M. Vandervelde.—Eu 1890, n y en avail
55 p. c.
M. Hymans. - II n'y a que les staiistiques
des miliciens qui puissent compter.
",yM. de Trooz, ministre de l'intérieur et de
l'instruction publique, Nous avons dé
montré dans une récente discussion, que 1p
nombre des illettrés est plus grand en France
oil xistent l'instruction obligatoire et le sut
frage uuiversel qu'en Belgique, l'itisK u--
tion est libre et oil nous avons le suff n
plural. Interruption il gauche et d 1'extréme
gauche.)
H M. Hymans. G'est une plaisanterie
M. Tournay. II est constaté que, de-
puis que vous avez porté la main sur la loi
de 1879, le nombre de nos miliciens illettrés
est plus considérable que sous l'empire de
l'ancienne loi.
A Droite Allons done
M. Hoyois. On a dressé différemmem
4es statistiques qu'on compare entre elles.
Nous examinerons cette question lk de prés
un jour ou l'autre.
M. de Trooz, ministre de l'intérieur et de
instruction publique. 11 faudrait établir
,ce que vous affirmez.
M. Hymans. Nous avons produit des
statistiques de l'instruction des miliciens.
M. de Trooz, ministre de l'intérieur et de
l'instruction publique. Vous avez discuté
cela avec nous l'année dernière et vous avez
'été batlus. Interruptions d gauche et d l'ex
rime d gauehe.)
M. Hymans. Les statistiques indiquant
le degré destruction des miliciens sont ca-
tégoriques. Vous n'avez rien démontré du
tout.
M. Woeste. Elles sont catégoriques
contre vous.
M. Hymans. Pas du toutcontre vous
L'instruction est en voie de recul.
M.Colaert.Les chiffres sont des chiffres
et l'tionorable M. Vandervelde a reconnu lui
même, dans la discussion k laquelle je viens
de faire allusion, que le nombre des illettrés
a considérablement diminué les vingt der-
nières années.
M. Woeste. Gela n'e3t pas dou'eux.
M. Golaert. Gela n'est pas douteux en
effet, e'est un fait que vous avez pu constater
aussi bien que moi.
M. Rosseeuw.— Les journaux ont encore
rapporté la cnose l'autre jour. Interruptions
gauche.)
M. Hymans. Oui, vous avez des journa
listes trés habiles^qui se livrent k cette spé
cialité-Ik.
M. de Trooz, ministre de l'intérieur et de
l'instruction publique.II ne sagit pas
seulement de journalistes. Nous avons dis
cuté tout cela l'année dernière et vous avez
été battus.
M. Hymans. —G'est une erreur. G'est vous
qui avez éiéjbattus.
M. Woeste. Vous avez été battus k
plate couture.
M. Hymans. Laissez done proclamer
voire triomphe par d'autres.
M. Colaert. Messieurs, je constate que,
dans cette question, je puis enregistrer 1 aveu
qu'a trés loyalement fait ('honorable M. Van.
dervelde. Dans la dernière discussion du
budget de l'intérieur et de l'instruction pu
blique, il a reconnu que le nombre des illet
trés a, dans les vingt dernières années, con
sidérablement diminué en BelgiquG'est lk
un fait qui m'autorise k dire que ce nombre
diminuera encore
M. Antoine Delporte. Ge n'est pas
notre faute, s'il y a des illettrés
M. Colaert. Quant au nombre des illet-
trées, l'bonorable M. Vandervelde a reconnu,
dans son discours, que ce nombre n'est que
de 2 ou 3 p. c. inférieurk celui des hommes.
Voilkpour l'enseignement primaire. Quant
aux établissements ^'instruction moyenne
fréquentés par les entants de la classe bour-
geoise, on est forcé de reconnaltre que l'en
seignement libre conserve la préférence des
pères-de familie. Protestations h gauche.)
M. Tournay. Vous ne dites pas cela
sérieuseraent
M. Golaert. II résulte du discours même
de M. Vandervelde que les écoles libres sont
fréquentées par des enfants dont les parents
sont des libéraux et même des socialistes,
en Belgique comme en France. G'est qu'elles
ont la confiance de tous les pères de familie.
M. Hymans. L'infériorité de l'enseigne
ment dans les établissements religieux pour
filles est reconnue par les catholiques eux-
mêmes je vous renvoie au livre de la soeur
Marie du Sacré-Cceur.
M. Golaert. Vous faites allusion k un
fait qui s'est passé en France je m'occupe
spécialement de ce qui se passé en Belgique.
M. Vandervelde. G'est une formidable
machine d'asservissemeat intellectuel, que
i'enseignement libre.
M. Hoyois. Vous prouvez par lk com-
bien peu vous aimez la liberté.
M. Berloz. G'est vous qui en avez le
monopole, n'est-ce pas 7
M. Golaert. L'honorable M.Vandervelde
a dit aussi aux mères de familie que leurs
fils devaient aller k la caserne, tandis que
les fils des riches n'y allaient pas. Vous
pensez bien, n'est-ce pas, Messieurs les
socialistes, qu'k cela nous répondrons,
nous, par un fait qui tombera sous les
yeux de tous, h savoir que, dans un ave-
nir rapproché, grkce k la nouvelle loi mili
taire, seuls iront k la caserne ceux qui vou-
dront y aller. Vive approbation h droite.)
Et quand vous parlerez de lois sociales,
nous rappellerons que, même avant votre
arrivée dans cette Chambre, nous avons
voté la loi de 1889 sur les habitations ouvriè-
res qui a permis déjk k plus de dix mille
ouvriers et ouvrières d'être propriétaires de
leur maison que, la même année, nous
avons fait uoe loi eoncernant le travail des
femmes et des enfants dans les établissements
industriels, loi féminisle par excellence.
Nous pourrions ajouter la lot du 26 no-
vembre 1896, portant modification aux
droits successoraux du conjoint survivant,
loi favorable k l'ouvrier et surtout k l'ou-
vrière.
Nous leurs parierons de la loi du 10
fêvrier 1900, relative k l'épargne de la
femme mariée et des mineurs, qui a boule-
versé en quelques sorte tout le régime ma
trimonial du Code civil, au profit de la fem
me mariée; de la loi du 10 mars 1900 sur
le contrat de travail qui permet notamment
k l'ouvrière mariée de toucher son salaire et
d'en disposer, dans une certaine mesure,
pour les besoins du ménage, ce que les
féministes de toute opinion ont réclamé.
Etqm.nd vous parlerez de leur pension aux
vieux, nous irons dire aux vieilles Voyez
la France, ce paysk suffrage universel...
M. Vandervelde. En France, ce sont
lesclérieaux qui ont empêché le vote de la
loi sur les pensions.
M. Hoyois. Mais ils n'ont pas la ma-
joriték la Ghambre.
M. Colaert. ...la France exclutla fem
me de la pension, tandis que la loi beige,
votée sous le régime du vote plural, met la
femme ouvrière sur le même pied que
l'ouvrier marié.
Enfin, nous pourrons parler aussi des
lois ouvrières projetées qui seront réalisées
demain, si vous voulez bien donner ÉL la
Chambre le temps de les discuter et de les
voter
Nous dirons aussi que la société, de
même que la nature, ne procédé pas par
sursautsque les conditions sociales et
économiques de l'ouvrier et de l'ouvrière
sont dója considérablement améliorées et
s'améüoreront encore a l'aveniret les
ww—«—ww—mmmmmms
femmes chrétiennes n'iront pas a vous, elles
nous resteront dóvouées, fidèles.
Et si mes amis de la droite doutaient de
la possibilité de l'effort chez les femmes,
je leur rappellerais la lutte scolaire de 1879
a 1884, lutte dans laquelle les femmes ont
contribué autant que les hommes a rame-
ner, dans le pays, lapaix avec la liberté.
(Trés bien a droite. Vives protestations
a gauche et a. l'extréme gauche.)
M. Hymans. L'objet en discussion n'a
rien de commun avec la loi de 1879. C'est
l'apologie de la politique cléricale que fait
l'honorable membre.
M. Colaeri. Je leur mootrerais l'exem-
ple actuel de la France, oü les femmes trou-
vent dans leur coeur le courage qui déserte
la poitrine des hommes et oil elles prêchent
k leur mari et k leurs fils, comme au temps
de Jeanne d'Arc, l'ceuvre religieuse et poli
tique nécessaire, c'est k-dire renverser la
juiverie et la maponnerie, triomphantes k
cause de la mollesse des hommes et de leur
insoumission aux conseils de l'Eglise. (In
terruptions h gauche. Bruit.)
M. Vandervelde. Etes-vous antisémile?
M. Colaert. Mais, mon Engage n'est
peut-être pas de nature k ébranler l'obstina-
tion anti-féministe des libéraux, ni k réchauf-
fer la tiédeur que je constate chez nos col-
lègues socialistes. G'est pour mes amis que
je parle en ce moment.
M. Vandervelde. Reconnaissez, au
moins, qu'il règne k droite une température
sibérienne.
M. Golaert. Je fais ce que je peux pour
convertir mes amis de la droite. Tkchez
done, de votre cöté, de maintenir les vótres
dans leur conviction et de les ramener k leur
programme.
M. Denis. Vous êtes en train de démon-
trer que le féminisme est un moyen de per-
pétuer la domination de l'Eglise et sous vou
lez faire de la femme un instrument de
domination.
M. Golaert. Ge sont des mots, tout cela
et rien que des mots.
Nousne voulonsla domination de psrsonne
et vous le savez raais vous redoutez notre
propagande féministe, paree que vous vous
rendez compte quelle préservera les femmes
chrétiennes contre vos tnenées révolulion-
naires et quelle nous ramènera les femmes
socialistes égarées.(Interruption sur les bancs
socialistes. Vive approbation a droite).
De lk, messieurs, les déchets que nous
constatons parmi les partisans du féminisme
sur les bancs socialistes, tandis que, j'en
suis cenvaincu, nous faisons des recrues k
droite.
Dans cette propagande. je vise plus haut
qu'au bénéfice que mon parti retirera incon-
testablement de l'élecioral féminin. On nous
a dit que, si le suffrage féminin était admis,
dans vingt ans d'ici l'appui politique des
femmes serait acquis aux socialistes G'est une
erreur, d'après moi. Du reste, je pense qu'il
ne faut pas faire, en politique, des prévisions
k si longue échéance. L'avenir appartient k
Dieu. Notre devoir est de le préparer.
L'on prête k Ibsen cette parole
La révolution sociale qui se prépare en
Europe git principalement dans l'avenir de
la femme et de l'ouvrier.
Nous pouvons, messieurs, tout au moins,
méditer cette parole. Saus doule, la question
ouvrière est plus importante que la question
féministe, mais il n'en est pas moins vrai, dit
M. Tourgeon, que les revendications fémi
nistes sont entrées dans les préoccupations
de notre époque et que nous avons le droit
et le devoir de demander aux femmes
ce qu'elles attendent de nous et ce qu'elles
préparent contre nous.
Pour l'électorat féminin, je n'en redoute
guère les résultats et j'ai cherché k établir
que, dans los pays oil l'expérience a parlé,
ces résultats sont favorables k l'ordre social,
politique et familial. G'est dire que je pour-
rais me rallier dès maintenant je parle en
mon nom personnel bien eiitendu au suffra
ge uuiversel tempéré par l'électorat féminin;
mais je poserais une condition.
M. Mansart. Encore V
M. Golaert. G'est la première. Le suf
frage des femmes est proposé pour les
élections comraunales et provincialesje
n'en veux pas si, en même temps, les
Chambres ne dounent aux femmes l'accès au
vote législatif. (Exclamations et rires ironi-
ques d gauche).
M. Buyl. Done vous êtes partisan de
la revision
M. Vandervelde. Vous allez done voter
contre notre proposition
M. Golaert. Mon adhésion k ('article 2,
visant le suffrage des femmas, est conditio-
nelle et éventuelle. Je suis partisan de votre
proposition, mais je ne la voterai que pour
pouvoir arriver au suffrage des femmes k
tous les degrés, comme vous l'avez inscrit
vous-même k votre programme.
M. Vandervelde. Done vous ne voterez
pas notre proposiiion G'est une énormité,
II faudrait au moins ikeher de sauver les
apparences. Vous vous effondrez sous le
ridicule.
M. Hoyois. Le ridicule, dont vous le
prétendez couvert, serait en tous cas bien
moindre que celui qui attend les socialistes.
M. Golaert. Je pourrais vous demander
si vous voterez vous-mêmes votre proposi
tion
M. Vandervelde. Mais oui
M. Colaeri. Vous ne la voierez pas tous,
alors que, en 1895, vous étiez unanimes.
(Trés bien a droite.)
M. Hoyois. A cela vous ne répondrez
pas, messieurs
M. Golaert. Nous verrons si l'honorable
membre qui va prendre la parole après moi,
et qui est signataire de la proposition,
maintiendra sa manière de voir de 1895.
(Ah ah a droite.)
M. Vandervelde. En attendant .'nous
constatons que vous ne voterez même pas la
proposition que vous défendez. ü'est la une
attitude d'un ridicule énorme. Rires et ap
probation sur les bancs de Textréme gauche.
M. le président. Monsieur Vandervel
de, permettez done a un partisan de votre
proposition de parler.
M. Vandervelde. Ce n'est pas un parti
san, monsieur le président.
M. Hymans. Je ne vous engage pas,
messieurs, a aller retrouver vos femmes!
(Hilarité.)
M. Colaert. Mais je suis plus logique
et, en tout cas, moins ridicule que vous
monsieur Vandervelde, puisqne je reste'
d'accord avec ceux et celles qui, jusqu'en
octobre dernier, réclamaient le suffrage uni
versel, sans distinction de sexe et a tous les
degrós. J'irais done jusqu'a la revision con-
stitutionnelle, alors que vous avez dit vous-
même que le suffrage féminin ne doit pas
être inscrit dans la Constitution.
Pour admettre les femmes a l'électorat
pour les Chambres législatives, il faut, il est
vrai, une revision de la Constitution.Je ne
me fais aucune illusion sur le sort d'une
proposition de revision. Une réforme pareille
exige, dans chacune des Chambres, une ma-
joritédes deux tiers. Ni leSénat ni même
la Chambre ne fouruiraient aujourd'hui ce
contingent, et ce ne sont pas les socialistes
qui le donneraient. Ils n'en veulent déja
plus, du moins dans leur ensemble.
Ensuite, les élections provinciales et com-
munales, avec la femme électeur, auraient
le même résultat qu'en Nonvège, c'est-a-dire
que vous seriez trois fois pla3 écrasés que
vous ne l'êtes aujourd'hui.
M. Furnémont. Alors pourquoi ne la
votez-vous pas
M.Colaert. Enprésence d'un pareil
resultat, jamais plus les femmes n'auraient