mi - <^S^W£7y^ Mercredi 5 Mars 1909 10 centimes le N° HT Année. N° 3694 Le Féminisme et l'électorat des femmes ifflfSS On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et a to,us ies bureaux de poste du royauiue. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés francode port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimesla ligna. Les réclames dans le corps du journal coütent 30 centimes la ligne.Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les nuraéros snpp'ó- menta'res coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique exoepté les 2 Flandras) s'adresser A VAgence Qavas Bruxelles, rue de la Madeleine n6 32 et A Paris, 8, Place de la Bourse. Discours prououeé par |M. Colaert, la séance depa Chambre ades Repré- sentants du 27 Février 1902. M. le président. Nuus reprenons la discussion générale des propositions do loi en matière électorale. La parole est a M. Colaert. M. Colaert. Messieurs, j'aurais voulu, en com intrigant mon discours, faire miemies es paroles it ia fois franches, courageuses et chrétiennes, par lesquell *s une femme, Mu' Mane Maugeret, la distinguée féministe de France, saluait ses adversaires dans un rapport, datani de 1900 et qu'elle a publié, sinon avec l'approbation de l'épiscopat, tout au moinssans être blkmée parcelui-ci Si les partis s'honorent, disait-elle, en rendant justice k leurs adversrires, vous ine laisserez, mesdames, moi k qui Dieu a fait la grkce d'être une croyanle ardemment con- vaincue, rendre hommage k ces femmes qui, n'atlendant rien de la justice de Dieu et de son règne en ce monde, ont cru k la possi bilité d'une justice humaine et ont voué leur existence k en préparer i'avènement. Nous pouvons désapprouver leur symbole, blkm.-r plus d'un article de leur programme, déplo- rer les tendances irréligieuses de leurs doc trines nous ne pouvons pas oublier qu ies premières, el les sont descendues dans l'arêne, qu'elles ont eu le courage de prenrL e corps k corps les préjugés et de brav r jusqu'au ridicule, cette puissance si redoutée en France. Et c'est pourquoi, je vous deman- de la permission de les saluer avant de les combattre. Vous n'en doutez pas, messieurs, je n'ai pas songé un seul instant k pouvoir rendre un hommage analogue k nos adversaires du banc doctrinaire ils sont trop vieux pour épouser une cause jeune encore. Rire'. M. Tourrray. U y en a parmi eux de plus jeunes que vous. M. Colaert. Je pouvais cependant m'at- terrdre k les voir examiner la question sé- rieusement, sans passion, saris préjugés, sans parti pris, comme il convient k des hom mes. L'honorable M. Hymans a opposé, k la cause des femmes et k leurs défenseurs, une ironie presque dédaigneusa. Je pourrais me servir de la même arme, mais vous me ro- procheriez de manquer d'égards et de pitié pour le dernier et impuissarit rejetorr d un parti qui n'a plus aucune virilité politique. (Rires.) En notant les paroles de M"' Maugeret, je songeais k nos collègues radrcaux et socia lisms qui, en 1895, les uns saus réserve aucune, les autres avec enthousiasme, votè- rent l'amendement des honorables MM. Dem- blon et Denis, accordant le vote aux femmes pour la commune. Mais les premiers, les radicaux, ont déserté le combat, et c'est k peine si l'urr deux, M. Lorand, se souvieut encore de son vote d'alors, qu'il appeile aujourd'nui an vote de courtoisie d'oü je pourrais presque conclure qu'ii n'est plus même courtois pour les femmes. [On nt.) Lesauties, les sociaLstes, tout en voulani conserver l'bonneür de s'être lancés les pre miers dans la lutte, nt sont plus utiis aulour de leur drapeau féministe. Plusieui s ont renté leur programme, et je constate que l'ardeur de tous s'est singulièremenl refroidie depuis le jour oü, dans une simple^interruption, je ine suis permis de dire un mot du suffrage des temines. Et, puis-je le dire sans être discourtois? les dames som.alistes eües-mêmes, celles qui, le 27 septemore dernier, fulminaient conue l'uulitarisme et l'égoisme des mauvais tac- ticiens de leur parti ont enfourché, buit jours plus tard, lopportunisme, auxapplau- dissemenrs du journal le Peuple, qui venaii d'acnever sou mouvement tournant l'ajour- nemeut Combien le regretté Albert Nyssens était bon prophéte lorsque, en 1895, diacutant l'ame.idemerit Uemblon-Dears, dont il se déciaia partisan en principe; il disau Voulez-vous que je vous dise loute ma pensée au sujet de l'amendement en faveur du suffrage universe! des femmes Je crois que si les honorables tnemores de 1'extrêmö gaucb avaieut la coaviction que nous som mes luc et nunc disposés k le voter, lis se- raierrt fort au regrei üe l'avotr présenté. Les Annales de i'époque souligneut ies rires et ies exclamations de lagaucUe entière, et ses ens Voiez-le alors, votez le. M. Vandervelde. Nous le disons encore. M. Colaert. Nous allons voir dans quel sensvous ie dues. Aujourd'nui, je vais plus loin que M. Nys sens, et je me perineis de dire, aux honora bles auteurs de la proposition de lot, que s-'ils éuient convaincus que la droite voteralt ie suffrage téminin aujourd'hui même, ris seraient disposés k retirer leur proposition. M. Autoine üelporte. Essayez, aiors M. Deins. Vous êres trop novice dans la question du féminisme pour prendre cette attitude de magister. Uilarité M. Colaert. Pardon, mon féminisme est k peu prés aussi ancien que le vótre. Je ne vous visa pas, du reste. M. Vandervelde. Vous vous êtes con vent en 1895. M. Colaert. Je le reconuais et je dé- clare que c'est t'üónorable M. Denis qui m a coaverti. M. Vauderveide. Notre téminisme est done antérieur au voire. M. Antoine Delporte. Avei-vous con- verti vos amis de la droite M. Colaert. MM. Vandervelde et Hy mans out bien voulu rendre hommage k la siricérité de mes convictions. Mon féminisme civil et social date, en effet, de loin. J'ai tou- jours cru k la possibility et k la nécessité de modifier nos Codes, et surtout le Code civil, d »tis Ie sens d une plus grande justice pour la femme. Mais, avec le journal tranpais be Temps, j'ai cru aussi que les femmes n'ob- tiendront rien et que nous n'obtiendrons rien pour el les, si elies ne savent modérer leurs ambitions, elasser leurs projets, ordonner leurs efforts avec méthode et, surtout, fuir de part' pris toutes les occasions de tapage et tous les appuis compromettants. Mon féminisme politique date de 1895. II est done jeune, je le reconnais... M. Vandervelde. Et il s'est traduit par une abstention. M. Colaert. Mais il existait et je vais vous le prouver immédiatement. Vous avez rappele les paroles que j'ai prononcées alors et qui, en effet, expliquaient mon attitude. Je me suis abstenu, vous l'avez dit vous- même, k cause d'abord du discours de l'ho norable M. Demblon et quelque peu aussi k cause du vótre. J'aurais pu, sans doute, suivre l'honorable M. Denis; mais je ne pou vais pas marcher avecceux qui avaient trouvé habile de bafouer et d'accuser injustement la religion que j'ai le bonbeur de professer. Faut-il s'étonner, messieurs, que mon féminisme ne soit pas trés vieux, comma on vient de le dire Elevé comme vous, mes estimables contradicteurs, dans des idéés de codes élaborés par de faroucbes antiféminis- tes, il m'a fallu beaucoup de réflexion, de longues études et l'expérience des choses humaines, pour comprendre qu'il y a dans notre législation une foule de dispositions vieillies et injustes, k l'endroit des femmes. C'est le cas de l'honorable M. Denis qui, en 1895, nous racontant sa conversion, disait Mon témoignage ne peut-être suspect; disciple d'Auguste Comte et de Proudhon, je suis parti de l'idée de l'infériorité indélébile da ta femme, et il a fallu des fails pour mo difier ma conviction. Voilk done que M. Denis est, comme moi, un néophyte ou tout au moins un converti. Je ma suis rencontré avec lui sur le che- min de Damas. Je reconnais que j'y suis arrivé par d'autres voies mais j'espère que, dans notre marche, je pourrai encore, de temps k autre, saluer notre accord sur cer tains points, sauf k combattre ses tendances et quelques-unes de ses idéés. Messieurs, j'ai k dégager mon féminisme de celui de mes honorables collègues de la gaucne socialiste et k venger le christianisme des accusations dont il a été l'objet dans cette discussion. Le féminisme iutégral, radical, je le ró- pudie hautement. C'est celui d'Olympe de Gouges, la triste héroïne de la Révolurion franpaise, qui, dsns son enivrement de l'idée totale de justice, la basa sur le droit humain, et qui ilia jusqu'k réclamer une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, analogue k la déclaration des droits de l'homme. C'est^comme vous l'entendei, le féminisme révolutionnaire, celui des socialistes. Nos honorables collègues veulent allier le courant féministe, qu'il est impossible de nier, k la lutte des classes et ils espèrent bien révolu- tionner ainsi, logiquement, l'uae après l'au- tre, la femme, la familie et la société. M. Denis. C'est cela nous voudrions done dissoudre la familie, d'après vous M. Colaert. Nous sommes done d'accord sur votre genre de féminisme et sur la posi tion de la question M. Denis. Pas du tout M. Colaert. Vous pas peut-être, mais les autres Ils ne disent rien. Mon féminisme n'est point celui-lk. Je poursuis, en faveur de la femme, la revendication des droits civils, sociaux et politiques compatibles i vee sa nature, avec l'ordre des choses humaines et avec l'état actuel de la société. En lui ac cordant ces droits, j'espère que nous pour- rons soustraire la femme, et particulièrement la femme ouvrière, k l'influence des utopistes et des révoltés contre la société. Ce n'est évidemment pas le moment d'ixa- miner toutes ces revendications. Je l'ai fait ailleurs et j'espère pouvoir, dans d'au res circonstances, revenir ici k cette quesiion qui serable, du reste, sauf sur certains points rencontrer un assentimeut unanime. C'est de l'électorat féminin que j'ai k m'occuper aujourd'hui. Nous pouvons constater que nos honora bles adversaires sont extrêmement préoccu- pés en ce moment de l'état de notre con science. Cette préoccupation part, sans doute, d'un bon naturel, mais je les prie de quitter ce souci. C'est k nous k savoir, et non k l'honorable M. Lorand, par exemple, si le suffrage des femmes est opposé aux principes politiques de la droite ou aux tra ditions de l Eglise catholique, et si, pour le réaliser, nous devons mentir k tous nos principes et les renier. Nous n'allons pas davantage nous référer k l'avis de l'honorable M. Vandervelde qui, tout en reconnaissant que le dogme catho lique n'est pas un obstacle direct k l'égalité des sexes, prétend, cependant, que, dans la conception générale de l'Eglise sur le róle de la femme, il y a une contradiction évidente avec les déclarations que nous fai- wlbSSi •v. -V.-;

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 1