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CONCERT
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Mercredi 19 Juillet 899
10 centimes le N°.
34e Année. IV0 3461
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V1LLE D'YPRES
CONSEIL COMMUNAL
Les combats de Taureaux
Aveux a noter
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Séance publique du 22 Juillet 1899
k 5 h. du soir.
Ordre du jour
4. Communications.
2. Ecoles primaires compte 1898.
3. Fabrique d'église St Nicolas: compte 1898
4. Location de la cbasse sur des propriétés
communales.k Zillebeke el k Boesinghe.
5. Vente de terrain rue d'Elveringhe.
6. Proposition d'allocation de subside en
faveur de la ligue nationale contre la
tuberculose.
Dans notre numéro de Mercredi a figuré,
sous la rubrique le lion et le taureau de
Roubaix une annonce d'un nouveau com
bat de taureaux, fixé au Vendredi 14 Juillet,
jour de la fête nationale.
Le Journal d'Ypres annongait même celle
spécialité qui devail constituer le clou
de la fête Un Match d'un lion con
tre un taureau
II s'agissait bien d'une annonce, et les an
nonces regardent notre imprimeur.
Nous croyons devoir en faire l'observa-
tion k nos lecteurs, qui savent combien la
rédaction du Journal est hostile aux combats
de taureaux qui constituent, k ses yeux, le
divertissement le plus cruel que Ton con-
naisse.
Le Journal d' Ypres s'est élevé énergique
ment naguère contre le spectacle de pauvres
bêtes données en proie k d'autres bêtes, oü
non seulement la vie de celles ci, mais la
vie d'êtres humains est exposée.
Si nous sommes partisans de divertisse
ments honnêtes, nous ne voulons pas de ces
plsisirs, qui ne font qu'exciler la férocité k
l'endroit des animaux et sont de nature k en-
durcir le coeur de l'homme vis-k-vis de son
prochain.
II est peut être dans l'instinct de l'homme,
surtout de l'enfant, d'être cruel pour les
animaux.Cet instinct devrait être corrigé,
réprimé, anéanti. L'éducation peut arriverk
ce résultat, qui a pour conséquence de ren-
dre l'homme plus humain vis-k vis de son
serablable.
NVst i! pasvrai que, en général, dans les
campagnes, l'homme est moins doux, disons
plus féroce, que dans les villes, paree qu'i! a
1 habitude de frayer davantage avec les ani
maux, qu'il traite et voit iraiter souvent sar.s
pitié, presque toujours avec dureté, sans
souci, dans tous les cas, des grands services
qu'ils rendent k l'humanité
Et, ne remarquons nous pas que ce sont
surtout les ouvriers de ferme qui, habitués k
être brulaux vis k-vis des animaux, le sont
aussi k l'égard de leuts semblables
N'est-ce pas lk, en grande partie au moins,
l'explicalion de ces querelles, de ces rixes
nombreuses, de ces combats sanglants qui
sont la spécialité des campagnards
On dit souvent que, dans les Finndres, il
se commet plus de délits que dans le pays
wallon. Nous le croyons et nous expliquons
le fait par cette considération que dans les
pays agricoles, ily a plus d'animaux k
maltraiter. En revanche, il y a chez nous
moins d infractions préméditées, moins de
recherche, d'étude, de coquetterie dans la
conception et l'exécution des crimes et dé
lits. C'est un coup donné k un homme comme
k un animal; le coup frappe un être humain,
qui, k la différence de la béte, sait se défen-
dre et se défend en ripostant par des coups.
C'est en un mot, la brutalité, la sauvagerie,
cxercées sur l'animal d'abord, ensuite et fa-
talement sur l'homme.
Nous disons plus haut qu'il faut corriger
l'instinct brutal chez l'homme. Ce sont avant
tout les pouvoirs publics et les classes supé
rieures k qui il incombe de donner l'exemple.
Plus l'exemple vient de haut, plus il aura
d'effet en bas.
Les législateurs ont fait, sousce rapport,
leur devoir, ici comme dans les autres pays
de l'Europe. La cruauté vis k vis des ani
maux est punie par les lois de ces pays.
Seule l'Espagne fait exception. Lk les com
bats de taureaux sont auloriséson pergoit
même des droits sur les spectacles cruels
C'est un ves'ige du droit de l'ancienne
Rome, oü la ci uauté vis k vis des animaux
se reportait sur les esclaves et les vaincus.
Le Vee victis et le «morituri, Coesar, te
salutantn'étaient que des expressions
d'une brutalité qui se manifestait vis k-vis
de l'homme comme vis-k-vis de l'animal. La
cruauté est toujours la cruauté,qu'elle s'exer-
ce sur l'être humain ou sur la béte. Con-
naissez-vous des hommes bons pour les ani
maux qui soient mauvais pour les hommes?
11 peut y avoir des exceptions, mais ici,
comme en beaucoup de choses, l'exception
confirme la règle, et le proverbe a consacré
Ia règle il est bon, il ne ferait de mal k
personne, pas même k une mouche
Mais si les législateurs ont fait leur devoir,
on ne peut en dire autant de tous les pou
voirs publics. II appartc-nait k une munici-
palité du nord de la France de laisser intro
duce chez eile i'habitude des combats de
taureaux. Cest la troisième ou la quatrième
fois que la municipalité socialiste de Roubaix
a organisé ou laissé organiser ces spectacles
empruntés k Ia barbarie de la Rome païenne.
Circonstance aggravante elle choisitle
14 Juillet, sans doute pour ennoblir et popu-
lariser la fête nationale!
On dit qu'après coup et pour abéir k la
loi, lescombattants sont poursuivis et punis
Oui, on leur octroie une légère amende et...
c'est k recommencer.
C'est ruser avec la loi, c'est la violer, et
si la justice n'agit pas sévèrement, elle se
rend complice de la cruauté, aussi bien que
la municipalité de Roubaix qui a le pouvoir
d'interdire les combats de taureaux.
Et, se rendent complices aussi de la bar
barie, tous ceux qui prètent au match leur
concours, direct ou indirect
La compagnie du nord-francais qui
organise des trains spéciaux et un
paquebot spécial pour débarquer de
Douvres d Calais, les anglais curieux
de ce spectacle sans précédent (Annonce
du Journal d'Ypres)
Ces anglais et tous ceux qui, müs par une
curiosité coupable, vont assister aux com
bats et les paient
La presse qui, au lieu de blkmer les spec
tacles cruels, leur donne la publicité, qu'elle
soit payée ou non pour cette besogne.
On dit que le snobisme est pour beau
coup dans le succès des combats de taureaux.
Eh bien, le snobisme est un mal. Les snobs
ce sont les oisifs, les blasés, les déoicheurs
de truffes, tous ceux qui ont la curiosité mal-
saine et la soifde la frivolité.
II ne faut pas que ce mal, qui se répand
partout.soit une cause de justification ou mê
me d'excuse.Nous devons le combattre, sur
tout s'il a pour effet d'encourager la cruauté
et de nous faire retourner aux temps de la
barbarie.
Un dernier motLa municipalité de
Roubaix est une des rares administrations
socialistes de France. N'est-ce pas que le so
cialisme est moralisateur Et que devien-
drait la société, si nous n'avions que des
municipalités moralisatrices comme celles
de Roubaix
A propos du match entre le lion et le tau
reau, le Progrès d'Ypres constate que ces
nobles animaux ont refusé de se battre, don-
nant ainsi un bel exemple aux snobs.
Une bonne note au Progrés.
Soyons cependant exact. C'est le taureau
qui fondil sur le fauve et lui laboura les
c6tes.Il récidiva deux ou trois fois.violem-
ment. Le lion surpris essaya de se défen-
dre, puis y renonga, s'étendit et agonisa.
Le taureau le regarda rkler et ne bougea
plus. C'était fini.
Le lion se disait sans doute Je préfère
mourir que de me donner plus longtemps en
spectacle k cette tourbe humaine, frivole et
barbare
Le roi sauvage des bêtes donna en même
temps un noble exemple au taureau, l'ani
mal réputé demestique.
Preuve évidente que la barbarie est quel-
que-fois supérieure k la civilisation, chez
les bêtes comme chez les hommes.
Tous nos bons points au Lion
Vendredi, 91 Juillet 1S99,
k 8 1/2 b. du soir,
a l'occasion de l'anniversaire national
au kiosque de la Grand'Place
par
L'HARMONIE COMMUNALE
PROGRAMME
1. Brabangonne
2. Allegro militaire
3. Marche et cortège de fête Wettge
4. Paraphrase de Loreley, Nesvadba
5. Transcription de l'opéra
Le Gid Massenet
6. La Housarde, valse militaire L. Ganne
7. Airs nationaux Rado.ux
Depuis quelques semaines, les jour-
naux les plus divers d'opinions, pu-
blient, dans leurs colonnes, les re
flexions faites par un publiciste célè-
bre, Hugues Le Roux, connu pour
ses opinions rien moins que religieu-
ses, a l'occasion de la première com
munion de son propre fils.
II n'y a pas a douter que la popula-
rité obtenue par ces lignes, qui ont
paru tout d abord dans le Petit Mar-
seillais, ne soifr que pre'cisément d la
justesse de la pensee.
Plus d'un qui les lira, füt-il anticle
rical et non pratiquant, s'il est sin-
cèreavec lui-même, en reconnaitra
pareillement la profonde vérité
J'ai, écrit-il, un gargort qui va faire, ces
jours-ci, sa première communionet les
émotions que je lui vois me ramènent k mes
souvenirs de la douzième année.
Cela m'est une occasion de méditer un
peu plus gravement qu'k l'ordinaire sur les
affaires de mon ame, car je suis bien sur
que j'en ai une. J'entends que, si engagé
que je sois dans une cerlaine voie, par des
falalités d'hérédité et d'éducation j'ai tout
de même une part de liberté trés suffisante
pour choisir entre le bien et le mal dans la
pfupart des cas oü je me trouve mis au pied
d'une décision.
Je me suis done demandé, ces jours-ci,
avec lesérieuxoit j'en étaisde mes espérances
d'autrefois et si mon scepticisme acluel
m'avait rendu plus beureux.
J'ai du m'avouer que... non.
Certes, j'étais bien plus prêt k supporter
certaines souffiances les affreuses sépara-
tions de la mort; lesmélancoliques injustices
qui viennent des hommes, dans le temps
oü, trés naïvement, je croyais que les épreu-