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Samedi 2 Septembre 1899
10 centimes Ie N°.
N° 8473
Le Bien Public et la 11. P,
La démocratie chrétienne
a Ypres
NNÉE.
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Nous recevons d un lecteur du Bien
Public, grand partisan du Journal
gantois, mais plus partisan encore de
la vérité, un article concernant la
question du jour, la R. P.
Notre honorable correspondant, qui
n'appartient pas a notre arrondisse
ment, nous prie de vouloir insérer
son article qu'il intitule Le bien
Public et la R. P.
Nous satisfaisons volontiers au désir
qu'il exprime, d'autant plus que l'au-
teur de Particle est un homme haut
placé, un vieux lutteur, un ancien
polérniste, un catholi ]ue sincère et
convaincu. Nous n'en disons pas da-
vantage pour ne pas trahir t'anonymat
que notre honorable correspondant
desire garder.
Le Bien Public regrettera un jour amère-
ment sa campagne acharnée en faveur de la
R. P. Quand on verra le parti catholique dé-
traqué, désorganisé, réduit néant, on jet -
tera la pierre au Bien Public on l'accusera
d'avoir égaré l'opinion publique par sa po-
lémique irréfléchie et obstinée, d'avoir été
l'une des causes principals des malheurs du
pays et de la déroute de notre partion
dira le Bien Public a déchainé contre ses
frères flamands et catholiques la bêto du li
béralisme arrière la Bien Public le Bien
Public aux gémonies
Telle est la fureur proportioanaliste du
Bien Public que l'on rencontre dans ses
articles des absences de mémoire, des réti-
cences, de faux raisonnements absolument
inexplicables.
Ainsi, dans son numéro du 21 aoüt, il
écrit Ou nous rendra cette justice que
jamais le Bien Public n'a fait aux députés
antiproportionnalistes l'injurede suspecter
leur désintéressement.
Nous nous inscrivons en faux contre cette
vantardise. Dans sa première campagne en
faveur de la proportionnelle, le Bien Public,
comme le Patriote, n'a pas mtoqué d'impu-
teraux députés antiproportionnalistes des
motifs d'intérêt personnel il les accusait
ouvertemerit de tenir plus k leur siège qu'k
leur conscience nous avons sous les yeux
des articles d'un journal de province oil se
trouvent, dos protestations indignées contre
les soupcnns injurieux du Bien Public.
Ainsi encore dans son uuméro du 19 Aoüt,
le Bien Public consacre un article aux «Ion-
gues sessions». II déplore les débats inter -
minables et la perte de temps qui en résulte.
II en fait grief
au systeme majoritaire et
conclut que le pays a intérêt, au point de
vue de son prestige comaie au point de vue
de la bonne expédition des affaires, qu'une
réforme intervienne
Peut-on se moquer plus ouvertement du
bon sens de s?s lecteurs Nest il pas évi
dent que si les sessions aetuelles sont trop
iongues, ellfs le seront dix fois plus encore
sous le régime proportionnel II suffit d'y
réfléchir un instant. Mettez dans chacun des
arrondissements des représentants de deux,
trois, quatre partis différents et opposés
N'est-il pas ciair, indiscutable, que les mo
tions, les interpellations, les potins et les
bavardages se multiplieront k l'infini et feront
durer las sessions au-dela de toute mesure?
Qui oserait le nier? M. le comte de Kerck-
bove de Denterghem a caractérisé un jour
spirituellement cette situation pour l'arron-
dissement de Verviers, en disaut Quand
Loslever éternue, d'Andrimont se mouche
Qu'en sera t-il quand il y aura k la Gbambre
cioquante d'Andrimont et einquante Loslever,
sans compter les Demblon, les Smeets, les
Daens etc? Et puis que do conflits au sein
des partis désagrégés les gauches se cba-
mailleront, les droites se chamailleront
ca sera un chamaillis général
Aussi est ce lk un de nos griefs contre la
proportionnelle: la déohéinee irrémédiable
du régime parlementaire.
Voilk comment raisonne le Bien Public.
Voyons mairitensnt, comment il sait se taire
quand il s'agit de dissimuler la réalité des
cboses.
Dans son numéro du 17 Aoüt, se félicitant
du bon aceueil que le projet de loi re<? >it
dans la presse libérale, et enregistrant avec
une joie niaise les certificats de loyauté dé-
cernés par cette même presse, il analyse les
raisons de satisfaction qu'ont les libéraux
En eftet, dit il, iaR. P. est favorable aux
libéraux et ce pour deux motifs
1° Eile leur donne un nombre desièges
proportionné k leur force éleetorale, comme
k tous les partis 2' elle les affranchit de
l'alliance et de la tutelle socialistes
Or, ici, le Bien Public ne dit que la moitié
de la vérité il cache le motif principal et
essentiel de la sympathie des libéraux pour
la R. P. Celle ci, dit il, leur donne un
nombre de sièges proportionné k leur force
élec'orale. Ge qu'il omet de dire, e'est que
cette force éleetorale sera immédiatement
décuplée. Actuellement, dans la plupart des
arrondissements catholiques et flamands les
libéraux sont morts, condaranés k une irré-
ductible impuissauce. Le projet de loi les fait
revivre. lis se recoi stitueront incontinent
dans les villes, dans les communes rurales,
dans les bourgs, dans les hameaux, partout
en un mot. L*s anciens sectaires du libéra
lisme, les mécontents, les ambitieux, les
fonctionnaires formeront les premiers
noyaux. L'osganisme secomplètera rapide-
ment, grkce aux prochaines élections. On
montrera le soleil levant. On dira Au mois
de Mai prochain, les libéraux seront au
pouvoir ils détiendront les portefeuilles; ils
gouverneront le pays comme ils adminislrent
en ce moment les grandes villes k nous les
fooctions de bourgmestre, k nous les places
dans le notariat, dans la magistrature, dans
l'administration des finances et des chemins
de fer, k nous les décorations etc. etc Et,
sous le charme de ces cris de vietoire et de
ces promesses intéressées,on verra sortir de
terre les libéraux par légions.prêts k recom
mence!' la vieille lutte cléricale, prêts k es-
pionner le chargé, les communautés religieu-
ses, les écob s catholiques
Voiia le motif réel de la joie des libéraux.
Pourquoi le Bien Public garde-t-tl le silence
sur ces lamatables conséquences de la R. P.?
N'est ce pas paree qu'il hut endormir dans
une fausse séeurité les catholiques et spécia-
lement les prêtres dont le Bien Public a été
jusqu'ici le principal oracle?
Si le Bien Public n'a pas tout révéié, il a
cependant fait pressemir une partij de la
vérité. 11 met dans la bouehe de ses lecteurs
cette troublante question Eles vous surs
que le nouveau régime donnera aux catholi
ques la majoriléEcoutez sa réponse
Non, vous n'en sommes pas surs!... Et puis
M. de la Palisse continue: Gela dépendra du
corps electoral Et puis encore M. de la
Palisse se console de 1'insécurité du scrutin
en ajoutant dont le nouveau tnécanisme
perrnettra d'enregistrer avec précision les
sentiments.
Admirez done les avantages du nouveau
svstème il perrnettra aux catholiques de
mourir proprement, suivant toutesles régies
de la loyauté, loyauté reconnue par les
libéraux eux roêmes. Le Bien Public
trouve cette idéé tellement consolante qu'il y
insiste Ce dont nous sommes trés sürs,
éerit-il, e'est que le parti catholique, sous le
régime de la R. P. intégrale, recueillera la
majorité des sièges s'il a la majorilé du corps
électoral avec lui.
II est vrai que devant les piobabii'tés,
pour ne pas dire les certitudes désastreuses
du prochain scrutin, le Bien Public se
réseve encore une autre consolation ISous
resterons, malgré la défaite,les arbilres
dn la situation politique et on nepourrn
rien contre nous, de même qu'on ne
peul plus rien, en Allemagne, contre
le Centre catholique. Et ainsi, d'un trait de
plume, il efface le Rulturkampf et les persé-
cutions bismarekiennes, qui malgré les
glorieuses resistances du Centre Allemand,
ont sévi pendant des années contre l'Eglise
catholique et contre ses institutions.
Comme ce langage contrasle péniblement
avec celui que tenaient jadis le Bien Public
et le Patriote
Que disaient-ils alors, que repétaient-ils
sur tous les tons La majorité catholique
est un colosse aux pieds d'argile qu'un vent
orageux peul un jour renverser. Inaugurons
la R P., nous n'aurons plus cette grande
majorité, mais nous en aurons uue qui sera
établie.süi e, k l'abri des contingences électo-
rales. Et voilk évanouies toutes ces pro-
messes, voilk reniés les chiffressur lesquels
ils lesetayaienl et ces chiffres rempiacés par
les chiffres du dés< spoirQu'out done fait le
Bien Public et In Patriote'! il n'est pas de
mots assez forts pour déplorer et flétrir leur
eoupable légèreté.
D'autres ont dans l'énorme respons ibilité
qu'ils ont assumée l'excuse de la peur. Tels
M. Delandsbeere etceuxqu'il aentraioés dans
sa volte-face.
Leur raisonnement est le suivantLe
statu quo est plein d'incertitude et de périls
il nous conduit au désastre.
Et pour échapper k ces dangers, qu'ils
dépeignent erronnément avec les coaleurs
les plus s umbras, ils ne voient d'autre remè le
que le suicide.
Eh bien, non! mille fois nou! nous aulres
catholiques, qui avons lulté pendant cin-
quar le qqs pour la défonse 1: n )S o:;.< et
pour li suprénaatie de notre para, nous ne
vout <08 pis du suicide, nous le repiussons
avec toute 'énergie de notre coeur et de
notre volonté.
GVst un acte de lacheté
C'esi un erim et une folio
Le Progrès publie un article fla-
mand extrait du Recht, 1'organe de la
démocratie daensiste, p mr prouver
que quand nous disions récetnment
qu'il n'y avait pas a Ypres des démo-
crates Chretiens (genre Daens), nous
avions rnenti.
Dans l'article du «Het Recht»,
MM Surmont deVo'sbergheet Colaert
sont pris violemment a partie, le pre
mier parcequ'il aurait prétendu au
Volkshuis qu'un ouvrier gagnant
deux francs par jour est dans t'aisance
et peut entretenir convenablement (tref
felijk) sa femme et ses six enfantsle
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