L'ex-abbé Daens a Ypres
Canal de la Lys a l'Yperlée
stilué sur Ie serutin uninominal, mon honora
ble ami et moi devions dire nettement que nous
avons quitté le pouvoir b cause de cette formu
le...
M. Journez.--Qu'cst-ce que cettecomédie!
M. Nyssens. sinon, le pays aurait dü se
demander quel autre motif nous avail amenés
a nous retirer du cabinet.
M. Furnémont. Tout le monde aura re-
marqué la singulière contradiction qui existe
entre la declaration des ministres d'aujourd'hui
et celle des deux ministres démissionnaires.
MM. de Smet et Nyssens disent que c'est b
raison du scrutin uninominal qu'ils considèrenl
comme fatal aux destinées du pays et le chef
du cabinet déclure qu'aucune formule de réfor-
ine électorale n'est adoptee par le nouveau mi
nistère! De deux clioses l'uneou bien il est
vrai que le nouveau ministère n'est pas fondé
sur un dissentiment en matière électorale et
alors on necomprend pas la démission de deux
ministres. Ou bien les déclarations de MM. de
Smet et Nyssens sont exactes et alors c'est bien
a raison d'une réforme électorale favorable a
l'uninominal qu'ils ont démissionné.
Les sympathies proportionnalistes du cabinet
étaient connues: il faut done que le pays sache
si le gouvernement, avec la complicité d'autres
personnes, est décidé b proposer l'uninominal.
Sinon, qu'on nous donne la veritable raison de
la démission de MM. de Smet et Nyssens. lis se
sont relirés sur uue question de principe, ou
bien c'est un faux depart que nous devi'ions
flétrir comme une comédie.
Je demande en conséquence des explications
catégoriques.
M. Lorand. Lacrise qui vient de se dé-
nouer ressemble plutöt a une révolution de
sérail d'Orient qu'a une crise parlementaire
beige Pourquoi le gouvernement est-il modi-
flé La semaine dernière rien n'avait étó an
noncé le gouvernement estimait que l'assem-
blée se couvrirait de ridicule en décidant
qu'elle ne se séparerait pas cette année sans
voter la loi sur les jeux néanmoins, ia Cham-
bre l'a décidé est-ce pour cela que la crise a
éclaté ?(in terruptions a droite.) Si ce n'est
pas cela, qu'y a-t-il Ce n'est pas pour le Code
de procédure pénale militaire je suppose
(Nouvelles interruptions.) 11 n'y a pas
mème eu réunion de la droite.
On a vu des crises éclater a la suite du refus
par les sections de voter tel ou tel projet mais
cette fois, rien de semblable Le chef du cabi
net et t'un des principaux membres du mini
stère disparaissent. Et l'on vient nous dire que
c'est b raison d'une réforme électorale projetée!
II y avait done une réforme électorale en vue
N us voyions bien qu'il se passait quelque
chose on avait annoncé, a l'Association catho-
lique de Gand, qu'il y avait un projet divisant
l'arrondissement de Gand d'une facon tene
ment arbitraire que des journaux amis avaient
mème proteslé.
M. le ministre des cheminsde fer nous dit
qu'on délibérera Ayec qui Le gouvernement
consultera ses amis et les associations cléri-
cales ce sera une tricherie et une malhon-
nêleté
A la veille des vacances de Noël, M. Bara a
dit, au Sénat, que c'était un devoir de loyauté
pour le gouvernement de faire connaitre ses
projets électoraux. M. de Smet de Naeyer a
répondu de sa loyauté, mais il parait que les
vacances ont porté conseil....
M. de Smet de Naeyer. J'ai dit que le gou
vernement choisirait son heurec'est son
droit Les hommes d'Etat de la gauche n'ont
jamais tenu d'autre langage.
M. Lorand. Et lorsqu'i! s'agit de faire cette
déclaration, vous vous enallez! Et ceux qui
vous remplacent déclarent qu'ils ne savent pas
ce qu'ils feronl! (On rit b gauche.) lis y ré-
tléchiront mürement, dit le nouveau chef de
cabinet. On nous prépare done quelque triche
rie b proposer en fin de session! (Rumeurs b
droite.)
Rien de lout cela n'apparaissait la semaine
dernière. Le gouvernement n'avait aucunement
laissé entendre qu'il se préoccupait d'une rèfor-
forme électorale. Alors quoi? 11 y a eu une
haute intervention, tout le monde le dit, je
ne parle pas seulement du Patriote, qui n'esq
pas en odeur de sainteté dans les ministères
mais du Bien public, journal aussi gouver-
nemental que calholique: tous disent que nous
ne sommes plus en présence d'un cabinet de
majorité parlementaire, mais d'un cabinet
auquel le Roi a imposé un projet.
M. Bertrand. Les valets du roi
M. Lorand. 4Jne telle situation est sans pré
cédent. La déclaration du gouvernement est
ambigue, en désaccord avec cello des ministres
démissionnaires. 11 doit y avoir une base de
projet electoral arrêté la loyauté politique la
plus élémentaire vous oblige b nous la faire
connaitre.
M. Vandenpeereboom, ministre des chemins
de fer, postes et télégraphes. L'honorable
membre trouve notre déclaration ambigue et
il me demande de la préciser. Je vais le faire.
Au sein du gouvernement, tous les ministres
étaient d'accord qu'une modification de notre
régime élecioral s'impose bbref démi. Mais il y
eül dissentiment profond sur la voie a suivre,
c'est-a-dire sur la formule b présenter aux
Ghambres voilb Ia vérité 11 n'était, des lors,
pas possible de se présenter b la Ghambrc avec
un projet sur lequel le gouvernement n'était
pas uni.
On a dit qu'une formule nous est imposée il
n'y a pas de formule arrètée ne varietur.
Nous l'examinerons et nous vous soumetlrons
un projetvous le discuterez et vous déciderez
s'il faut le rejeter. II ny' a pas eu d'autres cause
au départ de nos deux collègues nous étions
d'accord sur tousles autres points du pro-
gramme. Aussi ai-je dit que nous suivrions les
traces de ceux qui ont quitté le pouvoir.
Croyez-vous que ce n'est pas sans un vif
regret que nous nous sommes séparés de nos
anciens collèguespersonne ne l'a plus pro-
fondément ressenti que moi (rires sur les
bancs de l'opposition)je Ie répête
Personne ne l'a plus vivement ressenti que
moi, car nous avions de longues années tra-
vaillé ensemble et j'avais pu apprécier leurs
brillantes qualités et leur dévouement au pays
La séparation ne se serait pas produite si nous
avions pu marcher d'accord. Done, legouverne-
ment n'a eu d'autre dissentiment que celui qui
concerne le projet de réforme électorale que
vous connaitrez dans quelques jours.
M. Furnémont. Pourquoi pas tout de
suite
M. Vandenpeereboom, ministre des chemins
de fer, postes et télégraphes. Est-il raison-
nable de demander cela au gouvernement qui
vient a peine d'etre constitué, le jour oü il se
présente pour la première fois devant la Cham-
bre
M. Furnémont. Cela se fait partout: nous
ne demandons b connaitre que les grandes li-
gnes du projet.
M. Vandervelde. On vient de parler d'une
révolution de sérail qui aurait amené le départ
de deux ministres. La comparaison sera com
pléte quand je dirai que nous avons devant nous
une majorité demuets.
M. Woeste. Je demande la parole. (Ah!
ah! sur les bancs sodalis les'.)
M. Vandervelde. Le nouveau chef du ca
binet seul prend la parole et it parle pour ne
riendire.se bornant b verser une 'arme de
crocodile sur le sort de ses deux co! Ygues
D'après lui ledésacord provicnl d'une myslé-
rieuse formule. II est vrai ment incróyable qu'on
ne nous explique rien, ni b nous ni a la droite
Les seuls éléments plusou nioins 1 ibéraux
du gouvernement disparaissent pour faire place
a des ministres absolument réactionnaires. Et
ce gouvernement ne nous apporle ni program-
me, ni formule électorale, ni déclaration de
principes.
Et quand de tels fails se passent, un seul
membre de la droite demande la parole pour
apprécier l'altitude du gouvernementtousles
autres se taisent! Les partisans de la represen
tation proportionnelle ne disent mot, les par
tisans de l'uninominal savourent d'avance leur
triomphe. Mais nous sommes ici pour juger les
actes du gouvernementnous le metlrons en
demeure de s'expliquer; nous avons le droit de
connaitre le projet que, sur l'ordre du Roi, le
gouvernement va déposerEt nous verrons si
les partisans de la représentation proportion
nelle ne sortiront pas alors de leur silence.
(Trés bien! b gauche.)
M. Woeste. Je ne relèverai pas les mots
prononcés par MM. Lorand et Vandervelde,mais
je cherche en vain la tricherie et la malhon-
nètetê dont ils parlenl! Quant le gouvernement
nous présentera des propositions nous les dis-
enterons...
M. Fagnart. On pourra done encore dis-
cuter (Rires a gauche.)
M. Woeste. M. Vandervelde parle d'intri-
gues de sérail. Je n'examinerai pasen ce mo
ment si ce mot est Btrictement const it ationnel
mais, au lieu de déclamations, l'honorable
membre ferait mieuxde nous dire a quelle in
trigue de sérail il fait allusion
A 1'entendre, il se trouve, lui et M. Lorand,
devant une majorité de muets qui assistent
impassibles b cequise passe Que l'honorable
membre se rassurc il n'y a eu dissenlimc n
comme l'honorable chef du cabinet I a dii, que
sur la réforme électorale la droite demonie
unie sur tout le res te et la politique du nou
veau gouvernement nc sera pas plus reaction -
naire que celle du précédent cabinet.
M. Lorand. Cela suffit
M. Woeste. Comment expliquerla crise
actuelle! s'éerie M. Lorand. Je vais lui démon-
trer qu'il l'a pressentic et qu'il la connaissuit.
Une réforme électorale s'imposait: des avcugles
volontaires seuls auraient pu le conlester. Elie
s'imposait depuis quelques temps et on peut
regrelter qu'elle n'ait pas encore élé résolue,
car lc système actuel no peut plus être défendu
au point de vue de la justice ct de la logique.
M. Lorand fait parlied'ungroupe dedóputés
catboiiques, progressistes el socialistes préco-
nisaut ia représentation proportionnelle. On a
assuré qu'un projet serail déposé par ce groupe
en faveur de cette réforme qui serait, da prés
moi, la ruïne du pays et de notre cause. Et on
voudrait que nous laissions agir ies coalisés,
sans leur répondre, donnant ainsi eu quelque
sorte au pays une preuve d'impuissance Quand
M. Lorand et ses alliés veulent prendre l'initia-
tive du dépot d'un projet de loi électoral, qu'y
a-t-il de plus naturel que de voir le gouverne
ment prendre la mème initiative
C'est alors que, la nécessité de cetie initiative
se présentant, des dissentiments surgirent au
sein de l'ancien cabinet. Ces dissentiments pa-
rurent irréductibles. Coiistitutiouellement, que
doit-11 se passer alors? Quand un gouverne
ment est divisé sur un question politiquedc
la plus haute importance, vitale pour le pays,
il a le devoir de faire connaitre cette division au
chef de l'Etat. L'inlervention de celui-ci est
done striclement conslitutionnelle. D'après
l'opposilion, devrait-il se récuser et direa ses
ministresTbchez de sorli.r de la situation
Non it doit agir. Mais s'il agit, l'opposition
nous parle d'in'trigues de sérail! C'est aussi
injuste qu'outrageaut pour Ie chef de l'Etat.
Aujourd'hui le gouvernement remanié se re-
présente devant les Gliambres et la gauche
connailra bientót son projet électoral..
M. Furnémont. El la droite?
M, Woeste. Elle altend comme vous! (Ex
clamations et rires a gauche.)
M. Furnémont. Ce n'est même plus un
sérail
M. Woeste. Nous examineroi/s ce qu'il im-
porte de faire pour la chère cause que nous re-
présentons et, s'il lie vaut pas mieux que nous
nous serrions autour du cabinet au lieu de nous
divisor pour faire le jeu de nos adversaires.
Le cabinet a élé constitué bier el les membres
nouveaux n'ont pas eu le temps de déllbérer
avec leurs collègues on ne pent done réclamer
dès aujourd'hui un projet définitivement arrêté.
Le gouvernement a eu une attitude correcte
et loyale en nous annongant son projet b bref
délai. La majorité, qui eonnait ses devoirs, ne
peut en demander davantage.
Voila la situation netlo et precise. Dans la
voie oü il est enlré, je dis au cabinet et
j'espère pouvoir le dire au nom de mes amis de
ia droite qu'il peut compter sur notre sym
pathie et sur notre confiance. (Trés bien a
droite.)
M. Journez. Le discours de M. Woeste
le terre-neuve habituel du gouvernement est
caractéristique. Ilessaie de sauver les ministres
de la situation.difficile dans laquelle ils se trou-
venl;,.. car on est toujours cmbarrassé quand
on ne peut s'expliquer.
Qu'y a-t il au fond des phrases de M. Woeste?
tin dissentiment s'est produit au sein des mem
bres de l'ancien cabinet sur la question de la
réforme électorale; Mais encore? No doit-on
pas s'étonner de voir M. Begorem, partisan de
ia représentation proportionnelle, rester a son
banc
M. Bertrand. La portefeuille avant tout
M. Journez. Je puis en dire autant du chef
du cabinet.
Ce qui est élrange, c'est qu'il n'est personne
a droite pour demander au ministère ce qu'il
veut? Car, enfin, personne ne sait ce qu'il veut!
Est-ce que MM. Nyssens et de Smet de Naeyer
sont satisfaits des déclarations gouvernemen-
tales et do l'équivoque qui persists Encore une
fois, que s'est-il passé dans ce ministère oü
deux proportionnalistes reslent, quand deux
autres sïn vont?
On a parié de révolution de sérail. 1! y a eu
plus peut-ètre l'interventipn de quelqu'un pla
cé au-dessus detoute discussion par la Consti
tution. Cette intervention aurait exercé une in
fluence decisive sur.;certains membres du ca
binet.
Eh bien, nous avons le droit de demander ce
qu'il en est, b c.es membres du cabinetEst-il
admissible qu'une législature approuve des
ministres qui lui disenl: Je no m'expliqueraï
qum-plus lard Sur quoi le cabinet nouveau
s'est-il constitué Nous avons le droit de le
savoir
M. Woesle a dit tantót que le chef du gou
vernement etait intervenu et avait choisi un
nouveau ministère. Nul doute qu'il ait choisi
ses nouveaux ministres paree qu'ils lui avaient
donné des gages, mais ces gages le pays ale
droit de les connaitre. ('l'rès bien a gauche.)
Vous imagine/.-vous que l'opposition puissese
contenter d'une altitude qui est, en somme
róvolulionnaire Vous annoncez un projet a
déposer dans quinze jours ou trois semaines
mais encore, quelles en seront les lignes mai-
tresses? quelle est l'idée qui vous a unis
Prélendez-vous que vous êles au ministère
sans savoir si vous êies d'accord Comment
pouvez-vous alors délibérer? Etes-vous parti
sans de l'uninominal? Dites-le, sans entrer
dans les détails do ce système, soitmais
dites-le.
II est aisé d'inviter la droite b se grouper
autour des ministres, mais il y a quelque
chose au-dessus de la cause si chère aM.
Woeste, c'est Fopiiion du pays entier.
(La suite au prochain numéro
11 parait que neus eurons sous peu la vi
site de 1 ex-abbé Daens et de sts amis fis
öéraocratt's veris.
Les schisraocrates viendront sonder lo
terrain b Ypres et, comme b Bruges, donne-
runt un meeting b grand lam-tam.
Déjb ils ont fait choix de leur local. C'est
au calé de la Bourse, nous assure t on,
qu'ils parlcrofit b ceux qui voudront bien
all r les écouter.
D'apiès nos derniers renseignements, le
m< tin;, aurait lieu lo second Dimanche du
caiême.
Nous prometlons b i'abbé Daens un succès
de cunosité quo nous ne pioposons p. s
d encourager, mais qui nous laissera abso
lument indifférents.
La Ciiambre des représentants ayanl élé
saisie au cours du mois de décembre dernier
d'une pétiiion du Cere.le commercial de la
ville d'Ypres tendant b obtenir le prompt
acbèvement du canal «la Lys b l'Yperlée
la commission des pétitions, après examen
de cette requête, estime qu'il y a lieu d'insi-
ster auprès du gouvernement pour qu'ii soit
mis un lei me b une situation qui cause un
préjudice os plus sérieux aux intéréts com-
meiciaux, industrials et agricoles de eet ar
rondissement.
La commission estime qu'il y a lieu de si-
gnalcr b la Cham ine la eiste situation du
canal dYpies b l'Yser. Depuis plus de dix-
huii mois, cette voie d'eau est devenue im-
praticable. M.le ministre des travaux publics
a porté b son budget poui 1899 un crédit
de 50,000 Ir, pour travaux de dévasement
mais, b cóló de ce travail, il y a lieu de pro
céder b biet délai b la reconstruction de
lécluseb Boesinghe. Duns ces conditions, il
est urgent do terminer les travaux du canal
de la Lys b 1 Yperiée afin de ne pas inter-
rompre la navigatii n. Lu péiiode d'observa-
tion a pris fin, les études série uses auxquel-
les l'udministration des poets et chaussées
s'est liviée au point de vue de l'achèvement
de cette nouvelle voie navigable sont ter-
minées.
Duns ces conditions, la commission estime
quil y a lieu, pour la Chambre, d'appuyer la
petition du Cercle commercial auprès du
gouvernement peur qu'il rnelte la main b
1 oeuvre et qu'il aehève b bref délai les tra
vaux iütenompus depuis un grand nombre
d'années.