VILLE D'YPRES CONSEIL COMMUNAL La volonté nationale n'est qu'm.e ex pression politique la volonté souveraine, c'est la volonté des quelques citoyens qui, formant un groupe plus volumineux que les groupes voisins, sont ou paraissent être les plus forts. Le vote permet aux partis de se dénombrer avant la bataille et pour éviter la bataille. Par une sorte de convention ta- cite, on accorde la victoire au parti le plus nombreuxun vote, c'est un combat fictif qui dispense d'un combat réel. L'bonorable M. Frère Orban ne pensait pas autrement. Je ne veux pas revenir sur les passages qui ontété cités par mon hono rable ami, M.Betbune; mais l'opinion de l'ancien chef du parti libéral avait certaine- tnent dr la valeur, quoiqu'elle ne soit plus celle de son parti, en dehors de quelques exceptions. Mais, messieurs, je reconnais qu'il y a un inconvénient h la situation, et eet inconvé- nient, je le signale avec le journal que je citais tout l'heure, et je réponds avec lui L'inconvénient, c'est qu'il ne se forme pas toujour? une majorité, de sorte que Ton est obligé de recourir k un expédient, le ballottage, pour en avoir une. Avec la représentation proportionnelle, le ballottage disparaitra, mais comrae l'ab- sence de majorité se fera sentir au sein du parlement, au lieu d'avoir un gouvernement justifié par la volonté de la majorité et soli- dement appuyé sur elle, on n'aura plus qu'un gouvernement d'ordre composite, appuyé sur des éléments différents, parfois contra- dictoires, un gouvernement sans force et sans stabilité. Or, quel sera le principal résultat de cette faiblesse du gouvernement? Ce sera l'accroissement du pouvoir du Roi. Nous ne disons pas que ce serait un mal pour le pays. Nous ne disons même pas que ce serait inconstitutioneel. Mais nous pen sons que ce serait entrer dans une /oie nou velle que rien ne justifie. La démonstration que je viens de faire répond aussi h eet autre argument, qui con sisted dire que la représentation proportion nelle est la justice. Vous savez, messieurs, on vous l'a déjèt dit combien fori a abusé do ce mot depuisque, dans un instant d'enthousiasme, l'bonorable M Beernaert di- sait en 1893 La voix qui retentit k travers les siècles, jeune comme féternelle vérité, veut qu'en toute chose on recherche d'abord ce qui est juste, C'est la glorification de la justice, ce n'esl pas sa définition, cells qui est ici en situa tion. L'honorable M. Theodor a parlé de la justice et, d'après lui, la justice c'est l'évi- dence Mais comme est juste cependant de demander quelquefois que l'on démontre l'évidence, bien que cela soit trés difieile, l'honorable M. Helleputte s'est permis de soramer nos adversaires de définlr une bonne fois la justice proporlionnaliste. C'est d'abord l'bonorable M. De Jaer qui s'est char gé de ce soin. Je dois regretter qu'il ne l'ait pas fait d'une fapon absolument probante car voici ce qu'il pense, lui, de la justice La justesse d'une thèse ne se démontre évidemment pas comme un théorème de mathématiquesmais nous avons encore tous la notion de ce qu'on appelle les idéés du beau, du bien et de la justice. C'est un peu vague... M. De Jaer, rapporteur. Ce n'est pas tout ce que j'ai dit. M. Colaert. Mais je ne puis pas lire tout voire discours je lis la définition que vous donnez de la justice. C'est votre argu ment et vous en avez conclu que, en pra tique, la moitié plus un est une criante in justice. C'est toute votre démonstration. M. Woeste. Ce n'est pas notre sens k nous. Nous avons aussi le sens de la justice. M. Colaert. Nous pouvons ajouter que notre sens nous dit le contraire. Mais, je le répète, la définition est vague elle me rappelle un peu celie que j'ai trouvée un jour dans un recueil de Philosophie k l'usage des jeunes filles Le sentiment est une cbose qu'on éprouve, mais qu'on ne définit pas. Sourires M. De Jaer, rapporteur. Permettez- moi de vous dire franchement également que vous paraissez ne pas avoir saisi mon argu mentation. M. Colaert. J'ai répété vos paroles... M. De Jaer, rapporteur. Une partie des mes paroles. M. Colaert. Si je n'ai pas saisi votre argumentation, je crois que beaucoup de mes eollègues seront dans le même cas que moi, hélasMais je continue k recbercher ce qu'est la justice, pro subjectd materia, comme on dit en doctrine. J'ai ici la définition de M. le ministre de la Justice. Ah je préfère sa définition de la justice celle dc M. De Jaer, paree que je l'ai comprise et que je partage sa manière de voir. (Sourires). L'honorable ministre de la Justice nous a dit Mais Ia justice ici, ce n'est pas la jus tice absolue, la justice théologique, la justice philosophique, c'est la justice politique. II nous a dit encore, et trés justement, que ce qui est juste dans un pays, peut ne pas l'être dans d'autres pays J'ajoute que, les circonstances aidant, ce qui est juste aujourd'hui peut ne pas l'être demain, toujours, bien entendu, dans le domaine oü nous nous trouvons car, d'une fapon ab solue, la justice est toujours et partout la néme, elle est éternelle comme Cslui qui en est l'auteur. De quoi s'agit-il done De la justice po litique, et mieux encore de la justice con- stitutionnelie. Eh bien, ni l'bonorable M. De Jaer ni l'bonorable ministre de la Justice n'ont prouvé que cette justice n'existe pas dans le système majoritaire, ni que yous, proportionnalistos, vous en ayez seuls le monopole. Jeconnais une autre définition de la jus tice, qui nous a été fournie en 1894 par le rapport de la section centrale, rédigé par l'honorable M. Delbeke et signé par l'hono rable M. De Lantsheere. Voici ce que j'y lis En se laissant prendre ce mot tou jours fascinateur de justice, Ion perd de vue que l'élection n'esl pas un but, mais un moyen. Le but, c'est de procurer au pays un bon gouvernement, conforme k l'esprit na tional, respectueux des droits de tous. La justice consiste donner au pays ce gou- vernement-lk. J'applaudis cette définition. Et ce gou vernement, messieurs, qui en est le juge Dans notre droit public, c'est l'opinion pu- blique, c'est la nation, de qui émanent tous les pouvoirs et la nation elle-même, c'est, quoi qu'on en dise, le nombre, e'est-k dire la moitié plus un. Mais on se récrie II tombe sous le sens que la moitié plus un ne peut constituer la justice! C'est la condemnation, dit-on, du régime majorité. Des mots fascinateurs, rien que cela (b suivre) Séance du 28 Octobre 1899. La séance s'ouvre k cinq heures et quart en présence de tous les conseillers, sous la présidence de M. le Baron Surmont de Voh- berghe, Bourgmestre. Le procés-verbal de la dernière séance est soumis Si l'examen des membres et celui de la séance précédente est approuvé. Décorations MM. Justice, professeur k l'Ecole moyenne et Ducorney, ancien instituteur k l'Ecole communale, ont été invités k assister k la séance. M. le Président félicite chaleureusement M. Justice pour la croix civique de 1' classe qu'il a si bien méritée et qui lui est conférée par Sa Majesté le Roi. M Justice remercie en excellents termes M. le Président en particulier el MM. les Echevins et membres du Cooseil en général, pour les marques de sympathie qu'ils lui té- moignent en ce jour. Depuis 39 ans que M. Justice s'applique l'enseignement, il a eu constamment k se louer, dit-il. de ses relations avec l'autorité. Les années qui lui restent, il les consacre- ra k mériter de plus en plus la confiance que ses supérieurs mettent en lui. (Tous les conseillers applaudissent. Nous joignons nos félicitations k celles des Eche vins el conseillers). M. Ducorney recoit k son tour la croix que S. M. le Roi lui accorde. II remercie et salue. Mn" D'haseleire n'est pas présente, ou lui remettra son diplóme avec l'insigne d'hon- neur. M"" Marie Pottel remercie le conseil pour l'appui qu'il lui a accordé pendant quelle sé- journait k Bruges, dans l'intenlion d'obtenir le diplóme d'accoucheuse. Elle espère qu'k l'avenir elle pourra compter encore sur la protection du Conseil. Droit de pêche Le bail pour le droit de pêche obtenu par Fr.Ceuninck expirant le 1' Janvier prochain, Ia pêche sera permiso dans les eaux suivan- tes 1* Celle qui va de la porte du temple au batardeau de la place de la gare et 2* le Wielijegracht. Ce droit de pêche ne sera plus affermé et les eaux seront mises k la seule disposition de la pêche k la ligne. Gaisse communale Le six Octobre a eu lieu l'inspection de la caisse communale. Tout était en règle il y était 26,000 fr. en espêces. Chemin de fer vicinal A la suite d'une missive du Collége Eche- vinal ^dressóe k la Société Nationale des che- mins de fer vicmaux, l'administration de cette société a répondu quelle est prête k continuer les travaux du tram Ypres-Ghe luwe, mais quelle en est empêchée, parce- que la Province refuse d'intervenir avant qu'une déeision ait été prise k l'égard des sociétés qui exploiteront les trams. La Pro vince désire voir exploiter les trams par des sociétés intercommunales, dans lesquelles elle interviendrait el aussi longtemps que la question n'est pas applanie, elle refuse de prendre des décisions au sujet de la con struction des trams. M. le Président dit qu'il est fort déplorable que la Province agisse de cette faponcar, comme conséquence, on ne pourra plus poser une seule ligne de tramway. Pourtant, la construction et l'exploilation d'un tram ne sont pas deux cboses identiques, bieri loin de lk, et la Province a tort d'agir ainsi. M. Iweins d'Eeckhoutte. Ne pourrions nous insister prés du Gouvernement pour qu'il provoque, au besoin, une séance extra ordinaire du Conseil provincial afin de discuter la chose. M. le Président. Nous examinerons ce qui nous reste k faire. M. Colaert. La loi fixe les cas dans les quelles les Gonseils provinciaux peuvent être convoqués en session extraordinaire. Je ne crois pas que le Gouvernement prenne une pareille mesure dans l'occurrence. M. le Président. Je prie les conseillers de donner autorisation au Collége Échevinal pour trailer cette question et au besoin de prendre des mesures. Rapport sur les affaires Gommunales Les cinq premiers chapitres sont imprimés déjk. M. D'Huvettere demande oil on en est avec le projet de M. Colaert concernant la caisse des pensions. M. le Président. II faudra apporter un changement k la proposition. Sans cela une grande partie de notre travail serait dépensée en pure perte. II est constaté qu'k Ypres il meurt annuellement environ 150 enfants en dessous de trois ans. De 3 k 4 ans il n'y en a plus en moyenne que 5 et de 4 k 5 ans 3 cas de décès. De cette facon l'argent versé n'au- rait des effetsque pour la moitiédes intéressés. M. D'Huvettere. C'est sur cet objet que je voulais appeler votre attention mais nous devrions préalablement connaitre le rapport complet de M. Colaert. M. Colaert. Je n'ai pas eu le temps d'achever mon rapport. De plus ce rapport doit être changé en partie, afin de tenir compte de ce qui vient d'étre dit par M. le Président. M. D'Huvettere. Nous pourrions dou- bler la somme k I'kge de 6 ans par exemple. M. le Président. Oui, mais nous revien- drons plus tard sur cette question. Comptes de la Ville D'après le rapport circonstancié de M. le Bourgmestre sur lequel nous reviendrons prochainement, les comptes se clöturent par un boni de 83.000 francs. Les comptes sont approuvós k l'unanimité. Marché au Beurre M. Boone demande des renseignements sur la situation de notre Marché au Beurre. M. le Président. II me serait difieile de vous les donner k l'improviste, mais je vous répondrai k la procliaine séance. Festival Les comptes du festival component une dépense de 4290 fr. 21. Approuvés k l'unanimité. Bureau de Bienfaisance Le Burean de Bienfaisance a fixé son sub side k l'enseignement gratuit k la somme d( 8000 fr. ce qui revient k 8 fr. par enfant. Vente de terrain La cession d'u i t rrain k l'État poui l'agi aridissement de la station de Boesingb est approuvée. Ce terrain est vendu k raisoi de 12.000 fr. l'hectare. Rue Roffiaen La rue de la Plume k laquelle on croyai substituer le nom de rue Roffiaen n'étaut pa assez importante, on remettra la chose k plu tard. Ecoles j Le budget de l'école payante comport 6925 fr. Approuvé.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1899 | | pagina 2