SJimedi 15 Avril 1899
10 centimes le
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DE
REVUE POLITIQUE
Le Saint-Siége et la
conférence de La Haye
L'agitation carliste en
Espagne
La Russie et les industriels
étrangers
Nouveaux désordres scolaires
en Russie
La révolution en Bolivie
France
Le crime de Lille
Galllée et le «Weekblad»
Annee.
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AHTH
DAI,MOTE
RITE DEHAERNE 21 YPRES
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Dans les cereles politiques de Rome, on
assure que M. Visconti Veoosta refuse de
représenter l'Italie k la conférence du désar-
mement, paree qn'il désapprouverait l'attilude
du gouvernement relativement l'exclusion
du Pape.
Le ministre de la guerre a fait placer de
forts délachements de troupes sur les points
importants des provinces basques, de la
province de Valence et de la Catalogne. II a
ordonné d'augmenter la garnison de quel-
ques places. Le croiseur Conde de Venadito
est mouillé k Pasajes avec ordre de surveil-
ler la cóte.
La gendarmerie est partie de Zumarraga,
formant colonne, pour occuper le rnont
Aitgorrit.
Les Novosti croient savoir, de bonne
source, qu'on vient de discuterdans les hau-
tes spbères administrativessaint-pétersbour-
geoises avec des chances d'aboutissement
satisfesantes, la question d'établir doréna-
vant des garanties légales pour qu'il ne soit
pris pendant un certain laps de temps k dé-
terminer aucune mesure dirigée contre les
entrepreneurs et industriels étrangers en
Russie et pour qu'il ne soit plus apporté pen
dant ce temps de modifications dans les con
ditions de l'économie politique russe, par
rapport au domaine d'aetivité industrielle
adopiée principalement par ces entrepre
neurs, en d'autres termes pour qu'il ne soit
procédé ni k des restrictions inattendues de
leurs droits et privilèges ni k de subites ré-
ductionsdes droits de douane sur les produits
industriels étrangers.
A Petersbourg, de nouveaux désordres
scolaires ont été provoqués par la présence
k l'université, d'agents de police qui lais-
saient entrer seulemr nt sur presentation de
leurs caries les étuaiants venant de subir
leurs examens.
Le combre des étudiants exclus est de
5,400 k Mosoou et de 400 k Saint--Péters-
bourg.
Une proforide surexcitation règne dans
toute la jeunesse scolaire et laisse peu d'es-
poir d'un prochain apaisement.
Sur les troubles causés par le conflitentre
la police et les étudiants, le correspondant
du Timesenvoieksonjournal un memorandum
de M, de Witte, quidéplore l'imprudence et
le manque de tact de la police et révèle k la
fois l'étendue du mal et la sérieuse organisa
tion des étudiants russes. Plus de 30,000
jeunes gens de 20 k 30 ans, e'est k dire
presque toute la prochainegénération d'hom
mes instruits en Russie, sont en ce moment
surlepavé. Le Times publie un rapport du
comité d'organisation qui démontre le carac-
tère politique et social, mais non révolu
tionnaire du mouvement k Torigine et une
proclamation révolutionnaire d'une section
des étudiants de l'université de St-Péters-
bourg.
Des télégrammes repus de Bolivie donnent
les détails suivants
Les révolutionnaires se sont avancés
sur Oruro, que les troupes gouvernementales
ont essayé de défendre, encouragés qu'elles
étaient par l'échec infligé, la veille, k une
parii9 des révolutionnaires, par le général
Vargas mais au cours d'un engagement
décisif, l'après-midi, le gouvernement a été
complètement battu.
Le président Konso et les fonclionnaires
du gouvernement se sont enfuis pendant la
nuit, et ont traversé la frontière du Chili.
Le télégraphe d'Oruro est coupé.
Cette affaire a soulevé un incident au con-
seil général de Lille. Voici comment le rap-
porte le Nouvelliste du Nord:
M. Devernay (radical) demande k poser
une question k M. le préfet.
Je poserai cette question, dit il, avec
toute la modération dont je suis capable
(Sourves). M. Vatm a pris, il y a quelques
mois, un arrêté fermant une école dans la-
quelle on a découvert un crime. L'enquête
suil son cours et n'a pas encore eu de solu
tion. Je ne vois pas pourquoi, par un autre
arrêté préfectoral, cette école vient d'être
rouverte. Dans ['opinion publique, il y a un
doute: on croit qu'il y a dans ['établissement
des complices. Si l'homme arrêté est inrio
cent, on le relkchera et ia justice, une fois
de plus, aura fait erreur; mais s'il est coupa-
hle, il peut y avoir dans eet établissement des
complices.»
Répétant une phrase prononcée Dimanche
k luiauguration du monument Pasteur, M.
Devernay reproche k M. Vatin de ne pa3
prendre en la c rconstauce de mesures pro
phylactiques,
M Vatin répond k M Devernay
II y a dans mon administration une par
tie dont je suis responsable devant le cons' il
général et uue autre dont je ne dois compte
qu'au ministre. Je pourrais done répondre
que je n'ai rien k répondre, la question étant
d'ordre administratif.
J'ai fermé l'établissement visé pour facili-
ter l'enquête, de fagon k y eoapêcher l'en-
trée des importuns, des curieux. Aujourd'hui
l'enquête est terminée, le dossier est trans
mis k Douai. Je n'avais pas k maintenir l'ar-
rèté de la fermeture de cette école dans ces
condisions.
M. Deveray ne souffle plus un mot, et l'in-
cident est clos.
Excusez notre entête, chers lecteurs.
Galilée el le Weekblad e'est com me si
l'on disait le Renard et Van'Ce n'est qu'k
l'occasion d'un article du journal radico-
socialiste flaraand que nous mettons Galilée
dans cette posture.
Le Weekbladraconte, d'après des
auteurs cent fois réfutés, que Galilée fut ap-
pelé d Rome pour abjurer son système sur
Involution de la terre, autour du soleil, sys
tème qu'il soutenait d'après Caparnic.
S'il n'eut abjuré cette thèse, dit le Week
blad», Galilée ent été torturé et brülé vif
comme hérétique.
Toujours d'après le Weekblad Galilée
serait mort, deux ans après, de chagrin.
D'oii le savant confrère conclut finaleraent
que «Ik oil la science commence la Foi finit».
Bien entendu, la sotte feuille accuse les ca-
tholiques des siècles passés d'avoir mainte-
nu les dogmes par l'oppression, la torture
et l'assassinat.
On n'est pas plus exact, ni de meilleure
foi.
Nous n'avoris nullement l'intention de dé
fendre l'erreur de l'inquisition au sujet de
Galilée et de sa doctrine scientifique. Nous
ferons remarquer simplement ceci, e'est que
l'inquisition,inslituée pour et k une époque
de troubles religieux et politiques, peut avoir
eu son mauvais comme son bon cóté ainsi
que toute institution humaine. Car ce fut un
tribunal érigé pour juger les attaques lan-
cées contre la foi et les dogmes par les hé-
rétiques, et par conséquent ce tribunal fut
une institution purement humaine, n'ayant
aucunément ie pouvoir spirituel de proclamer
ex cathedra ce qui était ou non point de foi.
Les conciles écceméniques seuls avaient ce
pouvoir.
Ce tribunal pouvait done se tromper,
rendre un arrêt injuste mème, sans que la
Doctrine chrétienne, représentée par l'Eglise
et son chef infaillible en fait de doctrine, en
eüt la responsabilité. C'est le cas pour l'his-
toire de Galilée.
Galilée ne fut du reste pas condamné k
raisor; de son système, mais paree qu'il pré-
tendait justifier ce sysième par la Bible.
Or, si l'on peut soutenir k bon droit que
rien dans la Bible ne contredit l'évolution de
la terre autour du soleil, par contre on ne
peut prétendre que nos livres saints doivent
être interprêtés dans le sens que Galilée
voulait leur donner.
Ainsi, Josué ordonna au soleil de s'arréter.
II s'exprimait comme on s'exprimait alors, et
de nos jours, nous disons encore et nous
disons probablement longtemps encore
le soleil se lèvé, le soleil se couche. Ce langage
n'est pas en contradiction avec la réalité des
faits. Josué parlait, comme nous, le langage
de son temps. Mais de lk k vouloir interprê-
ter des textes dans un sens favorable k un
système déterminé, même juste, l'Eglise ne
le tolère pas, paree que une interpolation
t'ausse ne peut justifier une thèse vraie. On
devrait en savoir gré k l'Eglise catholique.
Quant k la conclusion que la Foi finit oil
commence la science les faits sont lk pour
répondre au Weekblad Les plus grands
savants du moyen kge et les modernes même
étaient en même temps de grands croyants.
II suffirait de citer les plus récents, Ampère
et Pasteur par exemple, mettaient en action
la maxime connue beaucoup de science
mène k Dieu peu de science en éloigne.
A preuve le a Weekblad et sa science
Quant aux soi-disant marlyres, infligés par
lescatholiques,il faut de l'aplorab pour soute
nir une thèse pareille k propos d'une époque
troublée comme celle des 16' et 17' siècles,
pendant laquelle les précurseurs de nos
gueux modernes, les foux furieux qui sui-
vaient Luther, Calvin etc., massacrèrent,
brulèrent vifs et appliquèrent les plus atro-
ces tortures k des milliers de personnes,
paree qu'elles restaient fidèles k leur Foi;
sans compter leurs actes de vandalisme dans
les églises et autres monuments artistiques
de notre pays et d'ailleurs.
Rappelez vous Weekblad les massa
cres de Gorcum, les assassinats d'Audenaer-
de, de Reninghelst etc., et les oeuvres des
iconoclastes Yprois et autres.
Pour finir, constatons que les faits concer-
nant l'histoire de Galilée, comme les rapporte
le a Weekblad sont fort inexacts en plu-
sieurs points.
Galilée a habité en effet, pendant long
temps Pise, mais il dut quitter cette ville
pour la hardiesse de ses idéés. Ici rien de
l'inquisition. C'était en 1592.
II futensuite, pendant 20 ans, professeur
k Padoue et y obtint de grands succès.
Puis k la demande du grand Due de Tos
cane, Cosme II, it alia s'établir k Florence,
et c'est dans cette ville qu'il publia son
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