Samedi 2 Décembre 1899 10 centimes Ie EV° 34e Année. N°. 3501.
Au Volkshuis
La Lutte-Dc Strijd disparait
La guerre Anglo-Boer
GUIDO GEZf: LLE
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ti partir du Jeudi 7. Le plan de la Salle y est
déposé. Prix des places 2»0 centimes.
Sous prétexte de réorganisilion de la
presseLa Lutle De Strijd disparait, après
cinq années d'existence.
Après avoir fait un appel aux libéraux en
faveur de la propagande libérale, la cousoeur
radicale éctit
Reorganisation
Une première mesure k prendre sera de réor-
ganiser notre presse.
Des pourparlers sontentamés et se poursui-
vent. Dès a présent il semble décidé qu'a partir
du mois de Janvier prochain nous n'aurons plus
qu'un seul organe libéral francais, le Progrês,
un seul organe libéral flamand, Eet Weekblad.
La Lutte De Strijd disparaitrait pardéférence
pour le Progrès et le Weekbladplus anciens,
qui du reste s'eDgageraieot a défendrea l'avenir
notre programme libéral démocratique, qui est
aujourd'bui celui de notre Association libérale
et celui de l'Alliance libérale.
Nous avions cru et annoncé que c'élait
Le Progrès qui disparaitrait C'élait done une
erreur, nous ie reconnaissons, rnais c'était
logique, La Lutte étant l'organe du radica
lisme yprois et Le Progrès celui du libéra
lisme doctrinaire.Gcmme l'anrionce La Lutte
expiranie, 1 'association libérale et I'alliance
libérale ont adopié le programme libéral
démocratique. L'un ou l'autre peul done
disparaiui; indiffén mrnent.
La Lutte De Strijd disparait, par déférence
pour Le Progrès ei le Weekblad plus
ancien.
OL! l'Age! C'est préeisément ee que
La Lutte combafait le plus chez le Vieux
Progrès. Msis enfin, Le Progrès sera ce
qu'était La Lutte. Pouiquoi dès iois deux
orgsrses? C'est assez vi-ai.
Le Progrès lui même annonce qu't'f com-
battra la violence et l'esciavage sous les quels
lepeuple gémit depuis de longue» années.
Pauvie Ptogrèsl pauvre parti iibéral d'an-
tanComme vous ètes traités par le nouveau
Progrès! Mats passons
Voilk done comment ei pouiquoi la presse
libérale d'Ypres sera réorganisée.
Au fond, ce n'est pas cela. La raison de
la disparition de La Lutle De Strijd doit être
cbeichée ailleurs, et elie se Irouve clairement
indiquée dans 1 'appel aux libéraux que fait
La Lutte sur son lit de mort
La Lutte a l'espoir, gréce k la R. P.,
d'obienir un siège pour le parii libéral, et
même de voir aiuibutr uri second siège k un
autre candidal de ['opposition Pour arriver
li son siège, e 1 le a besoin du concours des
libéi aux doctrinaires, tl el Je r spèi e bieri que
giace k une carididalme dissidente clans le
parti catbolique, elle arnvtra k ses fins.
Voilk la vrai raison de la dispaiition de
La Lutte.
Illusion de mourante! La Lutte compte
saus les sociaiisles qui lutieront k Ypres
comme ailleursElle compte sans le parti
catbolique qui luitera vaillamment pourmain-
tenir les Irois siè^es et qui, devant le péril
socialists, sera plus uni que jamais.
Dans son appel aux libéraux que nous
copions plus loin. La Lutle so forge une
féliciié qui fa fait pleurer de tandresse: Elle
croit que les 9.000 voix que M.M. Brunfaut
et consorts ont obienues en 1894 et qui don-
neraient au parti libéral un siège, seront
maiiiterrues. Nous le répétons, elle compte
sans les socialises qui lui enlèveront la
moilié de ces voix
Autre illusionCroi t el le par hasard que
les 14,000 voix obienues par M Lefèvre,
candidat agricols, et les 4.100 voix socia
lisms ii ont k ses candidats
Oü espère t elle peut-être faire un cartel
avec les socialistes et les dissidents?
Si les libéraux, les socialistes et les dissi
dents lutient avec des listes séparées, neus
leur prédisons qu'ils ri'obtiendront aucun
sièjj.e, Coalisés, ils pourraient en obtenir un
seul Mais quel est le dissident catholique qui
ira se liguer avfc les radicaux et les socia
listes?
La jeune Lutte, même mourante, se fait
done encore de singulières illusions Elle
croit qu'k l'avenir le pani liiéral aura plus
de succès que dans le passé.C'est une erreur
manifesté. C'est un espoir qua La Lutle ne
peut avoir sérieusement.
Eu mournnt, La Lutte reconnait que la
lutte a toujours été entreprise sans espoir de
réussi'e. Quorid rous le lui disions, elle se
fAchait, de même que le Progrès. Nous lui
prédisons encore qu'k rnoins d'une alliance
radicale socialiste avec des dissidentscatho
liques, La Lulle constatera, dans sa tombe,
que le parti libéral radical n'emportera
aucun siège.
Voici l'appel in extremis de La Lutte.
Appel aux libéraux.
La Représentation proportioDnelle vient d'etre
voióe par la Chambre des Représentants. Son
vote par loSénat n'est pas douteux elle y re-
cueillera une majoritó écrasante.
Dès a présent nous pouvons done nous atten-
dre a avoir des élections et pour la Chambre et
pour le Sénat au mois de Mai prochain, le vote
de la nouvelle loi devant néeessairement en-
trainer une dissolution.
Pour les élections pour la Chambre, l'arron-
dissement d'Ypres k lui seul forme une circon-
scription pour les élections au Sénat, notre
arrondissement est joint 4 oelui de Courtrai.
En prenant les chiffres de nos dernières élec
tions législatives de 1894, quand MM. Brunfaut,
Leleup et Vermeulen se sont portés candidats a
la Chambre, la liste libérale obtint de 9,000 a
10.000 suffrages.
Ce chiffre nous assure sous la loi actuelle l'élec-
tion d'un député libéral.
Bien plus, en 1896, M. Lefevre, candidat agri.
cole, obtint 14,000 suffragesles socialistes
4,100 soit au total 18,103 voix d'opposition.
Avec un peu de propagande done il ne nous
sera pas difficile de faire élire deux députés
d'opposition au mois de Mai prochain
C'est a cette propagande que nous convions
tous nos amis.
Notre devoir est d'organiser nos forces sans
retard. Jusqu'ici ce travail a été négligé, la lutte
ayant toujours été entreprise sans espoir de
réussite.
Aujourd'bui la situation est changée, A l'oeuvre
done sans retardque chacuii sache faire son
devoir. La Lutte-De Strijd.
Les pertes Boors k Enslin
Loiïdres, 30 Novembre. D'apiès le cor-
respoiidanl du Times, qui suil la colonne
Methuen, les pertes des Boers dans le com
batd'Enslin sontestiméeS k 50 tués et k 60
blessés grièvement. Les autres blessés on
été emportés.
La bataille de Modder-River.
Les commentaires
La dépêche par laquelle lord Methuen an
nonce la bataille de Modder River est longue-
ment commentée par voute la presse. Tandis
que les journaux jingoïstes la présenten
ainsi que decoutume. comme une grande
vietoire, les journaux modérés font d-s ré
serves et attendent de plus amples informa
tions, mais aucun ne dissimule son inquié
tude quant au chiffre des pertes que fait pré
sager la phrase disant que le combat a
le plus terrible et le plus acharné des unnab s
de l'armée anglaise.
Le Times dit C'est du nombre que les
Anglais ont le plus besoin. La décision rela
tive k l'envoi d'une sixième division n'a pas
été prise trop tót L'arrivée de<cette division
portera i'effectif des troupes anglaises k
82,000 hommes. Mais maintenant que les
défections se multiplieni dans le nord de L
eolonie du Cap, il faudra faire de plus grands
efforts encore.
Nouveau bombardement de
Ladysmitb
Londres, 30 Novembro Le corres
pondant du Standard k Ladysmith télégra
phie, on date du 21, que les Boers ont re
commence le bombardement Samedi passé,
k minuit, sans causer de grands dommages.
Toutefois, une personne a tuée. Le Lund'i
nprès-midi, le feu des Boers a été assez vit
L'église anglaise a éfé att; i'nte. Le bombar-
dement a repris le lendemain. La perspec
live de l'arrivée de renfans anglais, ajou'.e
1 - corrt spondant, poussa ie» Boers it '.redou
bier leurs efforts ils met tent. de-'nouveaux
canons en batter ie plus preches des lig nes
o'i :vestiss'e.inent.
Le Bien t ublic consacre Tarticle suiv; trt
k la méraoire de l'iilustre P< ète flamand.
La presse et les associations litléraires fla-
mandes ont rendu un unanime et éloquent
hommage au poëte, a l'écrivain hors ligne que
fut l'abbé Guido Gezelle.
On a rappelé et célébré, a bon droit, les créa-
tions suaves et souverainement belles de son
génie poétique.
Nul n'a mieux décrit que lui, ni en de plus
be-aux vers, la majeslueuso sérénilé de nos
campagnes tlamandes, le charme pénétrant de
la vie rurale, nos vieilles moeurs (out impré-
gnées dc rïotre vieille l'oi.
On a aussi vanté, a juste tilre, sa profonde
reten ce de philologue, sa connaissance appro-
('andie de tonics les liltératuresélrangères, son
esprit d'observation, si original ct si étèudu.
Geux qui l'ont connu de prés ratifierout,
sans doute, tous ces éloges et même ils y ajou-
teront d-s faits, des particularités, des souvenirs
de nature a compléter ce panégyrique et de
nature aussi k graver plus profondément dans
le souvenir et dans la gratitude du peuplc fla
mand l'attrayante physionomie de eet homme
d'élitequi, en dépit du soin rju'il prenait lui-
même k se cacher, a fail tant d'honneur k notre
race.
Mais, dans ce concert d'éloges si bien méri
tés, il y a une lacune, a notre avis regrettable,
et que nousavonsk coeur de réparer.
En louanl, comme il le méritait, le barde
flamand, l'écrivain, le savant, on a peut-être
négligé de faire a IVxcellent prêtre qu'était M.
l'abbé Guido Gezelle, ia part qui lui est due.
C'était, sans contredil, dans l'acception la
plusélevéedu mot, une kme d'artiste mais
c'était aussi et avant tout ce qui doit le
grandir dans le souvenir de ses meilleurs amis
une kme véritablement sacerdotale.
Tous ceux qui ont vécu dans l'intimitéde
Guido Gezelle, tousceuxqui l'ont vu k l'oeuvre,
lui rendront volontiers ce témoignage.
Si grand que fut l'amour qu'ii avait voué aux
lettres, il avait une passion plus profonde et
plus noble encore, la sainle ambition de con-
quérir des Ames k N. S. Jé^us Christ.
Aux plus humbles degrés de la hiërarchie
ecclésiaslique, il a trouvé moyen de déployer
son zèle apostolique dans les conditions les
plus efficaces. La connaissance approfondie
qu'il avait des langues étrangères lui facilitait
des relations avec les protestants anglais ou
allemands, établis dans notre pays. A Bruges et
k Courtrai, il a maintes fois exercé avec succès
un intelligent apostolat. De nombreuses con
versions ont été dues k son ministère.
II possédait, en outre, k un suprème degré,
l'art difficile et délicat de diriger, de consoler,
de relever les coeurs égaré- ou abattus. Que de
douloureuses confidences il a rrrjues au cours
de sa carrièreQue de blessures morales il a
pansées Que de bons conseils il a répandus
Que de services il a rendus k des families
plongéesdans le chagrin ou désemparées dans
quelque soudaine épreuve
La culture de son esprit la délicatesse de son
coeur, la naturelle attraction d'un earactère
essentiellement bon, lui avaient créédans tous
tes rangs de la société les relationsdes-plus in-
times et les plus nombreuses.
Mais, il fa ut bien le dire, né dans le peuple
el ayant, durant sa vieentière, vécu en pauvre,
qui ont toujours été ses amis de prédilection.'
Ah quel biographe diralès louchantssecrets
du dénuement volontaire auquel il s'était réduit
pour mieux soulager les membres souflfrunts
de Jésus-Christ
S'il ne s'était pas agi de lui-mftme, nul n'éfait
mieux fait que M. Guido Gezelle ponrcélébrer
son tricorne roussi par la pluie et; sa pauvre
soutane, t.rop souvent couve.rte par un manie, u
qui n'était plus même bon k être coupé en deux
comme celui de St-Marlin
Ce pendant si les riches connaissaienl I'm l>f f
Gezelle et aimaienl a le voir s'asseoir k lenr
foyer, comme, Dieu merci, c'est encore la cou-
lume d'accnefillr le prölre en pays flamand. les
pauvres le connaissaient encore' mieux <-t ln:-
même n'était jamais plus heureux que iors-
qu'il pouvait rapprocber darts une mulueLe
étreinte la main qui donne et celle.qui revolt.
Son nom était boni dans les plus petites ruelles
et dans les plus humbles mansardes.
Gezelle était, contme l'on disait autrefois,
un prétre aiitnvnier, et, comme bon norobrè
de ses pareils, ii avait le merveilleux secret de
beaucoup dormer sans beaucoup avoir. 11 est
vrai qu'a cölé de l'aumóne matériefle, il aimait
k prodiguer l'aumóne spiritueWe et savait se
donner lui-même avec lout son zèle sacerdotal.
Aussi sommes-nous persuadés que devant le
tribunal de Dieu les regrets, les larmes et les
suffrages de ses pauvres clients lui auront été
plus com piés que les palmes et que les éloges
aeadémiques, lout mérités qu'ils soienl.
Si nous ajoutons ce sympathique et nspec-
lueu.x post criptum aux nontbreux hommages
dont Guido Gazelle a été l'objet. ce rt'est pas
nous fenons k ie redire—-pour diminuer la
valeur de ces éloges, mais c'est pour donner au
cher mort saVé''itable physionomie el pour ren-
dre au prétre la préséance qu'il doit avoir
sur Ie poèle, si éminent que soit d'ailleurs ce
dernier.
Nous vivons, en un lemps oü Ie sacerdoce
catholique est quotidiennemenl mécórinu, atta
qué, caloumié et abreuvé d'outrages.Il est done
bon que, devant le convoi d'un prêtre, et d'un
prêtre comme Guido Gezelle, s élèvc, avec le
murmure de la pi ière, le concert recocnaissant
du peuple catholique et qu'il atleste que tout en
H