Démission
du Ministère
Mercredi 2 A out 1899 10 centimes ie N°. 84 Annêe. N° 8465
La situation
Faute de mieux
Aux résignés et a ceux
qui ne le sont pas
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Le Ministère Vanden Peereboom
est démissionnaire. L'honorable chef
du cabinet a annoncé la nouvelle a
la Chambre et au Sénat, en ces
ter mes
A la suite des votes émis bier par
la commission des XVI, le gouver-
nement a cru devoir adresser sa
démission au Hoi. II ne voit aucun
inconvénient a ce que la Chambre
continue ses travaux.
La Chambre a, en effet, continué
ses travaux.
M. de Smet de Naeyer sera chargé
de former un nouveau cabinet qu'il
présidera. La com'binaison ne sera
connueque Jeudi et ne paraitra pro-
bablement au Moniteur que Vendredi
prochain.
Le nouveau Ministère présentera
la R. P. intégrale qu'il aura mission
de faire discuter et voter immédiate-
ment.
Nous avons dit, dans notre dernier numé
ro, que la situation était des plus grave et
que la R, P. intégrale aboutirait par la ré-
signation d'un grand nombre de députés au-
tipropoilionnalistes, décidés voter la ié-
forrae, la mort dans idme
Nous avons montré aussi combien l'atti-
tude de certains organes de la presse, anti-
proportionnalisies de vieille date, était iilo-
gique. La Pattie de Bruges, entre autres,
déclarait s'y rallier, tout en reconnaissarst
que la R. P. était une prime a l'émiettement
des partis et d l'instabilité gouvernementale.
Nous avons dits'il en est ainsi, de l'aveu
même de ses partisans de la dernière heure,
nous ne voulons pas de la R. P., et il ne
nous plait pas d y adhérer la mort dans l ame.
La R. P. vient d'être rejetée h la Commis
sion des XV. C'est un échec dont elle semble
cependant devoir se relever.
Le ministère Vanden Peereboom a donné
sa démission. 11 sera remplacé par un cabi
net de Smet de Naeyer, qui aura mandat de
présenter un projet de R P. intégrale faire
discuter et voter immédiatement.
La Droite suivra-1 elle le gouvernement
nouveau
Nous espérons que, mieux avisés.les anti
proportionnalisles se recueilleront, exami
neront la question sous son vrai point de vue
et préfèreront le statu quo k une réforme,
incompatible non seulement avec la stabilité
gouvernementale et l'existence des grands
partis, ma,is avec l'homogénéité du parti ca-
tholique et la possibilité d'un gouvernement
de nos amis
La question est en effet de savoir si nous
serons jamais encore représentés au pouvoir
par un ministère catbolique.
A la Commission des XV, M. Beernaert
a fait cette déclaration très-importante et
que peu de journaux reproduisent
Si legouverne nent veut avoir une ma-
jorité J» la Chambre, il faut qu'il ait une
majorité dans le pays Cela est facile
quand il n'y a que deux partis. Quand il y
en a un grand nombre, il faut nécessaire-
inent composer.
Nous affirmons que le parti catholique a
la majorité dans le pays. Avec la R. P.,
nous aurons une majorité de quelques voix,
d'après les uns, plus de majorité, d'après
les autres. Un gouvernement homogène sera
impossible, même s'il possè Ie quelques uni-
tés de plus que l'ensemble de ses adver-
saires.
II faudra composer Avec qui
Avec les doctrinaires C'est la perte de
notre vieille cause catholique. Avec les so-
cialistes rouges ou veris C'est impossible.
Ne voit-on pas, comme l'a fort bien
dit M. Ligy k la Commission des XV, que la
majorité du pays pourrait n'avoir pas la ma
jorité d la Chambre Et alors, suivant M.
Beernaert, il faudra composer. Nous le répé-
tons, c'est la mort du parti catholique.
Dans notre opposition, c'est le parti, la
cause catholique que nous avons en vue
L'ensi ignement, l'avenir de notre jeunesse,
les nominations dans la justice, le notariat,
et d-ü s toutes les administrations publiques.
Nous ne voulons pas exclure nos adversaires
de toutes les places mais étant majorité
dans le pays, nous ne pouvons nous résigner
k voir faire toutes les nominations en dehors
de nous et contre nous.
Peut on se le dissimuler encore Sous le
régime de la R. P., nous aurons exactement
la situ ition qui se présente dans les villes
de Bruxelles, Gand el Liège Une minorité
libérale gouvernant et régentant le pays
M Braunl'a dit k Gand. Reconnaissons qu'il
voit plus clair qu'un grand nombre de nos
amis, qui vont laisser passer la R. P., par
résigriation, par apathie, par énervemenl,
comme le dit la Pattie de Bruges, revenue,
semble t. il, de son affoleuient.
Non, il ne nous plait pas d'avoir la mort
dans l'üme. Nous sommes la majorité dans le
pays, nous devons le tester dans les Cham-
bres.
La conclusion Encore une fois, plutót
le statu quo que la R. P. intégrale.
Le statu quo, c'est peut être notre défaite
k Bi ux lies ei Nivelles. Mais nous mainle-
nons notre situation dans les aulres arron-
disseraents et notamment k Anverg oü, d'a
près les déclarations des députés de eet
arrondissement, la situation est meilleurc
qu'en 1896.
Nons persistans done dans les idéés que
nous avons exprimées dans notre dernier
numéro. Le Journal d' Ypres.
L'article suivant de la Patrie est
suggestif. Nous le signalons a nos lec-
teurs, en les priant de formuler eux-
mêmes la conclusion qui se dégage
des considerations de notre consoeur.
Rien de plus curieux que le ralliement qui
s'opère autour de la R. P. C'est aujourd'bui
surtout, au moment oü ce principe parait k
la veille de triompher, qu'on voit combien
la R. P. a suscité d'opposition de la part des
hommes politiques les plus prudents, les plus
pratiques et les plus mêlés aux oeuvres.
La semaine passée on a eu la déclaration
de M. De Lantsheere. Hier, MM. Tack,
Hoyois et Ligy ont, k leur tour, k la commis
sion des XV, expliqué leur attitude. Les
deux premiers ont voté le projet-Théodor,
aussi par résignation, estimant comme
M. Ligy, qui s'est abstenu, que la R. P.
rendra singulièrement difficile la constitu
tion et le tonctionnement régulier d'un gou
vernement stable, d'un gouvernement qui
veut réaliser un programme de politique
active et qui n'entend pas vivre d'expédients
et de marchandages avec les différents
groupes, existence peu digne et peu profi
table pour le pays.
Quant k l'émiettement des partis, M. Ren-
kin, un proportionnaliste intransigeant, a
avoué hier, que l'accusation était fondée,
mais qu'k eet inconvénient on pourra remé-
dier par les coalitions. On nous avait cepen
dant toujours dit que la R. P. aurait pour
premier effet de rendre ces coalitions inu-
tiles sinon dangeureses
Pourquoi souligner ces déclarations Eh,
pour attester combien nous avons été k
l'unisson avec le sentiment public dans notre
opposition k la R. P., combien nous étions
en communion d'idées avec la plupart de
nos chefs les plus expérimentés et de nos
travailleurs les plus courageux.
C'est par l'énervemeni que triomphe la
R. P.
La Gazette de Liège semble com-
prendre et craint etiectivement que
i'orientation nouvelle dans la poli
tique beige, ne soit une canse de dé-
couragement chez les hommes poli
tiques et chez les catholiques eu
général.
Aussi adresse-l-elie a tous des con
seils fort opportuns. Nous publions
ces conseils, mais avec une veritable
apprehension que les idees de la con
soeur ne serout pas suivis partout.
Plus d'un hommc politique perd sou
enthousiasme et est pret a croiser les
bras. Cela se produira ici et ailleurs.
Et cela se comprend....
Un grand seigneur anglais disait k Guizot,
sous la monarchie de JuilletCe qui fait
notre force, c'est que chez nous les honnêtes
gens sont aussi hardis que les coquins
Ce qui fait notre faiblesse, k nous, catho
liques beiges, c'est que chez nous les hon
nêtes gens sont souvent endormis et comp-
tent dans leurs rangs trop de pleutres.
Nous sommes capables de donner un bon
coup de collier nous le sommes moins
d'une action continue.
Nous voyons les coquins k l'oeuvre en
Belgique. lis s'en sont donné k cceur joie k
Bruxelles, et k Liège ils allaient agir k leur
fapon. La résistance a été faible. Nous nous
en sommes remis k l'autorité, pour la défense
de nos droits et de nos intéréts. Nous avons
manqué de virilité.
C'est k une contemporaine de Guizot, k la
sympathique Madame Schwetchine, que nous
devons cette belle devise La force seule
conrtait le combat la faiblesse est au des
sous de la défaite même elle est née vain-
cue
II ne s'agit pas d'emprunter aux coquins
leurs moyens révolutionnaires, il ne s'agit
que d'être hardis comme eux dans le bien,
pour le bien. Tenons pour certain que les
écroulements sont l'oeuvre d'une poignée
de coquins et d'une troupe nombreuse de
poltrons, de la violence de quelques uns, de
l'apathie du grand nombre.
Pourquoi les institutions parlementaires
s'écroulent elles en Europe et persistent-elles
vigoureuseraent en Angleterre A cause de
cette hardiesse des coquins et de cette apa
thie des honnêtes. Les catholiques sont trés
souvent coupables de cette apathie.
Que de braves gens iraient au marlyre
plutót que d'apostasier et ne veulent plus
s'occuper de politique. Comme si la politique
éiait autre chose, la plupart du temps, que la
défense des foyers et des autels.
Vous êtes catholiques, vous le croyez, nul
n'en doute, mais la politique vous fait peur.
Or, si la politique est en mains des adver
saires de l'Eglise, celle ci, fatalement, sera
piivéedesa liberté, de ses droits; son in
fluence légitime, combattue dans toutes les
sphères, et l'indiftérentisme puis l'irréligion
preridra sa place. De nos jours, en fin de
compte, sous nos législatures, faire de la
politique catholique, c'est sattver les kmes.
Que de catholiques hésiient k écrire et k
park r, qui écrivent bien et patient bien,
paree que la politique leur répugne. Oh ils
voierit le danger, ils le sentent gronder, ils
le voient approcher, mais la politique est
chose si fatiguanle, si erinuyeuse, si ingrate.
On voit k có'é de soi, devant soi des ambi-
tieux et on n'a pas d'snabitiori. Ternes ces
réflexions om le lort de mettre de cóté le
devoir et la claire vue de ses propres inté
réts. Vous n'êtes pas libre de naltre dar.s tel