures qu'il n'aurait pas pu prendre. Sans
cela, pouiquoi vouloir les cacher au public.
Quant k nous, conclut M. Liebknecbt,
nous ferous notre devoir jusqu'au bout.
Faites deslois ü'exception, nous lutteronset
nous viendrons k bout de vous comme nous
sommes veuus a bout de Bismarck. (Applau-
dissements sur les bancs socialistes.)
La discussion est close.
M. Chamberlain, secrétaire d'Etat pour
les colonies, a prononcé un important dis
cours k Wolverchampton.
Après avoir démontré au moyen de sta-
tistiques que le commerce suit le pavilion,
il a insisté sur la nécessité pour l'Angle
terre de couserver ses colonies et de se
réserver une part dans les expansions ulté-
rieures.
Maintenant, a-t-i 1 dit, que la question de
Fachoda a été régiée d'une fapon satisfai-
sante, aucune cause de différend entre
l'Angleterre et la France n'existe plus. Nous
nous sommes également étendus dans les
questions d'Afrique occidentale,
II est parfois bon de temporiser. Mais au
sujet de Fachoda, il n'était pas possible qu'k
la suite d'une entreprise que nous ne pou-
vons nous empêcher d'adrairer, les Fran
cais eussent pu occuper un vaste empire aux
confins de nos possessions sur le littoral et
nous repousser k l'intérieur de notre propre
hinterland. L'expérience de la Gambie et de
Gambie et de Sierra Leone devait nous ser-
vir.
Dans la question de la Cóte d'Or, nous
avions également accordé k la France, en
guise de compensation, un territoire bien
plus vaste que celui auquel elle avait droit.
Nous avons done fait preuve de concilia
tion.
Maintenant que les différends d'Egypte et
de Chine sontréglés, M. Chamberlain pense
qu'il est temps de s'occuper des autres ques
tions litigieuses.
Pour ce qui concerne la question de
Terre Neuve, M Chamberlain estime que le
traité d'Ütrecht est encore en vigueur.
Si la France y attache encore de l'impor
tance, l'Angleterre sera prête k en faire
respecter ia lettre mais si la France con
sent k tra- siger, nous sommes également
prêts k lui fourriir une compensation.
Contrairement k ce que dit la presse
francaise que j'appellerai la pi esse jaune,
dit M. Chamberlain, nous ne voulons nulle-
ment la guerre.
L'orateur termine en protestant de ses
intentions pacifiques.
On confirme que l'escadre de réserve, con-
centrée k Portsmouth n'est point licenciée.
Ses équipages repoivent seuleraenl un congé
momentané, mais ils peuvent être rappelés
k tout instant et ils restent sous le coup de
la mobilisation.
II y a quelques jours, une violente tem-
pête s'était élevée dans la presse caiholique.
II y avait eu collision entre les partisans
du scrutin uininominal et ceux de la R. P.
Les premiers étaient, paralt-il, k la vetHe de
voir prévaioir leur syslème aux Chambres.
Le Roi ce n'est pas la Patrie qui la pre
mière le mêle dans cette affaire y est fa
vorable, la majorité de la droite paraissait
acquise k cette formule et le ministère allait
prendre l'initiative de déposer un projet de
loi. D'ou fureur des proportionnalistes et
flots d'encrq submergeant les colonnes des
journaux.
A cette conflagration nous avons assisté
fort impassible et, avouons-le franche-
ment, quelque peu sceptique.
Pour qu'il n'y ait pas d'erreur possible
sur notre attitude, disons immédiatement
j que nous ne demandons pas le partage du
pays ea 132 circonscriptions électorales
uninominales.
Mais, tout en ne sollicitant ou en ne pré-
conisant pas une telle réforme, on doit ce-
pendant reconnaitre quelle introduirait plus
de justice distributive dans notre régime
électoral. Aujourd'hui il est des électeurs
k Bruxelles, par exemple dont la voix
vaut 18, tandis que Ia voix d'autres k
Furnes et, k Dixmude notamment ne
compteque pour une unité. Avec l'uninomi-
nal Bruxellois,Furnois et Dixmudois seraient
égaux.
Considération de justice qui devrait, sem-
ble-t-il,toucher les proportionnalistes. Ceux-
ci ne jurent que par la justice. lis sont si
in tra i tables sur la R. P. paree que cette
heureuse invention doit assurer sur terre le
règne de la justice électorale.
Mais bien ouiVoilk qu'en bataillons ser
rés ils produisent chiftres sur chiftres pour
démontrer que l'unioominal serait moins
profitable au parti catholique que le syslème
actuel, qui au surplus, disent-ils, a été res-
pecté aussi bien par les catholiques. Tiens,
tiens Et la justice électorale et tous vos
beaux principes? Envolés
Une autre surprise nous était réservée de
la part des proportionnalistes. Pour échap-
per au terrifiant uninominal, ils en sont
arrivés maintenant k invoquer contre la
R. P. k la commune les arguments qu'ils
rejetaient avec indignation quand des anti-
minoritaires les, produisaient jadis.
Nous avons toujours pensé et dit plus
d'une fois que les catholiques des graudes
villes, cornme Bruxelles, Gand et Liège,
n'avaient pas k se féliciter bien grandement
des résultats de la R P. Euxqui constituent,
au conseil communal, un groupe. aussi nom-
breuxsi pas plus nombreux que les libéraux,
ils n'ont aucune part dans la direction effec
tive des affaires les colléges échevinaux, k
Bruxelles surtout, continuent k diriger les
services communaux les plus importants,
ceux de, renseignement par exemple, dans le
sens le pius sectaire.Et néaumoins.les catho
liques, par esprit gouvernemental pour
faire échec au groupe socialiste, servent
purement et simplement de garde-de-corps
aux Buisde Bruxelles et d'ailleurs.
Or,hier,un grand proportionnaliste qui
jamais n'avait voulu admettre franchement
que pareille situation ne fut des plus presti
gieuss pour les catholiques, criait comme
argument suprème pour empêcher le dépot
du projet sur l'uoinominalVoilk la situa
tion qui se reproduira pour le gouvernement
du pays si l'uninomal prévaut. Ce mode
■y-
Le JOURNAL D'TPRBS parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre.
Les articles et communications doivent être adressés franc de port a 1'adresse ci-dessus.
Les annonces eoütent 15 centimesla ligna. Les réclames dans le corps du journal coütent
30 centimes ia ligne. Les insertions judiciairesi franc la ligne.— Lesnuméros supplé-
mentaires content 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Fland-res) s'adrosser A VA.gence
Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Piace de la Bourse.