Mercredi 28 Aoüt 1901
10 centimes Ie N°
369 Annee. 867 8
Avis
Le voyage du Tsar en France
Transvaal
Allemagne.
Les voitures de luxe.
Bruit d'attentat contre
le Pape.
Le Roi a Bruges.
Mort de TEvèque de Liège
A propos de la mort
de M. Nyssens.
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La revision des listes électorales
pour les chambres, la province et la
commune, a lieu a partir du 4r
Juillet. En conséquence, les citoyens
ayant droit a l'inscription sont invités
a produire leurs titres avant cette
date. lis sont pries aussi de produire
les titres de ceux qu'ils estiment y
avoir droit ou qui n'y figurent que
pour uu nombre insuifisant de votes.
On peut s'adresser tous les jours de
la semaine a l'Hótel de ville ou au
cercle catholique, rue de Menin.
Le voyage du Tsar en France, en dépit de
toutes appréciations pessitnistes, ne peut
qu'être utile k la cause de la paix générale.
C'est aujourd'hui la note unenime de la pres-
se. Les Allemands eux-méme», dontil fallait
escompter le mécontentement se montrent
satisfaits. La difficulté prévue de ce cóté a
été fort babilement tournée par l'Empereur
de toutes les Russies qui a ménagé I'entrevue
de Dantzig avant celle de Dunkerque et qui
verra Guillaume 11 avant de saluer M.
Loubet.
La présence du tsar aux manoeuvres
navales allemandes, écrit le Berliner Tage-
blattprouve que sa visite n'est pas un sim
ple acte de courtoisie, dicté par l'étiquette,
vis k-vis de l'empereur allemand, mais que
la présence de Nicolas II aux manoeuvres de
Dantzig est également une marque de dis
tinction k l'adresse de la flotte allemande.
D'autres journaux voient bien au delk d'une
brillante satisfaction d'amour propre, et c'est
sur des raisons pohtiques qu'ils s'appuient
pour se déclarer encbantés le mot a été
dit que Nicolas II retourne en Fi ance.
Ces considérations se retrouvent les mê-
mes un peu partout. Elles parient de ce
point qu'k Berlin on est persuadé des senti
ments pacifiques du gouvernement frangais,
et non moins du sang froid, de l'objectivité,
de l'éloignement des aventures de la diplo
matie russe. Pour amsi parler, on n'appré-
bende done nullement que les deux élément»
rapprochés se confinent en quelque mélange
détonant. Bien au contraire.
C'est sans la moindre stupéfaction qu'on
a appris les fières réponses des généraux
Botha et Delarey, du président Steyn et de
De Wet k l'odieuse proclamation anglaise
da l aoüt. lis protestent contre ces menace 8
de déportation perpétuelle et de confiscation
de biens, en déclarant qu'elles n'ont pas
prise sur leurs kmes et qu'ils poursuivront
leur glorieuse lutte jusqu'au bout, etcela au
cours du vingt troisième mois de leur duel
terrible contre une puissance géante. Cer-
taines de leurs réponses, celles de Steyn,
«otamment, expriment la foi inébranlable
des Boers dans leur triomphe final, la ré-
sistance superbe de leurs coeurs k tout
découragemenlet elles signifienl sürement
aussi au général Kitchener les représailles
dont il sera l'objet s'il tente de mettre, a
l'échéance du 15 septembre, ses menaces k
execution. Mais on a soin de ne pas nou»
faire connaltre dès k présent le texte inté-
gral de leurs déclarations.
Le général Kitchener l'envoie tranquille-
meut par la poste, de fagon qu'il ne parvien-
dra en Angleterre que dans trois semaines.
Le gouvernement anglais en publiera alors,
au bout de quelques jours, une traduction
faible qui essayera d'en atténuer la portée,
et peut-êire même profitera-t-il des vacances
parlementaires pour en reraettre la publica
tion aux calendes grecques.
Peu importe. Nous en savons déjk assez
pour constater que nous avions eu raison de
ne jamais douter de la continuité de la guer
re koutrance, en dépit de tous les moyens
illicites et cruels de l'Angleterre pour
l'abréger.
La mission cbinoise qui va porter k Guil
laume II les excuses du fils du Ciel pour le
meurtre du baron de Ketteler est arrivée
dimanchek Bkle. Le prince Tcbun, indisposé,
s'y arrêtera quelques jours.
Le public se préoccupe généralement peu
des conséquences résultant du nouvel accord
intervenu entre l'Etat et la compagnie des
Wagons-Lits. Ce qui l'intéresse le plus, en
somme, c'est le rétablissement des voitures
de l'« classe.
Comme les 44 voitures de luxe rachetées
k la compagnie sont k peine suffisantes pour
desservir quelques unes de uos grandes li-
gnes, l'administration des cbemins de Ier
devra, en attendant qu'elle se soit pourvue
d'un nouveau matériel de 1" classe, aména-
ger des compartiments «réservés dans les
voitures actuelles de 2' classe.
Le prix du voyage sera le même dans ces
compartiments que dans les voitures de laxe,
mais d'une part, la taxe reviendra entière-
ment k l'Etat, et, d'autre part, ellesera par-
tagée par moitié avee la Compagnie.
Un journal américain annonce que le Pape
aurait failli être assassiné par un anarchiste
quis'était caché dans les jardins du Vatican
et qui fut arrêté avant de commettre son
crime.
Ce matin M. Soleil, président du cercle
Bruges en Avant a regu le télégrarame sui-
vant
Ostende, 26 aoüt.
J'ai l'honnear de vous informer que S. M.
le Roi fera ce matin k 9 h. 30 une petite
visite absolument non officielle k l'exposilion
deiTeurs k Bruges.
(Signé) Comte du Chastel Andelot
de la Howarderie.
Le train arrivant d'OstenJe k 9 h. 25,
amèneS. M. dans notre ville. Descendu du
train S. M. s'est rendue k pied jusqo'k la
Grand' Place après avoir été regue par M.
Soleil. Etaient présents MM. leséchevins van
Caloen et Schramme.
Le Roi a dit
Tout ce qui est fait pour attirer k Bruges
mérite des encouragements et c'est trés ai-
mable k vous de m'avoir invité.
S. M. se promène dans les allées de l'ex-
position, s'arrélant longuement devant les
pares, les grouperaenta de plantes, les arbus-
tes, palmiers, etc.
Le Roi remarque en particulier les fleurs
de M. Sander et s'entretientavec ce dernier.
S'étant dirigé vers les lauriersqui entourent
le pare, devant les cafés qui font face au
Befiroi, S. M. s'arréte et manifeste son admi
ration en ce moment la foule massée de
l'autre coté de la pallissade, fait k notre sou-
verain une chaleureuse ovation.
S. M. visite aussi les expositions du gou
vernement provincial el des Halles. Plusieurs
exposants lui sonï présentés.
C'est avec une particulière attention que le
Roi examine les orchidées exposées par M.
Vincke dont certaines spécialités l'arrêtent
longtemp».
Le Roi a visité aussi l'hótel de ville el la
salie échevinale.
Le Roi quitte notre ville k 14 h. 35, par
le train 3034. (La Patrie)
Mgr Doulreloux, Evêque de Liège, est
mort subitement dans la nuit de Samedi k
Dimanche, kgé de 65 ans.
Mgr Doutrelouxétait un prélat intelligent,
d'un caractère bienveillant, extrémement
charitable
Ennemi du faste et des grandeurs, il
vivait avec modestie. Sans être orateur, il
s'exprimait avec onction, méthode et clarté.
On disait de lui et avec vérité qu'il était un
saint horarae et, sous ce rapport, sa réputa-
tion était grande k l'étrangerce sont ces
qualités du cceur et de l'kme qui l'ont fait
désigner dan» ces dernières années comme
président des Congrès eucharistiques, dans
plusieurs villes étrangères.
Nous avons recueilli, depuis deux jours,
dit le XX' Siècle k propos de la mort de M.
Nyssens, toute une série de renseignements
k ajouter k ceux qu'on a déjk publiés pour
caractériser l'état d'esprit anormal oü se
trouvait l'ancien ministre.
Entre autres fails qu'on nous a racontés,
citons ceux-ci
M. Nyssens avail un domestique qui lui
était trés fidéle et qu'il estimait beaucoup.
üuand celui-ci le servait, dans ces derniers
temps, il arrivait, k son maitre, d'avoir
contre lui, k propos de rien, de accès de
colère violente, oü il allait jusqu'k lesaisir
brutalement. L'instant d'après, M. Nyssens
lui demandait pardon en pleurant.
La semaine dernière, M. Nyssens eut, k
Louvain, deux jours de suite de longs entre-
tiens avec un de ses amis du corps profes-
soral.
Ce furent pour moi des heures bien péni-
bles, raconte eet ami. M. Nyssens passait
dun sujet k l'autre k tout bout de champ,
sans transition il parlait sur chacun rai-
sonnablement et brillammentmais k cha-
que instant, il y avait dans sa conversation
un trou par lequel sa raison s'échappait
toutk coup. Plusieurs fois il interrompit net
un exposé, un récit qu'il faisait, pours'écrier,
les yeux affolés La voyez-vous, la voyez-
vouslk, lk... Mais oui, ma maison defous!»
II alia aussi, ces toutes dernières semai
nes, trouverk plusieurs reprises un homme
politique de la droite qui était un de ses
meilleurs amis. II lui tint des propo» extra
vagants mêlés k des propos raisonnables. A
plusieurs reprises il lui dit«Quand je serai
fou, je me tueraiSon ami lui disait
Comment pouvez-vous parler de suicide
vous qui êtes cbrétien, qui croyez au dogme
catholique et l'éternité. Alors M. Nyssens
avail cette réponse Oui, je crois, oui je
sais quil est contraire k la loi divine de se
suicider. Mais j'ai réfléchi au problème
puisque je serai fou, je serai irresponsable,
done...