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Samedi 8 Juillet 1899
10 centimes le ft1
34fl Annee. N 3458
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q^CiANc
REVUE POLITIQUE
La clóture de la session
en France
Troubles a Sophia
M. l'abbé Daens
et le Progrès
Le 1 i Juillet
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Les Chambres franQaises out l'habi-
tude de terminer leurs fravaux a la
mi-Juillet, la veille de la fête nationa
le; mais cette année les honorables
du Palais-Bourbon et du Luxembourg
ont éprouvé le besoin de quitter Paris
plus tót pour aller passer leurs vacan
ces, qui dans les villes d'eau, qui au
milieu de leurs électeurs. Du reste, la
plupart des législateurs étaient en-
chantés de partir, et comme le gou
vernement lui-même était, ravi de se
débarrasser de leur presence, la sepa
ration s'est faite a l'amiable.
Le mot de la fin a ét.é dit, parait-il,
par un depute qui en avail assez des
débats du Palais-Bourbon, avec les
interpellations sans fin et les votes
contradictoires. Pour ce que notis
faisons,avait dit le député en question,
mieux vaut s en aller! Le fait est que
la Cbambre n'a pas accompli grande
besogne legislative depuis tantót deux
ans. Comme le rappelle le rédacteur
du Gaulois, elle a fait de la concen
tration a droite avec M. Méline, de la
concentration a gauche avec M. Bris-
son, de la concentration éclectique
avec M. Dupuy, et de la concentration
a rextrême-gauche avec M. Waldeck-
Rousseau.
Quant aux volte-face faites par l'as-
semblée, elles resteront légendaires.
La Chambre a rénversé M. Méline sans
expliquer pourquoi, M. Brisson paree
qu'il voulait reviser le procés Dreyfus,
et M. Dupuy paree qu'il ne le voulait
pas. Elle a voté l'affiehagc du discours
de M. Cavaiguac qui uoircissait Drey
fus, et quelques raois plus tard elle
réclamait 1'affichage de l'arrêt de la
cour de cassation qui blauchissait le
condamné de 1894. En fait de mesu-
res législatives, elle a voté, puis ajour-
né, puis tranformé la loi sur les acci
dents du travail, et ces diverses con
tradictions lont oceupée a ce point
qu'elle n'a pu voter tout d'une pièce
le budget de 4899, ni établir celui de
1900. Enfin, elle a donné en toutes
occasions et jusqua la dernière séan
ce, lexemple de la mauvaise tenue et
des leQons de langue verte.
Maintenant que les forts en gueu-
le comme eüt dit Molière, ont quitté
la scène parlementaire, que se passe-
ra-t-il dans les coulises gouvernemeu
tales? D'aucuns ce sont les adver-
saires du cabinet Waldeck-Rousseau
prétendent que le ministère va
pratiquer des coupes sombres dans la
magistrature et dans l'armée, après
les quelques déplacements déja opérés.
C'est peut être la prêier au nouveau
cabinet de trop noirs desseins, car il.
est permis de supposer que les minis-
tres en ont assez, eux aussi, de l'af-
faire Selon toute vraisemblance, M.
Waldeck-Rousscau et ses collègues
laisseront la justice suivre son cours
et le conseil.de guerre de Rennes ren-
dre son arrêt en toute liberté. La
France a besoin d'apaisement, surtout
a la veille de sa grande exposition de
1900, dont on ne parle guère, oü plu
tót dont on ne parle pas assez chez nos
voisins d'outre-Quiévrain.
A la suite des scènes tumultueuses
qui se sont produites dans le Sobranje
des troubles ont éclaté a Sophia.
Le palais du prince est entouré par
lestroupesquigardent également tou-
ies les portes de la ville afin d'empê-
cher l'entrée des paysans qui pour-
raient prendre part au mouvement
insurreetionnel.
Le Prog<ès est furieux contre l'ex-abbé.
M. Daens, pour la troisième fois, avait
annoncé son arrivée k Ypres et voilk que,
pour la troisième fois, il ne vient pas Oir-
coristance aggravante, M. Daens. était k p;m
prés certain de rie pouvoir venir.
Mais laissoris la parole au Progrès. Voici
ce qu'écrit I'organe du doctrinarisme
Nous engageons vivement les partisans et
j amis de l'abbé Daens, l'apötre convaincu de la
S démocratie chrétienne, de lui déclarer carré-
ment, qu'annoncer son arrivée dans une ville
par la voie des journaux, alors qu'il est a peu
prés certain de ne pas pouvoir s'y rendre, est
une grosse maladresse; beaucoup de ceux, qui
admirent sa conduite ferme et digne, surtout de
la campagne, se dérangent inutilement et re-
tournenl chez eux bien mécontents.
Cette mauvaise plaisanterie est déja arrivée
deux fois k Ypres; il ne faut pas qu'elle se re-
nouvelle, car les daeusistesperdraient bien vite,
dans notre arrondissement, tout le terrain
qu'ils ont gagué en peu de temps; si les démo-
crates chrétiens veulent faire de la bonne pro
paganda qu'ils soient exacts et qu'ils ne fassenl
pas, comme nos députés, laisser protester tou
tes leurs promesses.
Nous sommes en partie de l'avis du Pro
grès. Nous allons plus loin, nous partageons
l'opinioa de messieurs les libéraux qui se
trouvaienti la Cilrdeile, attendant l'arrivée
de leur ami. Sans répéter leurs expressions,
nous diroris avec eux que ceiui qui joue ainsi
trois fois le public est un homaie sans édu-
cation. Laissons ia gemeene vent, etc. etc.
Mais ce que nous n'admettons pas, c'est
que le Progrès adresse ses conseils et ses
reproches aux partisans et amis de l'abbé
Daens. C'est comme si ce prêtre dévoyé avait
des amis et des partisans k Ypres, en dehors
de ses alliés libéraux et socialistes.
Ad ressez-vous, confrère, vous même et
k vos amis C'est vous qui avez fait venir
l'abbé Daens. C'est vous qui deviez le rece
voir, le féter, l'applaudir.
Nous vous défions de citer le nom d'un
seul catholique qui ait eu le moindre rapport
avec l'ex-abbé.
C'est du reste chez vous, k la Citadelle,
que M. Daens devaitêire re(?u.
Une autre observation les daensistes, dit
le Progrès, perdraient bien vite dans notre
arrondissement, tout to terrain qu'ils ont
gagné en peu de temps.
C'est une illusion, confrère. Les daensistes
ri'ont rien gagné ici. Ils ont vos sympathies,
ei voilé tout. Vous les appelez votre se-
cours, paree que tout tail farine it voire
moulin. Vous avez fait alliance avec les so
cialistes rouges et vous espérez entraincr
les socialistes verts que vous avez si souvent
répudiésmais il n'y a que des rouges k
Ypres et dans ('arrondissement. On peut
compter les verts sur les doigts.
Si M. Daens était venu, il aurait eu un
succès de cut iosité, mais il aurait fait peu
de disciples.
Vous le savez bien quand Dimancbe,
riieureoü M Daens ievait arriver k la Cita
delle, vos chefs ont interpellé certain pré- i
lendu démocrate, lui demandant de parler
au lieu de l'abbé et l'interpellant au sujet de
1'absence de M. Daens, il vous a été répondu: j
Je ne suis, moi, ni démocrate chrétien ni
daensiste, je suis indépendant. Ce n'est pas
moi qui ai appelé M. Daens, c'est vous qui
l'avez fait venir; c'est aussi k vous k parler
it sa place.
On vit alors certains riez, déjk passable-
ruent longs, acquérir une dimension extra
ordinaire. Et chose amusante, personne ne
prit la parole, personne n'osa même pren
dre sur lui la responsabilité d'avoir fait appel
au dévouement de l'ex abbé
Quel courage
Depuis quelques années le Davidsfonds
invite les habitants des localiiés flamandes oil
il est établi, k retnémorer l'anniversaire de
la balaille de Groeninghe ou des épérons
d'or, en arborant le 41 Juillet le drapeau
national.
II n'est peut-être pas inutile de déterminer
I en la justifiant la signification réelle de cette
manifestation patriotique.
Ce tut, on le sait, k la date mémorable du
4 4 Juillet 4302, que nos vaillants ancêtres,
les couamuniers de Flaudre, écrasèrent sous
les muis de Courtrai les formidables esca-
drons de la chevalerie frangaise et les nom-
breuses bandes de soudards qu'elle menuit k
sa suite.
Toutefois ce n'est pas ce bfillant fait d'ar
mes qu'on nous convie k célébrerc'est en
core raoiris le sanglant affront infligé en ce
jour k I'orgueil national de nos voisins du
midi que 1 'on se pi ut k rappeler. Le Davids
fonds n'entend pas se poser en matamore,
ni insulter k un ennemi humiiié et vaincuil
y a six siècles. Une penséa plus digne et
plus éhvée inspire I'appel dont il prend
l'initiative.
II est vrai, toute l'histoire militaire de la
Fiandre, au moyen kge, ne fut qu'une lutte
détensive conti e les empiétements sans
cesse répétés des rois de France. En plus
d'une rencontre nos pères restèrent matlres
du champ de bataille, sous Robert-le-Prison
k Cassel, sous Baudouin IX k Neuville; inais
nul ne songe aujourd'hui k rappeler la mé-
moire de ces sangianies et glorieuses jour-
nées. C'est qu'alors, de quelqu'importance
que fut 1'enjeu de la lutte, 1'autonomie, l'in-
déprndance du pays flamand n'étaient pas
en cause. Les prétentious des Rois suzerains
ne s'éteudaient pas encore jusques Ik.
Ii réén fut pas de même en 1300. Un ues-
pote asiucieux et brutal, Philippe le Bel,
avait trai cusement arrêté et jeté en prison
le vieux comte Guy, deux de ses Ills et avec
eux la fleur des chevaliers flamands, qai
étaient venus de bonne foi trailer de la paix
k Paris. Ses années oerupaient déjk ie pays.
11 déclara le comté do bonne prise et annexi
la Fiandre au royaume de France. Ses
lieutenants dépouillaient nos communes do
leurs franchises et privileges, et se3 suppóts
rangonnair-rit les vilies et les campagnes.
Un moment surpris et subjugué, le Lion
de Fiandre ne tarda pas k briser le joug de
l'i ppresseur. Bruges se souleva la première;
toute la Fiandre flaming,ante courut aux ar
mos et refoula l'étranger jusqu'aux bords de
la Lys. Ce fut Ik, dans les prés de Groenin-
ghe, quesedécida l'avenir du pays flimand.
Vairicus nous subissions pour toujours la
domination franpaise; nous devenions parlia
intégrante du royaume nous étions rivés
désormais k la France, k sa fortune, k ses
layers, k ses gioires sans doute, mais aussi
a ses erreurs, k ses folies et k ses crimes.
Nous fonnerions k 1'heure actuelle, comme
k une époque néfaste et détestée, ïesdépar-
tements de la Lys et de 1 Escaut.Nous serions
entratnés dans l'orbite politique que les lo
ges mafonuiques ont assigné k la République
franchise. Que serait-il advenu ëntre-
teinps et dans ces conditions de nos moeurs,
de notre caraclère national, de notre loi
religieuse
Et aujourd'hui, ce ne serail pas une vic-
loirc pure de toute souillure, que nous
aui ions k fêter le 44 Juilletmais k quelques
jours de Ik, Ie 48 du même mois, la prise
de la Baslille. A cette date en 1789, une
foule en délire, populace et soldals mutinés
massacrèreni une poignée de vétérans et dé-
molirent un vieux monument. Ce fut la pre
mière étape de la Révolutiou dans la voie de
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