AVIS
Mercredi 31 Juillet 1901
10 centimes ie N°
86" Année. N° 3666
Avis
Le discours de M. Colaert
kS)
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La revision des iistes électorales
pour les chambres, la province et la
commune, a lieu a partir du 4r
Juillet. Ën conséqueuce, les citoyens
ayant droit a l'inscriptiou sont invités
a produire leurs titres avant cette
date. lis sont pries aussi de produire
les titres de ceux qti'ils estimeut y
avoir droit ou qui u'y figurent que
pour un nombre insulBsant de votes.
On peut s'adresser tous les jours de
la semaine a l'Hótel de ville 011 au
cercle catholique, rue de Menin.
Un banquet sera offert a M. le
Gouverneur de la province, le Di
manche 14 Aoüt 4901, a ('occasion de
sa visite officielle a Ypres.
Ce banquet aura lieu aux Halles, a
4 h. de relevée.
Une liste de souscription est. déposée
a l'hótel de ville (secrétariat).
Elle sera clóturée le 30 Juillet.
Le prix de la souscription est fixé
a 5 francs, vin non compris.
Voici i'appréciatiou du Bien Public
au sujet du discours de M. Colaert,
que nous reproduisons aujourd'hui
dans nos colonnes.
Nous verions de lire aux Annates parle
mentaire* l'excellent discours de M. Colaert
dans la discussion du budget de l'instruction
publique.
On ne saurait assez mettre en lumière les
chifïres cilés par l'honorable représentant
d'Ypres, au sujet des suppressions d'écoles
primatres dont on fait un grief au gouverne
ment catholique.
Nous voulons rappeler ces chiffres, que
M. Colaert a vérifiés dans le Moniteur
Sur 2,600 communes du pays, il n'y a eu
que 469 écoles supprimées qui, toutes en
semble, n'avaient que 695 écoliers tandis
que, dans les écoles libres qui fureut adop
léés k leur place, il y avait 24,580 écoliers.
ajoute, a dit l'orateur, que 66 de ces écoles
bfficielles n'avaient pas d'élèves du toutLes
103 autres avaient, en moyenne, qualre
élèves par école
Et lorsque la gauche a interrompu M. Co
laert pour dire que c'était gtkce k la pres
sion des catholiques que les écoles offi
cielies s'élaient vidées, l'orateur a dit avec
raison r Ces écoles étaient devenues déser-
les par les moyens que donne la liberté. Nous
avions fondé nos écoles; nous avions bieti le
droit, je pense, de faire de la propagande
Pour ces écoles. C'est ce que nous avons
fait et c'est ce que nous continuerons it
faire.
Dans ce même discours M. Colaert a cité
une parole de M. Malou, lors de la discus
sion de la loi scolaire de 1884. Quand les
libéraux annoncent que, revenus au pouvoir,
leur premier acte sera de recommencer Ia
guerre scolaire, il est utile de leur rappeler
la réponse que leur a faile M. Malou.
Rétablira-t on la loi de 1879 Pour moi
je ne le crois pas. On fera peut-étre une
autre sottise, tout est possible, mais celle-
la, méme après l'expérienct qu'on vient de
faire, serait-il possible de supposer qu'un
parti politique la commettrait une seconde
»fois? Je lui fais l'honneur tout au moins
d'en döuter.
Et M. Malou ajoutait
«Si, par un e folie nouvelle, une autre
édition de la loi de 1879 vient paraltre,
nous sommes arme!s et nous resterens
armés.
Nous savons gré M. Colaert de nous
avoir rappelé la parole propbétique de M.
Malou.
L'honorable M. Colaert a fait ressorlir
aussi la terrible flitrissure que le représen
tant socialiste Smeets a imprimée au front
des libéraux, lorsqu'il leur a dit Vous
avez enlevé aux ouvriers l'espérance de l'au-
delètle paradis du cielnous voulons le
paradis sur terre.
A ce propos l'honorable représentant
d'Ypres a rappelé le remarquable dialogue
danslequel un des chefs les plus fameux
de l'école révolutionnaire de France, Pierre
Leroux, a développé la même pensée. Ce
dialogue est trop long, a dit M. Colaert, pour
être reproduit k la Chambre.
Nous avons ce dialogue sous la main il
figure dans notre dossier des cboses k
remémorer, et nous altoos le metlre sous
les yeux de nos lecteurs, car il est l'éloquente
paraphrase de la parole de M. Smeets. Nous
citons
Autrefois, dit un ouvrier intelligent in-
terpellant la société moderne, il y avait un
Dieu dans le Ciel, un paradis it gagner
j'avais ma part dans cette société, car si
j'étais sujet, j'avais au moins le droit du su
jet, le droit d'obóir sans être avili. Men
maltre ne me commandait pas sans droit, au
nom de son égoïsme. Son pouvoir remontait
k Dieu, qui perraettait l'iuégalité sur la terre.
Nous avions la même morale, la même reli
gion.... Je supportais pour mériter, je soul-
frais pour jouirde l'éternel bonheur... J'avais
les prières, j'avais les Sacrements, j'avais le
S iiot-Sacrifice, j'avais le repentir et la parole
de Dieu. J'ai perdu tout cela. Je n'ai plus de
paradis it espéreril n'y a plus d'Eglise
vous m'avez appris que le Christ était un
imposteur. Je ne sais pas s'il exisle un Dieu,
mais je sais que ceux qui font la loi ri'y
croient guère et font la loi comme s'ils n'y
croyaient pas. Done je veux ma part de la
terre. Vous avez tout réduit it de l'or et it du
fumierje veux ma part de eet or et du fu-
mier
II y a prés de cinquarite ans que Pierre
Leroux plapait devant la société moderne
un de ces ouvrieis auxqaels l'athéisme gou-
vernementa! a ravi toute consolation, toule
espérance. Aujourd'hui c'est devant le Parle
ment beige qu'un ancien ouvrier tient le
méme langage et qu'il dit au parti libéral
Vous m'avez óté le paradis dans le Ciel, je
le veux sur la terre.
Nous remercions M. Colaert de nous avoir
fourni l'occasion de faire entendre la san-
glante apostrophe de Pierre Leroux k ce
vieux parti doctrinaire, qui de ses écoles
neutres a fait des pépinières de socia
lises
Chose remarcable, le citoyen Demblon,
interrompant M. Colaert, a donrié cette
compléte approbation it l'ouvrier qui vient
de parler par It bouche du philosopbe
révolutionnaire Ce que dit Pierre Leroux
dans le dialogue est trés logique.
Puisse la lepon qui nous est donné par
cette discussion de la Cbambre, n'être pas
perdue Puisse-t elle ouvrir les yeux aux
aveugles volontaires auxquels nous adres
sons ce reproche mérité que c'est la dé
christianisation des écoles qui a engendré le
socialisme.
M. Colaert, rapporteur. Messieurs, le
róle du rapporteur a été considérablement
réduit par la discussion même que nous
avons entendue. Au cours de cette longue
discussion générale, nous n'avons entendu
aucune critique relative au budget ni au
sujet du rapport de la section centrale mais
on a discuté dune fapon approfoudie beau-
coup de questions autour du budget.
Tout ce qu'on peut dire k propos de
l'instruction publique a été dit et il a été
répondu k toutes les questions soulevées par
la gaucbe socialiste et par la gauche libérale.
Je craindrais de répéter les discours qui ont
éié prononcés si je prolongeais moi-méme
ce débat. Je me bornerai k ajouter quelques
observations k celles qui ont étéfaites par
mes honorables arais,sauf en cequi concerne
le reproche qui a été adressé au gouverne
ment catholique et k la majorilé d'avoir sup-
primé 1'enseignement public ou de l'avoir
ïéduit k ce qu'il est aujourd'hui. Je veux
relever ce rtproche en citant quelques
chiffres.
C'est évidemment k lort qu'on nous fait
griet d'avoir suppi imél'enseignement public,
puisqu'on a montrék saliété qu'il y a aujourd'
bui plus d'écoles officielles qu'en 1884 et que
ces écoles soul fréqut niéts par un plus
grand nombre d'élèves. Cette réponse suffit,
me semble t-il, pour qu'on ne s'occupe plus
de cette question.
On nons a reproché aussi d'avoir suppri-
mé un grand nombre d'écoles. J'ai eu la
curiosité de vérifier, dans Ie Moniteur,
toutes les suppressions d'écoles qui ont paru
et j'ai pu noter ce résultat que, sur prés de
2,600 communes de la Belgique, 469 seule-
ment ont vu supprimer leurs écoles offi
cielles.
M. Verheyen. C'est 469 de trop
M. Domblon. Ce n'est rien cela
M. Colaert, rapporteur. Ces 469 écoles
primaires supprimées avaient en tout 700
élèves, tandis que les écoles libres, se trou-
vant dans les communes oil les écoles offi
cielles ont été supprimées, comptaient prés
de 22 000 éleves.
Sur les 469 écoles supprimées, 66 étaient
complètement désertes.
M. Giroul. Grkce k la pression.
M. Termote. Par quels moyens?
M. Colaert, rapporteur. Par les moyens
que donne la liberté.f/nterrupUon» diverse*.)
M. Terwagne. Ne parlez pas de liber
té, u'est-ce pas
M. Colaert, rapporteur. Nous avons
fondé nos écoles nous avons bien le droit,
je pense, de faire de la propagande pour ces
écoles. C'est ce que nous avons fait et c'est
ce que nous continuerons k faire.
M. Troclet. Propagande et pression
sont deux cboses.
M. le président. Monsieur Troclet,
n'interrompez pas.
M. Colaert, rapporteur. Je constate
done que 66 écoles étaient complètement
désertes et que les 403 autres écoles sup
primées compreuaient une population totale
de 700 éléves, soit en général 4 élèves par
école. Interruptions d gauche.)
Je constate un simple fait et déjk vous ne
cessez de m'interrompre. Vous contestez
notre liberté de faire de la propagande pour
les écoles libres. N'avez vous pas le droit de
nous faire la concurrence
M. Tioclet. Vous fait»s usage d'une
pression scandaleusc voilk ce que nous
disons.
M. le président. Monsieur Troclet, je
vous prie une dernière fois de faire silence.
M. Colaert, rapporteur. Vous essayt téz
en vain de m'empêcber de parler. (Trés bien!
h droite.)
On a dit aussi que l'enseignemerit libre en
Belgique nest pas k la hauteur de 1'enseigne
ment officiel. Jesuis trés heureux de consta-
ter que 1'enseignement officie! est parvenu k
un niveau élevé mais, s'il en est arrivé lk,
c'est en grande parti grkce aux efforts du
gouvernement. Le parti catholique ne lui a
pas ménagé les ressources nécessaires pour
vivre et prospérer. Mais si 1'enseignement
officiel s est élevé k cette hauteur, 1'enseigne
ment libre n'est pas resté en arrière. II n'a
rien k envier k vos écoles je vais vous le
prouver, si vous le voulez, en parcourant
tous les degrés de l'instruction.
m