Mercredi 3 Mair 1901 10 centimes ie N° 36° Année. N° 3632 Les Boers Le droit de licence Encore Quo vadis On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et k tous les bureaux de poste ciu royaurne. Le JOURNAL D YPRES parait le Mercredi at le Samedi. Le prix de l'abonnemontpayable par anticipation est de 5 fr. 60 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent être adrossés franco de port l'adrasse oi-dessus. Los annonces coütent 15 centimes la l;gne. Los rOelamas dans le aorps du journal coütent 30 centimes la ligne.Les insertions judiciaires1 franc !a ligne. Las nuraéros supplé- montaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique oxcepté los 2 FUndres) s'adrossor 4 VAgence Eavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et i Paris, 8, Place da la Bourse. Le Gap, 1" avril Les commsndos de Scheeper et Fouehe onl tfteciué leur junction et ont établi leurs camps Roodapoor», Konplatz et Zuurpoort. Leur avant garde se diri^eait hier vers Richmond. Un détachement boer a détruit la ligne du chemin de fer au nord de Fishriver le 28 mars. Le Cap, 1" avril. Le directeur du service sanitaire déclare que la peste augmente de violence. Les cadavres d'un Européen et de 4 indigènes ayant succombé su fléau ont éié découverts. 4 cas de peste ont été constatés parmi les nègres. Le Cap, 1" avril. 2000 recrues pour le corps de police de Baden Powell venant d'Angleterre sont arrivées aujourd'bui. Tout le personnel d'employés de la corporation des mines du Rand psrtira demain pour Johannesburg. Le retour de ces employés est considéré comma un indice de la prochaine réouverture des mines. Ricbmont, 1" avril. On signale la présence da 200 Boers com msndés par Fouohe k 20 milles de Ricbmont. On s'aitend kune attaque de la ville. La garde civile est sous les armes. Londres, 1" avril. Liste officielle des perles S tués, 29 morts de rnaladie dont un officier et 7 blessés. Washington, l" avril. D'après des informations parvenues ici le gouvernement russe a notifié d'une fa$on distinctc et non équivoque k la Chine que si l'accord relatif k la Mandchourie n'est pas signé il pourra en résulter une interruption des relations diplomatiques entre les deux puissances et la cessation des rapports ac fuels entre elles. Le Bien public rVest pas partisan du projet de loi modifiant la constitution du fonds communal, généralisant le droit de licence et instituant une taxe d'ouverture sur les débits de boissons, que M. le ministre des finances a déposé ft la Chambre et donl nous avons reproduit les pri r.ci pa les parlies dans notre n° du 21 mars. II dit 11 est douteux que ces corisidérations suffi sent poer conquérir des adhësioes au projet. Pour le contribuable, il est fort indifférent de payer il I Etat ou k la commune. L'essentiel et le pis, c'est qu'il doit payer. Le bénéfice de la réforme sera encaissé par les com munes, qui s'en trouveront bien mais l'im- populariié atteindra le cabinet qui a pris l'initiative de la réforme, et les Cbambres qui l'auront volée. Nous ne sommes pas de ceux qui, par crainte d'encourir l'iiripopularité, déconseil- leraient une mesure de justice et de relève- rnent social. Et si le projet pouvait avoir pour conséquence d'en finir avec l'alcoo lisme, nous y applaudirions avec enthousi asme, réserve faite de certains détails. Puut on compter que ce projet réagira contre l'alcoolisme avec effieacité? 11 vise k dimiriuer le nombre des cabarets. L'inteniion est excellente. Mais il passe cö'é de la mesure qui seule, pourrait infail- iiblement amener ce résultat: l'interdiction d'ouvrir tous nouveaux débits On oe peul pas, dit i'exposédes motifs, songer k une limitation par voie d'auiorité. Toute disposition l'égale qui serait prise en ce sens, serait en opposition avec Ie principe de la liberié du commerce et des profes sions, sans pouvoir se fonder d'ailleurs sur aucune règle juste el rationnelle. Et voilk toul II est évident qu'une loi interdisant la création de nouveaux débits constiluerait une atteinte au fibre exercice de la profession de cabaretier. Mais il s'agirait de prouver que ce fibre exercice est un principe sacro saint, ne souftrant aucune exception, fut-eiie commandée par l'intérêt social. C'est quoi les auteurs du projet n'ont pas songé II nous semble, ii rious, beaucoup moins rationeel, et surtout beaucoup moins juste, de poursuivre, par voie fiscale, la suppres sion sans iridemnité des anciens cabarets qui étaient exempts jusqu'k ce jour, et qui seront grevés désormais. Un certain nombre de ces cabarets dispa- isitront, en effet. En revanche, beaucoup de débitants de bière plutót que de souscrire l'engagement de laisser pénétrer les agents du fisc k chaqueheure du jour dans loutcs les pièces de leur habitation, paieront le droit de licence et. deviendront débitanls d'alcool. II y aura peut être un peu moins de fraude: mais il y aura sürement beaucoup plus de débits d'alcool. Est ce bien la peine, pour en arriver k un aussi piètre resuhat, de bouleverser le iégime de 1889 et d'ameuter contre soi l'ar- mée immense des débitants aujourd'bui exemplés? Nous avons donné récemment notre bum ble avis sur Quo vadis, roman des temps néroniens, écrit par Hentyk Sienkiewicz, l'auteur polonais d'autres romans remar- quables. Tout en conslatant l'immense succès du livre et la manifestation que la Pologne ca- tholique faisait en l'honneur de M. Sieukie- wicz, le Journal d'Ypres écrivait dans son numéro du 21 novembre dernier Nous estimons que si ce roman des temps néroniens peut faire quelque bien, chez un certain nombre de personnes dis - posé.-s a tout lire et chez d'autres que la o lecture des romans modernes el la fréquen- talion des théótres a blasées, il en est au tremc-nt de tous ceux qui ont conservé intactes les notions de la morale et la pratique des vertus chrétiennes. Ce serait, k notre avis, un danger im mense et une faute grave de metlre Quo vadis entre les mains de la jeunesse, qu'une éducation cbrétienne a préservée contre les alleintes de la propagande de rimmoralité par la lecture et le théktre. Malgré tout ce qu'on a dit et écrit au sujet du livre en question, nous persistons dans notre manière de voir. Notre opinion s'est raffermie même depuis que, un dramaturge, M. Emile Moreau, un des plus habiles coitó- bovateurs de M. Victorien Sarlou, a mis au théatre les aventures de Vinicius et de Lygie, de Pétrone et d'Eunice, de Néron et de Poppée. Le drame aggrave le roman c'était fatal. Comment représenter honnêtement sur la scène des tableaux comme celui qui donne une orgie au 1'alalia, présidée par Néron, pour nc parler que d'un seul M Henri Dac, dans un article de l ünivers, analyse le drame et exprime son avis sur le roman lui même. Son jugement est sévère, mais juste. Aussi, croyons nous devoir le signaler aux parents qui seraient tentés de permettre it leurs enfaats d'aller voir Quo vtdis au theatre, ou qui croiraient pouvoir impuuément metlre !e roman entre les mains de leurs enfaots. Voici ce qu'écritle polémiste frangais Le drame ftnitsur la mort de Pétrone et d'Eunice, mort païenne par excellence, puisque le poète et son amie se font ouvrir les veines, pour échapper aus tortures donl les menace Néron. Déja, dans le roman, celte mort pré- sentée avec une grace particulière et comme un tableau enchanteur, m'avait dépla. Je trouvais que l'auteur célébrait avec une insislance choqHante cette disparition enchan- teresse de la beauté et de la poésie du monde romain. M. Emile Moreau a été plus loin encore. 11 nous a montré Vinicius, le Romain nouvei- iement converli.et Lygie, qui vient d'échapper au martyre, couronnés de roses et conversant tendrement avec Pétrone. lis assistent, sans protester, au suicide de leur ami et d'Eunice et its répandent des violettes sur la tête des mou- rants. Ce malencontreux dénouemenl change toutk fait la portée véritable de l'oeuvre de Sien- kiewicz. Ce n'est plus le Quo vadis dont le but principal est de nous présenter la conver sion du farouche Vinicius et le triomphe des cbrétiens que nous avons sous les yeux, c'est l'apothéose de Pétrone. Je dois dire, sans excu- ser le dramaturge, que cela devail arriver et jo m'explique. Tout en manifestant son admiration absolue pour les chréliens et leur religion, tout en faisant ressortir la candeur et la foi de Lygie, la majesté et la sainteté de Pierre, la sincérité de la conversion de Vinicius et de Cbilon, le sacrifice héroïque de l'apötre saint Paul et des martyrs, Henryk Sienkiewicz se complait beaucoup trop dans la description des plaisirs et des orgies de Rome, dans des tableaux d'une licence et d'une volupté, véritables je le veux bien, mais que Tacite a su tracer en quelques coups de burin sans insister. 11 est incontestable que certaines pages du roman ne doivent pas étre mises sous tous les yeux et qu'elles auraient dü même être abré- gées. 11 est incontestable aussi, que l'auteur a jugé tels ou tels détails regreltables plutót en artiste qu'en moraliste. Si je ne prends pour exemple que la mort de Pétrone et d'Eunice, je ne puis m'empêcher de reconnaitre que cette mort est présentée avec tant de grace que pour certains esprits elle doit paraitre presque enviable. «Un instant après leur sang a tous deux se niariaitet se perdait l'undans l'autre. Pétrone fitsigne aux musiciens et de nouveau tintèrent les cithares et résonnèrent les voix... Se soute nant mutuellement, divinement beaux, ils écoutaient tous deux, souriant et pküssant. L'hymne terminé, Pétrone fit offrir a nouveau les vins et les mets- Puis il se mit k causer avec ses voisins des mille riens puérils, et char mants, coutumiers aux festins. Enfin, il appela le médecin et se fit atlacher l'artère, disant qu'il se sen fait pris de sommeil et voulait encore s'abandonner k Hypnos, avant que Thanatos l'endormit pour jamais. II s'as- soupit. Au réveil, la tête d'Eunice reposail, telle une fleur blanche, sur sapoitrine. Les chanteurs entonnèrent un nouvel hymne d'Anacréon tan dis que les luths lintaient en sourdine afin de ne point étouffer les paroles. Quand se fut évanouie la dernière harmonie, il se tourna vers les invités Amis, convenez que périt avec nous... II ne put finir. D'un geste suprème, son bras enla^a Eunice et sa tête retomba. Et le romancier nous dit que les convives émus, devant ces deux formes blan ches pareilles k deux merveilleuses statues, sentirent que périssait l'ultime apanage du monde romain... Jesaisbien qu'a cette des cription amollissante d'un délicieux suicide succède la mort de Néron et que le roman firiit sur ces mots Ainsi passa Néron, comme pas sent la rafale, la tempête, le feu, la guerre ou la peste. Et désormais sur les hauteurs du Vatican règne sur la Ville et le monde la basilique de Pierre. Non loin de l'ancienne porte Capène, s'élève aujourd'hui une chapellc minuscule avec cette inscription effacée a demi Quo Vadis, Do- mine? Je sais bien, que les intentions chré tiennes de l'auteur se manifestent clairemenl par ces dernières lignes, maiscclane m'empêche pas de regretter une complaisance exagérée pour Pétrone, complaisance dont le dramaturge a abuse. Aussi, arrive-t-il que la pièce parait plutót célebrer les adorateurs de la beauté païenne et de l'amour profane que les adorateurs du vrai Dieu. Cela est, on en conviendra, singu- lièrement deplorable. Mainlenant le personnage de Pétrone méri- tait-il d'etre poétisé comme Ta fait Sienkiewicz? Ce voluptueux raffiné élait, si Ton en juge par la complaisance avec laquelle il décrit les igno- bles orgies romaines dans le S a t y r i c o ii un être aussi indigne que ses abjects compagnons. Tacite nouu apprend qu'il donnait le jourau m

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1901 | | pagina 1