Mercredi 17 Mai 5 899 10 centimes le N\ 34e Année. !V° 3443
Le Meeting de Dimanche soir
A propos du meeting
M. Daens a Wervicq
Le projet de loi électorale
devant la section centrale
A Courtrai
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Des affiches promenées dans nos rues, ou
placardées sur les murs. avaient annoncé le
grrrand... meeting qui devaient tuer dans
l'ceuf le projet de loi électorale déposé par
le gouvernement
Le programme était assez alléchant pour
les gens curieux de voir et d'entendre cer
tains personnages politiques, plus ou moios
célèbres, sinon par leur talent, du moins par
le bruit qu'ils font dans le pays tel que MM.
Daens, Paul Emile Janson fils. etc.
Beaucoup de personnes done, bien loin
pourtant de partager les vues des orateurs
inscrits, étaient allées les entendre Dimanche
soir la Salie des Anciens Pompiers.
Une première décepiion les attendait
M. I'abbé Daens, jugeant sans doute que
notre bonne ville d'Ypres n'est, pas digne de
son talent, brillait par son absence. G'est la
seconde fois qu'il joue ce mauvais tour ses
alliés Yprois.
Son lieutenant, M. Hector Plancquaert le
remplacait désavantageusement pour les
amateurs du nouveau.
Un tombeur de curés, qu'il soit socialiste
radical ou même simple doctrinaire, en ha-
bit ou frac noir, rien de particulier, on en
voit tous les jours et partoutmais un prê-
tre, portaot soutane, fraternisant, voyageant,
et marehant bras dessus bras dessous avec
les ennemis les plus plus acharnés et les plus
irréconciliables de sa religion, voilé certes
du nouveau Nous comprenons done la cu-
riosité du public.
On comprend aussi la mélancolique fapon
d'ouvrir la séance de M. Pol Vermeulen,
annonpant qu'il était déplorable que deux
des orateurs annoncés ne fusent pas venus.
Le meeting, dit l'orateur en bégayant plus
fort encore que d'habitude, n'a pas de carac-
tère politique. Tous les partis y sont con-
viés. M. Hector Plancquaert, le démocrate
chrétien remplace M. lecuré Daens.
La question de la représentation propor-
tionnelte compte des partisans dans tous les
partis, dit M. Vermeulen, parmi les chefs
da parti catholique aussi bien que dans les
contrairesentr' autres MM. Beernaert,
Nyssens.
Les organisateurs du meeting avaient de-
mandé une salie l'Administration Commu
nale. Elle ne le leur a pas accordée c'est
pour ce motif que le meeting a lieu dans la
Salie des anciens Pompiers. (M. Vermeulen
tape du pied, nous ne savons pourquoi).
Outre les trois orateurs: MM.Plancquaert,
démocrate chrétien, Janson fils, boucaert,
typographe socialiste de Gand, et M. Pol
Vermeulen qui présidait, avaient pris pbee
sur l'estrade MM. Bossaert, Brunhut, Ver-
schaeve, Ern. Nolf, 1. Onraet, Ch. Deweerdt
et Maleveys.
MM. Foucaert et Planquaert ont parlé en
flamand; M. Janson en franpais. M. Fou-
caert a fait entrer les temmes qui se trou-
vaientéla porte et ainsi lasalle s'est rem-
L lie. Mais quand M. Janson a commencé
son discours, plusieurs ouvriers ont quitté
la salie, disant qu'ils ne comprenaient pas le
franpais.
Le sujet des trois discours était sensible-
ment le même: La question de la représen
tation proportionnelle et celle du vote uni
que. Eén man, ééne stem.
Quelques variantes selon le caractère po
litique des orateurs
M. Plancquaert a prétendu qu'il était plus
catholique que eertains représentants d'An-
vers et de Bruxelles, qui ne connaissent
l'Eglise qu'au point de vue monumental.
Le socialiste gantois a dit que N. S. Jésus-
Christ, fils d'un charpentier, étant ouvrier
lui-méme, neut eu qu'une voix s'Il était
sur terre puis que le projet de loi proposé
par le gouvernement avait pour bul de
maintenir l'oppression du capitalisme, qui
met le pied sur ia poitrine de l'ouvrier.
Après cela une violente sortie contre les
maitres et les patrons, les riches et les capi-
talistes qu'il traite de fainéants.
MM. Bossaert, Verschaeve et consorts
étaient visiblement vexés.
M. Janson est entré dans une quantité de
détails sur le systême de la représentation
proportionnelle et la question de quorum.
II repousse le système Struye, mais accepte-
rait le système D'hon jt.
Après les discours des trois orateurs M.
Vermeulen demanda si personne ne voulait
prendre la parole pour contredire les ora
teurs. Personne ne répondant, il déclara le
meeting clos et les 3 400 auditeurs, la
plupart libéraux, quittèrent la salie.
Nous venons de donner un eompte-rendu
aussi exact que possible du meeting de Di
manche.
Le Progrès et La Lutte, qui avaient leurs
reporters la séance, nous donneront sans
doute de plus amples détails. Nous les alten
dons avec impatience.
L'absence de I'abbé Daens a été beaucoup
eommentée. G'est la seconde fois qu'il s'an-
nonce et qu'il ne vient pas, disait-on,
Gette absence a été d'autant plus remar-
quée que l'ex-abbé s'est fait entendre, le
même jour, Wervicq, dans un cabaret oü
une ceritaine de curieux sont allés l'écouter.
Autre déception M. Grimard, le député
socialiste millionnaire de Thutn, qui s'était
fait inscrire, a brillé également par son
absence.
Pouiquoi M. Daens n'est-il pas venu
D aucuns prétendent qu'il n'a pas voulu
parlerdans le local de l'Association libérale.
D'autres soutiennent que M. Brunfaut, enne-
mi de toute soutane, n'a pas même voulu
admettre celle de l'ex-abbé.
Nous comprenons la dernière version. La
première s'explique moins. Quel scrupule
peut bien arrêter M. Daens, qui est allé pé-
rorer et se faire applaudir la maison du
peuple de Bruxelles
Serait il par hasard moins partisan des li
béraux que des socialistes?
11 s'était fait inscrire pourtant, s'tl faut
croire Le Progrès et La LutteII est vrai
qu'il croyait pouvoir pérorer k la Salie de
spectacle qui a été refusée par l'administra-
tion catholique. Aurait-il changé d'avis en
apprenant qu'il devait parlor au local de
l'Association libérale G'est un scrupule que
nous ne comprenons pas chez M. Daens,qui
va et qui est regu partout, sauf chez les con-
servateurs et les vrais démocrates chrétiens.
On nous dit que MM.Bossaert et Verschaeve
qui se trouvaient, fort modestement d'ail-
leurs, £t la tribune derrière les orateurs,
étaient trés contrariés d'entendre le citoyen
Foucaert développer des théories socialistes.
Nous le croyons sans peinemais qu'avaient
ils besoin d'aller se compromettre dans la
société de gens dont ils ne partagent pas
l'opinion
II est vrai qu'ils sont membres de l'Asso-
ciation libérale et que, comme tels, ils ont
voté pour le principe du S. U. temporisé par
la R. P. el l'instruction obligatoire. Mais
cela n'explique pas pourquoi ils n'ont pas
cru devoir élever au moins une protestation
contre ies théories colleclivistes de leurs
alliés.
Si le citoyen Foucaert a pu se permettre
une sortie violente contre les fainéants, les
voleurs etc,, il fallait au moins que les hou.-
mes d'ordre ne se fissent pas complices de
ses paroles, par leur silence. II ne suffit pas
de rougir, d'allonger le nez, de se laisser
glisser de sa chaise, il fallait parler ou quit
ter la salie, en signe de protestation ou de
désapprobation.
Ils n'ont pas applaudi nousdit-on, nous
le croyons sans peine. II n'aurait vraiment
mariqué que cela. Mais il est tout au moins
humiliant d'étre désigné du doigt par un
orateur socialiste et de se laisser faire, de se
laisser traiter de tout d rien.
Passe pour M. Vermeulen et consorts. Ils
sont habitués it se laisser dire et faire, tout
capitalistes qu'ils sont. Mais MM. Bossaert
et Versebaeve, vraiment c'est épatant.
Juste cbatiment d'une alliance entre
l'eau et le feu
M. Daens a parlé dans le cabaret tenu par
le sieur Hubert Demyttenaere.
Pas de monde et peu de succès.
L'ex-Abbé a désavoué les Evêques et le
cardinal Rampolla, dont il a dit pis que peti-
dre. Lui seul est un digne et vrai disciple du
Christ, un vrai prêtre.
Après cela on peut tirer l'échelle. II n'y a
en Belgique qu'un seul prêtre digne de ce
nom et c'est I'abbé Daens
La section centrale chargée d'examiner le
projet de loi électorale, a tenu aujourd'hui
une importante séance.
Le socialiste Vandervelde, récemment
devenu franc-mafon, y a combattu le projet
au nom de l'intérêt du parti libéralil recori-
nait que l'application des dispositions du
projet serait loin d'être défavorable aux
socialistes, mais elle enlèverait, dit il, aux
libéraux, tout espoir de reveuir au pouvoir
d'ici longteraps, et, en présence de la politique
scolaire du gouvernement, il est hautement
désirable que la direction des affaires soit
reprise par le parti libéral.
M. Lorand k aussi vivement attaqué le
projet, et demandé son ajournement, ou
son remplacement par un projet de la R. P.
intégrale.
M. Woeste, son tour, a coaseillé au
gouvernement l'ajournement, et il a ainsi
donné aux libéraux, radicaux et socialistes
un appui dont ceux-ci ne manqueront pas de
triompher. II a déclaré qu'en combattant le
projet, il savait qu'il assumait la responsa-
bilité d'en présenter un autre mais il croit,
a-t-il dit, pouvoir réunir une majorité sur un
projet de découpage.
MM. Tack, Beernaert, de Trooz, Bilaut
ont défendu le projet en faisant ressortir que
c'était une transaction.
M. Bilaut a insisté pour que le gouverne
ment fasse des concessions aux proportion-
nalistes en établissant le quorum matériel et
en laissant aux associations ie soin de déter-
miner, sur leurs listes, l'ordre des candidats.
Une sérénade au general
de Charette
Dimanche, vers huit beures et demie du
soir, la fanfare de Groeninghe est allé donner
une sérénade au général de Charette qui était
descendu rue St-Georges chez M. H. Steyt,
ancien zouave.
M. 1 aumönier du cercle des jeunes gens
de Notre-Dame a dit en termes émus et cha-
leureux la signification de leur démarche
auprès du vaillant serviteur de l'église.
M. le baron de Charette a répondu avec sa
verve accoutumée et de concert avec tous les
convives a applaudi l'exécution du vivat Pio
nono.
Le général a quitté Courtrai Lundi vers 9
btures. Plusieurs personnages éminents
1 accomagnaient parmi lesquels le marquis
de Résimont et Mgr Bouriau, chapelain du
Sacré-Coeur.
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