3 pas par la valeur de l'adversaire qui soutient une opinion qu'il fautjugerde la thèse, mais par la valeur des arguments produits. M. Jauson prétend que le vote n'est pas un droit naturel, mais une fonction attachée la qualité de citoyen, et que les femmes ne sont pas des citoyens. G'est une erreur manifeste la femme n'était pas citoyen sous la Constitution de I'm VIII qui, faite par des anti-féministes révolutionnaires, avait dit qu'il fallait, corotne première condition, être du sexe masculin et Francais C'est sous l'empire de cetie disposition que l'article 7 au Code civil, entre aulres, a été introduit dans notre iégislation. Get article porte L'exercice des droits civils est indépertdant de la qualité de citoyen, laquelle ne s'acquiert et ne se conserve que conformément ft la loi constitulionnelle. Mais ni la loi fondarnentale de 1815, ni la Constitution de 1831 n'ont reproduit la condition de masculinité pour être citoyen beige. L'article 4 de la Constitution, que 1'ho norable cnembre paralt avoir perdu de vue, dit en termes exprès La présente Con stitution et les aulres lois relatives aux droiis politiques détenninent queiles sont ies con ditious nécessaires pour l'exercice de ces droits. Le mot citoyen n'a done pius, dans notre Constitution, la signification qu'ti avait dans la Constitution de l'an VIII. Aussi M. Laurent enseigne-t-il avec raison, que l'article 7 du Code civil n'existe plus en Belgique. Les femmes sont done comprises dans la catégo- rie des citoyens beigesmais elles ne jouis- sent pas de leurs droits politiques, jusqu'ici, ni en vertu de la Constitution, ni en vertu de lois ordinaires, Peuvent-elles en jouir sans une revision de la Constitution La Constitution eiétermine les conditions requi- ses pour l'exercice du droit électoral li la Chambre et au Sénat mais, en ce qui concerne l'électorat provincial et communal, celui-ci est, aux termes formels de l'article 108, réglé par la loi ordinaire. Voilk une distinction qui résulte de textes constitute m nels et qui montre que 1'honorable M Janson a eu tort de soutenir l'ineonstitutiou- nalilé de la proposition de MM. Vanderve de et consorts. 11 n'y a done plus le moindre doute, l'é lectorat provincial et communal est aband.m- né au législaleur ordinaire, tandis que l'élec torat législaiif est confié au pouvotr du légis laleur constituant. Poursoulenir sa thèse, d'après l'esprit de la Constitution, l'houorable M. Janson a in voqué que ui duns la constituante de 1831, ni dans ceile de 1893, le législaleur beige n'asongék l'électorat des femmes. En ce qui concerne la constituante de 1893, j'en sais quelque chose, puisque j'ea étais, et au surplus j'ai revu tous les do cuments relatifs aux travaux de la Consti tution de 1831, et je dois dire que je n'y ai pas trouvé un mot permettant de soutenir que la femme pourrait devenir électeur, pour la Chambre et le Sénat, sans une revision constitulionnelle. Je reconnais done trés facilement qu'au point de vue constitutionnel le vote des fem mes pour les Chambres serait contraire, tout au moins k l'esprit de la Constitution. Mais, je le répète encore, il n'en est pas de même de l'électorat provincial at communal. Je n'ai pas besoin de vous dire, messieurs, par quel mobile l'houorable M. Janson a été amené li soutenir cette thèse. Comme je l'ai fail observer dans une interruption, voilk deux aas que la proposition des honorables MM. Vandervelde et consorts a été dóposée etce n est qu'au cours de la discussion que, tout d'un coup, l'honorable M. Janson a fait sa découverte. L'honorable membre a voulu sauver, ou tout au moins dégager, ses amis radicaux de 1895, qui ont voté la proposition de MM. Denis at Demblon. Dans ce but ii est allé jusqu'k risquer sa réputation de juriscon suite. Mais oü l'honorable membra est plus éton nant encore, c'est quand il vient nous dire, contrairement k l'opinion que son parti a toujours soutenue, que le droit de suffrage- best pas un droit naturel. Dans une discussion récente au Sénat, 1 Honorable M. Houzeau de Lehaie, mis k l'épreuve par l'honorable ministre de l'Inté rieur, a du reconnaltre que, dans sa théorie, le droit de suffrage est un droit naturelet ce n'est que depuis lors quele parti radical, dont l'honorable M. Houzeau de Lehaie n'est pas le dernier venu, a cherché k nous prouver qu le droit de suffrage est un droit inhérent k la qualité de citoyen. En vérité, s'il en est ainsi, nos honorables adversaires sont plus prés de nous qu'ils ne lecroierit. Le droit de suffrage devient ainsi, nor, un droit, mais un devoir oivique, suriout depuis que le vote est obligatoire, une fonction exercée dans l'intérêt commun par ceuxquel'on présume capables de s'en acquilter. C'est done au législaleur k déter- miner les conditions de capacité électorale et ainsi se justiffe, par la théorie même de 1 honorable M. Janson, non seulement le vote plural, mais aussi l'ancien vote censitaire. Approbation b droite.) Les socialistes ont au moins le mérite de la logique et de la franchise. L'un d'eux, l'honorable M. Viviani, définit ainsi le droit de suffrage Le droit devote se rattache k la personne humaine. II se justiffe par elle. 11 ne dépend ai de la force des muscles, ni de l'aetivité économique. II est urt droit attaché ft la personne,qui s'identifle avec un être et que la force peut lui arracher, mais non la justice. II y a des droits naturels, comme le droit de penser, et le droit de voter n'est qu'une application du droit de periser. Un être a le droit do penser que soil pays devrait prendre tel gouverne ment, que ce gouvernement devrait observer telle Constitution. 11 a le droit de voter, e'est-k dire de faire représenter sa pensée. Telle a toujours été, messieurs, la théorie radicale elle résulte de l'égalité des hota- mes, proclamée par la Révolution francais», et dont nos adversaires ont été les fidèles disciples. Si le droit de suffrage est un droit naturel, un droit basé sur la nature humaine, n'ai- je pas le droit de contraindre mes honora bles adversaires k être logiques, et de leur demahder, avec M. Viviani, en verlu de quel principe ils veulent refuser k la femme un droit qu'ils accordent k l'homme? C'est en effet ce que je leur demandeDroit pour droit. Et de fait, la plupart'des femmes sont aussi capables d'exercer ce droit que la plupart des hommes. On me répond qu'accorder le vote aux femmes serait donner le pouvoir aux cléri- caux pendant cinquante ans, que M. Vander velde réduit k vingt ans. Est-ce encore du droit cela Est-ce de la justice, de la logique Au fond de leur kme, messieurs, nos ad versaires ont peur de la femme catholique et je dois rendre hommage aux honorables MM. Janson et Morand, qui en on fait un aveu public. Je crois, messieurs, qu'ils ont raison. Je pense, avec M. Nyssens, que si la femme doit intervenir un jour, el je ne le crains pas, di 1 s lui-,es politiques, elle sera un des plus éuer. iques défenseurs de la familie, et par I» fa nille j'entends la familie chré- lie qui sera toujours l'honneur et la force du pays M. Buyi. Pourquoi ne mettez-vous pas vos prf pas en application k Ypres, en non? e, les femmes comme membres des bureaux de bienfaisaoce et des hospices M; C Voire interruption me fo k us ré véle r qu la question est pré cisé k l'érude k Ypres. M, Hymans. II s'agit de trouver la femme. M Col rt Je crois que nos honora ble;, a 'B B devront se dire que nous b p k (louter, uous, catholiques, touii s 1 tj séquences prétendument fu- nestes du suffrage féminin. Sans doute, la f mine, 1' iu\ ière surtout, sera exposée k un propa ande acharnée dès l'instant elle sei i investie du droit de vote; mais le zèlo ilique, qui a trouvé déjk les m y os de pr itéger l'ouvrier contre la sé- ductioa da s ennemis, saura soustraire la f-mme mix Utopias subversives, aux menées révolutioru aires. Ici, messi urs, je m'adresse spécialement k 's horto ables collégues de la droite, et je leur sigfde I' xemple de la Norwège ou, aumoisd aembre dernier, les femmes, faisa usage pour la première fois de leur droit élotoral communal, ont renversé presqu .mis les radicaux dans les colléges commuo ux, etnotamment k Christiania. 11 en est qui croient que les premières élections seraient favorables au parti conser- vateurmais qu'elles ne le seraient plus dans ia suite. Mais je signale l'exemple des Etats-Unis, du Wyoming entre autres, oil lé,; lité xiste, au point de vue électoral, depuis 1869. Les gouverneurs qui s'y sont sue; édé p »el.i ment tous que le suffrage des femmes a gagné la oonftance et la popu- larité. M John Hoyt, l'un d'eux, n'hésite pas k dir que sous l'empire de cette disposi tion, nous avons de medleures lois, de metlleurs magistrats, de meilleures institu tions, et le niveau de notre condition soci ale st plus étevé que partout ailleurs. Au cun des maux que l'on nous annongait, tels qu Aperte de la délicatesse féminine et le trouble de nos relations domestiques, ne s'est mon La grande majorité de nos femmes, ei les meilleures, ont accepté le droit dsuffrage comme un bienfait et lVxercent comme un devoir patriotique Ces paroles, messieurs, datent de 1896. Elles concordent singulièrement avec les idéés d'un publiciste beige, pas partisan du tout du suffrage universe!, mais féministe distiügüé, qui exprimait k peu prés la même pmsé 1884, «vee cette diftérence cepen- dant touie favoiable k uotre auteur que M. John Hoyt constate un tait qui s'est passé, tandis que M. Louis Hymaas c'est le nom du publiciste dont je fais mention, prédit cc qui arriv rait avec le suffrage des femmes. Voici ce que je trouve dans sa Belgique contemporaine c'est un renvoi sur lequel j'amre t atumti n spéciale de l'houorable M. Hymaas. (Sourires b droite.) c< L'auteur a'entetid pas aborder ici cette question du droit des femmes. II croit cepen- dant pouvoir dire qu'il ne voit contre leur admission d'autre argument sérieux que la eoutume et le p'-éjugé. S'ii y a des femmes ignorantes, il xiste un nombre au moins égal d'hommes qui le sont tout autant. ün invoque uussi la paix du ménage on pré- teiid qu» c i s irait introduire dans la vie un dléi discoi'de que de mettre la femme aux p ïses ;»v c 1 ma»'i sur le terrain poli tique. A mesure que l'esprit politique se développe, eet antagonisme se produit déjk et la femme arrive parfois k exercer une in fluence prépondérante. Si elle avait le droit d'émettre un suffrage elle-même, le mari aurait contre elle un argument péremptoire Vote comme tu veux et laisse moi voter com me je l'entends Ce serait peut être une garantie de repos. Et voilk, messieurs, co qui prouve, aiieux que d'autres arguments, que les raisons de l'honorable M. Hymaus ne sont que des pré- jugés. Je l'avais dit audébut demon discours. Le père le répète au fils. (Hilarité b droite.) Je viens de citer l'exemple de pays qui ont consacré le suffrage des femmes t qui s'en trouvent fort bien. Quelques uns du mes amis sont et restent convaincus quele suffra ge des femmes n'amènerait pas la même situation en Belgique. Je me permets de n'en rien croire.Lerudebon sens belgen'est pas le monopole du sexe fort. Nos mères nous i'ont transmis aussi bien que nos pères, nos toères si probes, si morales, si chrétinanes et c'est exclusivement k cause de ces vertus que nos adversaires leur refuserit u hési- tent k leur donner le droit de suffrage. Les femmes flamandes nous sont toutes restées dévouées. M. Denis. L'électorat sera pour les femmes wallonnes aussi. M. Colaert. Croit-on sérieusement, comme le présage M. Vandervelde, que si le suffrage des femmes était voté aujourd'hui, dans vingt ans c'en serait fait de ce que 1 honorable membre apelle la domination de 1 Eglise en Belgique Sur quoi base t il sa prophétie Le jour, dit-il, oü les femmes seraient investies du droit du suffrage, nous leur dirons Voyez les enfants, ils ne sont pas soumis k I instruction obligatoire, voyez les jeunes gens qui doivent aller k la caserne, alors que les riches ny vont pas. Voyez les adultes, ils n'ont aucune des lois sociales sérieuses dont ils ont besoin. Voyez les vieux: ils ont une pension dérisoire, et le jour oü nous irons au coeur des femmes, nous sau ons les convertir comme uous avons converti les ouvriers. Et voilk, messieurs, les arguments k 1" ride desquels on espère. d'une part, convertir ia femme au socialisme et, d'autre part, en- trainer mes honorables collégues de la droite qui ne veulent pas admettre le suffrage féminin. M. Vandervelde. Vous avez oublié un aigument j ai dit que tous les ouvriers au- raient un intérêt de classe k convertir leur femme. M. Colaert. Vous avez dit cela, mais ce n'est évidemment pas votre principal argu ment il rentre dans ceux que je viens d'in- diquer. Quant k l'instruction obligatoire, mes sieurs, le nombre des iilettrés diminue tou jours en Belgique... M. Tournay. Il est encore beaucoup trop considérable. M. Colaert. de fapon que, dans dix ans, l'instruction obligatoire sera absolument inutile. Interruption b gauche.) M. Hymans. Absolument inutile M Colaert. Elle 1'est déjk. M. de Irooz, ministre de l'intérieur ei de l'instruction publique. L'instruction obli gatoire n est pas nécessaire en Belgique. Nous l'avons prouvé. Protestation a gauche.) M. Terwagne. Voilk votre programme M. Hymans. Nous avons encore 20 p. e. d'illettrés. M. de Trooz, ministre de l'iutér. mr 1 a-j l'instruction publique. j'ai démoutré qu'il y avait en Belgique moins d'illettrésquedans bien des pays oü l'instrucüon obligatoire existe. M. Hymans. Vous n'avez rien démontré du tout.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 3