VII.LI-; D'YPRES
CONSE1L COMMUNAL
Au Volkshuis
Lacrise ministérielle
jugée par le Figaro
pas d'une loi de circonstance qu'il s'agit.
II s'agit d'une loi de nécessité et d'apaise-
ment. (Trés bien! au centre et èi droite.
Murmures 4 l'extrême gauche.)
Qui ramènera le calme dans le pays.
(Mouvements divers.)
M. Lebret répète qu'il demande le renvoi
4 la commission déjk existante. (Trés bien,
4 droite et au centre.)
M. Berry ditNous avions demandé la
discussion immédiale de la proposition Ger-
ville et Rose. Le gouvernement, nous avait
renvoyé après le budget.Aujourd'bui il ohan-
ge encore son fusil d'épaule.
II sait sans doute 4 quoi s'en tenir, mais la
Chambre ne le sait pas. Je demande la pu
blication 4 l'Officiel des dépositions faites
dans l'enquêie Mazeau. Nous ne savons pas
s'il n'y aura pas lieu de prendre d'autres me-
surescontre les magistrals qu'on accuse de
s'être montrés indignes. Le gouvernement
ne peut pas nous refuser cette publication.
M. Dupuy répond Nous ne voulons pas
que la Chambre vote dans l'obscurité; nous
voulons la clarlé, et la preuve est que nous
remettrons it la commission le dossier com
plet. La commission en sera saisie dés la
première séance. Dans ces conditions, nous
demandons k la Chambre de vouloir bien
passer it la discussion du budget.
M. Massabuau veut présenter des observa
tions on proteste sur la plupart des bancs.
Néaumoins on fioit par l'écouter.
L'orateur s'étonne que la chambre crimi-
nelle continue l'éluda de l'affaire.
M. Millerand ditII a plu au gouverne
ment de déposer un projet done le premier
résultat est d'interrompre le cours de la jus
tice pour mettre l'affaire dans la politique
et entre les mains de la Chambre. Le gou
vernement voudra bien supporter les consé-
quences de sa conduite.
La première conséquence est que, doréna-
vant, il sera impossible de soustraire rien it
une compléte publicité. Ce n'est pas seule-
ment l'enquête Mazeau qu'il faudra publier.
Les difficullés qu'on disait exister entre le
garde des sceaux et la Chambre criminelle
ne pauvent plus exister.
II est bien entendu qu'en rnême temps que
la chambre criminelle sera dessaisie ne dis-
paraitre pas l'enquête. Tout sera publié et
tant pis pour ceux qui en souftriront.
M. Dupuy. La commission aura tous
pouvoirs de dematider la publication des
pièces de l'enquête le gouvernement ne
s'y opposera pas. En ce qui concerne les
difficullés dont a parlé M. Millerand, elles
ii'existent pas.Si la Chambre vote le projet...
(dénégations it l'exiiême gauche.) Messieurs,
e'est ma conviction. (Appl. k droite et au
centre) il deviendra nécessaire de mettre
sous les yeux de tous les conseillers de la
cour de cassation les pièces de l'enquête qui
se poursuit.
M. Hubert. Les magistrals sont sus
pects, mais leur enquête ne l'est pas.
M. Dupuy. Nous discuterons plus tard
le fond, et le gouvernement répondra 4 tou
tes ces observations. Pour le momet.t, je
suis convaincu que la chambre votera le pro
jet. (Appl. au centre et k droite.)
M. Deschanel. Je mets aux voix le ren
voi it la commission déj4 nommée.
Voix k droite. A une commission spé
ciale
M. Firmin Faure demande le renvoi it une
commission spéciale. Toute la question est
de savoir si le gouvernement veut laisser la
cour de cassation, toutes chambres réunies
juger l'affaire ou si l'on veut txclure du
nombre des juges la Chambre criminelle.
II est impossible de s'en tenir 4 la propo
sition du gouvernement. Les magistrals dé
clarés suspects doivent être exclus; c'est
pourquoi il faut qu'une commission spéciale
examine ce projet.
M. Lebret répond que les conclusions de
l'enquête mettent hors de cause la sincérité
et l'honorabilité des magistrals. (Violentes
protestations sur divers bancs.)
M. R mault-Morliére, rapporteur de la
commission chargée d'examiner la proposi
tion Gerville, monte ft la tribune. 11 dit que
la commission estime qu'il ne lui appartient
pas de prendre parti dans le débat soulevé.
Une situation nouvelle résulte du dépot du
projet du gouvernement. La. Chambre doit
décider si ce projet doit être renvoyé ft la
commission existante ou 4 une commission
spéciale.
Le renvoi k nne commission spéciale est
repoussé par 316/186 voix.
Le projet est done renvoyé it la commis
sion déj4 saisie.
Une voix 4 droite. II est par terre.
La Chambre reprend la discussion du bud
get de l'intérieur.
SÉANCE MJBUQUE
Samedi 4 Février 1899
4 5 h. du soit'.
Ordre du jour
1. Communications.
2. Musée compte 1898.
3. Ecole de musique compte 1898.
4. Ecole industrielle compte 1898.
5. Harmonie communale compte 1898
6. Corps des pompiers compte 1898.
7. Caisse de secours des pompiers: compte
1898.
8. Garde civique compte 1898 et budjet
1899.
9. Propriétés communalee demande d'a-
chat de terrain, rue d'Elverdinghe.
10. Voirie projet d'e-mpierrement du che-
min vicinal n° 15.
11. Propriéiés communales rectification
ducheminde ronde extérieur ft l intei sec
tion de la promenade et du Kalf vaart.
12. Bureau de bienfaisance convention
avec les béritiers G. de Stuurs.
13. Bureau de bienfaisance évaluuti >n du
coüt d'uu anniversaire fondé par M. L.
Bcuckenaere.
14. Finances demande dec éliu supplé-
raentaires.
L'uninominal et les elections
communales de 1899
Enormément de monde au a Volkshuis
Dimanche soir, comme touj ;urs quand une
conférence de M. Colaert, le sympathique
représentant et échevin d'Ypres.esl annoncée.
L'elérnent bourgeois était aussi nombreux
cette fois que l'élément ouvrier.
L'orateur avait choisi pour thême les élec
tions communales prochaines et incidemment
il a parlé de la réforme électorale pour les
chambres.
Nous tacherons de donner un résumé suc-
cintdesa belle conférence.
Libre de choisir le sujet de mon discours,
dit M. Colaert, je crois bien faire en disant
tout d'abord quelques mots de la réforme
électorale qui est 4 l'ordre du jour, de nos
préoccupations politiques
Quel est ie système qui sortira triomphant
des délibérations des Chambres Dieu seul
le sail. Mais, si je puis exprimer dès
maintenant mon sentiment personnel qui, je
pense, est partagé par mes collègues de la
Députatiou d'Ypres au Sénat et 4 la Chambre,
il est uu système que nous repoussons et
qui, j'espère, ne ralliera pas la majorité des
voix, l'uninominal, le plus désastreux de
tous. (Applaudissemeuts).
Quant aux autres systèmes, nous nous
réservons de les examiner saus parti pris,
désireux d'en trouver un qui, tout en ne sa-
crifiant pas les i< térêts du parti catholique,
soit de nature 4 donner satisfaction aux
droits de tous el notamment 4 ceux de la
classe ouvrière.
Dansmotre étal aetuel, la classe ouvrière
est représentée difectement dans quelques
grands arrondissements, comme Bruxelles et
Gand. Dans la plupart des arrondissements
moyens, comme le nótre, el Ie a des repré-
sentants choisis par elle de commun accord
avec les associations politiques. 11 ne serait
pas juste de priver l'ouvrier de sa représen-
tation directe ou intermédiaire. L'uninominal
méconnaitrait les droits acquis, et c'est sur-
toutpource motif que nous n'en voulons
pas. (Nouveaux applaudissements).
Je me réserve de développer devant vous
les autres arguments qui nous font repous-
ser le scrulin uninominal appliqué k tout le
pays, et je me bate d'arriver 4 nos affairis
locales et spécialement a ia pro.chaine élec-
tion du mois d'Octobre.
L'orateur passe en revue tout ce qui a été
réaüsé par l'administration catholique pen
dant les huit années qu'elle est au pouvoir.
En malière religieuse, en matière d'ensei-
gnement, en matière politique, la liberie la
plus absolue existe pour tout le monde. Les
Hospices et le Bureau de bienfaisance ne
font aucune distinction entre les hospitalisés
et. les secourus. Tous obtiennent les secours
auxquels iIs ont droit.
Dans ces derniers temps on a beaucoup
parlé de ce qui se passe a l'Hospice des vieil-
lards, dit le Nazareth Les journaux de
l'opposition prétendent que les vitillards
sont obliges d'allcr 4 la messe 4 6 heures et
demie du malic que la direction des soeurs
coüte plus que la direction Uïque, etc. etc.
Leur but est de laïciser nos hópiiaux,
comme ils onl rssayé de le taire il y a ur.e
douzaine d'anuées. Nous altendons nos ad-
versaires sur ce terrain, comme sur les
autres. Aucun Yprois sensé ne les suivra.
Nuus avons règlementé le jeu des orgues
et les bals publics. Nos adversaitvs eux-
mêmes out dü reconnoitre que nous avons
bien fait d'introduire des mesures réelasnées
par l'opinion publique.
Nous pouvons établir qu'en fait de travaux
publics nous en avons effeotué plus, en huit
années, que nos prédéecsseurs pendant les
vingt dernières années de leur administra
tion.
Ou a tant critique le système nouveau des
eaux conpu par M. Temmerman. Ua journal
local, en parlani de la mort de eet ingénieur,
dit que son travail a été fort remarqué
L'eau est ineilleure aujourd'hui et cette arné-
lioralion contribue, comme l'établissement
de nombreux égoüts it assiinir la ville. La
mortalilé en effet diminue sensiblement, les
maladies épidémiqu s deviennent de plus en
plus rares. La population augmeute d aonée.
en aniiée elle monte actuellement 4 17 300
habitants, soit une augmentation de mille
ames depuis dix ans.
On se iravaille pas Voyez le quartier de
la gare, les chemins de ronde etc. etc.
L'orateur énumère tous les travaux exécu-
tés et projelés.
Sur le terrain social et économique, M.
Colaert paile de ^augmentation des salaires.
Les charpentiers out réclamé. Ge ne sont
pas les seuls qui ont droit 4 une augmenta
tion Tous les salaires seront augmentés. La
proposition sera faite et adopiée dans la pro-
chaine téunion du conseil communal. (Bra
ves
M. Colaert parle ensulte de 1'affiliation des
V prois k la caisse des pensions. 11 développe
les mesures qui out été proposées dans ce
butcréalion de livrets ft la caisse d'épargne
en faveur des enfants, etc.
L'orateur couclut en disant nous avons
beaucoup fait jusqu'iciil reste beaucoup 4
faire. Notre passé répond de nolre avenir.
Ayez confiance en nous. Travaillons tous
ensemble en vue des élections de cette année.
Nous savons que chez nous tègne l'entante,
l'union. Nous affirmons que personne ne
songe ici 4 uffaiblir notre pani par des pro
jets de scission ou de division. Nous comp-
tons sur vous, éiecteurs yprois, comme vous
pouvez compter sur nous.
Nous regrettoris de ne pouvoir reproduire
plus longuement la belle conférence de notre
honorable Echevin Député. M. le Président
Seys en remereiant l'orateur de ses bonnes
paroles soulève de nouveaux applaudisse
ments et M. Colaert ie<?oit les félicitations
des chefs du parti qui élaient venus l'écouter.
Un événement, d'une importance en som-
me assez considérable, vient de se produire
en Belgtque. Deux des ministres du cabinet
catholique actuellement en fonctions ont
donné leur démission. Ge sont M. de Smet
de Naeyer et M. Nyssens, qui ontétérem-
placés, du reste, assez facilement, par deux
personnages d'une nuance un peu plus libé
rale M. Van den Peereboom, président du
Consoil, a donné ainsi satisfaction 4 ua
désirdu Roi qui demande une réforme élec
torale. Gette réforme est assez compliquép,
elle consiste 4 diviser chacune des cireon-
scriplions populeuses, qui nomment aujour
d'hui plusieurs députés, en airondissements
de cbucun quarante mille habitants qui
voterónt sur ua seul nom d'oü la qualifica
tion d' uninominal donnée par nos voi-
sins 4 ca système. Comme la Belgique
ignore encore les vertus bienfaisantes du
suffrage universal comme aussi certains
élrcteurs, pourvus de certains diptómes, ou
de certains avantages sociaux, émettent jus-
qu'4 trois suffrages dans les élections beiges,
o ne peut pas dire que ce soit 14 présicé-
ment une réforme démocratique. Mais sa
porlée sociale et politique est plus certaine,
et le roi Léopold If l'a bien compris.
En fait, il iravaille k briser l'unité du
parti catholique beige, qui gouverne le ptys
depuis si longtemps. Ge parti lui a refusé
les modifications radicalesde la loi militaire,
sur lesquelles il comptait, pour augmenter
l'effectif de l'armée. Ou sait que san rêve,
depuis longtemps congu, est de devenir,
non plus le souverain d'une nation neutre,
mais uu facteur agissarit, et presque essen-
liel, de la grande politique européenne.
Le parti catholique, fidéle 4 la Constitu
tion et aux traités qui garantissent, au con
traire, la rieutralité. beige, s'est eftorcé d op-
poser quelques barrières discrètes aux am
bitious ruyales. II n'a cédé que sur la ques
tion des fortifications de la Meuse, et encore
s'en est-il visibleinent repenti. De 14 une
sorte de rancune contre certains de ses
chefs et une sympathie secrète, au contraire,
pour le vieux parti libéral, .aujourd'hui si
lamentablement eftondré.
II est évident que l'adoption de la réforme
électorale dont il s'agit pourrait amener la
reconslitution de ce parti. On prévoit gdné-
ralement qu'elle réduirait 4 quatre voix la
majorité catholique dans la Chambre des
représ ntants.
Aussi M. Beernaert, plus clairvoyant Que
M. Van den Peereboom, a t-il annoncé que>
si le projet prenait définitivement corps, i
abandonnerait la présidence de la Chambre
afin de le combattre.