Samedi 1 Juin 1901 10 centimes Ie N° 369 Année. N0 3649 QHaA A/C La loi sur les Associations en France La Guerre au Transvaal Une défaite anglaise dissimulée La loi des jeux au Sénat iaesg On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'TPRES paraït le Mercredi et le Ramedi. La pril de l'abonnement, payable par anticipation est de 5 fr. SO c. par an pour tont le pay»; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'nn an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doiYent être adrossés francode port A l'adresso ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimesla ligne. Les réclames dans le corps du journal eofttent 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et deBelgique exceptó les 2 Flandres) s'adresser i 1 'Agence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. Dimanche après-midi k O beures sur la Grand'Place par la GRANDE FANFARE PROGRAMME 1. Marchc des pet its chasseurs E. Siroux. 2. La Princesse enchantie, ouverture Lan6lois. 3. Bonne année, morceau ca- ractéristique E. Strauwbn. 4. Terpsichore, fantaisie-Ballet L. Ganne. 8. Au Sud, grande valse G. Faust. 6. Bicycle, galop Renard. Réunion de Ja Commission Sénatoriale La Commission sénatoriale, chargée de l'examen du projet de loi relatif aux Asso ciations, s'est réunie mercredi. La Gommis sion a décidé de ne pas ouvrir de discussion générale et de passer immédiatement k la discussion des articles. Elle a commencé cette discussion par l'examen de deux amendements déposés, l'un par M. Chamail- lard pour une nouvelle rédaction de 1'article 1"l'autre, par M. Bérenger, demandant la suppression, k l'arlicle 2, des mots Autres que les associations religieuses. La commission, k une forte majorité, a voté la suppression de ce membre de phrase et le texte de l'art. 2 se trouve maintenant ainsi congu Les associations de person nes pourront se former librement, sans auto mation ni déclaration préalable, mais elles ne jouiront de la capacité juridique, que si elles se sont conformées aux dispositions de art. o. Cet article exige la déclaration préalable et le dépót des statuts. Comme on le voit, la modification de texte, apportée par la com mission It 1 art. 2, range les associations reli gieuses sous le régime du droit commun, et les fait échapper k la loi. La minorité de la commission a deraandé ensuite la disjonction de l'art. 14, relatif k l'interdiction de l'enseignement aux congré- gations non autorisées. Gette demande a naturellement élé repoussée, de même qu'une proposition de M. Gasabianca demandant que l'autorisation, étant donnée aux congré- gations par une loi, elle fut retirée égale- ment par une loi et non par un décret. La commission a accepté ensuite tous les articles du projet de loi k l'exception de l'art. 18, concernant la répartition des biens. Get article a été réservé pour une rédaction nou velle qui parali s'imposer k tous. M. Waldeek-Rousseau sera entendu k ce sujet, vendredi ou samedi prochain. Aujourd'hui, la commission entendra les auteurs d'amendements il est done k noter ffue, dans sa première séance, la commission a presque entièrement terminé sa tkche. La rapidité avec laquelle la discussion a été con duite, prouve bien, nous disent MM. de Gasabianca et Repiquet, que la majorité, toujours irréductible, avait son siège fait on peut prévoir que, daBS huit ou dix jours, la commission aura terminé ses travaux et que le rapport pourra être déposé k la fin de la semaine prochaine. M. Valle, qui fut rapporteur lors du Panama, et qui a été chargé, aujourd'hui, du rapport du projet sur les associations, don- nera ainsi satisfaction au gouvernement. Les hostilités au Gap. Bruits (Tune nouvelle invasion générale Gi une intéressante dépêche du Times Le commando composé de Boers et de rebelles parait se diriger vers lest et l'on en aura vraisemblablement des nouvelles lors- qu'il entrera en contact avec les défenseurs de Queenstown, oü la défense est foi'tement organisée. Lundi dernier, le colonel Gorringe a pu faire canonner l'arrière-garde de la colonne boer dans le voisinage de Maraisburg tou- tes les troupes dispombles ayant été expé- diées k l'est de la ligne Rosmead-Alicedale. II est probable que le commando se disper- sera de nouveau, selon la tactique habituelle, si les Boers estiment qu'ils vont être acculés k la ligne des défenses. Les Boers ont laissé passer l'occasion qui s'offrait k eux, il y a trois jours, quand la colonne du colonel Scobell, appuyée d'une autre colonne, entrait en contact avec eux k Tarkastad. Les Boers paraissent surtout manquer de chevaux et de vêlemenis, mais il est douteux qu'ils puissent s'en procurer dans ces districts-ci. II y a quelques jours, !e bruit courait que le commandant Delarey, après avoir quitté Hartebeestefontein, avait traversé la iigne de Mafeking et se rendait dans la direction de Kimberley. Hier, certains rapports affir- maient que Delarey serait dans la colonie du Gap. Quant k Dewet, le bruit court avec persis tence que, lui aussi, marcherail dans la direction du sud. Comme il n'y a pas de fu raée sans feu, il n'est pas impossible que les deux chefs boers aient décidé de faire une campagne d'hiver dans les districts du centre de la colonieduCap au lieu de séjourner dans la partie broussailleuse du veld. Si cela était vrai, le mouvement des Boers pourrait bien être la dernière phase de la partie engagée. Une dépêche de La Haye, adressée hier k un journal de Bruxelles, annongait que, d'après un rapport regu dans cette ville, les Boers auraient remporté une grande victoire, le 2 mai, prés de Prétoria. Les Boers, commandés par Beyers, Delarey et Breyten- bach, auraient battu les Anglais qui auraient perdu 49 morts, 159 blessés, 600 prison- nier et 6 canons. Le Temps a regu de la légation trans- vaalienne une communication qui donne, en ce qui conceroe le nombre de tués et blessés, des chiffres légèrement inférieurs, mais confirme trés expressément le fond même de cette nouvelle. Gette communication est ainsi congue Le 2 mai dernier, les Anglais ont été battus par Beyers et Breytenbacb, prés de Kalkspruit, k une heurede Prétoria. lis ont perdu 46 morts, 80 blessés et 600 prison- niers. Les Boers se sont emparés de 6 canons. II est possible que les canons pris par les Boers soient des canons qui leur avaient été pris auparavant k eux-mêmes. Mais, quoi qu'il en soit, la nouvelle, dont l'exactitude ne fait pas de doute, puisqu'elle a regu une estampille officielle, est importante k diffé rents égards. Non seulement, cet engage ment malheureux pour les Anglais est le plus considérable qui ait eu lieu depuis plus d'une année, mais encore le télégraphe n'en avait rien dit, et la censure a dü s'exercer même sur les courriers postaux, puisque aucune lettre adressée en Angleterre ne fait mention de cet échec. II fauten conclure que lesjournaux et le gouvernement anglais ne fournissent que des renseignements souvent peu exacts et presque toujours travaillés sur la situa tion dans l'Afrique du Sud. II faut, semble t-il, en conclure aussi que la résistance des armées boers ne touche nullement k sa fin. Le Sénat, dans ces dernières années, s'est acquis un prestige considérable par la gra vité de ses délibérations, par la concision des discours qui y étaient prononcés, et surtout par la hauteur de vues dont il a fait preuve dans l'examen de tous les problèmes qui lui étaient soumis. On s'est plu et avec raison k l'oppo- ser k l'autre Chambre, au sein de laquelle le suffrage universel a multiplié les bavards nuls et fastidieux, les politiciens grossiers, les ambitieux de popularité facile et mal- saine. Qui oserait demander encore qu'on sup- prime la haute assemblée comme un rouage inutile? Ne la considère-t-on pas. plutót, comme un rempart de dignité, de moralité, supérieure et de justice, dontle róle devien dra prépondérant k mesure que la Ghambre des représentants ae discrédite II est triste d'avoir k constater que cette impression, si réconfortante pour notre pa triotisme, risque de se modifier depuis que le débat sur les jeux a commencé... Et voyezil suffit qu'on tende k s'écarter de la voie droite, pour qu'aussitöt les maavaises habitudes parlementaires se manïfestent. Déjk, e'est le verbiage, en attendant pis Tout le monde, au Sénat, est d'accord pour proclamerque les bénéfices du jeu pro- viennent d'une source impure. Et cependant, dés qu'il s'agit du privilégie d'Ostende et de Spa, plusieurs, sans peut-être bien s'en ren- dre compte eux-mêmes, instiquent que l'ar- gent n'a pas d'odeur On a beau alléguer que les pouvoirs pu blics n'ont pas mission de rendre la vertu obligatoire. On pourrait dire, de même, qu'ils n'ont pas qualité pour rendre obliga toire la tempérance. Personae, cependajit, ne leur dénie le droit d'intervenir pour ré- primer l'ivresse publique et combattre l'al- coolisme La passion du jeu, comme la passion de l'alcool, n'est pas seulement un viceelle constitue une plaie sociale, et c'est k cetitre que les pouvoirs publics ne peuveut y demeurer indifférents. Première raison pour laquelle on ne sau- rait tolérer que des administrations publi- ques favorisent cette passion. II en est une autre, sur laquelle Mgr Kee- sen, dans la séance de mardi, a insisté fort opportunément. Le jeu, de la part du tenancier, n'est pas une passion, mais une véritable exploitation, dés que les chances ne sont pas égales entre tenancier et joueurs. Or, le jeu, tel qu'il est organisé en Belgique, est une loterie k la quelle lë tenancier gagne toujours, et néces- sairement. Lejoueur qui se hasarde dans ces lieux de spoliation, peut faire des béné fices momentanémentmais, s'il continue k jouer, fatalement il doit perdre des som mes tellement fortes qu'il lui devient impos sible de se rattraper Gertes, le joueur, personnellement, ne mérite guèrre commisération, non plus que l'ivrogne qui, délibérément, laisse sa raison au fond des bouteilles. Mais ce n'est pas un motif pour permettre qu'un cabaretier sans scrupule retourne les poches de son cliënt, k la faveur de cette ivresse; et ce n'est pas davantage un motif pour tolérer qu'une grande ville se fasse la complice de teuan- ciers mettant k profit la passion des joueurs pour vider leur portefeuille. La belle excuse que de direCes gens sont des étrangers; ils veulent perdre leur argentsi nous ne leur prenons, ils iront se faire détrousser ailleurs! II n'est pas vrai que le joueur joue en vue de perdre. II espère au contraire gagner. Mais sa passion l'aveugle el l'empêche d'ap- précier sainement le péril. L'homme égaré par la passion est comme un homme ivre. A supposer que l'intérêt social n'exige pas qu'on le protégé contre lui-même, au moins l'intérêt social interdit-il aux pouvoirs pu blics de spéculer sur cette passion et de s'en enrichir. Que si, en d'autres lieux, cette exploitation du vice sévit impunément, cela ne diminuepas uotre responsabilité depuis quand suffit-il au voleur, pour se justifieri' de prétendre que sa victime, si elle lui avait échappé, serait tombée en d'autres mains tout aussi criminelles La belle excuse, aussi, de dire Soit, Sexploitation du jeu est immorale nous y renongons pour l'avenir mais nous en escomptions Ie profit au moment oil nous avons entrepris ces grands travaux que vous admirez laissez-nous les coudées franches pendant quelques années encore, jusqu'k ce que nous ayons assuré nos vieux joursaprès nous deviendrons honnêtes Ne suffit-il pas de formuler cette excuse, en la dépouillant des phrases dont on l'en- veloppe, pour montrer combien elle est misérable? Si les travaux que vous alléguez sont utiles, le gouvernement saura vous procurer, d'autre manière, les ressources indispensables pour les achever mais ce n'est pas demain, ni dans cinq ans, qu'il SflttGEi? 1» i) r nnn rrw

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1901 | | pagina 1