CHRONIQUE YPROISE La liberté d'enseignement entrainedes consé- quences. II est certain que nous marchons vers la liberté des professions. G'est la conséquence fatale de la liberté d'enseignement. Le temps n'est pas arrivé pour l'application de ces principesdit-on. C'est possible, mais il viendra fatalement. Aujourd'hui, nous rencontrons des partisans de la suppression de l'intervention de l'Etat en matière d'enseignement. II est certain que l'opi- nion prévaudra tót ou tard. L'opinion contraire prévaut encore, et on va trés loin dans ce sens. On a soutenu que l'Etat a seul le droit d'enseig- ner, qu'il a même le droit d'intervenir dans l'attribution des emplois et d'exiger que les jeunes gens qui veulent remplir des fonctions publiques sortent des universités de l'Etat. D'après moi, tout cela est contraire a la liber té d'enseignementc'est une véritable restriction de cette liberté. M. Bara. C'est la liberté des diplómes que vous vonlez alors. M. le baron Surmont de Volsberghe. Evi- demment, puisque je suis parlisan de la liberté des professions, que m'importe les diplómes D'ailleurs, que signifie le diplome Je pourrais vous citer l'exemple de biendes hommes qui ont passé certains examens et obteuudes grades et qui cependant sont loin d'avoir uneréelle valeur. D'autre part, bien des homines sans diplome aucun occupent des positions impor tante». M. Bara. Avec votre système, ii n'ya plus de diplómes. M. le baron Surmont de Volsberghe. Je dis que, lorsque vous parlez de liberté d'enseigne ment, vous y metteztoujours des restrictions. M. Picard. G'est vrai M. le baron Surmont de Volsberghe. Vous reprenez d'une main ce que vous donnez de l'autre. G'est ce qui est inadmissible Je viens d'éprouver une bien grande désillu- sion, moi qui croyais avoir perdu ma dernière illusion L'honorable M. Picard a pröné tantót la liber té d'enseignement. Je ne sais s'il a pris des engagements au nom du parti qu'il représente il a annoncé, toutefois, qu'il montrerait toujours une grande largeur d'idées dans l'application du principe de la liberté en matière d'enseigne ment. J'espérais mais, d'autre part, j'ai entendu l'honorable M. Janson se déclarer partisan de l'enseignement de l'Etat, de son droit de déli- vrer seul des diplómes donnant accès aux emplois publics. C'est la these de M. Bara; il me fait encore, en ce moment, un signe affirmatif. C'est, du reste, le système libéral. M. Bara. Votre système, c'est l'absence de diplóme. Les apothicaires pourront vendre librement des poisons 1 M. le baron Surmont de Volsberghe. L'opi nion publique fera prompte et bonne justice Le système que vous avez toujours défendu est celui-ci L'Etat a seul le droit de diriger et de surveiller l'instruction publique Et comme le libéralisme n'a jamais pu organiser un enseig- nement, ilafaitde l'enseignement public l'en seignement libéral. (Réclamations.) Nous discuterions cela jusqu'k la tin de nos jours que nous ne serions pas d'accord Nous, catholiques, nous avons notre enseignement, nous le payons, nous usons de la liberté. Faites comme nous Usez de la liberté que la Consti tution nous donne a chacun. La liberté, nous ne vous la marchandons pas. Je vous la donnet pleine et entière. Je ne demande qu'une chose c'est que vous me l'accordiez, et vous me l'ac- corderez vous y êtes obligés. Vous avez parlé de la loi de 1842. Mon Dieu, j'ai eu pendant des années k l'appliquer, quand j'étais député permanent. Je crois done la connaitre un peu. Cette loi était excellente, admissible, pourvu qu'elle fut appliquée loya- lement. Mais la jurisprudence administrative libérale l'avait complètement dénaturée. Nous la supportions cependant. Si vous l'aviez conservée, au lieu de faire la loi de 1879, la situation eüt été pire pour nous; mais, heureusement, vous l'avez fait disparai- tre. Cette loi de 1879, dont vous espériez tant de bons résultats pour vqus, a été pour nous un coup de fouet. Nous avons créé alors cette oeuvre splendide de l'enseignement primaire, que, vous, libéraux, vous ne réussirez jamais k organiser. Aussi, aujourd'hui, quand vous nous reprochezde recevoirdes caisses de l'Etat ceque nous avons dénensé, quand vous prétendez que nous nous faisons rembourser, vous versezdans une erreur profonde. Nous, catholiques, nous continuons a dépenser pour notre enseignement primaire des sommes considérables. Vous le contestez Qu'en savez-vous Je crois en con naitre qöelque chose. Mais c'est énorme, je puis l'affirmer. Vous le saurez le jour oü vous sup- primez l'enseignement libre, vous saurez alors de quelles ressources vous aurez besoin pour remplacer les écoles libres qui disparaitront. M. Bara. Vous n'en avez plus k soutenir! M. le baron Surmont de Volsberghe. -- Je vous demande mille pardons nous en avons encore et beaucoup. Je vous attends k ce mo ment que je viens d'indiquer. Vrici ce qui arrive aujourd'hui, les lois nou- velles, plusjustes, permettent a l'Etat de payer par voie de subsides, en suite d'adoption d'écoles, le service considérable que ces écoles rendent a la chose publique, Voila ce qui est juste. Oseriez-vous dire que, si nos écoles adop- tées et adoptables n'existaientpas, il rte faudrait pas en créer d'autres, officielles cel les- la, k grands frais, batir des locaux, former des in- slituteurs dépenser, en un mot, des sommes colossales. M. Bara. Beaucoup d'écoles libres ontélé installées dans les batiments communaux avec leursélèves et leurs instituteurs ou institütrices! M. le baron Surmont de Volsberghe. 11 y en a certes quelques-unes qui sont dans ce cas, mais vous voyez toujours en grand les ex ceptions et en petit la règle générale. Je le répète, nous rendons a l'Etat un service immense il est juste qu'il nous en soit tenu compte. Vous avez eu quelquefois des idéés trés étranges en manière d'enseignement. En matière de persé- cution, vousètesingénieux, trop même quelque fois. En voici un exemple. Sous l'empire de la loi de 1879, quand une administration hospitalière ou une autre deman- dait a mettre un bien a location, l'Etat inscrivait toujours dans les conditions du cahier des charges II est défendu d'établir une école dans le bien loué. Or.il arriva, un jour, que l'immeuble k louer était un moulin k vent... (Hilarité et intérruption.) Je l'ai reproché k M. Bara en séance du Sénat; il a remis sa réponse je l'atteuds encore M. le baron Orban de Xivry. C'était un des incidents de la persécution dont je pariais tantót. M. le baron Surmont de Volsberghe. Ce n'était qu'une petite persécution sur les mou- linsk vent. (Rires.) M. Montefiore Levi. En quoi tout cela touche-t-il a l'interpellation de MM. Picard et Janson M. le baron Surmont de Volsberghe. Je termine mais je tenais k répondre quelques mots k M. Bara, qui s'était permis d'user large- ment de l'ironie et semblait vouloir terminer une discusion de cette importance dans un éclat de rire. II y a, dans cette question d'ordre public, des choses trop graves et présentant un intérêt trop considérable pour qu'on termine ainsi le débat. Je répète que les services que nous, catho liques, nous rendons a l'enseignement public sonténormes et qu'il est juste qu'ils soient cour pensés. Au reste, l'enseignement catholiques est bien celui qui est demandé par l'immense majorité de la population. Vous le reconnaitrez un jour, si vous ne voulez par le reconnaitre aujourd'hui. Le Portrait de M. le Baron Surmont de Volsberghe, Bourg- mestre de la rille d' Ypres Le public a pu voir, Dimancbe et Lundi derniers, k 1 Hotel de ville, le portrait de M. le Bourgmestre, point par Mel,« De Hem et destiné k figurer dans la galerie des Bourg- mestres de la ville. II ny aura sans douta qu'une voix pour dire que le portrait est un nouveau succès pour notre grande artiste, dont le talent est connu et universellement proclamé. Comparant le portrait h une oeuvre littérai re, c est, nous a-t-on dit, une page d'un style large,d'un coloris vibrant, d'une vérité abso- lue. La comparaison est juste. Bien campé dans l'attitude k la fois ferme et souple, pleine de digrmté etd'aisance, qui est la sienne, le Bourgmestre y est tout en- tier, pris sur Ie vit pour employer une ox pression familière. M'« D Hem a rendu, d fapon maltresse, le regard éloquent, M f nt baut et pensant, la courbe énergiquo du corps, les majifis cris pées, qui s /tit les si goes distioclifs de son tnodèle. Elle n i s'est point arrê és k u ie ress-.-m Mand» superficielle. qui est souvent le prio cipal, si non l'unique mérite d'un portrai Crux qui verront 1'ceuvre sans même con nrllre not'C Maleur, diront que l'ai -iste s'est pénélrée de son sujet.Elle fa observe,étudié foutllé, oreusé; fit cette étude, cette pénétra tion,cette intensiiédans l'observation, pi éten I k 1'ceuvre un souffle de vie profondéinent im- pressiori riant Nous avons dit que le Bourgmestre est pris sur le vif. Si l'expression était noble et surtout applicable k IVspèce, nous dirioris un instantané du Bourgmestre en conversa tion après l'étude d'un dossier Disons mieux, c'est lui dans une séance du Collége échevi- nal. Brei, rieu d'officiel, rien de compassé. La personne physique y est tout entière avec sa chair, ses muscles, ses nerfs et même ses mouvements. La personnalité morale sen suii pleine de vie, de cbaleui', d'intellect. C'est un portrait naturel et psychologique k la fois ou, si l'on préfère, esthétique. Nos plus chaleureuses félicitattoiis k notre éminente concitoyenue Suppression d'une place de sous-instituteur Le Progrès en veul k l'administration communale, et comme toujours spé- cialement k M. ie Bourgmestre, paree qu'un arrêté royal approuve une délibération du coriseil communal portant suppression de i'emploi de septième sous-instituteur, k l'école communale de gabons. Le Progrès rappelle, k ce sujet, certaines prétendues promesses qui auraient été faites par nos mis en 1890 et les déclarations de M. le Baron Surmont de Volsberghe, eandi- dat aux élections oommunales En résumé, M Surmont soutenait aiors la thèse qu'il a défendue tout récerament, au Sénat, k propos de l'interpellation de MM. Picard et Janson au sujet de lUniversité nouvelle. Notre honorable Bourgmestre n'a done pas cbangé d'avis et il n'a sans doute k ré- tracter en rien ses déclarations de 1890. Esi-ce k dire que M. le Baron Surmont de Volsberghe se soit engagé et ses amis avec lui, k mainlenir les abus existants et surtout les places inutiles de sous-instituteurs Nos amis ont toujours protesté contre l'exagéralion des dépenses scolaires, en 1890 Comme avant cette date. lis ont tou jours prétendu que Ik oil il y avait des éco- nomies k réaliser, il fallait le faire. Dans l'application de leurs idéés, ils ont agi avec prudence et modéraiion, attendant, autant que possible, le déeès ou le départ des tiiu- laires avant de supprimer les places inutiles. Ils ont agi de cetle fagon lors du décès récent de M. Rondelie. Pendant plus d'un an, ils ont maintenu la classe que eet insti- tuteur ne pouvait plus donner et ce n'est qu'k son décès et devant une riécessité évi dente qu'ils l'ont supprimée. Le Progrès a soin de ne pas reproduire l'arrêté royal qui approuve cette suppression. II sait trop bien que la décision est motivée d'une fagon telle que tout homme sensé doit, k ia simple lecture du document officiel, proclamer que nos amis ont bien fait. Nous publiotiS ici l'arrêté royal du 14 Fé vrier, convaincu que tous ceux qui le liront, diront avec nous que le Progrès a manqué une nouvelle occasion de se taire. Vu la loi orgrnique du l'enseignement primaire et notammnnt les alinéas 3 et. 4 de l'article 2 Vu la délibération par laquelle le conseil com munal d'Ypres a décidé de suoprimer I'emploi de septième sous-instituteur k l'école communale de gargons, emploi devenu vacant par suite du décès d'un des titulaires Attendu que cette décision est basée sur ce que, depuis plusieurs années, la population du dit établissement a décru dans une proportion notable et qu'elle ne s'élève plus qu'k 183 élèves répartis actuellement en six classes Coosidérant que, dans ces conditions, la sup- presssion de I'emploi de septième Sous-institu teur est justifiée et que cette mesure n'entraïne la mise en disponibilité d'aucun des membres du personnel enseignant de la dite école Vu les rapports de l'inspection scolaire et l'avis de la députation permanente, favorables a la décision du conseil communal Sur la proposition de Notre Ministre de l'inté- rieur et de l'instruction publique, Nous avons arrêté et arrêtons Art. Ier. La résolution susvisée du conseil communal d'Ypres, portant suppression de I'em ploi de septième sous-instituteur k l'école com munale de gargons de cette ville, est approuvée. Art. 2. Notre Ministre de l'intérieur et de l'in struction publique est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré in extenso au Moniteur beige. Le Progrès ose écrire aussi que nos amis, par tons les moyens en leur pouvoir obligent les parents d retirer leurs en- fants de l établissement la Loye pour les envoy er aux écoles congrega- nistes grassement subsidises par les hommes de la nuit du 1 Février 1891. Passons sur la nuit du 1 Février, l'inou- bliable nuit. Passons aussi sur les écoles con- gréganistes opposées k l'école communale tout est congréganiste qui n'est pas officiel, pour le Progrès. Disons un mot du reste. Le Progrèsqui avance un fait précis, voudra bien le prouver et indiquer les moyens employés par nos aigles pour faire déserter l'école communale. En attendant sa réponse, nous lui deman- derons s'il n'est pas vrai que plusieurs fonc- tionnaires, employés et ouvriers de la ville envoient leurs enfants aux écoles officielles, saos qu'ils soient molestés ou siraplement interpellés k ce sujet En était-il de même sous l'administration libérale Le Progrès est, sommé d'indiquer le nom d'un seul ouvrier, employé ou fonctionnaire quelconque de la ville ou d'un établissement dépendant de la ville, qui oskt envoyer son enfant k une école privée, avant 1891. Vous verrez, chers lecteurs, que le Progrès ne répondra ui k l'une rii k l'autre de ces questions, ou répondra k cólé, comme tou jours. Le Progrès annonce la tin prochaine, non seulement de l'école communale de gargons, mais de l'école supérieure pour filles, k moins que les led ours ne mettent un frein h la rapacité de nos mottres. Faut-il répondre k ces prédictioris, que la loi ne permet pas de réaliser, k moins qu'il n'y ait plus d'élèves k ces écoles ou que le norabre n'en soit devenu insuffisant pour justifier le maintien de ces établissements? Stra-ce jamais le cas pour Ypres? Nous en doutons. Enfin le Progrès prédit que notre école mémgère est également menacée. Cette excel lente institution passera, dit il, aux mains des nonnettes et plusieurs mattresses laïques stront sur le pavé. Supposons que l'école ménagère tombe sous la direction des religieuses. Serait-ce la fin de l'école Ne pourrait on donner k l'établissoment une extension beaucoup plus considérable, sans subsides de la ville ou avec des subsides moins élevés qu'actueüe- ment P—jjaM— K K

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1899 | | pagina 2