1 mm Samedi 8 Juillet 1899 10 centimes le ft1 34fl Annee. N 3458 *ass q^CiANc REVUE POLITIQUE La clóture de la session en France Troubles a Sophia M. l'abbé Daens et le Progrès Le 1 i Juillet On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütont 15 centimesla ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la iigne. Lesnuraéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exceptó les i Flandra s'adresser A ['Apence Eavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et .1 Paris, 3, Place de ia Bourse. 60 c. par an pour tout Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent êtrp adrossós franc de port a l'adresse ci-dessus. Les Chambres franQaises out l'habi- tude de terminer leurs fravaux a la mi-Juillet, la veille de la fête nationa le; mais cette année les honorables du Palais-Bourbon et du Luxembourg ont éprouvé le besoin de quitter Paris plus tót pour aller passer leurs vacan ces, qui dans les villes d'eau, qui au milieu de leurs électeurs. Du reste, la plupart des législateurs étaient en- chantés de partir, et comme le gou vernement lui-même était, ravi de se débarrasser de leur presence, la sepa ration s'est faite a l'amiable. Le mot de la fin a ét.é dit, parait-il, par un depute qui en avail assez des débats du Palais-Bourbon, avec les interpellations sans fin et les votes contradictoires. Pour ce que notis faisons,avait dit le député en question, mieux vaut s en aller! Le fait est que la Cbambre n'a pas accompli grande besogne legislative depuis tantót deux ans. Comme le rappelle le rédacteur du Gaulois, elle a fait de la concen tration a droite avec M. Méline, de la concentration a gauche avec M. Bris- son, de la concentration éclectique avec M. Dupuy, et de la concentration a rextrême-gauche avec M. Waldeck- Rousseau. Quant aux volte-face faites par l'as- semblée, elles resteront légendaires. La Chambre a rénversé M. Méline sans expliquer pourquoi, M. Brisson paree qu'il voulait reviser le procés Dreyfus, et M. Dupuy paree qu'il ne le voulait pas. Elle a voté l'affiehagc du discours de M. Cavaiguac qui uoircissait Drey fus, et quelques raois plus tard elle réclamait 1'affichage de l'arrêt de la cour de cassation qui blauchissait le condamné de 1894. En fait de mesu- res législatives, elle a voté, puis ajour- né, puis tranformé la loi sur les acci dents du travail, et ces diverses con tradictions lont oceupée a ce point qu'elle n'a pu voter tout d'une pièce le budget de 4899, ni établir celui de 1900. Enfin, elle a donné en toutes occasions et jusqua la dernière séan ce, lexemple de la mauvaise tenue et des leQons de langue verte. Maintenant que les forts en gueu- le comme eüt dit Molière, ont quitté la scène parlementaire, que se passe- ra-t-il dans les coulises gouvernemeu tales? D'aucuns ce sont les adver- saires du cabinet Waldeck-Rousseau prétendent que le ministère va pratiquer des coupes sombres dans la magistrature et dans l'armée, après les quelques déplacements déja opérés. C'est peut être la prêier au nouveau cabinet de trop noirs desseins, car il. est permis de supposer que les minis- tres en ont assez, eux aussi, de l'af- faire Selon toute vraisemblance, M. Waldeck-Rousscau et ses collègues laisseront la justice suivre son cours et le conseil.de guerre de Rennes ren- dre son arrêt en toute liberté. La France a besoin d'apaisement, surtout a la veille de sa grande exposition de 1900, dont on ne parle guère, oü plu tót dont on ne parle pas assez chez nos voisins d'outre-Quiévrain. A la suite des scènes tumultueuses qui se sont produites dans le Sobranje des troubles ont éclaté a Sophia. Le palais du prince est entouré par lestroupesquigardent également tou- ies les portes de la ville afin d'empê- cher l'entrée des paysans qui pour- raient prendre part au mouvement insurreetionnel. Le Prog<ès est furieux contre l'ex-abbé. M. Daens, pour la troisième fois, avait annoncé son arrivée k Ypres et voilk que, pour la troisième fois, il ne vient pas Oir- coristance aggravante, M. Daens. était k p;m prés certain de rie pouvoir venir. Mais laissoris la parole au Progrès. Voici ce qu'écrit I'organe du doctrinarisme Nous engageons vivement les partisans et j amis de l'abbé Daens, l'apötre convaincu de la S démocratie chrétienne, de lui déclarer carré- ment, qu'annoncer son arrivée dans une ville par la voie des journaux, alors qu'il est a peu prés certain de ne pas pouvoir s'y rendre, est une grosse maladresse; beaucoup de ceux, qui admirent sa conduite ferme et digne, surtout de la campagne, se dérangent inutilement et re- tournenl chez eux bien mécontents. Cette mauvaise plaisanterie est déja arrivée deux fois k Ypres; il ne faut pas qu'elle se re- nouvelle, car les daeusistesperdraient bien vite, dans notre arrondissement, tout le terrain qu'ils ont gagué en peu de temps; si les démo- crates chrétiens veulent faire de la bonne pro paganda qu'ils soient exacts et qu'ils ne fassenl pas, comme nos députés, laisser protester tou tes leurs promesses. Nous sommes en partie de l'avis du Pro grès. Nous allons plus loin, nous partageons l'opinioa de messieurs les libéraux qui se trouvaienti la Cilrdeile, attendant l'arrivée de leur ami. Sans répéter leurs expressions, nous diroris avec eux que ceiui qui joue ainsi trois fois le public est un homaie sans édu- cation. Laissons ia gemeene vent, etc. etc. Mais ce que nous n'admettons pas, c'est que le Progrès adresse ses conseils et ses reproches aux partisans et amis de l'abbé Daens. C'est comme si ce prêtre dévoyé avait des amis et des partisans k Ypres, en dehors de ses alliés libéraux et socialistes. Ad ressez-vous, confrère, vous même et k vos amis C'est vous qui avez fait venir l'abbé Daens. C'est vous qui deviez le rece voir, le féter, l'applaudir. Nous vous défions de citer le nom d'un seul catholique qui ait eu le moindre rapport avec l'ex-abbé. C'est du reste chez vous, k la Citadelle, que M. Daens devaitêire re(?u. Une autre observation les daensistes, dit le Progrès, perdraient bien vite dans notre arrondissement, tout to terrain qu'ils ont gagné en peu de temps. C'est une illusion, confrère. Les daensistes ri'ont rien gagné ici. Ils ont vos sympathies, ei voilé tout. Vous les appelez votre se- cours, paree que tout tail farine it voire moulin. Vous avez fait alliance avec les so cialistes rouges et vous espérez entraincr les socialistes verts que vous avez si souvent répudiésmais il n'y a que des rouges k Ypres et dans ('arrondissement. On peut compter les verts sur les doigts. Si M. Daens était venu, il aurait eu un succès de cut iosité, mais il aurait fait peu de disciples. Vous le savez bien quand Dimancbe, riieureoü M Daens ievait arriver k la Cita delle, vos chefs ont interpellé certain pré- i lendu démocrate, lui demandant de parler au lieu de l'abbé et l'interpellant au sujet de 1'absence de M. Daens, il vous a été répondu: j Je ne suis, moi, ni démocrate chrétien ni daensiste, je suis indépendant. Ce n'est pas moi qui ai appelé M. Daens, c'est vous qui l'avez fait venir; c'est aussi k vous k parler it sa place. On vit alors certains riez, déjk passable- ruent longs, acquérir une dimension extra ordinaire. Et chose amusante, personne ne prit la parole, personne n'osa même pren dre sur lui la responsabilité d'avoir fait appel au dévouement de l'ex abbé Quel courage Depuis quelques années le Davidsfonds invite les habitants des localiiés flamandes oil il est établi, k retnémorer l'anniversaire de la balaille de Groeninghe ou des épérons d'or, en arborant le 41 Juillet le drapeau national. II n'est peut-être pas inutile de déterminer I en la justifiant la signification réelle de cette manifestation patriotique. Ce tut, on le sait, k la date mémorable du 4 4 Juillet 4302, que nos vaillants ancêtres, les couamuniers de Flaudre, écrasèrent sous les muis de Courtrai les formidables esca- drons de la chevalerie frangaise et les nom- breuses bandes de soudards qu'elle menuit k sa suite. Toutefois ce n'est pas ce bfillant fait d'ar mes qu'on nous convie k célébrerc'est en core raoiris le sanglant affront infligé en ce jour k I'orgueil national de nos voisins du midi que 1 'on se pi ut k rappeler. Le Davids fonds n'entend pas se poser en matamore, ni insulter k un ennemi humiiié et vaincuil y a six siècles. Une penséa plus digne et plus éhvée inspire I'appel dont il prend l'initiative. II est vrai, toute l'histoire militaire de la Fiandre, au moyen kge, ne fut qu'une lutte détensive conti e les empiétements sans cesse répétés des rois de France. En plus d'une rencontre nos pères restèrent matlres du champ de bataille, sous Robert-le-Prison k Cassel, sous Baudouin IX k Neuville; inais nul ne songe aujourd'hui k rappeler la mé- moire de ces sangianies et glorieuses jour- nées. C'est qu'alors, de quelqu'importance que fut 1'enjeu de la lutte, 1'autonomie, l'in- déprndance du pays flamand n'étaient pas en cause. Les prétentious des Rois suzerains ne s'éteudaient pas encore jusques Ik. Ii réén fut pas de même en 1300. Un ues- pote asiucieux et brutal, Philippe le Bel, avait trai cusement arrêté et jeté en prison le vieux comte Guy, deux de ses Ills et avec eux la fleur des chevaliers flamands, qai étaient venus de bonne foi trailer de la paix k Paris. Ses années oerupaient déjk ie pays. 11 déclara le comté do bonne prise et annexi la Fiandre au royaume de France. Ses lieutenants dépouillaient nos communes do leurs franchises et privileges, et se3 suppóts rangonnair-rit les vilies et les campagnes. Un moment surpris et subjugué, le Lion de Fiandre ne tarda pas k briser le joug de l'i ppresseur. Bruges se souleva la première; toute la Fiandre flaming,ante courut aux ar mos et refoula l'étranger jusqu'aux bords de la Lys. Ce fut Ik, dans les prés de Groenin- ghe, quesedécida l'avenir du pays flimand. Vairicus nous subissions pour toujours la domination franpaise; nous devenions parlia intégrante du royaume nous étions rivés désormais k la France, k sa fortune, k ses layers, k ses gioires sans doute, mais aussi a ses erreurs, k ses folies et k ses crimes. Nous fonnerions k 1'heure actuelle, comme k une époque néfaste et détestée, ïesdépar- tements de la Lys et de 1 Escaut.Nous serions entratnés dans l'orbite politique que les lo ges mafonuiques ont assigné k la République franchise. Que serait-il advenu ëntre- teinps et dans ces conditions de nos moeurs, de notre caraclère national, de notre loi religieuse Et aujourd'hui, ce ne serail pas une vic- loirc pure de toute souillure, que nous aui ions k fêter le 44 Juilletmais k quelques jours de Ik, Ie 48 du même mois, la prise de la Baslille. A cette date en 1789, une foule en délire, populace et soldals mutinés massacrèreni une poignée de vétérans et dé- molirent un vieux monument. Ce fut la pre mière étape de la Révolutiou dans la voie de r ft V

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1899 | | pagina 1