S psi mjm Mercredi 20 A out 1902 10 centimes ;;e S7# Amue. v° S671 Ren aniement Minislériel Les Fêtes Mstoriques de Courtrai WM w®,w« ^WÊÊÏ2a< I alilitaa Wjg&M /-N IPI uiunïïTm On s'abonne rue au Rouwe, 38, k Ypro ?<- 'au •ju rouuaifi. Le JfOüRNAi D TPH8S paralt le Mercrecli et le jgame'di. Le fix de l'aboimemsntpayable par anticipation est de 5 tv. SO c. par aa now tout ie pays; pour i'étranger, ie port en sus. Las abonnements sont d'un an et se réguiarisent tin Décembre. i,es articles at communications doivent être adrossés franco da port 4 I'adresse ci-dessus. Lea annonces content :r> oentiraes la iign" :m 'Molamos do 30 centimes la ligne. Lies insertions'jac L;.airest franc1 menta'res content to francs |es cent oxer ■pis'res. Pour les annonces de Franco et de Belgiqua excepts toe i Mavas Brazelles, rue do la Madeleine o» 32 et Paris. s. Plae l.t corps du journal coüto t st»e. Lasim oéroa supp' - i iros) s'adresser l'Agencr Par des arrêtés royaux en date du 19 aoüt, eontresignés par M. le Ministre des Finances et des tra- vaux publics a demission offerte par le Baron Surmont de Yolsberglte de ses l'onciiotis de Ministre de l'ln- dustrie et du Travail est accepté M. Gustave Francotte, membre de la Chambre des Represent ants, est n<mme inistre de Plndustrie et du Travail. Nos lecteurs sont au courant des fê'.rs qui out lieu k Courtrai, 'occasion de I; com- mérooratica de la bataille des Eperons d'or. Neus n'entrerons done pas dans les détails de ces fêtes historiques, dont la prir cipale, le superbe coitège, coupu et exécuié d'après les indications de M le chanoins Dudos, n'a pu avoir lieu lundi, i cause du c uvais temps. Nous apprenons tie sourc r utorisée q ie le coriège fes a sa sot tif Dimanche 2 1/2 h. No? lecieuts nous saus out gré de repro duin: dans nos colonnes le magistral discours proncïicê par M Reynaêrt, Bourgmese et Représentant de Courtrai, ;-;u mom; at de l'insu^uratio du monument de Groenicgbe. Nos ancê'res Yprois aymt été grande ment mêlés k la jouroée du 11 Juillet 1802. dis cours. de l'bonorable BourglÜestre de Cour trai les iutéressera u plus haut poirt. Le voiei Messieurs les Ministres, Messeigneurs, Messieurs, II y a des solennilés qui fascinent l'esprlt et le déconeertent au point de rendre impuis ante la parole hurnaine et de sembler ne laisser dace qu'k une muette admiration. lei, oü tout se réunit et se fond dans une indicible harmonie, passé' et présent, lie: x et souvenirs, patrie et religion; quelle scène e'une imposante grandeur, et comment traduir. les émotions qui envahissent mon ame Cetle foule immense qui couvre la plain oü nous sommes ces een tain es de sociétés t de glides patriotiques, accourues, baunière dé- ployée, de tous les coins du royaume, du pays flamandetdu pays wallon, des villes des campagnes cette jeunesse universitaire', fré- missante d'enthousiasme, cette pléïade d'hom- mes distinguéS de tout rang et de toute profes sion, et, au milieu de ce concours saus égsl, les ministres de la nation, le présentant du Hoi dans la province et des princes de 1'Eglisc! Cette terre de Flandre, privilégiéc entre toutes par la vigueur de sa race et la fertilité dti son sol, berceau jadis de cités populeuses, fio- rissantes par le commerce et l'Industrieau sein desquelles, des édifices somptueux, des monu ments superbes, des cathédrales, des beffrois, des halles, des monastères oü le génie artistique a prodigué ses trésors Cette antique ville de Courtrai, féconde en traditions touchantes et en souvenirs illustres Saint,-Amand et Saint-Eloi, les premiers apötres de la civilisation chrétienne, demeurés popu lates parmi nous en dépit des siècles; plus tard, lorsque la chrétienté se précipite vers le tom- b au du Sauveur, Baudouin de Constantinople, qui, dans un chevaleresque élan de foi reli- gieuse, quitta nos murs et ce vieux chateau, sa résidence de prédilection, sous les bastions duquel se joueront, un siècle après, les desii- nées de la Flandre, pour aller guerroyer contre les infidèles et se couvrir d'une gloire immortelle Jeanne et Marguerite de Constan tinople, princesses éclairées, magnanimes comme leur père, qui consolident et élargisrent nos franchises communales, dont la première a érigé, a quelque cent mètres d'ici, de véné- rables asiies, oü, aujourd'hui encore s'abr.itent la piété et l'infortunepuis,ia ravissante figure de Beatrice, fondatrice de l'abbaye de Groenin- ghe surnommée la Dame de Courtrai, esprit d'une grkce charmante et d'une rare culture, douce et pieuse, sage et prudente, protectrice des arts et des lettres, conseillère des rois et des princes Et, enfin, dans ce cadre magnifique, ce coin de terre béni, ce champ sacré de Groeninghe, oü coulèrent des flots de sang, il y a six cents ans, et, oü se dresse maintenant le monument qui est lk, au haut duquel, captivant tous les regards, faisant palpiter tous les coeurs, resplen- dit la Flandre symbolisée k l'heure la plus glo- rieuse de sou bistoire, victorieuse, triooiphante, dans cette célèbre bataille des Eperons d'or, qui ent pour effet d'affranchir la patrie du joug de I'étranger et dont l'annonce fut ressentie en Europe comme un soulagement de la cons cience publique Philippe-Auguste avail déjk tenté, mais vaine- ment, d'annexer Ie comté de Flandre a la cou- ronne de France. Philippe leBel recommence l'entreprise t la poursuit. avec une étonnanle ténacité. Sans scrupule comme sans ménagement, tour. k tour violent et astucieux, il foule aux pieds la foi publique, déchire les traités, chaque fois que sou dessein l'exige, et abreuve d'humiliations Gui de Dampierre, son puissant vassal. II invent.e un prétexte pour l'attirer k Paris avec sa fllle Philippine, fiancée a l'héritier du li öne d'Angleterre il l'accuse insidieusement, en s'appuyant de faux documents, d'avoir pac- tisé avec ses ennemis et fait emprisonner l'infor- luné prince en même temps que sa fille. Gui de Dampierre rendu a la liberté, Philippe- ie bel ne lui laisse ni trêve ni repos. 11 aitise les dissensions intestines au sein des communes flamandes, expioite les factions k tour-de rple, les excite perfidement contre le comte, lui ravit touie liberté, paralyse entre ses mains toute ini tiative et le livre, jouet de ses caprices, fantöme de souverain, aux liravade.s et, aux moqueries d'une partie de ses sujets. Pour achever sa ruine, il le cite, contrairem'ent au droit des traités, devant le Parlement et fait décréter la confiscation de son fief. Exaspéré, affolé, le vieux prince se jette entre les bras de l'Angleterre et déclare la guerre a son suzerain. Délaissé aussiiöt parses allies, baltu, écrasé, il est ohligé de se rendre a merci. Et le voila de nouveau en captivité avec deux de ses fils dans les donjons de Philippe-le-bel et avec eux un grand nombre de nobles, qui, vou- lant partager son sort, avaient suivi le malheu- reux comte a Paris. Le rêve des rois de France s'est réalisé enfin. La Flandre est envahie et traitée en pays con- quis. La fleur de Lys est substituée au Lion noir- Accompagné de sa femme, la reine de Navarre, entouré d'une escorte im po saaie, Philippe-ie-bei fait dans sou nouveau domaine un voyage triomphal. Mais la Providence veillait. Elle ne laissa pas l'attentat se consommer. Eile suscita des hom mes puissants par le courage el la foi. Pierre De Coninck et Jean Breydel apparurenf. et a cöté d'eux Gui de Namur, fils de Gui de Dampierre et son pelit-fils, Guillaume de Juliers. Après que leroi de France eut visité en grande pompe les villes de Bruges et de Gand, les évè- nements s'étaient précipitós vers leur fin. Bruges, l'héroïque Bruges, n'avait plus connu le repos. Sous I'arrogante domination de du Chatillori, l'agitation, la discords,l'insurrection y avaient été en permanence jusqu'k cetle tragique matinée du 18 Mai, lorsque ie soleil levant éclaira de ses premiers rayons un spec tacle lugubreles rues de la ville noyées daris le sang et jonchées de cadavres. Quand Philippe-lc-bel apprit les matines brugeoises,son courroux éclata violent et brutal, li jura de se venger. Entre la Flandre et lui, il existait désormais un abime infrnnchissablc. La situation ne pouvait se dénouer que dans une rencontre suprème. Aussibien, Philippe-le-bel met sur pied une armée formidable, lie .omptaut pas moins de cinquante mille hommes 11 comprenant, a cöté des milices bourgeoises, des troupes mercenai- res et l'élite de la chevalerie fraugaise. De leur cöté, Pierre De Coninck, Gui de Narnur et Guillaume de Juliers donnent le signal d'un soulèvement général; ilsparcourent le pays en triomphateurs et rassemblqntk la bate une armée de patriotes. A l'appel deleurs chefs, les flamands, imposant un instant silence k leurs querelles pour faire front k l'oppresseur commun, accourent en masse, armés de piques, de haches, d'arbalètes, de goedendags iis arrivent de partout, de partout oü il y a du sang flamand dans les veinespas une region, pas une ville, pas un bourg, pas un liameau qui n'envoie un contin gent de combattants ils vieunent de Bruges et du Franc de Bruges, d'Ypres, de Gand, des pays d'Audenarde, de Courtrai, d'Alost et de Furnes, roême de Ia Flandre Fraugaise, de Liile, de Roubaix, de Douai et, de la Zélande, ainsi que du Brabant et du Limbourg, du Na- murois et du Hainaut. Venus de partout, ils sont aussi de tous les états et de tous les rangs sociaux des grands et des petits, des riches et des pauvres, des j ouvriers de toutes les gildes et de tous les j métiers, des tisserands, des boucheis, des Ion- i deurs, des magons, des foulons, des teinturiers et parmi eux, les maitres et les patrons; et non seulecaent les travailleurs et les bourgeois dis viiles, mais aussi les gens du plat pays et de la cöle maritime, des paysans et des pêcheurs; et au milieu de tous ceux-lk des centaines de nobles, des chevaliers et des écuyers, et encore un certain nombre de prêtres et de moines. El il yen a ainsi vingl mille environ,non seulement confondus et compacts dans les mêmes rangs, mais unis dans une solidarité étroite, unis dans la haiue de i'étranger, unis dans l'amour de l'indépendance et des liberies communales, et tous pleius d'enthousiasme pour les princes dont la présence, k cette heure désespérée, leur inspire une invincible con- fiance. Le choc entre les deux armées eut beu le tl Juillet sous les murs de Courtrai. A l'aube de ce jour, les chefs des con muniers flamands, Gui de Namur, Guillaume de Juliers et Jean de Renesse, capitaine expérimenté et habile, courrurent une dernière fois d vant le front des troupes, enflammèrent les courages et donnèrent le mot de ralliement Flandre au Lion Etalors, ici même, sur cel e plaine de Groeninghe, t ut lieu un spectacle a la fois émouvantet sublime Tous ces braves, nobles, bourgeois, ouvriers, ecclésiasliques, moines, s'associantau prêtre qui célébrait le sacrifice des autels, plièrent le genou et baisèrent de leurs lèvres une parcelle de cette ten.' natale pour laquelle ils allaient combattre et mourir. Le combat fut long et opiniatre. Des deux cótés, la même intrépidité, le même acharnement, le même mépris de la m irt. Bataille gigantesque, combat homérique oü nos ancêlres luttèrent un contre Irois. On en connait t'issue. A la suite de plusieurs raêlées féroces, l'infan- terie fiancaise avait été décimée etdisprrsée, la cavalerie culbutée dans les ruisseaux et massa- crée. Humilié, fou de désespoir, le gé :éralis- sime francais, Robert d'Artois, résolut dene point survivre a la bonte d'une pareille défaite; ii se rua en avant k la tête de sa troupe, bondit par dessus des monceaux de cadavres, e;., après des prodiges d'une téméraire audace, t ut son coursier tué sous iui et fut lui-même assomé sans pitié. C'étail la fin du combat. Mise en une 'léroute compléte, l'armée fraugaise chercha le salut dans la fuite. Alors reten fit sur cette plaine une formidable clamcur, un immense cri de triomphe Flan dre au Lion! Flandre au Lion! Un riche bulin étsit tombé au pouvoir des vainqueurs. Le lendemain, de leurs mains encore crispées et tremblantes, ils allèrentsuspendre aux voütes de Notre-Dame plus de cinq cents éperons d'or ramassés sur le cbamp de bataille. Glorieux trophée Ineffable action de grkces a Celui qui remplit de sa Majesté les cieux et la terre, au Üieu des armées et au Maitre des em pires Le souvenir de cette inénarrable victoire est demeuré vivace au sein de la race flamande. Eile se l'est transmis avec le sang, de gónéra- tion eb génération comme un titre d'orgueil, comme le plus noble de ses héritages. Et, dura111 ces longs siècles, l'épopée héroïque du Lion de Flandre et le récit merveilleux de ses exploits ont charmé les veillées de notre peuple, échauflé son cceur, enchanté son es prit, dans les chateaux comme dans les chau- mières, dans les cités comme dans les bourgs, par dela les terres el les mers, oui, partout oü sur une lèvre hurnaine résonne une parole fla mande, jusque sur ces coteaux brülants de l'A- frique, dont les échos retentissent encore du bruit des batailles et dont le sol est encore trem- pé d'un sang généreux. H 1 1

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 1