6HROM I QUE
La manifestation Yproise
a Bruxelles
Autour de notre cathédrale
Lllótel des Postes
Le Dentiste et l'Anglaise.
Grave accident de chemin
de fer.
Chronique religieuse
Lk dessus, a-t-il ajouté, pas de transac
tion possible, pas de raandat élastique, pas
de garantie telle aux libéraux mais un mandat
impératif contre l'inscription de la R. P.
dans la Constitution.
Pas de garantie telle aux libéraux Est-ce
assez clair
Est c'est justement parce que la R. P. as-
surerait la vitalité du parti libéral que les
socialistes n'entendent pas la faire pénétrer
dans le pacte constitutionnel, oiz elle serait
assurée de résister longtemps aux assautsde
tous ses ennemis.
Tels sont les vrais sentiments des sociali
stes envers les libéraux et ils auront beau,
comme M. Vandervelde, plus adroit que M.
Destrée, les colorer d'un prétexte, déclarer
que la R. P. n'a pas fait suffisamment ses
preuves pour être introduite dans la Charte,
on saura ce qu'ils valent en réalité et ce
qu'ils poursuivent la disparition du parti
libéral
11 y aura une manifestation 5 Bruxelles,
demain Dimanche, en faveur du Suffrage
Universel.
II ne s'agit plus de manifester pour la R.
P., que les socialistes ne veulent pas inscrire
dans la constitution.
S'il faut en croire le Vooruit, cinq musi-
ques radico-libérales de l'arrondissement
d'Ypres assisteront la manifestation de
Bruxelles. Sans doute le parti libéral Yprois
les accompagnera.
C'est son droit. Mais que devient alors le
programme de la coalition, qui proclamait le
S. U. et laR.P.
II est vrai que le libéralisme n'a plus au-
cune consistance et que Ton pourrait l'appeler
k bon droit le parti de la Zwanze.
Nous avons combattu l'idée du Progrès de
dégager notre cathédrale.
Nous ne parlerions plus de cette idéé cri-
minelle, si elle n'était partagée par un cer
tain nombre d'Yprois, qui comptent sans
doute parmiceux qui n'ont pas encore vu le
cloitre St Martin, depuis qu'il est abandonné
par les Pauvres Claires.
A Tournai, il est question aussi de déga
ger la cathédrale. Mais l'opinion se prononce
déjh contre ce projet. L'Etoile Beige, par la
plume d'un de ses correspondants tournai-
siens, met le public en garde contre des
tentatives d'haussmanisation qui, sous pré
texte d'embellissement, dépouillent nos vieil-
les cites du caracl'ere pittoresque qui {ait
leur grace et leur charme. II ajoute
Que l'on empêche le gouvernement d'accoler
ses architectures prétentieuses aux flancs
augustes de Notre-Dame, c'est parfait. De tel
les constructions ne pourraient y faire que des
taches lèpreuseset ridicules. Mais que l'on son-
geh l'admirable fouillis de vieilles construc
tions que le temps a longuement coagulé autour
du vieux monument et dont l'aspect évoque,
en bicn des endroits, la réalité puissante du
romantisme médiéval.
De la place aux Acacias,du Vieux Marehé aux
Potteries, de la place de l'Evêché, onjouitd'im-
pressions qui, si elles ne satisfont pas la curio-
sité minutiense de l'antiquaire, enchantent
I'ame de l'artiste. 11 est douteux qu'on les re-
trouve lorsqu'un zèie peut-être exagéré aura
isolé la magnifique cathédrale au centre d'un
réseau de froides et rectilignes arlères moder-
nes auxquelles le mouvement de notre ville
ne sufifit d'ailleurs pas a donner l'animation
nécessaire. Déja nous avons k Tournai l'exem-
ple de ces embellissements qni ne sont pas
toujours heureux. Ce ne sont pas nos quartiers
neufs, désespérémeut semblables dans toutes
les villes modernes qui attirent et retiennent
l'étranger. Mais, de la vaste cathédrale aux
cinq clochers, curieusement enfermée dans sa
gangue de constructions pittoresques et bizar-
res, pareille a un navire majestueux qui a tra
versé l'océan des ages en amassant autour de
ses ilancs toute une agglomération spéciale, le
visiteur emporté le souvenir le plus profond et
le plus durable.
Nous savons que ces considerations seront
émisesau sein de l'Association nouvelle. Celle-
ci, croyons-nous, ne se propose d'ailleurs pas
de raser complétement les abords de Notre-
Dame pour y édifler un square banal et désert.
Ce serait matériellement une entreprise impos
sible. On s'efforcera, plus sagement, de conci-
lier les impatiences des architectes et des archéo-
logues avec le souci religieux des articles pour 1
les recoins pittoresques de nos vieilles cites de
plus en plus rares par ce temps de modernisa
tion qui, sous des prétextes divers trop
souvent les éventre et les saccage sans piété.
Nous dédions ces lignes k notre confrère,
Le Progrès.
C'est Mardi qu'aura lieu l'adjudication des
'ravaux d'appropriation de la maison des
Templiers, pour en faire un Hotel des Postes.
Les plans du bktiraent sont déposés au
bureau des Postes, rue de Dixmude.
La fagade est superbe. Le batiment actuel
est conservé et doit être restauré dans son
état primitif. II sera doublée par suite de la
construction de la partie adjacente.
Deux tourelies du d3me siècle couronneront
la fagade. La partie inférieure de ces tou
relies, dont un des soubassements existe
encore, imitera les tourelles des Halles. Mais
la partie supérieure, la flèche proprement
dite, sera en bois couvert d'ardoises.
Des lucarnes élégantes orneront le toit
qui sera couronné d un crétage analogue k
celui des Halles.
Nous constatons avec plaisir que tout ce
qui peut rester debout de l'ancien batiment
sera conservé. On pourra done dire que le
monument sera réellement restauré, quoique
agrandi pour les besoins du service.
Danslesalon du sélèbre opérateur, plusieurs
personnes attendent. Elles ne soufflent mot,
n'échangent pas une réflexion. Mais, k leurs
regards navrés, k leurs postures affaissées,
on devine qu'elles sont en proie k une vive
appréhension. Evidemment, ce n'est que
poussées par d'intolérables souffrances, qu'k
bout de patience et de forces, elles se sont
décidées k exposer leurs roachoires endolo-
ries aux tortures variées de la chirurgie den-
taire. Mais k mésure qu'approche le moment
fatal, la pensée des traitements barbares aux
quels elles vont être soumises, les angoisse
au point de leur faire regretter leur détermi-
nation, et il leur faut faire appel k tout leur
courage, invoquer le respect hmain et la
crainte du ridicule, pour ne pas pre idre la
fuite.
Seule, une Anglaise, une longue, mince et
jaune asperge briiannique, assise k un bout
de canapé, se tient raids comme un piquet,
et pas un instant ne se départ de la flegmati-
que impassibilité de sa race. Auprès d'elle.un
monsieur, dont les traits tirés annoncent
qu'il a passé une nuit blanche, courbé presque
en deux, tient une de sesjoues dans sa main;
la joue derrière laquelle se trouve la molaire
avariée, et pousse de ternpe k autre un gé-
missement que lui arrache une lancinante
de douleur.Lc pauvre homme a l'air si défait
ft parait tourmenté d'une rage si violente,
que tous les assistants semblent compatir k
ses maux, sauf 1 Anglaise qui, k chaque
plainle qu'il exhale, laissetomber sur lui un
regard d'étonnement et de mépris.Ce gentle
man lui fait leffet dêtre singulièrement
improper
Brusquement une porte s'ouvre la porte
qui donne entre le salon d'attente et le cabi
net du maitre sur le seuil et adresse k l'as-
semblée un sourire engageant, auquel ré-
pond un frémissement gépéral. Un nouveau
patient vient d'être expédié. Le tour de
chacun se rapproche.
En ce moment, c'est celui de l'Anglaise.
Automatique, elle se léve et traverse en dia
gonale le salon. L'opérateur l'introduit dans
son cabinet oü il s'enferme avec elle.
Lk, sur une table munie d'un crachoir et
d'un rince-bouche, sont rangés en bataille
les petits instruments d'acier, tranchants,
contondants, crochus, pointus, destinés k
sonder, gratter, nettoyer, buriner, ruginer,
plomber, déraciner, extirper les dents. Ce
spectacle k donner la chair de poule ne
semble nullement impressionner l'Anglaise.
Völez-vous arranger mon denture?
demande-t-elle.
Veuillez-vous asseoir, madame, dii le
dentiste k l'insul.iire, en lui désignant le
fauteuil k dossier mobile placé prés de la
table crachoir. Nous allons voir ce qu'il y a
k faire.
Voyez dit l'Anglaise.
Et elle ouvre une bouche formidable. On
dirait un alligator s'apprêtant k dévorer une
proie. Le chirurgien se penche sur ce gouffre
béant et ne peul réprimer un mouvement de
reeul k l'aspect d'une double rangée de gi-
gantesques palettes de vieil ivoire.
Incroyable murmure-t il.
Ce qui le consterne, ce sont les dimen
sions inusitées, la solidité, l'épaisseur de eet
appareil masticat >ire. Vous croiriez con-
templer une machoire préhistorique. Et le
regard du praticien va, effaré, de ce redou-
table spécimen des dentures britanniques
k ses frêles outils. Cependant, le sentiment
du devoir professionnel lui impose une ten
tative. Ils'empare d'un instrument, et coura-
geusement il tache d'attaquer un roe. En
vain. II change d'outil, revient au premier,
en saisit un troisième, sue sang et eau; il
s'épuise en efforts superflus.
Rien n'entame ce dentier terrible, et, de
temps en temps, un petit bruit sec se fait
entendre c'est une tige d'acier, qui s'est
brisée comme du verre.
Enfin, k bout d'expédients et de forces,
le malheureux se redresse, laisse tomber
un dernier instrument ébrècbé, éponge son
front ruisselant, et dit k l'Anglais
Madame, nous n'avons pas, dans
notre profession, d'outils appropriés k des
claviers semblables. Si le vótre a besoin de
réparations, adressez-vous k une manufac
ture de pianos X.
Un terrible accident estarrivésur'e chemin
de fer k Braine-l'AIleud.
Un train quittant Baulers k 5,25 h., matin,
a été pris en écharpe par un train de mar-
chandises manoevrant dans la gare de Braine-
l'AUeud.
Les premières voitures du train de voya-
geur ont été complétement détruites ainsi
que plusieurs wagons du train de merchan
dises dont la locomotive est complétement
détruite.
Un chauffeur et un machiniste sont tués.
Onze voyageurs, la plupart des ouvriers
allant travailler k Bruxelles, ont été blessés.
Les plus griévement blessés sont soignés
dans la gare de Braine l'Alleud.
Eglise des
KR. PP. Car mes Déchaussës
Nous avons eu la bonne fortune d'assister
aux Fêtes, données, chez les RR. PP.Carmes
Déchaussés, en l'honneur de leurs nouveaux
Bieuhcureux. Ie f'ÈRE DENIS DE LANATI-
VITÉ et le FRÊRE REDEMPT DE LA
CROIX, béatifiés par Sa Sainteté le Pape
Léon XIII, b 10 Juin 1900. Ces fêtes ont été
splendides.
Le décor de l'église charraait par son har-
monieux ensemble Des plantes ornemen-
tales, des draperies gracieuses, des trophées
jubilants semblaient porter les hommages de
la foule aux glorieux Martyrs de la Foi, dont
l'image, due au pinceau d'un artiste ganlois,
trönait au haut du maitre autel, sous un dais
drapé avec art el entourée d'un brillant lu-
minaire.
Les offices divins, durant le Triduum, fu-
rent célébrés avec splendeur et suivis, avec
un pieux entrain, par une foule compacte et
recueillie. Toutes les classes de la société
prirent part k ces belles solennités, et les
premiers magistrals de la ville,avec d'autres
personnages de marque, rehaussèrent de
leur présence le Salut Pontifical, chanté le
Dimanche, par le révérendissime Dom Albé-
ric, Abbé des RR. PP. Trappistes de West-
vleteren.
Un auditoire choisi se pressait autour de
la chaire, pour entendre proclamer la gloire
des deux courageux Athlètes du Christ, qui
avaient versé leur sang pour son Saint Nom,
dans File de Sumatra aux Indes Orientates,
le 29 Novembre de l'année 1638.
Les deux prédicateurs célébrèrent, avec
un fraternel enthousiasme le courage et les
vertus héroïques de leurs Saints Frères en
religion, et engagèrent, avec une chaleur
tout apostolique, les auditeurs k suivre géné-
reusement les exemples donnés par les Bien-
heureux Denis de la Nativité et Redempt de
la Croix.
Le Rév. Père Léon, commentant une pa
role de l'Apötre Saint Paul, fit voir tour k
tour, dans un langage, oü l'élégance de la
forme s'unissait k l'élévation de la pensée et
au charme d'une agréable diction, comment
les futurs Héros de la Foi, surent se déta-
cher, dès le début de leur carrière, des cho-
ses d'ici bas et décliner les applaudissements
de la foule, ravie de leurs succès dans l'art
de la guerre et de la navigation comment
plus tard, revêtant le froc de Carme Dé-
chaussé, ils menèrent dans le cloitre une vie,
toute de prière et de pénitence, une vie
plulót angélique qu'humaine; comment en
fin ils eurent l'ineffable bonheur d'entrer en
possession de la vision de Dieu.par l'effusion
de leur sang.
Aussi la chaude parole du jeune Prédica-
teur fit elle une profonde impression sur les
assistants et maint auditeur ne put retenir
ses larmes, lorsque, dans la vibrante
péroraison de son dernier discours,l'orateur
salua avec transport les Bienheureux Frè
res, triomphant dans les splendeurs de l'éter-
nelle béatitude, et les supplia de vouloir
être pour tous des intercesseurs constants
auprès de Dieu.
Son Confrère, Ie Rév. Père Dominique,
n'eut pas moins de succès. II sul meltre tout
son coeur dans ses belles allocutions, racon-
ter avec grace l'admirable vie des deux mar
tyrs et en tirer de salutaires legons pour le
bien des ames. Rien d'éionnant que le peu-
ple, accouru en foule de tous les quartiers'
de la ville, fut ému profondément et se plüt
k exalter l'éloquence du sympathique prédi-
cateur.
Puissent les fruits de salut être en rap
port avec l'enthousiasme général des habi
tants de la bonne ville d'Ypres, et y établir
un courant de solide et universelle piété
La maitrise, durant ce Triduum, exécuta
sous l'habilie direction de Mons eur Wenes,
des messes et des motets des plus grands
Maitres, et les charities comme les instru-
mentistes interprétèrent avec perfection les
plus difficiles morceaux.
«go-