Samedi 1 Juin 1901
10 centimes Ie N°
369 Année. N0 3649
QHaA A/C
La loi sur les Associations
en France
La Guerre au Transvaal
Une défaite anglaise
dissimulée
La loi des jeux au Sénat
iaesg
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Dimanche après-midi k O beures
sur la Grand'Place
par la GRANDE FANFARE
PROGRAMME
1. Marchc des pet its chasseurs E. Siroux.
2. La Princesse enchantie,
ouverture Lan6lois.
3. Bonne année, morceau ca-
ractéristique E. Strauwbn.
4. Terpsichore, fantaisie-Ballet L. Ganne.
8. Au Sud, grande valse G. Faust.
6. Bicycle, galop Renard.
Réunion de Ja Commission
Sénatoriale
La Commission sénatoriale, chargée de
l'examen du projet de loi relatif aux Asso
ciations, s'est réunie mercredi. La Gommis
sion a décidé de ne pas ouvrir de discussion
générale et de passer immédiatement k la
discussion des articles. Elle a commencé
cette discussion par l'examen de deux
amendements déposés, l'un par M. Chamail-
lard pour une nouvelle rédaction de 1'article
1"l'autre, par M. Bérenger, demandant la
suppression, k l'arlicle 2, des mots Autres
que les associations religieuses.
La commission, k une forte majorité, a
voté la suppression de ce membre de phrase
et le texte de l'art. 2 se trouve maintenant
ainsi congu Les associations de person
nes pourront se former librement, sans auto
mation ni déclaration préalable, mais elles
ne jouiront de la capacité juridique, que si
elles se sont conformées aux dispositions de
art. o.
Cet article exige la déclaration préalable
et le dépót des statuts. Comme on le voit, la
modification de texte, apportée par la com
mission It 1 art. 2, range les associations reli
gieuses sous le régime du droit commun, et
les fait échapper k la loi.
La minorité de la commission a deraandé
ensuite la disjonction de l'art. 14, relatif k
l'interdiction de l'enseignement aux congré-
gations non autorisées. Gette demande a
naturellement élé repoussée, de même qu'une
proposition de M. Gasabianca demandant
que l'autorisation, étant donnée aux congré-
gations par une loi, elle fut retirée égale-
ment par une loi et non par un décret.
La commission a accepté ensuite tous les
articles du projet de loi k l'exception de l'art.
18, concernant la répartition des biens. Get
article a été réservé pour une rédaction nou
velle qui parali s'imposer k tous.
M. Waldeek-Rousseau sera entendu k ce
sujet, vendredi ou samedi prochain.
Aujourd'hui, la commission entendra les
auteurs d'amendements il est done k noter
ffue, dans sa première séance, la commission
a presque entièrement terminé sa tkche. La
rapidité avec laquelle la discussion a été con
duite, prouve bien, nous disent MM. de
Gasabianca et Repiquet, que la majorité,
toujours irréductible, avait son siège fait
on peut prévoir que, daBS huit ou dix jours,
la commission aura terminé ses travaux et
que le rapport pourra être déposé k la fin de
la semaine prochaine.
M. Valle, qui fut rapporteur lors du
Panama, et qui a été chargé, aujourd'hui, du
rapport du projet sur les associations, don-
nera ainsi satisfaction au gouvernement.
Les hostilités au Gap. Bruits
(Tune nouvelle invasion générale
Gi une intéressante dépêche du Times
Le commando composé de Boers et de
rebelles parait se diriger vers lest et l'on en
aura vraisemblablement des nouvelles lors-
qu'il entrera en contact avec les défenseurs
de Queenstown, oü la défense est foi'tement
organisée.
Lundi dernier, le colonel Gorringe a pu
faire canonner l'arrière-garde de la colonne
boer dans le voisinage de Maraisburg tou-
tes les troupes dispombles ayant été expé-
diées k l'est de la ligne Rosmead-Alicedale.
II est probable que le commando se disper-
sera de nouveau, selon la tactique habituelle,
si les Boers estiment qu'ils vont être acculés
k la ligne des défenses.
Les Boers ont laissé passer l'occasion qui
s'offrait k eux, il y a trois jours, quand la
colonne du colonel Scobell, appuyée d'une
autre colonne, entrait en contact avec eux k
Tarkastad.
Les Boers paraissent surtout manquer de
chevaux et de vêlemenis, mais il est douteux
qu'ils puissent s'en procurer dans ces
districts-ci.
II y a quelques jours, !e bruit courait que
le commandant Delarey, après avoir quitté
Hartebeestefontein, avait traversé la iigne de
Mafeking et se rendait dans la direction de
Kimberley. Hier, certains rapports affir-
maient que Delarey serait dans la colonie du
Gap.
Quant k Dewet, le bruit court avec persis
tence que, lui aussi, marcherail dans la
direction du sud. Comme il n'y a pas de fu
raée sans feu, il n'est pas impossible que les
deux chefs boers aient décidé de faire une
campagne d'hiver dans les districts du centre
de la colonieduCap au lieu de séjourner dans
la partie broussailleuse du veld.
Si cela était vrai, le mouvement des Boers
pourrait bien être la dernière phase de la
partie engagée.
Une dépêche de La Haye, adressée hier k
un journal de Bruxelles, annongait que,
d'après un rapport regu dans cette ville, les
Boers auraient remporté une grande victoire,
le 2 mai, prés de Prétoria. Les Boers,
commandés par Beyers, Delarey et Breyten-
bach, auraient battu les Anglais qui auraient
perdu 49 morts, 159 blessés, 600 prison-
nier et 6 canons.
Le Temps a regu de la légation trans-
vaalienne une communication qui donne, en
ce qui conceroe le nombre de tués et blessés,
des chiffres légèrement inférieurs, mais
confirme trés expressément le fond même de
cette nouvelle. Gette communication est
ainsi congue
Le 2 mai dernier, les Anglais ont été
battus par Beyers et Breytenbacb, prés de
Kalkspruit, k une heurede Prétoria. lis ont
perdu 46 morts, 80 blessés et 600 prison-
niers. Les Boers se sont emparés de 6
canons.
II est possible que les canons pris par les
Boers soient des canons qui leur avaient été
pris auparavant k eux-mêmes. Mais, quoi
qu'il en soit, la nouvelle, dont l'exactitude
ne fait pas de doute, puisqu'elle a regu une
estampille officielle, est importante k diffé
rents égards. Non seulement, cet engage
ment malheureux pour les Anglais est le plus
considérable qui ait eu lieu depuis plus d'une
année, mais encore le télégraphe n'en avait
rien dit, et la censure a dü s'exercer même
sur les courriers postaux, puisque aucune
lettre adressée en Angleterre ne fait mention
de cet échec.
II fauten conclure que lesjournaux et le
gouvernement anglais ne fournissent que
des renseignements souvent peu exacts et
presque toujours travaillés sur la situa
tion dans l'Afrique du Sud.
II faut, semble t-il, en conclure aussi que
la résistance des armées boers ne touche
nullement k sa fin.
Le Sénat, dans ces dernières années, s'est
acquis un prestige considérable par la gra
vité de ses délibérations, par la concision
des discours qui y étaient prononcés, et
surtout par la hauteur de vues dont il a fait
preuve dans l'examen de tous les problèmes
qui lui étaient soumis.
On s'est plu et avec raison k l'oppo-
ser k l'autre Chambre, au sein de laquelle
le suffrage universel a multiplié les bavards
nuls et fastidieux, les politiciens grossiers,
les ambitieux de popularité facile et mal-
saine.
Qui oserait demander encore qu'on sup-
prime la haute assemblée comme un rouage
inutile? Ne la considère-t-on pas. plutót,
comme un rempart de dignité, de moralité,
supérieure et de justice, dontle róle devien
dra prépondérant k mesure que la Ghambre
des représentants ae discrédite
II est triste d'avoir k constater que cette
impression, si réconfortante pour notre pa
triotisme, risque de se modifier depuis que
le débat sur les jeux a commencé... Et
voyezil suffit qu'on tende k s'écarter de la
voie droite, pour qu'aussitöt les maavaises
habitudes parlementaires se manïfestent.
Déjk, e'est le verbiage, en attendant pis
Tout le monde, au Sénat, est d'accord
pour proclamerque les bénéfices du jeu pro-
viennent d'une source impure. Et cependant,
dés qu'il s'agit du privilégie d'Ostende et de
Spa, plusieurs, sans peut-être bien s'en ren-
dre compte eux-mêmes, instiquent que l'ar-
gent n'a pas d'odeur
On a beau alléguer que les pouvoirs pu
blics n'ont pas mission de rendre la vertu
obligatoire. On pourrait dire, de même,
qu'ils n'ont pas qualité pour rendre obliga
toire la tempérance. Personae, cependajit,
ne leur dénie le droit d'intervenir pour ré-
primer l'ivresse publique et combattre l'al-
coolisme La passion du jeu, comme la
passion de l'alcool, n'est pas seulement un
viceelle constitue une plaie sociale, et c'est
k cetitre que les pouvoirs publics ne peuveut
y demeurer indifférents.
Première raison pour laquelle on ne sau-
rait tolérer que des administrations publi-
ques favorisent cette passion.
II en est une autre, sur laquelle Mgr Kee-
sen, dans la séance de mardi, a insisté fort
opportunément.
Le jeu, de la part du tenancier, n'est pas
une passion, mais une véritable exploitation,
dés que les chances ne sont pas égales entre
tenancier et joueurs. Or, le jeu, tel qu'il est
organisé en Belgique, est une loterie k la
quelle lë tenancier gagne toujours, et néces-
sairement. Lejoueur qui se hasarde dans
ces lieux de spoliation, peut faire des béné
fices momentanémentmais, s'il continue k
jouer, fatalement il doit perdre des som
mes tellement fortes qu'il lui devient impos
sible de se rattraper
Gertes, le joueur, personnellement, ne
mérite guèrre commisération, non plus que
l'ivrogne qui, délibérément, laisse sa raison
au fond des bouteilles. Mais ce n'est pas un
motif pour permettre qu'un cabaretier sans
scrupule retourne les poches de son cliënt,
k la faveur de cette ivresse; et ce n'est pas
davantage un motif pour tolérer qu'une
grande ville se fasse la complice de teuan-
ciers mettant k profit la passion des joueurs
pour vider leur portefeuille.
La belle excuse que de direCes gens
sont des étrangers; ils veulent perdre leur
argentsi nous ne leur prenons, ils iront se
faire détrousser ailleurs!
II n'est pas vrai que le joueur joue en vue
de perdre. II espère au contraire gagner.
Mais sa passion l'aveugle el l'empêche d'ap-
précier sainement le péril. L'homme égaré
par la passion est comme un homme ivre. A
supposer que l'intérêt social n'exige pas
qu'on le protégé contre lui-même, au moins
l'intérêt social interdit-il aux pouvoirs pu
blics de spéculer sur cette passion et de s'en
enrichir. Que si, en d'autres lieux, cette
exploitation du vice sévit impunément, cela
ne diminuepas uotre responsabilité depuis
quand suffit-il au voleur, pour se justifieri'
de prétendre que sa victime, si elle lui avait
échappé, serait tombée en d'autres mains
tout aussi criminelles
La belle excuse, aussi, de dire Soit,
Sexploitation du jeu est immorale nous y
renongons pour l'avenir mais nous en
escomptions Ie profit au moment oil nous
avons entrepris ces grands travaux que
vous admirez laissez-nous les coudées
franches pendant quelques années encore,
jusqu'k ce que nous ayons assuré nos
vieux joursaprès nous deviendrons
honnêtes
Ne suffit-il pas de formuler cette excuse,
en la dépouillant des phrases dont on l'en-
veloppe, pour montrer combien elle est
misérable? Si les travaux que vous alléguez
sont utiles, le gouvernement saura vous
procurer, d'autre manière, les ressources
indispensables pour les achever mais ce
n'est pas demain, ni dans cinq ans, qu'il
SflttGEi?
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