i CONCERT m Mercredi 19 Juillet 899 10 centimes le N°. 34e Année. IV0 3461 q^GiA IV £- V1LLE D'YPRES CONSEIL COMMUNAL Les combats de Taureaux Aveux a noter On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'ótranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port 1'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent 30 centimes la ligne. Les insertions judiciairesl franc la ligue. Les numóros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandres) s'adresser A l'Agence iïlavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et k Paris, 8, Place de la Bourse. Séance publique du 22 Juillet 1899 k 5 h. du soir. Ordre du jour 4. Communications. 2. Ecoles primaires compte 1898. 3. Fabrique d'église St Nicolas: compte 1898 4. Location de la cbasse sur des propriétés communales.k Zillebeke el k Boesinghe. 5. Vente de terrain rue d'Elveringhe. 6. Proposition d'allocation de subside en faveur de la ligue nationale contre la tuberculose. Dans notre numéro de Mercredi a figuré, sous la rubrique le lion et le taureau de Roubaix une annonce d'un nouveau com bat de taureaux, fixé au Vendredi 14 Juillet, jour de la fête nationale. Le Journal d'Ypres annongait même celle spécialité qui devail constituer le clou de la fête Un Match d'un lion con tre un taureau II s'agissait bien d'une annonce, et les an nonces regardent notre imprimeur. Nous croyons devoir en faire l'observa- tion k nos lecteurs, qui savent combien la rédaction du Journal est hostile aux combats de taureaux qui constituent, k ses yeux, le divertissement le plus cruel que Ton con- naisse. Le Journal d' Ypres s'est élevé énergique ment naguère contre le spectacle de pauvres bêtes données en proie k d'autres bêtes, oü non seulement la vie de celles ci, mais la vie d'êtres humains est exposée. Si nous sommes partisans de divertisse ments honnêtes, nous ne voulons pas de ces plsisirs, qui ne font qu'exciler la férocité k l'endroit des animaux et sont de nature k en- durcir le coeur de l'homme vis-k-vis de son prochain. II est peut être dans l'instinct de l'homme, surtout de l'enfant, d'être cruel pour les animaux.Cet instinct devrait être corrigé, réprimé, anéanti. L'éducation peut arriverk ce résultat, qui a pour conséquence de ren- dre l'homme plus humain vis-k vis de son serablable. NVst i! pasvrai que, en général, dans les campagnes, l'homme est moins doux, disons plus féroce, que dans les villes, paree qu'i! a 1 habitude de frayer davantage avec les ani maux, qu'il traite et voit iraiter souvent sar.s pitié, presque toujours avec dureté, sans souci, dans tous les cas, des grands services qu'ils rendent k l'humanité Et, ne remarquons nous pas que ce sont surtout les ouvriers de ferme qui, habitués k être brulaux vis k-vis des animaux, le sont aussi k l'égard de leuts semblables N'est-ce pas lk, en grande partie au moins, l'explicalion de ces querelles, de ces rixes nombreuses, de ces combats sanglants qui sont la spécialité des campagnards On dit souvent que, dans les Finndres, il se commet plus de délits que dans le pays wallon. Nous le croyons et nous expliquons le fait par cette considération que dans les pays agricoles, ily a plus d'animaux k maltraiter. En revanche, il y a chez nous moins d infractions préméditées, moins de recherche, d'étude, de coquetterie dans la conception et l'exécution des crimes et dé lits. C'est un coup donné k un homme comme k un animal; le coup frappe un être humain, qui, k la différence de la béte, sait se défen- dre et se défend en ripostant par des coups. C'est en un mot, la brutalité, la sauvagerie, cxercées sur l'animal d'abord, ensuite et fa- talement sur l'homme. Nous disons plus haut qu'il faut corriger l'instinct brutal chez l'homme. Ce sont avant tout les pouvoirs publics et les classes supé rieures k qui il incombe de donner l'exemple. Plus l'exemple vient de haut, plus il aura d'effet en bas. Les législateurs ont fait, sousce rapport, leur devoir, ici comme dans les autres pays de l'Europe. La cruauté vis k vis des ani maux est punie par les lois de ces pays. Seule l'Espagne fait exception. Lk les com bats de taureaux sont auloriséson pergoit même des droits sur les spectacles cruels C'est un ves'ige du droit de l'ancienne Rome, oü la ci uauté vis k vis des animaux se reportait sur les esclaves et les vaincus. Le Vee victis et le «morituri, Coesar, te salutantn'étaient que des expressions d'une brutalité qui se manifestait vis k-vis de l'homme comme vis-k-vis de l'animal. La cruauté est toujours la cruauté,qu'elle s'exer- ce sur l'être humain ou sur la béte. Con- naissez-vous des hommes bons pour les ani maux qui soient mauvais pour les hommes? 11 peut y avoir des exceptions, mais ici, comme en beaucoup de choses, l'exception confirme la règle, et le proverbe a consacré Ia règle il est bon, il ne ferait de mal k personne, pas même k une mouche Mais si les législateurs ont fait leur devoir, on ne peut en dire autant de tous les pou voirs publics. II appartc-nait k une munici- palité du nord de la France de laisser intro duce chez eile i'habitude des combats de taureaux. Cest la troisième ou la quatrième fois que la municipalité socialiste de Roubaix a organisé ou laissé organiser ces spectacles empruntés k Ia barbarie de la Rome païenne. Circonstance aggravante elle choisitle 14 Juillet, sans doute pour ennoblir et popu- lariser la fête nationale! On dit qu'après coup et pour abéir k la loi, lescombattants sont poursuivis et punis Oui, on leur octroie une légère amende et... c'est k recommencer. C'est ruser avec la loi, c'est la violer, et si la justice n'agit pas sévèrement, elle se rend complice de la cruauté, aussi bien que la municipalité de Roubaix qui a le pouvoir d'interdire les combats de taureaux. Et, se rendent complices aussi de la bar barie, tous ceux qui prètent au match leur concours, direct ou indirect La compagnie du nord-francais qui organise des trains spéciaux et un paquebot spécial pour débarquer de Douvres d Calais, les anglais curieux de ce spectacle sans précédent (Annonce du Journal d'Ypres) Ces anglais et tous ceux qui, müs par une curiosité coupable, vont assister aux com bats et les paient La presse qui, au lieu de blkmer les spec tacles cruels, leur donne la publicité, qu'elle soit payée ou non pour cette besogne. On dit que le snobisme est pour beau coup dans le succès des combats de taureaux. Eh bien, le snobisme est un mal. Les snobs ce sont les oisifs, les blasés, les déoicheurs de truffes, tous ceux qui ont la curiosité mal- saine et la soifde la frivolité. II ne faut pas que ce mal, qui se répand partout.soit une cause de justification ou mê me d'excuse.Nous devons le combattre, sur tout s'il a pour effet d'encourager la cruauté et de nous faire retourner aux temps de la barbarie. Un dernier motLa municipalité de Roubaix est une des rares administrations socialistes de France. N'est-ce pas que le so cialisme est moralisateur Et que devien- drait la société, si nous n'avions que des municipalités moralisatrices comme celles de Roubaix A propos du match entre le lion et le tau reau, le Progrès d'Ypres constate que ces nobles animaux ont refusé de se battre, don- nant ainsi un bel exemple aux snobs. Une bonne note au Progrés. Soyons cependant exact. C'est le taureau qui fondil sur le fauve et lui laboura les c6tes.Il récidiva deux ou trois fois.violem- ment. Le lion surpris essaya de se défen- dre, puis y renonga, s'étendit et agonisa. Le taureau le regarda rkler et ne bougea plus. C'était fini. Le lion se disait sans doute Je préfère mourir que de me donner plus longtemps en spectacle k cette tourbe humaine, frivole et barbare Le roi sauvage des bêtes donna en même temps un noble exemple au taureau, l'ani mal réputé demestique. Preuve évidente que la barbarie est quel- que-fois supérieure k la civilisation, chez les bêtes comme chez les hommes. Tous nos bons points au Lion Vendredi, 91 Juillet 1S99, k 8 1/2 b. du soir, a l'occasion de l'anniversaire national au kiosque de la Grand'Place par L'HARMONIE COMMUNALE PROGRAMME 1. Brabangonne 2. Allegro militaire 3. Marche et cortège de fête Wettge 4. Paraphrase de Loreley, Nesvadba 5. Transcription de l'opéra Le Gid Massenet 6. La Housarde, valse militaire L. Ganne 7. Airs nationaux Rado.ux Depuis quelques semaines, les jour- naux les plus divers d'opinions, pu- blient, dans leurs colonnes, les re flexions faites par un publiciste célè- bre, Hugues Le Roux, connu pour ses opinions rien moins que religieu- ses, a l'occasion de la première com munion de son propre fils. II n'y a pas a douter que la popula- rité obtenue par ces lignes, qui ont paru tout d abord dans le Petit Mar- seillais, ne soifr que pre'cisément d la justesse de la pensee. Plus d'un qui les lira, füt-il anticle rical et non pratiquant, s'il est sin- cèreavec lui-même, en reconnaitra pareillement la profonde vérité J'ai, écrit-il, un gargort qui va faire, ces jours-ci, sa première communionet les émotions que je lui vois me ramènent k mes souvenirs de la douzième année. Cela m'est une occasion de méditer un peu plus gravement qu'k l'ordinaire sur les affaires de mon ame, car je suis bien sur que j'en ai une. J'entends que, si engagé que je sois dans une cerlaine voie, par des falalités d'hérédité et d'éducation j'ai tout de même une part de liberté trés suffisante pour choisir entre le bien et le mal dans la pfupart des cas oü je me trouve mis au pied d'une décision. Je me suis done demandé, ces jours-ci, avec lesérieuxoit j'en étaisde mes espérances d'autrefois et si mon scepticisme acluel m'avait rendu plus beureux. J'ai du m'avouer que... non. Certes, j'étais bien plus prêt k supporter certaines souffiances les affreuses sépara- tions de la mort; lesmélancoliques injustices qui viennent des hommes, dans le temps oü, trés naïvement, je croyais que les épreu-

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1899 | | pagina 1